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1.4.4. Les Saints anciens

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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 16:56


Dernier érudit de mon peuple capable de me souvenir de celui qui a tant compté pour nous, j’ai décidé de transcrire mes pensées en texte.

La vie Ânani Mhour

Ânani Mhour est né le jour de la chute de Oanylone dans une famille ayant quitté la ville parmi les premières et pour l’amour de Dieu. Son père racontait souvent qu’il avait tout suivi depuis l’autre côté du lac, les foudres déchirant les bâtiments jusqu’à ce que les abysses engloutissent les restes de la cité. Il aimait raconter comment un arc-en-ciel avait été visible trois jours durant après la destruction de la ville maudite. Il avait vu arriver les voiliers apportant des lots de réfugiés dont certains parlaient une langue inconnue alors qu’il les avait connus parlant la même langue que lui des semaines auparavant.

Notre groupe recueillit certains de ces réfugiés qui continuaient à parler notre langue, mais parlions-nous encore réellement la même langue, ou la langue d’Oane avait-elle été détruite avec la cité ? Ma mère avait vingt-cinq ans à l’époque, gardienne de la grande bibliothèque elle fuit avait avec de nombreux livres et seuls ceux parlant du message de Dieu étaient toujours lisibles. En fait alors que par le passé nous parlions tous une seule et même langue, la colère du Très Haut nous avait condamnés à plusieurs dizaines de dialectes séparant ainsi les humains les uns des autres et les obligeant à se comprendre pour survivre.

Au départ on disait que seuls les justes avaient survécu, mais nous nous sommes vite rendus compte que nous péchions déjà par orgueil en nous disant meilleurs que les autres, et très vite nous fûmes conscients que parmi nous, tous n'avaient pas le cœur pur et que la peur les avait conduits à fuir plus que leur foi en Dieu.

Les premières années furent pénibles pour les survivants et l’incompréhension conjuguée à notre dénuement empêchait la création d'un seul groupe uni. Des communautés se formèrent donc très vite et se regroupèrent en tribus. J’avais douze ans quand ma tribu a pris la décision de partir vers le soleil couchant, espérant ainsi nous rapprocher de lui. Dieu semblait nous avoir abandonnés, mais nous ne l’abandonnerions pas à notre tour en gardant l’espoir qu’un jour il pardonnerait à l’humanité le fait de l’avoir si mal servi.

Ânani comme premier enfant né depuis la destruction de la grande cité, fut instruit comme on instruisait les prêtres à Oanylone, et à la surprise générale à l’âge d’à peine sept ans il pouvait citer n’importe quelle partie du livre d’Oane. A l'âge de dix ans il se mit à regrouper ce que nous savions de l’histoire de l’humanité depuis Oane jusqu'à la destruction de la cité, car il disait :

"si ces choses sont oubliées nous referons les mêmes erreurs, ne fâchons plus notre Créateur et sachons nous montrer dignes".

Ânani bien que le plus jeune de tous les étudiants, put très vite me dépasser dans l’art de la calligraphie, et sa passion du dessin fit qu’il mêlait les deux dans ses récits. Il devint celui qui prolongeait la mémoire des siens par l’écriture, chose nouvelle pour nous car les seuls écrits que nous avions étaient la poésie, les livres de comptes du maître de la cité et les textes sacrés du temple. Le grand livre d’Oane avait disparu avec la grande bibliothèque, mais Ânani se mit à recopier la mémoire des anciens sur de fines planches de bois, ou en gravant la pierre.

Rien ne le détournait de sa mission, il questionnait les anciens et retranscrivait inlassablement leurs histoires, que ce soit la façon de fabriquer une barque, la façon de planter le maïs, ou les récits de la vie de notre peuple depuis le jour où notre Créateur détruisit la cité maudite et la recouvrit de sel.

On disait que s’il était si Erudit et si sage, c’est qu’il avait été béni par Oane lui-même quand il nous était apparu quarante jours après le jour des cendres. En fait je pense qu’il était inspiré par les différents justes que Dieu avait fait amener au Paradis.

A la mort d’Ânani quatre générations étaient là pour le pleurer, et ils le pleurèrent dix jours durant. Le dixième jour comme il était coutume à cette époque on conduisit sa dépouille sur la plus haute colline pour la brûler lorsque le soleil se levait. En effet les plus vieux de la tribu de Mhour avaient entendu les paroles du Très Haut qui avaient dit de créer le paradis dans le soleil. Voulant aider l’âme de leur défunt à rejoindre le soleil, ils utilisaient désormais la crémation quand le soleil touchait encore l’horizon pour que l’âme puisse y aller sans croiser le regard des maudits de la lune. Mais le feu ne prenait pas... Un arc-en-ciel se forma depuis le soleil jusqu’au pied du bûcher et l’âme de Mhour sembla se détacher de sa dépouille, elle se dirigea vers la lumière et se retourna un instant pour dire :

"Ne me pleurez pas car là où je vais je serai un ange parmi les anges, ne détruisez pas ma dépouille car c’est un cadeau de Dieu, elle est matière et doit retourner à la matière. Qu’à partir de ce jour le feu soit réservé à la purification des corps impurs, et la mise en terre pour tous ceux qui croient en Lui.
Préservez le message de Dieu pour le jour où il choisira son premier prophète, car ce jour il faudra que ses paroles soient rappelées aux êtres qui peupleront la création.

Ensuite il sembla monter sur l'arc-en-ciel pour se rendre directement dans le soleil accompagné par une nuée céleste identique à celle que les anciens avaient décrite enlevant sept humains de la ville d'Oanylone juste avant que les abysses ne l'engloutissent et que le sel ne recouvre l’endroit maudit...

Mon heure approche et je suis ici à l’endroit même où se trouvait il y a soixante ans encore la grande cité, celle qui a entraîné sur nous la colère juste mais implacable de notre créateur.

Ânani m’avait dit un jour :

J’espère qu’un jour les humains se souviendront que Dieu a dit que la création était soumise à l’humanité, mais il n’a pas dit que l’humanité devait être soumise à certains des siens. Il nous faut des chefs, mais des chefs justes, des chefs qui vivent pour leur peuple et non par leur peuple. J’espère qu’un jour nous serons gouvernés par des serviteurs du peuple et non comme ce fut le cas dans la cité maudite par des serviteurs d’eux-mêmes.

Je termine ce texte en priant notre Créateur de me permettre de revoir mon ami après ma mort, car je l’ai aimé comme une sœur alors que j’aurais aimé l’aimer comme sa femme, mais il n’avait que la pensée de servir Dieu et Son peuple et ne pouvait donc pas s’attacher à une seule personne. J’enferme ce texte dans un coffre d’or dans le sel qui marque encore et à jamais l’emplacement de la première cité des Enfants de Dieu, et j’y joins quatre textes de mon ami, de mon amour, pour qu’un jour peut-être ils servent de mémoire à l’humanité.

L’histoire de mon peuple (par Mhour)

La destruction d’Oanylone qui eut lieu le jour de Mercurii, ne fut que le début de notre punition. Nous l’avons appelé le « Mercurii des cendres ».
Il y avait sept groupes parlant maintenant des langues différentes et se méfiant les uns des autres, mais très peu de nourriture... Notre groupe prit la direction du couchant et marcha quarante jours.
Pendant les quarante jours nous n’avions que très peu pour nous nourrir, juste cette plante étrangement nourrissante alors qu’elle servait en principe uniquement à nourrir les cochon du maître Mayhis, et du pain trouvé sur un des navires qui avaient fui la ville et quelques poissons qui furent réservés aux enfants avant notre départ.
Nous remplacions donc la nourriture par la prière, et les plaisirs par les pénitences. Le peuple se maudissait d’avoir préféré le plaisir à la prière et à la contemplation.
Le quarantième jour, Oane nous apparut, ceux qui avaient vu sa statue au grand temple, le reconnurent directement et se mirent à genoux, se frappant la poitrine en le suppliant d’intercéder pour eux auprès de Dieu.
Il se dirigea vers mon père, et lui dit :

Mhour, ton fils est le premier né depuis le jour des cendres, tu as guidé ta tribu quarante jours durant dans la privation et la prière sans jamais rien demander pour toi, sache que tes prières ont été entendues et que demain sera un jour gras pour les tiens. Vous arrêterez de vous lamenter sur les fautes des anciens, car Notre Créateur m’a dit « Je le jugerai, en fonction de la vie qu’il a menée » et non pour les fautes de ses pères.

Vous devez vivre l’avenir et non pleurer le passé, sois le guide de ton peuple, et instruis ton fils pour qu’il ouvre la voie qui conduira aux prophètes.

Dieu ne demande que votre amour et vous ne pouvez le lui donner que si vous vous aimez vous-mêmes, que le pardon des fautes soit donné au repentis, mais bannissez celui qui récidive contre la parole donnée.

Demain est un cadeau de dieu, faites la fête car ça sera le jour du renouveau, que les quarante jours passés ne soient pas l’image de votre vie, ne cherchez pas Dieu dans la souffrance, mais souvenez-vous d’avoir souffert pour ne pas le perdre. Je vais vous laisser poursuivre votre vie, reposez-vous et faites la fête avec tout ce qui vous reste de nourriture et de vin, car demain sera le jour du renouveau.

Ma tribu fit donc la fête, ceux qui avaient encore du pain le partagèrent avec leur voisin, le vin fut lui aussi partagé jusqu’à la dernière goutte, et en ce jour fut le jour premier jour gras depuis le mercurii des cendres. Tout le monde dormit comme moi, c’est-à-dire comme un gros bébé que j’étais, et en se réveillant avec le soleil les gens virent qu’il y avait une source qui coulait non loin, et un peu plus loin une oasis remplie de fruits, et d’animaux.

Au centre de l'oasis se dressait une stèle sur laquelle était fixée la tablette d'Oane, la tablette reprenant les commandements de Dieu. Cette pierre qui avait été gravée par les doigts du Créateur et confiée à la première communauté pour qu'elle n'oublie jamais qu'au-delà de l'Amour nous étions aussi liés à la loi de la Création. Cette pierre qui pourtant aurait dû disparaitre avec la cité était là… intacte mais écrite dans une langue que désormais nous ne savions plus lire... Mais les lois du Très Haut nous n'étions pas prêts à les oublier à nouveau.

C’est donc là, près de la stèle que mon peuple s’installa en majorité. Depuis plus de quarante années de paix et de bonheur nous vivons ici, et nous prions Dieu de pardonner à ses enfants...

D'autres ont continué vers la mer et par-delà la mer, pour étendre la race humaine de par la création.

Les 3 thèses de A. Mhour.

On retient de sa vie surtout ses trois principales thèses.

La première pourrait être l’une des sources de la hiérarchie non familiale.

Dieu Créateur du monde est le père et il faut l’aimer, le craindre et le respecter, mais cela est donc valable pour tous les fils envers leur père et mère. Et de manière générale si le père a autorité sur le fils, c’est que tout ceux qui ont l’autorité sur nous doivent être aimés, craints et respectés comme un père. Mais comme le père doit protéger son fils, avoir l’autorité sur une autre personne entraîne les mêmes responsabilités. Celui qui pour une raison ou l’autre prend la place du père doit en accepter les honneurs mais aussi les responsabilités.

La deuxième thèse de Mhour était que le seigneur récompensait l’amitié par la longévité des choses.

Oane a dit un jour lors de la création de notre première cité « c’est par l’amour et la complémentarité que vous pourrez créer, car notre Créateur nous veut tous unis dans la vie comme d’humbles serviteurs de la création ».

C’est tellement vrai que c’est parce que nous avons oublié cette règle que le Tout Puissant nous a punis, chacun voulant devenir le maître et faire de son frère devant Dieu un serviteur .

L’amour du savoir a poussé l’humain à créer l’écriture pour conserver ce savoir, mais l’écriture sans amour n’est que suite de mots tristes et sans âme. C’est donc l’amour de l’écriture qui fait qu’un écrit prend tout son sens et l’amour de la lecture qui fera que ce texte ne sera pas perdu.

Tout ce qui est fait pour durer doit être fait dans l’amour et l’amitié. Si le maçon travail sans amitié pour son client, la maison qu’il construit s’écroulera aux premiers vents.

La troisième thèse qu’il affectionne peut-être par-dessus tout est que celui qui maîtrise la parole possède de nombreux pouvoirs et doit servir pour le bien et la paix.

Je vais vous conter l’histoire de Ocless qui fut une grande dame mais qui, bien que possédant le pouvoir de la parole, préférait celui de l’épée.

Ocless était la matriarcale d’une grande famille aujourd’hui oubliée. Chaque fois qu’une discussion tournait à son désavantage, elle sortait son épée et la plaçait devant elle, pointe tournée vers son contradicteur. Très vite la discussion tournait dans le sens désiré par la dame et narquoise elle remettait son épée dans le fourreau.

Sa famille disparut car n’ayant personne qui osait la contredire dans ses paroles elle ne put que persister dans ses erreurs et conduire sa famille à la faillite. Il était impossible pour le clan de vivre en permanence avec la peur de l’épée de la Dame Ocless au-dessus d’eux.

Tout homme et toute femme a pour mission de sauver l’humanité aux yeux de Dieu, et pour cela il doit faire ce pourquoi l’humanité a été choisie pour prendre soin de la création. L’humain se doit donc, d’être heureux tout en aidant son prochain à l’être aussi, car on ne peut concevoir donner de l’amour autour de soi si on n’est pas déjà heureux soi-même.

Dieu dans sa grande sagesse nous a donné plus que la parole, il nous a donné la possibilité d’utiliser cette parole pour propager l’amitié et le bonheur.

Il est donc dans notre devoir d’utiliser la parole pour réconforter nos semblables et les rendre heureux, mais la parole est aussi une arme puissante et il serait bon que ceux qui en détiennent les clés ne puissent en plus être armés. L’humain est fait d’esprit et de matière, il possède deux types d’armes, l’une fondée sur l’esprit et l’autre sur la matière.

L’arme de l’esprit donnée par Dieu est faite de politiques, de prêches et de diplomaties. Elle doit permettre que l’arme de matière qui fera couler le sang et la haine ne soit pas tirée de son fourreau. Pour cela il serait avantageux à ceux qui portent la parole de ne pas porter le glaive.
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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 17:20


La jeune Anastasia naît à Novgorod en 1256 d’un père haut-fonctionnaire et d’une mère issue de la petite noblesse. Ses deux parents étaient aristotéliciens par tradition plus que par choix, mais, cependant, se rendaient à la messe chaque dimanche et n’omettaient jamais de donner quelques roubles lors de la quête à la fin de l’office.
Anastasia est enfant unique. Son père, menant une grande carrière administrative, possédait des revenus très corrects : ils permettaient à la mère d’Anastasia de passer ses journées en compagnie de sa fille et leur assuraient une aisance matérielle considérable. La jeune fille rêvait déjà d’un somptueux mariage avec le plus tendre et le plus riche des jeunes russes. La jeune Anastasia avait tout pour être heureuse, et elle l’était.

Très tôt, Anastasia manifesta une étonnante curiosité intellectuelle. Il ne se passait une journée sans qu’elle ne posât à sa mère des questions sur la vie, la mort, la jeune République, l’amour ou Dieu. Son père s’en félicita et convoqua aussitôt les meilleurs précepteurs. Les candidats affluèrent des quatre coins de la Principauté et même des lointaines Kiev et Moscou : la réputation de la famille était honorable et la place était stable et fort bien rémunérée.
Mais son père était un homme très attentif au bien-être de sa fille et, délaissant un temps son travail à l’administration, il décida de prendre quelques jours de vacance afin de s’entretenir personnellement avec les candidats pour s’assurer, d’une part, de leur piété — car il voulait que sa religion soit transmise à sa fille — et, d’autre part, de leur vision de la jeune République — en effet, ce concept était nouveau et il entendait bien que sa fille poursuive son action : en aucun cas il ne voulait qu’elle développe des idées pro monarchiques.
Le choix du père de la jeune Anastasia se porta finalement sur un natif de Novgorod âgé d’une cinquantaine d’années, et l’instruction de la jeune fille débuta.

Mais Anastasia s’ennuyait. Son précepteur pensait qu’il était meilleur qu’il enseigne plutôt qu’il ne réponde aux questions de la jeune fille. Il se trompait. Non pas qu’Anastasia n’était intéressée que par un petit nombre de choses, mais il y avait certaines choses qu’elle brûlait de savoir. Son précepteur n’avait pas compris qu’il aurait d’abord dû résoudre les énigmes premières de la jeune fille avant d’entreprendre un enseignement classique.
Cependant, Anastasia était trop reconnaissante envers son père et avait trop d’estime pour son vieux précepteur qu’elle ne toucha mot de son ennui à personne. Elle décida de trouver seule les réponses à ses questions et, comme on lui avait toujours dit que les hommes d’Église étaient sans doute les hommes les plus cultivés, elle se rendit à la cathédrale où elle s’entretint avec plusieurs chanoines, lesquels furent ravis de voir qu’une si jeune enfant manifestait un tel intérêt pour des questions théologiques.
Ainsi, ayant trouvé réponse à ses questions existentielles, elle s’ennuya moins lors des leçons avec son précepteur.

Au fil du temps, les chanoines abordèrent d’autres thèmes avec la jeune enfant-prodige, dont celui de la nature divine du pouvoir. Ce fut sans doute cela qui fut à l’origine des malheurs d’Anastasia. En effet, les chanoines lui expliquèrent comment étaient les choses avant que la République ne soit instaurée — c’était ce sujet même que son père ne voulait pas voir abordé par le précepteur. Petit à petit, Anastasia comprit que la République, en dépit de son succès du point de vue administratif, allait bientôt rendre l’Église totalement impuissante, ce qui lui semblait inconcevable.
Elle résolut d’en discuter avec son précepteur, dont la sagesse était grande. L’homme fut totalement pris au dépourvu : il ne sut de prime abord s’il devait ou non répondre aux interrogations de la jeune Anastasia à ce sujet. Son statut de précepteur l’y incitait, mais le père de la jeune fille le lui avait formellement interdit. Cependant, ce fut son côté pédagogue qui prit le dessus et, après avoir fait jurer à Anastasia de ne pas dire à son père qu’il avait consenti à parler de la République avec elle, il accepta de répondre à ses questions. Le précepteur avait connu la cour des Tsars, où, pour services rendus, il avait reçu certains privilèges ainsi que quelques terres. Anastasia comprit donc rapidement que lui aussi souhaitait secrètement un retour à la monarchie.

Anastasia vouait une grande admiration à son père, auquel elle était par ailleurs très attachée. Il lui était insupportable de le savoir sur la voie de l’égarement aussi bien théologique que philosophique. Au bout d’un certain temps, elle décida de lui faire part des idées qu’elle avait développées. Son père qui, jusqu’alors, était calme et bienveillant, entra dans une colère folle. Il était persuadé que c'était ce précepteur qu’il jugeait trop aristocrate qui avait inculqué ces idées néfastes à sa fille.
Anastasia, qui adorait son précepteur, intervint en la faveur de celui-ci, expliquant que c’était plus à la cathédrale qu’à la classe qu’elle avait développé de telles pensées. Son père, sous le coup de la colère, prit une décision qui scella le destin de la jeune fille. Voici, paraît-il, ce qu’il lui répondit, dans une traduction approximative : « Alors comme ça, les curés t’ont dit que j’étais dans le péché, et tu les crois ? Alors que moi, je me sacrifie pour toi ; alors que je me tue à la tâche pour te payer le meilleur des précepteurs ? Eh bien, puisque tu es tellement ingrate et que tu sembles plus estimer les curés que moi, je t’ordonne de prendre le voile. Tant pis pour tes rêves de mariage ! »

Anastasia entra donc au couvent. Au début, elle pleurait toute la nuit et était apathique le jour. Son rêve avait toujours été de se marier et d’avoir des enfants afin de leur transmettre quelque chose aussi bien matériellement que spirituellement. Arrivée seule au couvent, elle ne souffla mot des conditions qui l’y avaient menée, pas même à la mère supérieure, qui était pourtant une femme exceptionnellement bonne et compréhensive. Celle-ci fit tout son possible pour intégrer Anastasia, mais en vain : la jeune fille, inconsolable, restait isolée.
Un beau jour, la mère supérieure eut une idée lumineuse : à l’issue d’un office, elle tint ces paroles à Anastasia : « Vous êtes ici depuis trois semaines et vous ne vous êtes pas encore confessée. Vous savez comme moi qu’il est bon de se confesser au moins une fois par semaine ou toutes les deux semaines. Pour votre salut, je vais donc vous entendre personnellement en confession. » Le stratagème paya : ayant conscience que c’était à Dieu qu’elle s’adressait au travers de la mère supérieure, Anastasia avoua les circonstances dans lesquelles elle était arrivée au couvent. Les larmes coulèrent sur les joues de la jeune fille plongée dans l’ombre du confessionnal de la petite chapelle du couvent.
La mère supérieure était bonne et intelligente et, après avoir entendu la terrible histoire d’Anastasia, elle lui tint ces paroles qui changèrent la destinée de la jeune fille : « Puisque vous vous désolez de ne jamais avoir d’enfant à qui transmettre quelque chose, je vais vous confier une tâche dans laquelle vous pourrez transmettre quelque chose à d’autres enfants. La République naissante, que vous avez tant décriée, a certes retiré son caractère sacré au pouvoir, mais elle a cependant décidé de nous aider dans notre enseignement. Grâce aux subsides que l’État nous verse, nous allons ouvrir des classes destinées à enseigner aux jeunes enfants dont les parents n’ont pas les moyens de rémunérer un précepteur. Et j’aimerais que vous enseigniez dans une de ces classes. »

C’est ainsi que la jeune Anastasia devint le professeur d’une vingtaine d’enfants âgés de huit à quatorze ans. Au début, la jeune fille était quelque peu maladroite : elle n’avait suivi aucune formation, seule lui avait été communiquée la matière qu’elle avait à enseigner. Cependant, petit à petit, elle gagna en assurance et se révéla être une excellente pédagogue. Elle aimait ses élèves et ses élèves l’aimaient. Sa blessure cicatrisait doucement et, bien qu’elle éprouvât toujours le regret de ne jamais avoir d’enfant pour elle seule, elle commençait à trouver un semblant de paix intérieure. Cette renaissance perdura pendant sept années.

Au bout de sept années d’enseignement intensif, Anastasia tomba gravement malade. La République en plein essor avait attiré de nombreux savants, dont d’excellents médecins, lesquels acceptèrent d’examiner bénévolement la vertueuse malade. Leur diagnostic était incertain, mais ils parvinrent à tomber d’accord sur un remède : le climat ne convenait pas à Anastasia ; il lui fallait, pour guérir, vivre dans un pays plus ensoleillé et moins froid.
Ce diagnostic plongea Anastasia dans une indicible détresse. On dit qu’elle tint ces paroles à la mère supérieure : « Pourquoi, ma mère, pourquoi ? Je venais de trouver un semblant d’équilibre et, à présent, Dieu veut m’en éloigner ! Êtes-vous certaine qu’Il est bon et infaillible ? En me frappant de ce nouveau malheur, Il m’apparaît soit cruel soit aveugle ! » Devant un tel déferlement de douleur et de paroles, la pauvre mère supérieure fut perdue. Elle se contenta de faire ce semblant de réponse à Anastasia : « Les voies du Seigneur sont impénétrables. » Elle était loin d’imaginer à quel point cette simple déclaration, anodine en apparences, allait avoir de l’importance sur la vie de la sainte.
L’ordre religieux auquel appartenait le monastère qui avait recueilli Anastasia possédait un monastère entre Alençon et Verneuil. La région étant plutôt ensoleillée, il fut décidé que la jeune fille y serait transférée.

Le voyage fut particulièrement éreintant, aussi c'est dans un état de santé précaire qu'Anastasia franchit pour la première fois les portes du monastère. Elle ne vit pas la beauté de la nature, pas plus qu'elle ne profita de la douce chaleur du soleil sur sa peau. Non, elle resta alitée plusieurs jours avant de pouvoir sortir de sa cellule. Cependant, sa profonde mélancolie commença à s'atténuer lorsqu'un rayon de soleil caressa sa joue un matin. Se sentant ragaillardie, elle sortit enfin faire quelques pas dans les jardins, après plus de deux semaines recluse et souffrante. Et, là, ce fut une révélation : la beauté des lieux l'envoûta, le parfum des fleurs, la douceur de l'air et les milliers de couleurs qu’elle admirait lui firent comme un choc tant le lieu était tout bonnement sublime, grandiose, incandescent de beauté et tant elle avait été recluse dans d’austères cellules. Anastasia passa ainsi plusieurs heures à voleter de fleur en fleur, posant sa main sur l'écorce de chênes centenaires, surprenant ici un écureuil, là une abeille... Ce fut une des sœurs, croyant que la pauvre enfant avait perdu l'esprit tant elle riait toute seule, qui dut la ramener à l'intérieur.
Ce fut une transfiguration pour Anastasia. Son enthousiasme et son allégresse ne tarirent pas et, très rapidement, elle put recommencer à enseigner aux enfants. Les sœurs lui confièrent des charges supplémentaires, d'autres matières à enseigner, et Anastasia accomplissait son devoir avec joie.

Vint le jour fatidique où elle fut ordonnée prêtre. Ce jour-là, des passions contrastées agitaient la jeune femme. Elle savait que, par la prononciation de ses vœux, elle renonçait définitivement à tout mariage ou à tout enfant ; mais elle savait également que c’était le meilleur moyen d’affirmer son engagement au service du Très-haut. Une fois ordonnée, elle se vit confier la célébration de quelques cérémonies et, petit à petit, elle fit son chemin au sein du couvent : elle s'occupa des pastorales puis contribua à l'élaboration du séminaire local, donnant beaucoup d'elle-même pour l'évolution de la religion dans le diocèse. On la nomma vicaire diocésaine et, quelques années de bons et loyaux services plus tard, elle finit par devenir le bras droit de l'archevêque de Rouen.
C'était un homme bon et généreux, qui appréciait énormément les capacités de travail et d'écriture, la dévotion et l’optimisme débordant d’Anastasia. Il la guida et lui enseigna les rouages de la hiérarchie de l'Église, lui indiqua à qui faire confiance et de qui se méfier, à qui demander de l'aide et de qui ne rien espérer. Assidue et attentive, Anastasia ne manquait pas une miette des inestimables enseignements du vieux serviteur de Dieu.

Un jour, l'archevêque tomba gravement malade. Anastasia le veilla nuit et jour, priant sans discontinuer pour le salut de son âme. Malgré ses supplications envoyées vers le Très-Haut, l'archevêque trépassa un soir de novembre. Ce fut un nouveau choc pour Anastasia : qu'allait-elle faire sans lui ? La jeune femme sombra dans le désespoir le plus total, passant des heures à sangloter. Très rapidement, malgré sa tristesse et ses récriminations, elle se vit nommer à la place de son mentor. D’emblée, certaines voix s’élevèrent pour protester contre cette nomination : elle apparaissait comme une très faible et influençable femme, n’ayant aucune poigne ; elle-même semblait sous-entendre qu’elle ne se sentait pas prête pour cette charge importante. Mais la hiérarchie, que l’archevêque avait, dans son testament, exhorté à nommer sa protégée à sa place, en avait décidé autrement.
Son incommensurable chagrin, Anastasia le noya dans le travail et, à la surprise de tous et d’elle-même la première, s'avéra une excellente archevêque. Son poste la mena également auprès du duc d’Alençon qui la nomma conseillère religieuse. Elle siégea ainsi plusieurs années, vit les ducs passer.

Un jour, pour des raisons qui nous sont inconnues, Anastasia décida de se lancer en politique. Elle choisit le parti alençonnais qui lui semblait le plus vertueux et le plus proche des lignes directives de l’Église et s’y impliqua avec, comme à chaque fois qu’elle décidait de prendre une charge, toute son énergie, ce qui lui permit d’être très rapidement dans le haut des listes. Elle enchaîna alors les postes au conseil et occupa successivement les charges de bailli, de procureur, de juge et de commissaire au commerce.
Sa persévérance, sa droiture et son exceptionnel bilan en tant que commissaire au commerce lui permirent de se faire reconnaître duchesse lors du conseil suivant. Par sens du devoir plus que par conviction, elle accepta. Pourtant quelque chose en elle s'était brisée. Mise en avant par son poste de duchesse, elle était la proie de la véhémence et des railleries de ceux qui ne concevaient pas que l’on puisse être archevêque et duchesse, ce qui lui fit comprendre que la vie politique n'était pas une voie acceptable pour elle qui prêchait l’amitié et la compréhension. Le temps où jeune femme papillonnait dans le jardin du monastère était bien loin.
Anastasia démissionna de son poste de duchesse après moins deux semaines de règne. Lasse de la vie publique et ne concevant plus d’être archevêque sans siéger au conseil, au moins en tant que conseillère religieuse, elle démissionna également de son poste d’archevêque, au grand désespoir des fidèles qui avaient trouvé en elle un berger extrêmement proche d’eux. Elle se retira dans le fief qui lui avait été donné en remerciement pour son action apaisante au sein des précédents conseils.

Après plus de quarante ans passés à gravir les échelons de la hiérarchie séculaire et ecclésiastique, elle put enfin respirer. Durant quelque temps, elle se contenta de jardiner, retrouvant les odeurs et les plaisirs simples de la terre. Néanmoins, l'érudite qu'elle était ne pouvait se contenter uniquement de travaux manuels : faire travailler son esprit lui manquait. Après quelques mois, elle se mit à écrire, mettant à profit l’immense quantité de temps dont elle disposait à présent pour s’isoler des journées entières dans le scriptorium du monastère ou dans la bibliothèque de son petit domaine.
Elle perfectionna et atteint un degré de sophistication qui en impressionnait plus d’un. On sait qu’elle écrivait énormément mais, malheureusement, la plupart de ses textes ont été perdus car, à sa mort, les personnes à qui son domaine échut n’en prirent aucun soin. Cependant, on en a conservés quelques-uns qui sont en cours de restauration, mais ce n’est rien en comparaison de la montagne d’écrits qu’elle a sans doute produite.

Cette vie faite de plaisirs simples, d’étude acharnée et d’écriture compulsive dura dix-sept ans. Anastasia s’éteint dans la bibliothèque de son domaine et on raconte que, lorsqu’on découvrit son corps, on s’aperçut qu’elle était morte assise à sa table de travail, le stylet à la main et une mer de livres étalée devant elle, les yeux tournés vers le ciel et la bouche figée en un sourire béat.




Texte établi avec la plus grande rigueur philologique sur base de divers écrits circulant dans la région de Verneuil et dans tout le royaume de France, de récits faits par d’aimables fidèles, croyants et hétérodoxes et de fouilles opérées dans le domaine et le couvent de sainte Anastasia, par messeigneurs Désidérade Ytournel de l'Obstancie et Arnault d’Azayes, théologues du Saint-Office romain.


    L’avant-veille de la Saint-Julie-Libérée de l’an d’Horace MCDIII, Jean et Adeline, boulangers à Argentan, ont souhaité que leur témoignage soit mis par écrit par frère Welrigotef, chanoine de l’archidiocèse de Rouen et scripteur pour le Saint-Office romain.



Cela faisait déjà bien trois ans que ma femme et moi avions été mariés par le curé de notre bonne ville. Les premiers mois de notre ménage furent idylliques : nous possédions une petite maison, quelques animaux, et surtout un très beau moulin qui nous permettait de vivre plus que confortablement. La guerre semblait bien loin de nos terres et, chaque dimanche, nous nous rendions à la petite église pour assister à la messe.
Dans un tel climat de prospérité – d’abondance même –, vous comprendrez sans peine que mon désir et celui de mon épouse étaient de voir notre mariage béni par la naissance d’un enfant, d’un petit héritier ou d’une petite héritière qui vivrait avec nous dans cette riche région.

Or, plus d’une demi-année après que notre union eut été célébrée devant Dieu, le ventre de mon épouse ne grossissait toujours pas. Pendant plus d’un an, rien ne se passa. Au bout d’un an et demi, Adeline et moi décidâmes, comme on nous l’avait toujours appris, de ne pas rester seuls dans notre désarroi. Nous allâmes demander conseil à la personne qui nous semblait la plus sage du village en matière de choses naturelles : le curé. Nous lui expliquâmes la situation brièvement. Voici, approximativement, ce qu’il nous répondit :
« Mes enfants... Je comprends votre situation. Avant de vous parler de vous, je vais, chose rare, vous parler de moi. Ou plutôt de nous. Nous autres, prêtres, ne pouvons pas procréer. Certains d’entre nous le regrettent mais se font tout de même ordonner ; d’autres encore n’acceptent pas cette interdiction et préfèrent ne pas devenir prêtre tout en restant clercs. Si je vous parle de cela, c’est car la seule explication que je vois à votre incapacité à avoir un enfant doit être la même explication que celle que l’on donne aux prêtres s’interrogeant sur l’interdiction : Dieu considère que certains hommes et certaines femmes ont une mission importante qui serait compromise par la procréation. Je ne suis pas en train de dire que vous devez rentrer dans les ordres : au contraire, votre mariage n’est en aucun cas maudit par votre incapacité. Il faut simplement accepter Sa décision et, au lieu de vous acharner, ne pas essayer d’en trouver les raisons par vous-mêmes mais bien attendre que celles-ci s’imposent à vous. »

Notre curé était un homme très sage mais vous comprendrez aisément que ses paroles ne purent que difficilement satisfaire le jeune couple plein d’espoirs que nous étions. Ma femme, surtout, ne pouvait accepter une telle fatalité. J’étais un brin plus résigné qu’elle et je tentais de la raisonner en lui expliquant qu’il n’était pas correct de soutenir que le curé se trompait. Mais rien n’y faisait : Adeline était persuadée qu’un mariage n’était réellement béni de Dieu que le jour où un enfant en naissait.
La belle harmonie des premiers jours était décidément bien loin de nous, et je craignais que notre histoire se termine de façon tragique, tant Adeline semblait constamment se rapprocher du côté de la mort.

Une soirée d’automne où une dispute particulièrement violente avait éclaté entre Adeline et moi, alors que nous nous apprêtions à nous coucher, un éclair de lumière aveuglant pénétra dans notre petite maison et une voix douce d’une chaleur jusqu’alors jamais ressentie retentit.

« Jean, Adeline, ne pensez pas que Dieu est un ingrat. Adeline, j’ai comme toi vécu le drame de ne pouvoir avoir d’enfant. Jean, j’ai comme toi dû me résigner aux commentaires pragmatiques d’un prêtre. Mais je sais ce que l’on ressent dans de tels cas. Dieu ne peut se tromper mais peut pardonner et changer de dessein : notre Créateur, dans Son infinie sagesse, a laissé le Libre-arbitre à Ses créatures, qui parfois Le surprennent.
Jean, vous avez montre un grand respect envers la hiérarchie sacrée, témoignant ainsi de votre gratitude pour ceux qui vous ont permis de sauver votre âme par le baptême et de bénir votre union. Adeline, vous avez quant à vous témoigné d’une parfaite compréhension de ce que doit être l’amour : l’amitié aristotélicienne poussée à son paroxysme trouve sa plénitude dans le mariage et, évidemment, dans la procréation – sinon pourquoi ne pas autoriser deux personnes du même sexe à se marier ?
Pour vous récompenser de votre ferveur et de votre fidélité à Dieu, Il a décidé, sur ma demande, de vous autoriser à procréer. Mon nom est sainte Anastasia et je vous ordonne à présent de vous aimer ! »

Un mois plus tard, le ventre d’Adeline commençait à grossir et, neuf fois plus tard, naissait Thomas.
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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 17:39


I: L'enfance et la jeunesse

André est né à Bethsaïde 6 ans avant la venue de Christos dans une humble famille. Son père était un pêcheur, une activité à laquelle il se consacra avec succès et développa une intelligence remarquable.

L'enfant passa toute sa jeunesse près du lac de sa région natale, et y grandit dans la sagesse et la douceur, chaleureusement entouré par la fausse croyance en plusieurs dieux.

Parfois, et de plus en plus au fil du temps, son cœur s'interrogea, sans le verbaliser, sur sa foi envers ces dieux dont il doutait instinctivement. Pour lui, ils étaient la représentation humaine d'êtres divins, construits sur le modèle des hommes ; ils n'étaient donc pas exemples de vertus.

Un jour, il entendit parler d'événements miraculeux qui se passaient dans la Judée, où semblait être né un prophète. Malheureusement il fut obligé de rester sur les rives du lac.

II: L'Appel

... André, devenu adulte, était à la pêche, comme à l'accoutumée, en compagnie de son frère Simon et d'autres amis. C'est alors qu'un inconnu vêtu de haillons s'approcha du lac. Sa démarche était sûre : il allait, tel un Saint homme, mais sans les riches ornements de soie et pierres précieuses que revêtaient habituellement les prêtres.

*Qui est cet homme?*
Se demande André, alors que celui-ci l'apostropha doucement :

"- Alors pêcheur, ça mord ?"

"- Oui, ça mord."


Répondit André sans conviction, concentré malgré tout sur son travail. Son frère et ses amis l'appelèrent pour qu'il continue son labeur. Mais l'inconnu le regarda gentiment avec insistance et dit :

"- Pêcheur, ici tu vis des moments monotones... Je te regarde depuis quelques jours et je vois un destin plus grand en toi. Ce matin le Très Haut m'a inspiré: ne voudrais-tu pas quitter ce lac pour devenir missionnaire? Suis-moi et tu rencontreras d'autres hommes, donne ta vie pour Dieu.

Je suis Thanos. J'ai vécu avec le Prophète Christos, et je viens vous apporter sa parole, qui est la parole du Dieu Unique"


André sentit son cœur s'épanouir, et, même si l'avenir représentait l'inconnu pour lui, c'est avec une certitude jamais ressentie auparavant qu'il dit à ses amis et à son frère fermement:

"Je vais suivre Thanos et donner/sacrifier ma vie pour le Dieu unique !"

Thanos sourit et demanda :

"Quel est ton nom?"

"- André".

"A partir d'aujourd'hui, tu seras André Protoklite parce que tu es le premier avec qui je partage ma Sainte Mission !"


André embrassa l'Apôtre, et prévint son frère et ses amis inquiets de la tournure des évènements pour leur annoncer simplement :

|i]"- J'ai trouvé mon chemin, je ressens l'Appel du Très Haut".[/i]

Il courut à la maison pour rassembler ses affaires et saluer sa famille, et suivit sans remord le sillage de Thanos l'Apôtre. Ils partirent à l'aube, après que Thanos l'eut baptisé sur les rives du lac. Par la suite, chaque pécheur aimait à se rendre à l'endroit précis où André fut béni. Les poissons y étaient plus gros et plus nombreux.

III: La séparation et l'esclavage

Sur le chemin, Thanos, émerveillé par l'intelligence de son disciple, enseigna à André le message d'Aristote et de Christos. Un humble pêcheur qui pouvait s'interroger avec tant de subtilité des mystères du Très-Haut était certainement lui-même un de Ses dons!

Et Thanos lui apprit tout ce qu'il pouvait, de sorte qu'André devint l'équivalent d'un guide spirituel, et que nul ne pouvait le détourner de la vraie foi. Seulement, les jours d'amitié et de coopération entre les deux hommes prirent fin brusquement. En effet, juste avant d'arriver dans une ville de la région, les deux hommes furent victimes d'une embuscade. Des bandits les séparèrent et enlevèrent André, se contentant du plus fort des deux, pour le vendre comme esclave au port.

Ce fut un marchand grec de Patras, Théognostos, qui l'acheta et André devint cuisinier dès l'aube dans la cambuse d'un bateau pour tout un équipage. Il ne revit jamais plus Thanos.

IV: La tempête et le premier miracle

André, suivant les préceptes de Thanos ne s'appesantit jamais sur son sort. Il ne maudit jamais non plus le moment qui changea son destin. Il pria longtemps, aussi longtemps que le Tout-Puissant lui permit de le faire. Un jour, une tempête grandiose provoqua le déchainement de l'eau et des vents. Il devenait évident que la coque du bateau de Théognostos, ballotté par les vagues, allait se briser. Le désespoir s'emparait de l'équipage. André éleva la voix, et se mit à prier Aristote et Christos pour le salut de tout l'équipage. A ces mots et voyant le visage illuminé d'André, tout l'équipage le suivit dans sa prière. Et soudain, par enchantement, la mer devint calme, le soleil fit son apparition...

Théognostos, impressionné par ce miracle, ordonna la libération immédiate d'André tout en lui adressant quelques mots :

"Salut à toi, ô grand magicien. Mais dis-moi, quels sont tes Dieux qui sont assez puissants pour arrêter la tempête?"

André dit: "Paien, il n'y a qu'un seul Dieu. Celui-ci est notre Père à tous, il est le créateur des éléments et vous avez assisté à sa mansuétude. Aujourd'hui, vous avez priez en son nom et il vous a sauvé. Soyez en reconnaissants, entendez Sa bonne parole."

Suite à ces mots, André accomplit son premier acte en étant invité à convertir tous les galériens. Il finit par devenir l'ami de Theognostos, qui le voulut comme tuteur de ses enfants.

V: La Communauté et les nouveaux voyages

A Patras, la ville natale de Théognostos, André assuma complètement son rôle de tuteur en montrant à ces enfants la lumière de la vraie foi. Il travailla également à la propagation de la doctrine d'Aristote. Avec l'aide de Théognostos, André forma une communauté nombreuse et bien organisée, basée sur le principe de générosité et de partage. Il fut ensuite récompensé de ses efforts par le Pape Titus, qui, apprenant son acte, lui envoya une lettre pleine de gratitude, affirmant qu'il était un pilier de la future Eglise.

Quand Titus envoya sa célèbre lettre à Linus, ce dernier hérita de son message et découvrit la liste des fidèles sur qui il pouvait s'appuyer.

Hagiographie de l'Apôtre Titus, Premier parmi les Apôtres, Père de l’Église:

Titus a écrit:

J’écris ce texte de ma prison car je pense que ma mission approche de sa fin.

Je t’écris à toi Linus, mon ami, car je désire que tu poursuives après moi ce que notre sauveur Christos a commencé en Judée et pour lequel il est mort en martyr.

Je ne sais ce que sont devenus les autres apôtres et je te charge de les retrouver et d’organiser la diffusion de la foi et la formation de nos prêtres. Ne cédez pas à la tentation du fer mais ne cherchez pas non plus à mourir inutilement en martyr, car la vie est un cadeau précieux dont le Créateur nous à fait don.

L'Église doit devenir une société visible, qui se reconnaîtra à quatre traits caractéristiques, elle doit être : une, sainte, aristotélicienne, apostolique et indivisible.

Le lien qui relie la divine quintessence pour nous maintenir proche du Créateur n’existe que par Sa volonté et à travers Christos et ses apôtres. Car c’est à nous que ce lien a été premièrement donné; et il sera transmis par l’effet de la charité infinie de Dieu pour ceux qui restent fidèle au message des prophètes.
Le message divin, transmit par les prophètes doit être gardé et préservé par ceux qui seront les évêques parmi les évêques pour qu’il soit impossible à l’Église de Christos d’errer et devenir infidèle au dogme.
Il est nécessaire aussi d’éloigner toutes les autres sociétés qui usurpent le nom d’Église. Car étant conduites par l’esprit de l’hérésie ou de la créature sans nom, elles s'enferment dans de très pernicieuses erreurs, soit au niveau de la doctrine, soit dans ses moeurs.
Toutefois le chemin sera long mais j’ai vu en songe que tu viendras à Rome finir la construction de ce qui deviendra le coeur de notre société, nous qui sommes fidèles à la parole...

Je compte sur toi mon ami, pour continuer la marche que j’ai entrepris avec Kyrène, Calandra, Adonia, Hélène, Ophelia, Uriana, Thanos, Paulos, Nikolos, Samoht et même cet infidèle de Daju...

Le porteur de ce message te remettra aussi un trousseau de clés, l’une d’elle ouvre la crypte où nous nous réunissons en secret, il pourra te guider et te protéger mais restez discrets car, pour l’heure, nos ennemis cherchent à nous faire disparaître. Tu trouveras aussi, dans cette crypte, sept portes dont chacune s’ouvre avec une des clés que je te fais porter. Derrière la septième porte se trouve la liste de nos fidèles les plus sûrs, avec eux tu pourras continuer notre œuvre.

André faisait partie de cette liste, et Linus le nomma, par la suite, évêque du nouveau Diocèse de Patras.

Puis un jour, un bateau amarré à Patras amena des hommes de l'Est qui recherchaient André. A sa rencontre, le commandant dit :

"André, nous sommes des habitants de la Sarmatie. Au cours de nos différents voyages, nous avons entendu parler de votre miracle, de votre sagesse et nous vous demandons de bien vouloir accepter notre invitation afin d'éduquer notre peuple selon les principes du Dieu que vous priez!"

Surpris et heureux à l'idée d'apporter d'autres brebis perdues sous la protection du Très-Haut, André prit congé de la Communauté, de l'ami fidèle et des enfants dont il s'était occupé. Théophylacte, fils de Théognostos, fit le voyage avec lui. Il deviendra par la suite un assistant infatigable d'André.

VI: Dans les terres sarmates

André et Théophylacte se consacrèrent à la prédication dans ces terres barbares, où les hommes vivaient dans l'ignorance et la rudesse. Ils enseignèrent la justice, la générosité, la tempérance et toutes les autres vertus d'Aristote. Ils fondèrent également différentes communautés, pour former les premières bases des Églises orientales.

Et puis un jour, les puissants et impitoyables seigneurs locaux décidèrent d'arrêter André avec l'intention de l'exécuter au motif qu'il dénigrait leurs dieux. Le peuple, spontanément et sans crainte, fit de grandes processions aux abords de la prison dans laquelle il était enfermé. Mais rien n'y fit et le tyran campa sur ces positions en maintenant le chef d'accusation. C'est alors qu'une nuit, une grande lumière traversa la cellule d'André et un bel être ailé libéra le prisonnier en l'amenant dans la modeste chapelle construite grâce à la générosité de la population. Lorsque le tyran apprit le ce miracle il accourut en armure complète avec ses hommes de main pour tuer André. Mais l'évêque l'attendait calme et souriant, vêtu d'une chasuble blanche.

"Mon frère, voyez comment le Très Haut m'a protégé. Je ne crains pas les armes de l'homme. Repentez-vous de vos actions, et acceptez le pardon de Notre Père à tous. Vos péchés vous aveuglent, et vos actions ne sont que la maladive inspiration de la Bête Sans Nom."

Il semblait serrer la main du tyran: ses acolytes dans un prodigieux silence restèrent bouche bée. Soudain, il laissa tomber son épée, plongeant vers le sol:

"C'est vrai, j'entends cette voix dans ma tête, la voix de la mort. Aidez-moi, je vous en prie"!

André gagna ainsi son premier duel avec la créature sans nom. En reconnaissance l'ex-tyran construisit une magnifique cathédrale et fit de l'évêque son bras droit. Rien ne pouvait empêcher la conversion de toute l'Europe.

VII: Retour à Patras, puis l'Italie

André, qui avançait en âge, se sentait de plus en plus las, mais son voyage terrestre n'était pas encore terminé. Un message de son ami, Théognostos, le convainquit de retourner à Patras. Il laissa la direction de la communauté à Théophylacte en l'ordonnant évêque, et fit voile vers la Grèce. Après un long voyage, à son arrivée, tout le monde lui souhaita la bienvenue. La communauté avait prospéré et grandit, elle le vénérait comme un saint. L'autre fils de Théognostos, Théodore, fut ordonné et devint à son tour évêque. André décida ensuite de se retirer dans une retraite spirituelle. Une nouvelle demande lui parvint et malgré sa fatigue il rejoignit Sarzana en Italie où avaient lieu de nombreuses persécutions. Son dernier acte allait l'amener vers la voie du martyre.

VIII: Le martyre

Après avoir amarré à Ravenne, André termina le voyage par voie terrestre jusqu'à Sarzana où les gens saluèrent son arrivée avec éloges et couronnes.

"Frères et Sœurs", déclara l'évêque,"je viens vous délivrer de la torture et j'apporte la parole du Très Haut. Mais rappelez-vous, je ne vais pas faire tomber les puissants, je viens les aider pour lutter contre leur ignorance et leurs péchés!"

André fut arrêté et emmené par le Procureur impérial avant même que la foule puisse réagir.

"Alors, vous êtes le chef de ces rebelles, qui se moquent des dieux et refusent d'adorer l'empereur!" lui cria-t-on en crachant sur sa chasuble blanche.

André : "J'apporte la vérité et la paix. Vous n'êtes qu'à la recherche de l'émeute, la guerre, le sang pour servir uniquement vos ambitions et le désir de vos prêtres en rut! Prêtez-moi attention, et éloignez-vous de l'influence du mal!"

Mais cette fois, les oreilles du Procureur restèrent fermées et il lui rit au nez. Les gens pieux de Sarzana et toute la région vinrent rendre hommage au saint homme comme cela s'était produit à Sarmazia. Procuste commença à s'inquiéter au sujet de l'ordre public et interdit les portes de la ville à toute la population qui se regroupait. Ensuite, il se hâta de prononcer la sentence contre André, condamné à la crucifixion. La veille de l'exécution, André commença à prier Dieu pour qu'il chasse la peur de son esprit et lui donne le courage de se tenir comme un vrai martyr de la Foi. Il priait pour que sa mort serve à sceller son témoignage et ses longues années à servir et à propager les paroles d'Aristote et de Christos.

Le jour de la crucifixion, André demanda à ce que sa croix soit érigée en forme de X, car il jugea ne pas être digne d'imiter la mort du Prophète. Et c'est en face de tous les citoyens en larmes que l'évêque mourut, sous un ciel nuageux.

Procuste qui avait été ébranlé par le doute toue la nuit vit sa réponse quand une vive lumière traversa les nuages et illumina le pauvre corps crucifié. Une colombe se posa sur la tête d'André et y déposa une plume blanche et une arête de poisson. Le Procureur, comme frappé, tomba à genoux et déclara :

"J'ai été aveugle! Il était vraiment un saint homme!"

Il ordonna alors d'enterrer le corps à l'endroit même où fut décidée la construction d'une cathédrale. André en deviendra par la suite le Saint Patron.

Reliques: le corps du saint, la croix du martyre, la lettre de Saint Titus.
Fête patronale: 30 Novembre, en commémoration au martyre
Dictons:
-Les évêques doivent être comme les pêcheurs: humbles, très laborieux, et ils doivent savoir où jeter l'hameçon.
-Il n'y a pas de terre qui ne soit pas prête pour le message de Dieu.
-Ouvre tes yeux! Ce n'est pas vous qui agissez, mais la Créature Sans Nom qui s'est emparée de vous.

Transcrit par Ariberto
Traduit par Dariush
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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 18:02


- "Jeune Antiochos, ton destin sera inspiré par Dieu. Par toi, des milliers d'hommes de peuples différents se convertiront à la parole du vrai Dieu. Et parmi ces peuples s'en trouvera un dans lequel naîtra celui qui finira ce que j'ai commencé."

Telles furent les paroles du prophète Aristote lorsqu'il demanda à ce qu'on lui amène Antiochos, à peine âgé de quelques semaines, scellant ainsi la destinée d'une vie hors du commun.

Sous les auspices de la théologie

Né en -322 quelque part en Grèce, fils de Séleucos et de la Reine Apama, Antiochos Ier Sôter* est à moitié perse. Son père, ancien soldat d'Alexandre et ami d'Aristote, eût la révélation du prophète :

- "Elève ton fils dans la Foi en Dieu, apprends lui les enseignements que je t'ai dispensés, prépare le pour la mission que Dieu lui a confiée. Pour t'aider, je te donne mon fils, Nicomaque, qui sera le précepteur de ton fils."

C'est ainsi que dès sa plus jeune enfance, Antiochos bénéficia de l'apprentissage du message délivré par le Très Haut au premier prophète. Il fut, par conséquent, élevé dans l'amitié et la vertu. Nicomaque lui enseigna les préceptes qu'il avait lui-même reçu de son père. A cette époque, peu après la mort d'Alexandre en -323, la Grèce connaît une période de troubles et de complots visant à s'accaparer le partage des terres qu'avaient fait les généraux de l'empereur macédonien. Séleucos fit les bons choix et s'allia avec Ptolémée, Roi d'Egypte, qui, victorieux de ses adversaires, lui donna le titre de Maître de la Mésopotamie.

Antiochos et son précepteur, Nicomaque, suivaient le nouveau maître dans ses campagnes militaires pour la grandeur de Babylone. Le jeune homme mit toute cette période à profit pour apprendre les stratégies et tactiques militaires de son père, gardant en tête les valeurs qu'instillaient en lui les écrits d'Aristote. Les territoires de Séleucos s'agrandirent de plus en plus, si bien qu'il étendit sa domination sur les hautes Satrapies d'Asie, jusqu'au début de l'Inde. L'enfance du jeune homme fut ainsi partagée entre conseils de guerre et cellule théologique. Avec un incroyable talent, Antiochos devint rapidement expert en stratégie militaire et en théologie. Là où la plupart des enfants passaient leurs temps avec d'autres, lui, côtoyait le monde des adultes et prenait déjà conscience de sa destinée, martelée par son père qui n'avait de cesse de lui répéter la prophétie d'Aristote à son sujet.

En -307, âgé de quinze ans, Antiochos observa le sacre de son père qui prit le titre de Basileus (Roi), ce qui eut pour effet de faire éclore l'empire Séleucide. Le jeune homme assista alors son père en tant que général et conseiller en théologie. Séleucos avait toujours été réceptif aux préceptes d'Aristote avec qui il avait partagé beaucoup, et son fils, avait encore plus encouragé cet aspect de la personnalité du Roi. Le jeune homme et son précepteur Nicomaque s'installèrent alors avec Séleucos à Séleucie, que ce dernier avait fondé en -311. Le fils du prophète lui donna un livre qui contenait l'ensemble des écrits d'Aristote, "Du Dieu Unique et de ses commandements", et un pli qu'Aristote lui avait remis à l'attention du jeune Antiochos. Ce dernier découvrit alors un contenu énigmatique :

Aristote a écrit:Le sacrifice de soi est la condition de la vertu.

Antiochos ayant un brillant esprit, interpréta cette sentence tel un sacerdos, il était convaincu désormais, qu'il devrait faire abstraction de sa personne pour la grandeur du Très Haut, et ce, même s'il devait en mourir. Au fil des ans, Antiochos devint un parfait aide de camp pour son père, agissant toujours de façon raisonnée et mettant au premier plan sa perception du message divin. Il encourageait Séleucos à ne pas semer la terreur et à apporter aux peuples conquis, les avantages de la Grèce. Grâce à ses conseils, les peuples soumis y gagnaient des écoles, la médecine, l'économie. C'était bien là un dessein important pour le jeune homme, améliorer les conditions de ceux qui tombaient dans l'escarcelle de son père.

Le sacre d'un Roi

Une nouvelle période de troubles émergea dans l'empire Babylonien, en effet, Antigonos, alors Roi de Macédoine, désira étendre sa domination sur la Grèce. C'est sous les conseils d'Antiochos que Séleucos s'allia une nouvelle fois à Ptolémée pour finalement, sortir vainqueur du conflit qui les opposa. Le royaume d'Antigonos fut partagé entre les vainqueurs. Séleucos reçut la Syrie et la partie Est de l'Asie Mineure. La possession de la Syrie lui donna ainsi une ouverture sur la Méditerranée. Estimant qu'il devait cette victoire aux conseils avisés et éclairés de son fils, il fonda immédiatement la nouvelle ville d'Antioche sur l'Oronte qui devint le siège de son gouvernement. Séleucie du Tigre devint, elle, la capitale des satrapies de l'Est.

Antiochos fut ainsi prêt à servir pleinement son père et ce, à l'âge de 28 ans. Nicomaque, resta à Séleucie aux côtés d'Antiochos pour lui prodiguer toujours plus d'enseignements. Fort de ses expériences, le jeune homme parvint à prendre une grande place dans le cœur de son père et dans l'estime de ses généraux, si bien qu'en 294, Séleucos installe son fils Antiochos en tant que vice-Roi à Antioche. Sa gestion du royaume de Syrie et des affaires courantes apportèrent sérénité et stabilité aux territoires dont il avait la gestion. C'est à cette époque qu'il entreprit de faire connaitre plus avant la parole du prophète Aristote et les enseignements qu'il délivra aux Hommes. Ainsi, il choisit cinq hommes et une femme parmi ses fidèles amis, il leur exposa la prophétie divine suspendue au-dessus de sa tête depuis son plus jeune âge. Son charisme et ses excellents talents d'orateur ne tardèrent pas à convaincre ses fidèles qui s'élancèrent aux travers des terres Séleucides pour diffuser la parole du vice-Roi. Partout, sa réputation grandissait, les enseignements que relayaient les siens faisaient mouche et percutaient le quotidien des peuples des Satrapies de Séleucos.

Les Babyloniens qui vivaient dans la région de Séleucie, avaient déjà en eux des croyances bien enracinées. En effet, ils vouaient un culte à Oane, l'homme qui avait répondu à la question de Dieu. L'Eglise Oaniste, témoin de la diffusion de la parole d'Aristote, fut séduite par son enseignement et l'introduisit dans son propre dogme, faisant d'Aristote un de leur prophète.

Antiochos constata alors la convergence réalisée par l'Eglise Oaniste, et fut séduit par la mythologie Oaniste qu'il jugeait profondément marquante, intéressante et s'intégrant fort bien aux enseignements d'Aristote. C'est ainsi, qu'avec l'accord de son père, il convia les grands prêtres du culte d'Oane dans son palais et ceux-ci l'écoutèrent s'exprimer sur Oane et Aristote. Tous furent stupéfaits et enthousiasmés par la proposition qu'il leur fit alors.

Antiochos : -"Mes amis, vous êtes les héritiers d'une grande religion. Vous auriez pu rester fermés sur vous-même et refuser de voir ce qu'il se passait autour de vous, comme tant de ces religions conservatrices.
Mais non, vous avez entendu la Sainte Parole d'Aristote que Nicomaque et moi-même avons fait diffuser.
Non seulement vous l'avez entendu, mais vous avez compris cet enseignement et l'avez incorporé à votre dogme.
Aristote avait conscience du Très Haut, mais il ne connaissait pas votre Eglise, s'il vous avait rencontré, il vous aurait considéré comme les seuls et vrais héritiers de la Vraie Parole du Très Haut.
Il n'a pu le faire, mais moi, oui.
C'est pourquoi, je vous propose à vous, grands prêtres de l'Eglise Oaniste, de faire de votre Eglise, synthèse de votre dogme et des enseignements d'Aristote, l'Eglise officielle de notre Empire sous le nom de l'Eglise Oaniste Aristotélicienne."


C'est ainsi que l'Eglise officielle de l'Empire commença à diffuser son Enseignement dans de larges contrées de l'Empire, avec un succès immédiat en Babylonie, plus difficile ailleurs.

Antiochos commença alors à se démarquer des conquêtes de son père, l'éclairant toujours de ses subtils conseils, mais prenant plus de temps pour aborder la question du Très Haut. Son père savait qu'Antiochos prenait ainsi place dans l'échiquier concocté aux hommes par le Tout Puissant et cela l'encourageait encore à étendre ses territoires. A Antioche, le jeune homme était devenu une curiosité, l'on écoutait ses longs discours sur l'amitié, sur la vertu, sur la justice ou encore la morale. Son aura s'étendit d'ailleurs au-delà de l'empire Séleucide, gagna les Satrapies de l'est et même la Grèce. La prophétie qu'avait énoncée Aristote fût relayée et, dans l'esprit des anciens fidèles du prophète, grandit l'espoir d'un nouveau prophète en la personne d'Antiochos. C'est ainsi que Théophraste, premier scolarque** du Lycée, vint en Syrie pour rencontrer celui qui était aux yeux des grecs, le successeur du prophète.

Théophraste : - "Jeune Antiochos, je te salue, toi, l'homme de la prophétie. Athènes se questionne à ton sujet, et nombreux sont ceux qui te prétendent nouveau prophète. Je sais qu'il n'en est rien, mais toi, en es-tu conscient ?"

Antiochos : -"Cher Théophraste, scolarque et théologue de renom, nous savons tous deux que je ne suis pas le prophète du Très Haut. Je ne suis que l'instigateur de Sa Foi dans les terres éloignées qui n'ont pas encore été atteintes par la conscience de Sa grandeur ! Aristote m'a transmis la mission que Dieu m'avait assignée dès mon plus jeune âge. Je suis chargé d'évangéliser les royaumes pour faire connaitre la Nature du Très Haut et ainsi, préparer l'arrivée d'un nouveau prophète. Je n'aurais de cesse d'étendre la Foi envers le Dieu unique par-delà les territoires. Ma vie sera dévouée à Son message, je ferais tout pour illuminer le monde de Son amour pour l'humanité, Dussé-je mourir pour Sa gloire."

Théophraste : -"Je suis bien aise de t'entendre si sage, les préceptes que t'a enseignés Nicomaque et la sagesse de ton père, t'ont inculqué de sérieuses valeurs et une foi des plus immense. Sois en certain, je relayerai tes ferventes paroles aux érudits athéniens. Que le Très Haut accompagne ta destinée pour longtemps encore."

Le scolarque retourna à Athènes pour diffuser encore un peu plus l'aura d'Antiochos, qui jouissait déjà d'une réputation grandiloquente par-delà les rives de la méditerranée. Les années passèrent ainsi, Antiochos passant son temps entre gestion du royaume, diffusion du message de Dieu et conseils stratégiques pour les conquêtes de Séleucos. C'est en - 280, alors qu'il était âgé de 42 ans, que son père fut assassiné aux confins de l'Asie Mineure. Il fallut plus d'un mois pour que la nouvelle de sa mort s'étende à Antioche, et, le fils prodigue fut dévasté par cette subite disparition. Antiochos était meurtri aux tréfonds de son âme, n'ayant pu être aux côtés de Séleucos lors de son dernier soupir.

C'est logiquement qu'Antiochos fut sacré Basileus à son tour et devint Roi de Syrie, récupérant de fait, les territoires gagnés par son père tout au long de son règne. Son premier discours, il le tînt depuis le balcon du palais d'Antioche, devant une foule immense rassemblée pour acclamer le nouveau Roi. Sa ferveur et la conviction qu'il avait une mission des plus essentielles à accomplir au nom du Très Haut, donnèrent à ce discours un caractère exceptionnel. Il le conclut par ces mots, comme dictés par le Tout Puissant :

Antiochos : -"Moi grand Roi Antiochos, j'ordonne que soient édifiés des temples un peu partout dans notre royaume, sur des fondations qui ne seront jamais détruites. J'accomplirai cela pour prouver ma foi à l'égard du Très Haut. A la fin de ma vie, j'entrerai ici-même dans mon repos éternel et mon esprit rejoindra celui du Tout Puissant dans la sphère solaire."

L'avènement d'un règne dédié au Très Haut

Le premier geste fort d'Antiochos fut la pose de la première pierre de l'édifice qu'il dédia au Très Haut à Antioche, espérant honorer ainsi le créateur et perpétrer le message qu'il avait envoyé aux humains au travers de son prophète Aristote. Dans la même année, il épousa Stratonice, fille du Roi de Macédoine Démétrios, dont il était éperdument amoureux depuis déjà longtemps. Elle lui donna cinq enfants, deux fils et trois filles. Il décida aussi de renforcer le culte Oaniste Aristotélicien en encourageant le recrutement de jeunes prêtres indigènes dans toutes les parties de son Empire, pour faire de la religion de l'Empire non plus une religion extérieure à ses peuples, mais issue de ceux-ci.

C'est pourquoi il commença à sillonner son royaume, traversant la Perse, la Médie, la Susiane, la Parthie, la Drangiane, l'Arie, la Bactriane, la Sogdiane, l'Hyrcanie, l'Arachosie et allant jusqu'à l'Inde. Partout, il se lançait dans de longs discours dignes des meilleurs orateurs, comme aidé par le Très Haut, ses mots parvenaient à convaincre les réticences et il dissertait sans fin sur le Dieu unique, l'amitié et la vertu.

Ainsi, nombreux furent ceux qui rejoignirent les rangs des clercs de l'Eglise Oaniste Aristotélicienne et permirent son développement exponentiel.

Antiochos bénéficiait d'une aura si grande au travers de ses peuples que ceux-ci relayaient ses plus grandes phrases. Ainsi, l'idée d'un créateur Tout Puissant s'installa profondément. Il fit bâtir de grandes citées en Asie mineure sur le modèle athénien, et, dans chacune des capitales des territoires dont il était Roi, il fit construire un temple dédié au Très Haut. Il gratifia les anciens généraux de son père qui avaient mené les grandes campagnes passées en les nommant gouverneurs des grandes provinces, leur laissant la gestion des contrées éloignées.

Antiochos avait gardé contact avec Théophraste jusqu'à la mort de celui-ci en - 288, échangeant avec lui, pendant six longues années, de longs courriers traitant du caractère unique du Tout Puissant, dissertant sur la morale, sur l'amitié ou sur la vertu. Il en fût de même avec le second scolarque Straton de Lampsaque. Si bien que lorsqu'il fut Roi des Seleucides, il demanda à ce que le Lycée lui envoie ses meilleurs disciples en Théologie. Il installa chaque disciple dans les villes où se bâtissaient les temples, avec rôle de conseiller les gouverneurs et d'orienter la politique générale des provinces. Ainsi, Antiochos s'attacha la fidélité des gouverneurs un peu partout et parvint à faire naitre les bases de la religion Aristotélicienne, encrant un peu partout l'idée du Dieu unique, créateur de toute chose.

Mais, c'est dans son propre fief que vint la tourmente. Antiochos dut faire face à une révolte qui éclata en Syrie, fomentée par ceux qui n'avaient cure de sa mission divine ni de ce qu'ils nommaient, les "idées farfelues" du grand Roi. Alors qu'il avait choisi de cesser les campagnes d'expansion, il fut contraint à nouveau à livrer bataille pour sauvegarder ce que son père avait construit. Antiochos le savait, perdre la Syrie revenait à perdre le ciment qu'elle constituait pour son royaume. Mais, malgré une victoire qui lui permis de conserver son trône, Antiochos du s'opposer aux velléités offensives des royaumes adjacents au sien. Il envoya ses meilleurs généraux armés de ses meilleures stratégies pour éviter le pire. Ne voulant pas s'éterniser dans des conflits sans fin, il préféra, à plusieurs reprises, signer des traités de paix et assurer la pérennité de son propre royaume. La valeur d'une vie avait trop d'importance pour lui, c'est pourquoi il préférait perdre quelques territoires plutôt que de s'entêter par un orgueil mal placé. De toutes manières, il le savait, et le disait souvent, comme lorsqu'il perdit face à Euménès à Sardes.

Euménès : -"J'ai une question Antiochos, pourquoi signes-tu ce traité ? Tu aurais pu continuer à te battre en envoyant plus d'armées. Aujourd'hui nous étions supérieurs en nombres mais dans six mois, dans un an, tu aurais pu tous nous envoyer six pieds sous terre !"

Antiochos : -"Euménès, aujourd'hui tu es mon vainqueur, ces terres t'appartiennent, mais je n'ai aucune crainte car ce qui a été fait ne peut être défait. Dans chacun de tes nouveaux sujets s'est ancrée la Foi dans le Dieu unique, ainsi, quoi que tu fasses, quoi que tu dises, jamais elle ne se taira."

Antiochos était ainsi, il avait, enfoui au plus profond de son âme et de son cœur, cette foi indicible et si puissante envers le Très Haut. Il s'intéressait avant tout, à la transmission de Son message. La mission que lui avait confiée Aristote dès sa plus tendre enfance avait fait naître la Foi en Dieu dans une grande partie du monde. Il sema ainsi le terreau qui fertilisa les royaumes d'Asie et du Moyen-Orient pour l'arrivée du second prophète du très Haut.

Une vie qui s'achève

Alors que l'empire Séleucide s'affaiblissait en raison des multiples attaques et révoltes dont il était victime, Antiochos lui, philosophait sur cet état de fait et parvenait encore à y trouver du positif. Quoi que pouvaient devenir ces provinces, ces royaumes, la Foi dans le Dieu unique avait grandi au point de devenir incontournable un peu partout. Alors qu'il atteignait soixante-quatre ans, les temples qu'il avait fait bâtir s'achevaient enfin, et dans chacun, les théologiens du Lycée faisaient office de guide, se servant des rituels laissés par le peuple d'Oanylone. Le grand Roi inaugura le majestueux temple d'Antioche qui fut le dernier à s'achever tant sa démesure était immense. Antiochos, sur la dernière marche du parvis qui surmontait la place à plus de dix mètres de hauteur, fit à nouveau un discours grandiloquent, abordant toujours les mêmes thèmes qui lui étaient chers. A mesure qu'il parlait, ses yeux se mirent à briller et des larmes coulèrent sur ses joues, il avait achevé l'œuvre de toute une vie.

Antiochos : -"Moi grand Roi Antochios, j'ai ordonné que soient édifiés des temples, sur des fondations qui ne seront jamais détruites. J'ai accompli cela pour prouver ma foi à l'égard du Très Haut. A la fin de ma vie, j'entrerai ici-même dans mon repos éternel et mon esprit rejoindra celui du Tout Puissant dans la sphère solaire."

C'est au moment même où il acheva cette phrase qu'Antiochos fut atteint d'une flèche en plein cœur qui le foudroya sur place. Le Roi tomba à genoux, tenant la flèche de sa main droite, il pointa son autre main en direction du ciel tout en lançant de son dernier souffle à la foule, qui médusée, assistait à sa mort :

Antiochos : - "N'oubliez pas ce que je vous ai appris, aimez-le comme il nous aime, aimez-vous comme il vous aime..."

Son corps se raidit d'un coup dans cette position, la main tendue vers le soleil, une mare de sang s'étendit sur le parvis de marbre dessinant un cercle parfait au centre duquel trônait le Roi. Une vive lumière descendit du ciel et fit briller de mille feux le corps d'Antiochos. Lorsque celle-ci disparut, l'homme s'affala vers l'arrière, le regard brillant encore de ses larmes. Le peuple d'Antioche resta sous le choc de cet évènement, convaincu qu'il s'agissait là de l'intervention du Dieu unique, venu chercher celui qui l'avait si bien servi. Son meurtrier ne fut jamais retrouvé.

Les funérailles du grand Roi furent somptueuses et son fils, Antiochos Théos, qui lui succéda, jura de perpétuer le travail de son père. La flèche qui avait transpercé le cœur d'Antiochos fut conservée comme relique sacrée et le corps du défunt fut enterré dans les fondations du temple d'Antioche.

Une immense statue fut sculptée dans le bronze, représentant Antiochos au moment de sa mort. Elle fut disposée sur le parvis du temple et sur son piédestal était noté :

"Antiochos Ier Sôter - Roi Séleucide et Fils du Très Haut"

Traduit du Grec par Monseigneur Bender.B.Rodriguez.
___________________________________

* Le Sauveur en grec.
** Recteur du Lycée fondée par Aristote en - 335, successeur du prophète en -322.
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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 21:17


Saint Antoine le Grand naquit en Lyonnais-Dauphiné dans un petit village de pêcheurs, en 1356. De parents modestes et honnêtes, il eut une enfance normale partagée entre les tâches quotidiennes et sa foi en Aristote. Sa foi lui permettait de tout surmonter, et il trouvait en elle refuge et sincérité.

Un jour qu’il péchait seul, les rames se détachèrent de sa barque et il se trouva immobilisé au beau milieu du lac. N'importe qui aurait sauté à l'eau pour tenter de rejoindre la rive à la nage, se moquant des risques d'embourbement posés par les marais du lac. Antoine, lui, préféra ne pas risquer de pécher par non-conservation en mettant sa vie en danger et décida de rester sur sa barque à prier. Quelques heures après, ses parents, alertés par le retard de leur fils, vinrent à sa rescousse. Sa foi avait évité à Antoine une mort certaine.

Son père périt dans un accident de charrue : il tomba alors que les chevaux paniqués partaient au galop, et fut labouré par sa charrue. A l’âge de 12 ans, Antoine eut donc à s'occuper de sa famille. Il devait subvenir aux besoins de celle-ci. Il travailla comme garçon de ferme. Dans son village de pêcheurs, les enfants riaient de lui, car il parlait aux animaux.

Une anecdote raconte qu’un jour, une des meilleures vaches laitières du village donna subitement du lait d’une aigreur inexplicable. Ni l’apothicaire ni le fermier ne trouvèrent de remède à ce mal. Il suffit cependant qu’Antoine aille parler à la vache pour qu’elle donne à nouveau du lait excellent.

Un villageois le soupçonna de sorcellerie à cause de tout cela et alla en parler à l'archevêque de Lyon. Ce dernier se rendit sur place pour constater les choses de visu et pour parler avec Antoine. Il découvrit bientôt que le futur saint, bien loin d'être possédé, disposait d'une foi d'une force extraordinaire et le convainquit de consacrer sa vie à l'Église. À 32 ans, Antoine prit la décision de porter la bonne parole.

Il parcourait le Dauphiné quand il apprit que la capitale religieuse du duché, Vienne, était la proie de la famine. Les animaux mouraient pour on ne savait quelle raison, les fruits et légumes n'étaient guère nourrissants, et la population avait l'estomac qui criait famine. Il décida d'aller soutenir ces villageois et avait l'espoir qu'avec le réconfort de sa foi, leurs esprits s'ouvriraient et supporteraient cette dure épreuve.

Il arriva donc à Vienne le 17 Janvier 1389. Sa présence passa inaperçue, mais pas pour tout le monde. Un éleveur de cochons reçut sa visite. Ils échangèrent quelques mots et Antoine pria pour les bêtes de ce pauvre homme qui avaient l'air bien mal en point. Il refusa l’hospitalité du paysan et s’en alla chercher un endroit pour dormir. On dit qu’Antoine alla passer la nuit au milieu de la forêt de Vienne et que là il parla à Dieu.

Cette nuit-là, l'éleveur ne dormit pas. Des bruits d'agitation étranges provenaient de sa grange. Il pensa que c'était la fin. Ses cochons étaient en train de trépasser et avec eux l'espoir de nourrir correctement sa famille.

Au petit matin, le silence régnait sur la ferme. D’un pas inquiet, il alla voir ses bêtes pour vérifier si ses craintes étaient justifiées. Mais là sa surprise fut grande: il vit apparaître un cochon puis deux, puis cinq, puis quinze... Mais comment cela était-il possible alors qu'au départ il ne lui en restait que trois ? Il fit le rapprochement avec Antoine venu la veille, et qui avait prié pour sauver ses bêtes et sa famille de la famine.

Il courut à la ville raconter son histoire. Les fermiers, sceptiques au début, ne purent le croire. Mais il fallait se rendre à l’évidence, grâce aux prières d'Antoine, nommé par les fermiers "Antoine le Grand", les cochons se multipliaient et guérissaient. Grâce à sa foi et ses prières, il sauva Vienne de la famine. Antoine, dit à présent "Antoine le grand", reprit son chemin.

Les anciens racontent qu’il est monté vers le nord, vers les régions barbares au-delà des frontières du Saint Empire, dans des contrées si reculées que la foi en Aristote n’y était pas arrivée. Partout où il passait, la foi en Aristote grandit. On raconte que dans le sud-est de la France, il fit gonfler les oies et qu’elles eurent des foies gigantesques. D’un peu partout, des échos vinrent, racontant les mêmes sortes d’évènements. Face à la famine et au désespoir des gens, Antoine priait. Et la nature se multipliait afin que tous puissent se nourrir.

Sa renommée fâchât un chef tribal du nord. A cause de ces prières et de la foi en Aristote qui grandissait, Yvan Leterminus voyait son pouvoir s’affaiblir. De dépit il fit écarteler Antoine le grand, le 17 janvier 1407, et ses restes furent jetés dans un pré. L'on dit que l’année suivante, un verger y avait poussé, et que les arbres donnèrent des prunes tout au long de l’année. Dès qu’un fruit tombait ou était cueilli, un autre repoussait. Un jour Yvan fit couper les arbres. Et le lendemain, au lieu d’un tronc, il y en avait deux. Furieux, le chef prit une hache et frappa un des arbres. Une prune énorme tomba sur la tête d’Yvan. Le fruit était si gros et si lourd qu’il lui fracassa le crâne.

Traduit par Lutuxya et Wilgeforte
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Message par Ellyrius Dim 31 Mai 2020 - 21:42


Les premières années.

Antonino naquit vers 250 ap. J.-C., dans un village aux portes de Plaisance, fils de Deodatus, un charpentier de métier, et de Lucretia, cultivatrice de blé et pêcheuse.
À peine né, il reçut le sacrement du baptême par l'évêque Iustinus et il fut élevé par ses parents dans les préceptes de l'Église, selon les vertus.
Quand le garçon eut environ 5 ans, la famille s'établit derrière les remparts de la ville pour rester en sécurité, parce que les campagnes étaient infestées par des bandes d'hétérodoxes, consacrées au brigandage. Cela permit au jeune Antonino de grandir dans l'amitié de la fervente communauté citadine, dirigée par le nouvel évêque Marcion.
Dans l'atelier de son père il apprit le métier de charpentier et, grâce à sa mère, devint un grand cultivateur et pêcheur. En tant que fils unique, il fut le soutien de ses parents dans leur digne existence. Son habileté dans les arts manuels l'amena à choisir, une fois qu'il fut grandi, la carrière de charpentier, pour travailler avec son père et pour faciliter le marché du poisson naissant.

Malgré ses modestes origines, Antonino fut un jeune homme connu et apprécié par tous en ville, autant que pour son habileté artisanale que pour sa dévotion. En effet, dès que possible, il devint diacre du curé de l'époque, le Père Gaius, démontrant rapidement la profondeur de son charisme et la qualité de sa foi: il entreprit de s'entretenir avec de nombreux hétérodoxes des campagnes.
Contrairement à beaucoup de ses concitoyens, il ne considéra pas ces brigands comme des criminels fous, mais seulement comme brebis du troupeau qui n'avaient pas trouvé le bon chemin, ou qui avaient perdu dès le début la Foi Aristotélicienne.

[quote]La véritable Amitié Aristotélicienne n'est pas basée sur le refus du prochain, mais sur l'écoute et la compréhension: c'est seulement de cette manière que la défense de la société civile coïncide avec la défense de la foi.[quote]

C'est une de ses maximes, que la tradition a transmis jusqu'à nos jours. Son action énergique et courageuse permit à Plaisance d'être, en son temps, l'un des endroits les plus sûrs, où la communauté sut accueillir et pacifier même les caractères les plus turbulents.

L'activité publique.

Malgré la limpidité de la foi et l'insistance des membres du clergé citadin, Antonino ne fit jamais ses vœux, quoiqu'il devint de plus en plus une référence certaine pour la communauté des fidèles. Lui-même se croyait trop exubérant pour incarner la figure d'un prêtre et préféra suivre exemplairement une vie laïque et engagée dans la ville.

Vers 275, il épousa Aulonia, d'un an plus jeune que lui et, digne d'un mari si grand, elle-même célèbre pour la fermeté de son caractère et pour sa dévotion.
Experte en menuiserie, elle aida son mari dans le travail quotidien, tout en lui donnant une progéniture nombreuse et bien élevée.

Remerciant l'excellent équilibre de sa vie privée, Antonino put se consacrer efficacement à l'activité publique. Nommé archidiacre du diocèse de Plaisance, il fut le fondateur de la première "Schola Aristotélicienne" de l'Italie du Nord, célèbre dans toute la péninsule pour la qualité de sa catéchèse et l'éducation donnée. Comme digne de l'œuvre d'Antonino, on se souvient que c'est dans cette école qu'il se forma un grand mystique de cette période comme Eugenius, qui, plus tard, devint pape avec le nom de Eugene I.

Le tempérament pragmatique d’Antonino l'amena également à la fondation de la Légion Thébaine, une milice citadine qui s'occupait de la sécurité de la ville et ses banlieues. Orgueil de la communauté de Plaisance, la Légion fut un brillant exemple, précurseur de son temps, de milice Aristotélicienne, guidée par le principe de justice et non par l'impitoyable code guerrier du moment.
Voici ce qu'il pensait:
Si la force de la foi ne réussit pas à convertir les âmes des impies et s'il n'existe pas d'autre moyen pour les convertir, si surtout leur arrogance menace la vie des croyants, alors le vrai fidèle peut et doit, même si c'est pour défendre uniquement sa personne, défendre la vraie Foi.

Antonino fut le premier commandant de la Légion, qui vit la succession au commandement des meilleurs hommes de son temps. La supériorité morale de l'organisation de cette milice devint évidente à tout le monde à l'époque de sa violente destruction.

Lorsque, deux siècles plus tard, l'envahisseur barbare renversa toute l'Italie, la ville résista héroïquement à l'assaut païen, mais, sa population étant inférieure en nombre, elle fut obligée de se rendre à la tyrannie de l'ennemi. La tradition raconte que, ayant rassemblé tous les “Thébains” sur la place principale, les commandants barbares ordonnèrent aux miliciens vaincus de tuer le clergé citadin, mauvais à leurs yeux, car force motrice de la résistance. La place résonna d'un cri qui est devenu historique - “Antonino ne veut pas!” - qui laissa momentanément pantois et éperdus les envahisseurs. La réaction, toutefois, fut féroce. Les “Thébains” furent massacré un par un, en raison de leur insubordination aux vainqueurs, mais pas un seul ecclésiastique ne fut blessé: Antonino n'avait pas voulu.

Pèlerinage en Grèce et Terre Sainte et martyre.

En 295, Plaisance et la région environnante subirent une terrible famine: la sécheresse fit perdre des récoltes innombrables, les élevages furent décimés, et la pêche dans le lac fut bien moins fructueuse qu'à l'accoutumée. Pour cette raison, des centaines de paysans, qui avaient perdu leurs moyens de subsistance, se déversèrent sur la ville de la campagne, à la recherche d'un sort meilleur. Cela provoqua une telle surpopulation que les réserves alimentaires, déjà insuffisantes, furent totalement épuisées. Bientôt la faim se transforma en panique puis en colère, et le mécontentement commença à se répandre dans la foule affamée : les fours à pains furent pris d'assaut et il ne resta que le lac comme seule source de subsistance.

Dans la tentative d'aider les concitoyens et soulager la tension dans la ville, Antonino réussit à convaincre nombreux compagnons charpentiers à vendre des bateaux au prix de revient, de manière à faciliter la pêche pour tous. Avec cette initiative et avec sa puissance oratrice, il contribua à prévenir les émeutes et les révoltes, en réussissant à subvenir aux besoins de la communauté jusqu'à la fin de la famine.

Parmi les nombreuses initiatives, à la fois pratiques et spirituelles, Antonino fit un vœu au Très-Haut : il voulait organiser un pèlerinage sur les lieux où les Prophètes vécurent lorsque la calamité serait enrayée.
Passée l'urgence, le moment vint d'organiser le voyage, chose qu'il le tint engagé pour l'année 299. Au fur et à mesure que sa parole se répandait, de plus en plus de gens voulurent se joignaient à lui : il y eut la nécessité d'organiser un grand déplacement de masse, une chose très difficile et risquée à toute époque.
En accord commun avec les autorités municipales et avec la bénédiction de l'Évêque, Antonino choisit un régiment de la Thébaine pour escorter le groupe des pèlerins, et il se fit garant de leur intégrité.

Lorsque tout fut prêt, avec l'arrivée du printemps de l'an 300, l'expédition commença. Ils traversèrent la péninsule à pied et atteignirent le port florissant de Brindes, dans les Pouilles. De là, ils s'embarquèrent et atteignirent la Grèce, en direction de la première étape de leur voyage : Stagire, la ville natale du Premier Prophète, Aristote. Ils atteignirent la ville au début de l'été et ils acceptèrent de rester jusqu'au printemps suivant, de manière à éviter les déplacements pendant l'hiver. Les mois se suivirent, participant et aidant la communauté locale dans le soin des champs et des troupeaux, très nombreux dans cette zone, et en visitant les anciennes églises de la région : ils s'instruisaient aussi dans les célèbres écoles grecques.

En mars 301 ils se remirent en marche, destination Terre Sainte, patrie de Christos. Comme ils ne trouvèrent pas d'armateurs disposés à les transporter par voie maritime, ils décidèrent de faire le parcours à pied, en suivant la ligne de la côte.

Le Miracle de l'eau douce.

Ainsi il arriva que, pendant l'été chaud qu'il caractérise l'Asie Mineure, le groupe se retrouva à manquer de provisions, de nourriture comme d'eau. Ils purent récupérer par la chasse et la pêche de quoi se nourrir, mais l'eau manquait et il y n'avait pas le moindre signe de la présence de fleuves ou de sources dans les parages de leur camp.
Devant le désespoir de ses gens, Antonino répondit avec la fermeté que lui conférait sa Foi que le Très-Haut aurait pensé à ses fils qui l'aimaient. Et une des innombrables nuits passée en prière, il reçut de Dieu une illumination révélatrice.
Le matin d'après cette épiphanie, Antonino s'équipa d'une hache, alla chercher le meilleur arbre possible et le coupa. Il en tira un matériel de coupe nécessaire à ce qu'il devait faire et travailla tout le jour.
Le soir, il avait fabriqué un seau, bien sûr non cerclé, donc il s'adressa à ses camarades et leur dit : "Grâce à ce seau, que le Très-Haut m'a suggéré de construire, chacun d'entre nous pourra boire.".

Tous se regardèrent stupéfaits, en craignant intimement que leur bien-aimé guide eût perdu tout bon sens. En lisant l'incertitude dans leurs yeux, Antonino ne se découragea pas, mais il alla remplir le seau à la mer, puis retourna gaiement vers ses compagnons; il prit un verre et le trempa dans le seau, puis but toute l'eau d'une gorgée. Puis il stimula les autres en leur intimant l'ordre de boire, leur disant "Allez, ayez la foi!"
Toutes les personnes présentes étaient dans l'incertitude quant à ce qu'elles devaient faire. C'est alors qu’un enfant se détacha des jupes de la mère, se rapprocha du seau et y plongea la tête : il but jusqu'à se rassasier. "Elle est bonne!", s'exclama-t-il en émergeant.
Tout de suite il s'éleva un cri de réjouissance de la part de la foule, qui se mit à clamer avec reconnaissance le nom d'Antonino.
"Vous ne devez pas me remercier, mais remercier le Très-Haut, Qui toujours pose Son regard sur Ses fils.", répéta le saint homme.
Immédiatement, la foule entonna en chœur un hymne de remerciement envers Le Très-Haut, émerveillée de ce que l'on nomma désormais "Le miracle de l'eau douce", et de ce nouveau savoir-faire facilitant le transport des fluides.

Ainsi, grâce à ce seau non cerclé, le groupe des pèlerins eut toujours miraculeusement de l'eau potable dans les moments de difficulté, et ceci durant tout le voyage de retour.
Ils entreprirent celui-ci au printemps de l'an 303, après avoir passé presque une année en Terre Sainte, sur les endroits de la prédication de Christos. Ils réussirent, non sans difficulté, à louer un navire, puis débarquèrent sur le sol italien à la fin du printemps.
Ils franchirent la frontière du territoire Placentin dès les premiers jours de juillet. Malheureusement, alors tout semblait aller pour le mieux, les choses empirèrent.

En l'absence d'Antonino, le brigandage avait repris toute sa vigueur dans les campagnes de la plaine du Pô. Un groupe de brigands païens attaqua le groupe de pèlerins, non loin des remparts de la ville. Les brigands descendaient rapidement d'un bois situé sur leur côté, et Antonino regroupa les Clercs, et exhorta tous les "Thebains", les motivant à un extrême courage: ils devaient retenir ces pillards le temps nécessaire à la fuite en ville, en attendant le renfort de la Légion.
Et ils firent ainsi.
La matinée du 4 juillet 303 vit un affrontement sanglant dans la plaine en face de Plaisance. Antonino, à la tête de 30 vaillants défenseurs, protégea jusqu'à l'extrême sacrifice le retour à la maison de plus que 300 Pèlerins.
À l'arrivée de la Légion Thébaine, (sortie avec diligence des remparts citadins dès le retour des premiers pèlerins sauvés qui l'alertèrent,) ce fut pour constater dès son arrivée sur le champ de bataille qu'il ne restait que des corps sans vie, ceux des trente Miliciens héroïques et courageux.
L'horreur de cette découverte donna lieu à un deuil collectif quand, au moment du rassemblement des cadavres, les soldats vinrent à reconnaître celui d'Antonino.

Ainsi depuis ce jour, tous les 4 juillet, Plaisance, éternellement reconnaissante, commémore Saint Antonino, l'homme qui fit de cette ville un des plus importants carrefours Aristotélicien de cette époque, ayant démontré que l'amitié et la sagacité, unifiant religion et cohorte de vaillants défenseurs, pouvait pousser les individus au sacrifice suprême : mourir pour protéger ses camarades.


Rédigé par le père Fabio Degli Scalzi, dict "Theflyinthenet", évêque de Plaisance, en l'An du Seigneur 1461.
Traducteur : Feuilllle, Pie de Valence.

Comme thèmes de prêche, l'auteur a écrit:

- La Foi Aristotélicienne doit être un Guide mais aussi ramener à elle les égarés et les hérétiques, de tous ordres et de toutes de classes.
- Il est nécessaire de prêcher aussi bien dans les lieux consacrés qu'auprès des groupes les plus vils, ou dans les endroits les plus improbables. (exemples : fratries de brigands, villages endormis.)
- L'esprit ingénieux des humains est le reflet de ce que le Très-Haut nous a accordé, si nous savons l'écouter (exemple : fabrication les seaux)

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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 8:25


San Babila naquit à Antioche vers 200 et y mourut vers 250. Il fut évêque d'Antioche de 237 à sa mort et est vénéré comme saint des Églises d'occident (qui en célèbrent la mémoire le 24 janvier) et d'orient (4 septembre).

Sa commémoration est aussi celle de ses fidèles disciples : Urbano, Prilidano et Epolono, avec lesquels fut arrêté pendant les persécutions de Dèce.

On raconte à son sujet qu'il naquit dans une famille de la grande bourgeoisie. Son père était un célèbre commerçant textile, et Babila passa sa jeunesse en négligeant la religion, mais en s’adonnant à des passe-temps avec les amis de son père.

Babila, très ambitieux, ne se contentait pas de passer ses journées en perdant son temps dans les auberges à la mode, mais voulait devenir important et entrer dans le beau monde. Il développa ainsi l'activité de son père, activité qui devint une florissante société d'ateliers de couture en créant une série de modes de grand prestige qui se vendait dans les cours européennes et pour les hauts prélats.

Un jour qu’il accompagnait son père à Rome afin de négocier de la soie d'orient, il rencontra Valentin, le futur saint des amoureux, avec lequel il lança une ligne de vêtements pour épouse et une de vêtements pour des hauts prélats, en brocart rouge.

Bien vite sa renommée s’amplifia, et il n'y avait pas reine ou dame de la noblesse qui ne voulait pas avoir un de ses vêtements ou de son ami Valentin.

Un jour, cependant, alors qu'il était dans son atelier de couture d'Antioche, on lui apprit que son ami Valentin s'était retiré des affaires et avait été élu Évêque à Terni, en Italie.

Pendant qu'il pensait que peut-être cela pourrait sûrement améliorer ses affaires avec l'Église, un rouleau entier de velours de Damas lui tomba sur la tête en le laissant assommé au sol. Pendant que les aides de son atelier et ses serviteurs s'efforçaient de la soigner, Babila rouvrit les yeux et dit à son fidèle Urbano : « Le Seigneur m'a parlé ! Jusqu'aujourd'hui nous avons péché, avons sollicité la vanité et nous en sommes satisfaits, mais maintenant je m'aperçois que celle-ci est seulement œuvre de la Créature sans nom, qui nous fait apparaître un péché doux, mais en fait nous trompe. »

Dès lors, Babila cessa de créer des modèles pour les riches et nobles et commença à fournir les pauvres moines et les prêtres de campagne en vêtements humbles mais convenables, et qu'il voulut tous marquer du signe D&G, Deo Gratias, pour se rappeler de la vision qu’il avait reçue de Dieu sous le rouleau de Damas.

On lui reconnaît beaucoup de miracles. Le premier est celui de la couverture des hontes de San Sebastiano. On raconte qu’un jour, en voyant la représentation de San Sebastiano transpercé des flèches, lié au poteau du supplice, Babila courut dans sa boutique pour prendre une crème de lin, avec laquelle il couvrit le pubis du saint, le soustrayant ainsi à la honte. On sait également que, pendant que Babila couvrait San Sebastiano, toutes les statues du saint, retirées, émergèrent partout dans le monde et se dispersèrent.

Sa renommée d'homme pieux et de serviteur de Dieu se répandit alors partout, et ses concitoyens le voulurent comme évêque, mais il refusa, prétextant qu’il n’en était pas capable. Mais, devant leur forte insistance, il accepta, et guida ses ouailles avec amour et compassion pendant des années.

Lors des persécutions de Dèce, il fut arrêté avec ses disciples, fut lié à des piquets de fer et avant de mourir il légua des bracelets élégants à des églises où il s’était rendu de son vivant.

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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 8:35


Barbare et Monique naquirent à Aesernia (Isernia) au IIIème siècle. Leur père, dénommé Urbain, était un magistrat romain. Leur précepteur, Ermete, qui était secrètement un aristotélicien, les initia au Livre des Vertus. Ainsi les deux jeunes femmes se convertirent à la vraie foi, répudiant les fausses idoles. Urbain, avisé de l'intention de ses filles, fit assassiner le précepteur et chercha par tous les moyens à éloigner les sœurs de leur foi, mais rien ne put diminuer la volonté de Barbare et Monique.

Il les fit alors enfermer dans une tour et les fit vivre dans l'opulence et de luxe pour les faire embrasser le style de vie des riches. Cependant, les deux sœurs réussirent à sortir de la tour et, chaque nuit, distribuaient leurs richesses aux pauvres, y compris leurs somptueux vêtements. Elles brisèrent également les riches idoles que leur père avait fait placer dans la tour et en distribuèrent les fragments précieux aux pauvres gens.

Comme les pauvres s’étonnaient d’un tel comportement, Barbare et Monique prêchèrent alors les enseignements du Livre des Vertus afin de les convertir à l'aristotélisme. Ainsi, à chacune de leurs excursions nocturnes, elles prêchèrent la parole d'Aristote. L’exemple d'amitié qu’elles donnaient aux pauvres ainsi que la conviction et la tempérance de leur élocution firent en sorte que gravitèrent autour d’elles un nombre toujours croissant de personnes, qui embrassèrent l’une après l’autre la vraie foi en abandonnant leurs croyances païennes.

Leur père, avisé de tout cela, les confia au préfet Dione, qui les dénonça pour impiété. Il ordonna que les jeunes femmes soient emprisonnées. Leur mère, venue leur rendre visite accompagnée d’autres matrones, les conjurèrent d'abjurer, mais les larmes maternelles ne réussirent pas à émouvoir Barbare et Monique.

Nous adorons le seul vrai Dieu et suivons nos uniques maîtres, Aristote et Christos.

Le préfet condamna alors les sœurs à être mises à nu et flagellés publiquement après qu’on leur ait rasé la tête. Émues devant tant de cruauté, les femmes de la place couvrirent les deux pauvres jeunes femmes de leurs manteaux et les bourreaux, après des longues heures de torture, impressionnés par la force de la foi des jeunes femmes, furent épuisés.

Dione les fit alors lier à une grande roue métallique qui, en tournant, aurait dû écarteler les deux saintes. Or, au premier tour effectué par la roue, celle-ci, grâce à l’intervention de l'Archange de l'Amitié, se cassa en tuant les bourreaux et en produisant la stupeur de l’assistance. Le préfet, stupéfait par les événements et furibond devant son impuissance, fit mener Barbare au temple d'Apollon pour l'obliger à brûler de l’encens à la divinité, mais grâce aux ferventes prières de la sainte, la statue du dieu tomba du piédestal et tua le malveillant Dione. Devant ce spectacle, toutes les personnes présentes se convertirent à la foi aristotélicienne et aidèrent les deux jeunes femmes à s’enfuir.

Elles traversèrent la province et ne manquèrent pas une seule fois de faire le bien autour d’elles, bien qu’elles n'avaient maintenant presque plus rien. Arrivant près d'une ville, elles furent hébergées par une modeste famille d'aristotéliciens, qui vivait dans une petite maison à la lisière de la forêt. Bien qu’éprouvées par le voyage, elles insistèrent pour aider la famille aux travaux des champs et refusèrent de manger de la viande.

Dieu nous a donné tout ce dont nous avions besoin pour vivre et a fait en sorte que le travail nous procure de la nourriture ; le travail même est donc une forme de glorification du Très-Haut. S'occuper des champs et des bêtes est une manière de montrer notre amour pour ce que Dieu nous a offert.

La dimanche, les deux saintes guidaient la prière de la petite communauté des fidèles qui s'était créée grâce à leurs enseignements. Elles étaient tellement admirées que les fidèles les appelaient « monseigneur. »

Un homme de grande famille assistait ce jour à la célébration du rite. Pendant le partage du pain, il dépassa la file des fidèles, en prétendant avoir la priorité, hurla ceci devant le refus des deux saintes célébrant la messe : « Je suis un noble, appartenant à une très ancienne famille, vous ne voudriez tout de même pas me faire attendre comme les petites gens ? »

Barbare lui répondit alors :
Je ne sais pas quel titre précis vous possédez mais, comme nous l’enseigne le second prophète, la véritable noblesse est celle de l'esprit.
Si vous ne comprenez pas cette vérité ni ne la cultivez pas dans votre cœur, un câble aura plus de facilités à passer par le chas d’une aiguille que vous à entrer au paradis.

Le noble, fulminant, quitta l'assemblée, non sans avoir auparavant menacé les deux femmes pour avoir osé le défier. Il les menaça de les dénoncer aux autorités.

Les deux sœurs tentèrent de fuir et de rejoindre le Picenum, mais elles furent arrêtées et menées au préfet d'Interamniun (Teramo) qui les condamna à mort. Les sœurs furent portées sur la Cecilia où Barbare fut lapidée pendant que Monique fut rouée jusqu’à la mort.

Malgré l’interdiction, des fidèles s’étaient réunis sur les lieux du martyre. Pour éviter des problèmes d'ordre public, le préfet fit transporter, la nuit, les corps des jeunes femmes jusqu'à Silvi et les porta sur un bateau. Une fois au large, il leur attacha une pierre autour du cou et les jeta à l’eau.

Mais une certaine matrone romaine de nom Plautilla fin un rêve dans lequel elle vit les martyres lui indiquant le lieu où trouver leurs corps, en l'invitant à se convertir. Plautilla se rendit à l'aube sur la plage de Silvi et, avec grande stupeur, vit deux dauphins qui transportaient chacun une sainte en les portant jusqu'à la plage. Plautilla enterra les saintes non loin de la ville.

Dès le IVème siècle, une basilique fut élevée sur leur tombe et deux plages de Silvi furent dédiées aux saintes : la plage de Sainte Monique et la plage de Sainte Barbare.

Aux environs de 1230, lors de la fondation de la ville d'Aigle par Federic II Hohenstaufen de Svevia, les dépouilles des saintes furent transportées dans la nouvelle cathédrale qui leur fut dédiée. À Silvi, ils reste leurs deux crânes, et leurs mains furent portées à Teramo en souvenir de leur captivité.

Éléments connexes :
La tour et les deux dauphins.
Patronnes de Molise et d’Abruzzi.

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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 8:54


introduction :

Benoît de Pise Yaolo, Ben pour les afficianados ou Saint Benoît pour les aristotéliciens, fondateur de l'ordre bénédictin désormais éteint et surtout inspirateur de l'essor monastique. Il est considéré comme le Saint Patron des ordres religieux aristotéliciens et du monachisme, inspiré par la Tablette d'Oane, rédacteur de la Règle Saint-Benoît (mère de toutes les autres chartes internes aristotéliciennes) et des 12 préceptes portant aussi son nom destiné à civiliser un peu la vie de la cité.

Enfance :

Le petit ben est né vers l’an 480 dans une famille de snobinards romains. En proie à une crise existentielle et rejetant le mode vie dépravé de son milieu, il s'intéressa à l'étude de la logique d'Aristote et au mysticisme de Christos.

A cette époque, une bonne part des populations rurales des Royaumes d'occident était la proie des pires hétérodoxies. Le petit ben rencontra un vieil homme, un ermite, sur un marché. Benoît lui demanda pourquoi il vivait ainsi, différent des autres, marginal parmi les marginaux. Le vieil homme lui répondit par la réponse de Christos : " Disciples ! Vivez pour les autres au lieu d’attendre des autres qu’ils vivent pour vous. C’est à la cité d’accueillir les marginaux, et non aux marginaux d’aider la cité. "

L’ermite lui apprit que la morale qui ouvre à Dieu doit être transmise aux hommes unis dans la même cité. Pour les guider, il faut la raison. Celle-ci vient par l’éducation en suivant les sages, les hommes et femmes mûrs, qui ont avancé sur la route de la Vérité. Ainsi peut surgir la morale qui ouvre à Dieu et donne la paix dans la "grande boulasse". Ils se mirent à parler, à discuter. Leur échange dura trois jours et trois nuits Ils n’en eurent cure, continuèrent ainsi et ils finirent par s’endormir...

Lorsqu’il s’éveilla, Benoît était seul, l’ermite avait disparu. Sa voix résonnait encore en lui en une phrase qui resta gravée jusqu’à ses dernières gouttes de vie : "une cause finale est une intelligence pure, une divinité. Si on remonte l’ordre des causes et des effets, on ne trouve qu’une seule cause finale. Donc Dieu est unique … De Dieu il n’y en a qu’un, ce moteur immobile du monde, cette volonté parfaite qui est la source de toute substance, de tout mouvement. Dieu est la finalité cosmique de l’univers.". Benoît tomba à genoux, saisit par l’intensité de la révélation qui se faisait jour en lui. Benoît rejeta les faux dieux des mondes obscurs tant il fut illuminé par la lumière de la Révélation.

Vocation:

Ben demanda l’autorisation de partir à ses parents. Devant sa résolution, son père ne put que se plier à sa décision, il lui confia une bourse dodue et Benoît s’en fut. Il fréquenta les doctes aristotéliciens, se prêtant à leur jeu de réflexion. Il lut tous les livres que lui confiaient ses maîtres. On le pressait d’entrer en religion, mais il ne se sentait pas prêt.

Il découvrit avec émotion la Raison, le logos mais aussi la Cité et l’esprit de la Cité. Agé de 21 ans, il partit à nouveau et gagna la Gaule, terre sauvage encore pour une grande partie de son territoire. Il voulait être seul face à la création, devenir sage par l’observation du grand œuvre divin.

Il se construisit un refuge sur une montagne environnée de forêts. Il apprit à vivre loin des hommes et se mit à méditer l’enseignement reçu, apprenant des bêtes et de lui-même, confronté qu’il était à un milieu étranger. Sa nourriture se composait de poissons qu’il pêchait dans un lac à l’eau pure et de quelques légumes et fruits sauvages qu’il cueillait. Son intelligence et son charisme, dynamisé par cette saine nourriture atteignirent un haut niveau de développement. Les bêtes sauvages le laissaient passer parmi elles sans s’effaroucher pour les plus faibles, sans l’attaquer pour les plus fortes. Son corps se sentait pleinement en harmonie avec la nature mais son âme d'animal social ressentait souvent la solitude le soir au coin du feu.

Son intelligence devint aiguë, sa pensée devint totalement aristotélicienne en même temps que son âme. La Raison était en lui. Pendant 9 ans, il découvrit l’absence des hommes, réfléchit à leurs vices et à leur travers, médita sur leur beauté et leurs vertus. Il fit alors l’expérience profonde de la Morale qui seule put le conduire, le mener à rester homme selon la Raison. Il eut l’expérience intime du lien entre l’Homme, la Raison et la Morale. « Tout est question de proportions et de rythmes harmonieux ». Il comprit alors l’enseignement de Christos " La foi apporte la vérité. Mais pour la comprendre, il nous faut user de la raison. " Il prit conscience de la beauté du monde, de la beauté de l’Homme, son âme dénuée de tous les artefacts perçut que La beauté sensible est une image de la Beauté éternelle que l'âme a toujours déjà contemplée. Sa connaissance de la morale, de la raison et des vertus s'était beaucoup développée mais de façon trop théorique et Ben ressentait de plus en plus le besoin de passer à la pratique.

Une nuit, il fit un rêve étrange : une roue tournait dans un ciel pourpre, sur ces barreaux siégeaient des démons munis de fouets qu’ils faisaient claquer sur le dos de bœufs. Leurs yeux étaient voilés, sur chaque voile figurait le nom d’un vice : luxure, avarice, orgueil…. La roue était animée par l’avancée de ces bœufs liés à elle. Ces bœufs marchaient, marchaient sans cesse, tournant en rond dans un mouvement qui faisait tourner la roue. Sur chaque bœuf était marqué un nom, l’un d’entre eux portait celui de Benoît. Chacun d’entre eux était solitaire, ne voyait rien d’autre que ce ciel pourpre à travers son voile. Alors il sut, L'homme sage doit participer à la vie de la cité où il devait apporter les fruits de sa sapience. Dès qu’il fut éveillé, Benoît s’activa. Il prépara ses maigres affaires et s’en fut dans les cités des hommes.

Monde:

Benoît s’installa sur les places publiques, les places du marché, et il se mit à prêcher. Il raconta aux femmes, aux hommes et aux enfants présents les vertus, la nature et son enseignement, la beauté profonde de l’homme. Son message était simple, c’était celui de Christos : " Si pour vous la vie n’a pas de sens, alors aimez la vie plus que le sens de la vie. N’attendez pas de mourir pour comprendre que vous passez votre vie à côté de la vie. Rappelez-vous : Nous ne sommes pas nés seulement pour mourir, nous sommes nés pour vivre. " Il leur disait aussi : "l'Etre Divin est tout-puissant ET l'essence des choses est dans les choses-mêmes, et leur donne forme. La forme idéale est la cité pour l’homme éduqué puisse atteindre le bonheur. "

On se moqua de lui, certains lui jetant même des pierres. La milice l’arrêtait parfois, le bastonnant et le conduisant aux portes de la ville. Pourtant, il continua son œuvre. Certains, de tous âges, le suivaient, de village en village, de ville en ville. Benoît découvrit alors les difficultés de l’enseignement. Ces hommes et ces femmes qui le suivaient écoutaient sa parole, certains accomplissant les tâches nécessaires à ce que tous vivent. Faire comprendre que les choses sont des copies des Idées, qu’il faut donc toujours œuvrer sur les choses pour que l’idée soit le plus purement exprimée. Il vit alors que son enseignement portait ses fruits avec ceux qui fournissaient un effort et travaillaient pour tous.

Il l’imposa à chacun. Certains se détournèrent de lui, le quittèrent. Tous les autres formèrent alors la communauté errante. Les plus agiles se mirent à prêcher eux aussi.

Les pas de la communauté les menèrent en Bourgogne, terre barbare et païenne s'ouvrant peu à peu à la civilisation aristotélicienne. Les villages les reçurent avec respect, un lien intangible se tissait. La foule se pressait à sa venue, l’écoutait avec amour et compréhension. Devant l’afflux de Burgondes suivant son enseignement, la princesse Clothilde, la future épouse de Clovis, roi des Francs, le fit venir au palais des rois burgondes.

Benoît et Clotilde éprouvèrent un amour intense l’un pour l’autre. Ils n’y succombèrent point cependant. Benoît sut lui faire suivre les sentiers de son prêche, Clothilde réussit à convaincre son père d’écouter à son tour. Il le mit à l’épreuve de ses prêtres devant l’assemblée des nobles burgondes. Pendant une semaine, ils débattirent, pendant une semaine Benoît fit front et démonta une à une les valeurs païennes de ceux-ci. L’Assemblée aristocratique était mouvante, les prêtres leur apportaient l’aide d’un pouvoir sur les hommes. Benoît comprit alors l’adage de Christos et le clama d’une voix de stentor, haute et forte, intelligible par tous : " Il n’est de noblesse que d’âme, et c’est dans votre cœur qu’il vous faut être noble. Mais sachez que même ainsi, vous serez vulnérable, car la noblesse est souvent blessée par la bassesse. "

Les nobles burgondes comprirent son message, ils l’acclamèrent alors, chassant la fausse religion et ils demandèrent à leur Roi de l’entendre en face à face. Pendant trois jours, le Roi et Benoît conversèrent et Benoît conquis le cœur et l’esprit de cet homme indomptable. Il se convertit aristotélicien et tous les Burgondes à la suite de leur roi, heureux qu’il ait compris le message du saint homme. Seul l’honneur permet d’éviter la bassesse lui apprit le roi. Et Benoît apprit ainsi l’intérêt du pouvoir des hommes sur les hommes, de ces chefs respectés qui mènent leur peuple à la rencontre de l’avenir. Il sut que c’est par eux aussi qu’il faut s’adresser pour que la Raison soit parmi tous les hommes. Ben dit alors à ce sujet dans une lettre à un ami : "La vie de la cité ne peut se dérouler que dans l'ordre établi. La seule grâce, dont le suzerain tire sa légitimité, découle d'un ordre voulu par le Divin. Contester l'ordre établi revient à sombrer dans la tentation du chaos et de la créature sans nom. Gare tout de même au suzerain qui oublie notre autorité canonique et s'éloignent de nos enseignements dogmatiques."

Tablette et Lois :

Le roi attribua à Benoît une terre à Cluny pour qu’il puisse installer sa communauté. La communauté prit son essor. Les bâtiments furent érigés, les moines assemblés en un lieu où chacun pouvait venir trouver la sagesse. A la tête de ce premier monastère, il maintint fermement la vie régulière : aucun moine n'eut plus la licence, comme précédemment, de dévier du chemin de la sainte vie en s'écartant à droite ou à gauche. De rage, les frères perdirent la tête. Ils cherchèrent le moyen de le faire mourir. Par sa puissante prière et par ses bénédictions, Benoît dévoile chacune des intrigues machiavéliques, et tente de démasquer les attaques de l’antique ennemi. Ben se posa donc la question des règles de morale idéale pour organiser la cité et une communauté monastique.

Suivant le conseil du Christos : « Si l’on refuse de vous accueillir et d’écouter vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville en secouant la poussière de vos pieds », Benoît quitte le monastère et revient s’installer à les hauteurs du Mont Cassin, ancien haut-lieu hétérodoxe. L'homme de Dieu dès son arrivée brisa l'idole, renversa l'autel. Le sans-nom se déchaîne et use d’artifices les plus divers pour entraver la construction du monastère… Au pire moment et en proie au désespoir, Dieu lui donna un coup de pouce dans son entreprise et Saint benoît fit un rêve étrange: " ... Au centre d'une oasis se dressait une stèle sur la quelle était fixée la tablette d'Oane, la fameuse tablette reprenant les commandements de Dieu. Cette Pierre qui avait été gravée par le doigts du Créateur et confié à la première communauté pour qu'elle n'oublie jamais qu'au-delà de l'Amour nous étions aussi lié à la loi de la Création. Cette pierre qui pourtant aurait dû disparaître avec la cité était là, intacte. Dans son trip onirique, Il vit un homme l’inviter à s’approcher, il semblait âgé et portait la barbe.... Il ressemblait aux portraits antiques Aristote, mais ça aurait pu être Christos ou même Oane. L’homme ramassa du sable, mais peut être que c’était du sel... Une femme portant une cruche s’approcha de lui et l’homme versa le sable dans la cruche. La femme se dirigea alors vers la stèle et versa le contenu de la cruche sur la pierre... ce n’était pas du sable, ni du sel, ni quoi que ce soit qu’il connaissait... On aurait dit qu’un arc-en-ciel se déversait sur la pierre et elle se mit à rayonner de mille feux. La tablette brillait mais sans l’éblouir, et les mots bien qu’écrit dans une langue que désormais l'homme ne savait plus lire, lui paraissaient familier. Ben s'entretient longuement avec le couple, ils dirent qu’ils représentaient à la fois ce qui fut et ce qui serra, ils lui expliquèrent que la tablette avaient été préservée mais retirée de la vue des hommes car ils n’étaient pas encore prêt à la regarder, mais que lui Benoît de Pise Yaolo pourrait peut-être traduire un texte qu’Aristote avait ramené après avoir découvert et déchiffré la pierre. Ils lui montrèrent où ce texte avait été caché et oublié ... "

Et le matin en se réveillant, il savait ou se rendre... un lieu très proche: une crypte mortuaire dans une grotte bien cachée à la base du Mont Cassin. Ben y trouva comme son rêve lui avait montré une enveloppe de cuir scellée contenant plusieurs rouleaux d'antiques parchemins en mauvais états. Aristote les avait rédigés en respectant le style gréco-alexandrin en vigueur à son époque et la traduction fut longue et laborieuse. Fort de sa connaissance indirecte de la Loi Divine donné par la Tablette d'Oane, Ben va rédiger dans son scriptorum 12 préceptes afin d'encadrer un minimum les mœurs relâchées dans la cité ainsi que la fameuse règle monastique qui désormais portent tous deux son nom. Benoît développa son message d'ordre et de paix, seule garante d’une communauté d’hommes et de femmes tournées vers la vérité et l’éducation à la vérité.

Cette expérience a transformé sa vie et lui a donné l'inspiration nécessaire pour continuer son œuvre. Le nouvel édifice qu'il aidait à créer fut un jaillissement plutôt qu'une construction. Des hommes silencieux apparaissaient dans la campagne ou dans la forêt, creusant, défrichant, bâtissant. D'autres hommes silencieux qu'on ne voyait pas se tenaient assis dans le cloître glacé, fatiguant leurs yeux et tendant leur esprit, péniblement occupés à copier et à recopier les manuscrits qu'ils avaient sauvés. Nul ne contestait ou ne renonçait, nul n'attirait l'attention sur ce qu'il faisait mais, peu à peu, les bois marécageux devenaient un ermitage, une maison religieuse, une ferme, une abbaye, un séminaire, une école, une cité. Des routes, des ponts la mettaient en rapport avec d'autres abbayes et d'autres cités qui avaient grandi de la même manière.

La communauté bénédictine fut ainsi fondée. Le travail y est l’axe qui permet à la raison de se développer pour la satisfaction de tous. La vigne est l’essentiel des travaux manuels, car comme le disait Benoît : « c’est le sang de la terre, don de notre seigneur aux hommes. Par ce sang, faisons fructifier la maison des hommes pour la grandeur de dieu ». Chacun avait sa place, pouvait en changer. La recherche de la beauté dans le travail car La beauté sensible est une image de la Beauté éternelle que l'âme a toujours déjà contemplée et découvrir les proportions, les mesures et les rythmes harmonieux qui permettent sa manifestation. Benoît suivait en cela les principes d’Aristote, L'essence des choses est dans les choses-mêmes, et leur donne forme. Benoît n’oublia point l’éducation des hommes : des prêtres dans chaque village, des évêques pour les mener, des moines itinérants pour sans cesse les épauler et leur faire partager la sagesse. A ceux qui protégeaient la communauté étaient réservées les parts de viande pour qu’ils puissent être forts. A ceux qui prêchaient auprès des burgondes étaient attribués en priorité les fruits et les légumes pour que leur charisme se développent au mieux ; le poisson pour ceux qui restaient à l’abbaye, travaillant sur les causes premières et l’étant, leur intelligence devait être la plus vive car comme le dit Aristote : « Parce que le bien ultime réside dans le divin, sans nul doute et pour identifier le bien, il suffit donc de s’attacher à l’analyse de l’essence du divin. La substance du tout puissant étant intelligibilité pure et parfaite, le bien ne peut être que perfection de la substance, et donc de la nature d’une chose. »

Un abbé pour diriger la communauté, un conseil pour l’épauler et prendre en charge les moines en petits groupes, chacun trouvant un guide toujours présent. La Bourgogne devint une grande terre de la religion aristotélicienne.


Les 12 préceptes de Saint-Benoit :

    1) Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement.
    2) Son Saint Nom tu respecteras, fuyant blasphèmes et faux serments.
    3) Le jour du Seigneur garderas, en servant Dieu dévotement.
    4) Tes père et mère honoreras, tes supérieurs pareillement.
    5) Meurtre et scandale éviteras, haine et colère Identiquement.
    6) La pureté observeras, en tes actes soigneusement.
    7) Le bien d'autrui tu ne prendras, ni retiendras injustement.
    8 ) La médisance bannira, et le mensonge également
    9) En pensées, désirs, veillera à rester pur entièrement.
    10) Bien d'autrui ne convoiteras pour l'avoir malhonnêtement.
    11) Foi et Raison te guiderons simultanément.
    12) Seuls Aristote et Christos tu loueras, évitant les faux prophètes.

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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 14:14


PROLOGUE

Écoute, mon fils, l'enseignement du maître, ouvre l'oreille de ton cœur ! Accepte volontiers les conseils d'un père qui t'aime et fais vraiment tout ce qu'il te dit. En travaillant ainsi à obéir, tu reviendras vers Dieu. En effet, en refusant d'obéir par manque de courage, tu étais parti loin de lui. Maintenant, c'est donc à toi que je parle, à toi, c'est-à-dire à tout homme qui renonce à faire sa volonté égoïste et qui prend les armes très fortes et belles de l'obéissance pour combattre sous les ordres de Christos, le vrai Roi, notre Messie. Avant tout, quand tu commences à faire quelque chose de bien, supplie Aristote par une très ardente prière de conduire lui-même cette action jusqu'au bout. Il a bien voulu faire de nous ses enfants. Aussi nous ne devons jamais lui faire de la peine par notre mauvaise conduite. Oui, les dons qu'il a mis en nous, nous devons toujours nous en servir pour lui obéir. Sinon, il sera comme un père en colère qui punit ses enfants et il nous enlèvera notre héritage.
Et même, si nous refusons de le suivre jusqu'à la gloire, il sera comme un maître terrible qui se fâche à cause de nos fautes. Et il nous condamnera à une punition sans fin comme des serviteurs très mauvais.

LE SUPERIEUR

Le Supérieur, celui qui est digne d'être à la tête d'une communauté, doit toujours se rappeler le nom qu'on lui donne. Il doit prouver par ses actes son nom de « supérieur ». C'est pourquoi il ne doit rien enseigner, rien établir, rien ordonner en dehors des commandements de Dieu. Mais ses ordres et ses enseignements agiront comme un ferment pour répandre la justice de Dieu dans le cœur de ses disciples. Le Supérieur doit toujours se rappeler ceci : le jour terrible où Dieu jugera les hommes, il examinera ces deux choses : son enseignement et l'obéissance de ses disciples. Le Supérieur doit le savoir : si, parmi ses brebis, le père de famille en trouve une en mauvais état, c'est le berger qui en portera la responsabilité. Au contraire, si le berger se fatigue beaucoup pour des brebis qui ne restent pas tranquilles et qui n'obéissent pas, s'il fait tout ce qu'il peut pour les guérir de leurs actions mauvaises, au jour du jugement, Aristote le déclarera innocent. C'est pourquoi, quand quelqu'un reçoit le nom de Supérieur, il doit conduire ses disciples en les enseignant de deux façons : Tout ce qui est bon et saint, il le montre par ses paroles, et encore plus par son exemple. Pour les disciples qui ont le cœur docile, c'est par ses paroles qu'il présente les commandements de Dieu. Mais pour ceux qui ont le cœur dur et pour ceux qui comprennent moins bien, c'est par son exemple qu'il fait voir les commandements de Dieu. Et quand le Supérieur explique à ses disciples ce qui est mal, c'est aussi par son exemple qu'il montre qu'on ne doit pas le faire. Sinon, lui qui enseigne aux autres, il sera condamné. Et s'il commet des péchés, un jour Dieu lui dira : « Tu récites mes commandements : mais pourquoi ? Tu parles de mon alliance : pourquoi donc ? Toi, tu détestes tout règlement. Tu jettes mes paroles derrière toi ! ». Et aussi:« Tu remarques la paille dans l'œil de ton frère, mais tu ne remarques pas la poutre qui est dans le tien !». Le Supérieur prend tous ses repas avec les hôtes et les étrangers. Mais quand il y a moins d'hôtes, il peut inviter à sa table les frères qu'il veut. Pourtant, il laissera toujours un ou deux anciens avec les frères pour maintenir le bon ordre.

LE SUPÉRIEUR AIME TOUS LES FRÈRES SANS FAIRE DE DIFFÉRENCE

Dans le monastère, le Supérieur ne fera pas de différence entre les moines. Il n'aimera pas un frère plus qu'un autre, sauf s'il en trouve un qui agit mieux ou qui obéit mieux que les autres. Il ne fera pas passer l'homme libre avant celui qui était esclave, sauf pour une bonne raison. Mais si, pour une raison juste, le Supérieur pense qu'il faut agir ainsi, il le fera sans tenir compte du rang des frères dans la communauté. En dehors de ce cas, chacun gardera son rang d'entrée au monastère. En effet, esclave ou homme libre, tous nous sommes un dans Christos et nous portons tous la charge du même service pour l'unique Dieu. Non, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. La seule chose qui compte à ses yeux, c'est d'être meilleurs que les autres par nos actions bonnes, et d'être humbles. C'est pourquoi le Supérieur aimera tous les frères d'un amour égal. Il appliquera les mêmes règles à tous, mais selon les mérites de chacun. Obéir en tout aux ordres du Supérieur, même si celui-ci se conduit autrement, espérons que non ! -. Dans ce cas, rappelle-toi le commandement de Christos : « Faites ce qu’ils disent et ne faires pas ce qu’ils font ! ». Le Supérieur prendra un très grand soin des frères qui ont fait des fautes. En effet, « ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades »

LE SUPÉRIEUR AGIRA COMME LE BON BERGER

Le Supérieur doit faire tout ce qu'il faut et très vite, pour ne pas perdre une seule brebis du troupeau que Dieu lui a confié. Pour cela, il se sert de toute son intelligence et de toute son habileté. En effet, il le sait : il a reçu la charge de conduire des personnes malades et non pas de faire peser un pouvoir exagéré sur des personnes en bonne santé. Il aura peur de la menace que Dieu a faite par la bouche du prophète Aristote : « Les brebis que vous trouviez grasses, vous les avez prises. Mais les faibles, vous les avez chassées » Le Supérieur imitera la tendresse du bon berger qui laisse ses 99 brebis sur les montagnes pour aller chercher une seule brebis perdue. Il a tellement pitié de la faiblesse de cette brebis qu'il va jusqu'à la mettre sur ses épaules saintes et il la ramène ainsi vers le troupeau.

BIEN ET OBJETS DE L’ABBAYE

Pour s'occuper des biens du monastère : outils, vêtements et tous les autres objets, le Supérieur choisit des frères en qui il a confiance. C'est leur bonne conduite et leur façon de faire qui guident son choix. Le Supérieur leur donne la responsabilité de ces différents objets, comme il le juge bon. Alors les frères en prennent soin et ils les rangent. Le Supérieur aura la liste de ces choses. Ainsi, quand les frères se succèdent dans un service, le Supérieur sait ce qu'il donne et ce qu'il reçoit. Si quelqu'un traite les objets du monastère sans propreté ou avec négligence, on lui fera des reproches. Si ce frère ne se corrige pas, on le punira selon la Charte de Charité.

LES MALADES

SERVIR LES MALADES, C'EST SERVIR DIEU

Avant tout et par-dessus tout, il faut prendre soin des frères malades. On les servira vraiment comme Christos lui-même, parce qu'il a dit : « J'ai été malade, et vous êtes venus me visiter ». Et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait ».

COMMENT SOIGNER LES MALADES

Les malades ont un logement à part, exprès pour eux. Pour les servir, on leur donne un frère qui respecte Dieu avec confiance, qui est plein de dévouement et soigneux. Chaque fois que c'est nécessaire, on offre aux malades de prendre un bain. Mais on le permet plus rarement à ceux qui sont en bonne santé et surtout aux jeunes. De plus, on permet aux frères qui sont très faibles de manger de la viande pour refaire leurs forces. Mais, quand ils vont mieux, tous se privent de viande comme d'habitude. Le Supérieur veillera avec très grand soin à ce que les cellériers et les infirmiers ne soient pas négligents avec les malades. En effet, c'est le Supérieur qui est responsable de toutes les fautes de ses disciples.

LE TRAVAIL MANUEL

La paresse est l'ennemie de l'âme. Aussi, à certains moments, les frères doivent être occupés à travailler de leurs mains. A d'autres moments, ils doivent être occupés à la lecture de la Parole de Dieu. C'est pourquoi nous croyons qu'il faut organiser ces deux occupations de la façon suivante : De Pâques au 1er octobre, en sortant de l'office de Prime, les frères font le travail nécessaire jusqu'à 10 heures environ. De 10 heures jusqu'à l'office de Sexte, ils font leur lecture. Après Sexte, en sortant de table, ils se reposent sur leur lit dans un silence complet. Ou bien, quand un frère veut lire en particulier, il lit tout bas, sans gêner les autres. On dit None plus tôt, vers 2 heures et demie. Puis les frères recommencent à travailler jusqu'à Vêpres. Quand ils doivent rentrer les récoltes eux-mêmes, parce que c'est nécessaire là où ils sont, ou bien parce qu'ils sont pauvres, ils ne seront pas tristes. En effet, quand ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères, alors ils sont vraiment moines. Pourtant, on fera tout avec mesure, à cause de ceux qui sont faibles. Du 1er octobre jusqu'au début du Carême, le matin, les frères font leur lecture jusqu'à 8 heures environ. Puis, vers 8 heures, ils disent Tierce. Ensuite, ils font le travail qu'on leur a commandé jusqu'à 3 heures de l'après-midi environ. Au premier signal de None, tous les frères laissent leur travail pour être prêts au deuxième signal. Après le repas, ils lisent de nouveau ou ils étudient les psaumes. Pendant le Carême, ils font leur lecture depuis le matin jusqu'à 9 heures. Puis ils font le travail qu'on leur a commandé jusqu'à 4 heures de l'après-midi. Pendant ce temps du Carême, chaque frère reçoit un livre de la bibliothèque. Il le lira à la suite et en entier. On distribue ces livres au début du Carême. Avant tout, on nomme un ou deux anciens qui circulent dans le monastère au moment où les frères font leur lecture. Ils les surveillent : il y en a un peut-être qui n'a de goût à rien. Il passe son temps à ne rien faire ou bavarde au lieu de s'appliquer à la lecture. Ce frère se fait du tort à lui-même et, de plus, il distrait les autres. Quand on trouve un moine de ce genre - espérons que non ! -, on lui fait des reproches une fois, deux fois. S'il ne se corrige pas, on le punit selon la Charte pour que les autres en éprouvent de la crainte. Un frère n'ira pas avec un autre frère quand ce n'est pas le moment. Le dimanche, tous les frères s'occupent à la lecture, sauf ceux qui sont responsables de services divers. Si un frère négligent ou paresseux ne veut pas ou ne peut pas méditer ou lire, on lui commande un travail pour qu'il ne reste pas sans rien faire. Quant aux frères malades ou de santé fragile, on leur donne une occupation ou un métier qui leur convient. Ainsi, ils ne restent pas inoccupés, et pourtant ils ne sont pas écrasés par un travail trop dur, ou ils n'ont pas envie de le fuir. Le Supérieur doit tenir compte de leur faiblesse.

ROUTE VERS LE NOVICIAT :

UNE ENTRÉE DIFFICILE

Quand quelqu'un arrive pour mener la vie religieuse, on ne le laisse pas facilement entrer. Mais on suit le conseil de St-Benoit: « Cherchez à savoir si l'esprit qu'ils ont vient de Dieu ». Pourtant, celui qui arrive continue à frapper à la porte. Après quatre ou cinq jours, on voit qu'il supporte avec patience le mauvais accueil et les difficultés qu'on lui fait. Et il demande toujours à entrer au monastère. Alors on lui permet d'entrer, et il reste dans la maison des hôtes pendant quelques jours.

EST-CE QUE LE NOUVEAU VENU CHERCHE VRAIMENT DIEU ?

Ensuite, il va dans la Crypte des novices, là où ils méditent, mangent et dorment pendant 15 jours. On les confit au Maître des Novices, capable de les entraîner vers Dieu. Ce frère s'occupe d'eux avec le plus grand soin. Il regarde attentivement le nouveau venu. Est-ce qu'il cherche vraiment Dieu ? Est-ce qu'il s'applique avec ardeur au Service de Dieu, à l'obéissance, aux épreuves qui rendent humble ? On lui parle à l'avance de toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.

UN ENGAGEMENT POUR LA VIE

Celui qu'on va recevoir parmi les frères promet devant tous, dans l'abbatiale, de rester toujours dans la communauté, de vivre maintenant en moine, et d'obéir. Il fait cette promesse devant Dieu et devant les saints. Alors, s'il lui arrive de se conduire autrement, il doit le savoir : le Dieu dont il se moque le condamnera. Il fait sa promesse par écrit au nom des saints qui ont leurs reliques à cet endroit, et au nom du Supérieur présent. Cette promesse, il l'écrit lui-même de sa main. S'il est illettré, il demande à un autre de l'écrire pour lui. Le novice trace un signe sur sa promesse et il la met lui-même sur l'autel. Après cela, le novice commence tout de suite ce verset : « Accueille-moi, Aristote, selon ta parole, et je vivrai. Ne décourage pas mon attente ». Toute la communauté continue trois fois ce verset, et elle ajoute le « Credo ». Alors le frère novice se prosterne aux pieds de chaque moine afin qu'on prie pour lui. A partir de ce jour-là, il fait vraiment partie de la communauté.

L’HABIT

L’Habit donné à l’entrée des moines dans l’ordre doit être porté par tous à tous les jours. Cet habit comprend la robe blanche, le scapulaire noir, la ceinture de cuir et une croix en bois alentour du coup. Ce qui distinguera les pères des frères et oblats sera une croix en argent au lieu de celle en bois.

ACCUEILLIR LES HÔTES

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Fils de Dieu. En effet, lui-même dira : « J'étais un hôte et vous m'avez reçu. » On les reçoit tous avec le respect dû à chacun, surtout les frères aristotéliciens et les étrangers. C'est pourquoi, dès qu'on annonce l'arrivée d'un hôte, le supérieur et les frères vont à sa rencontre avec tout l'honneur que l'amour inspire. Ils commencent par prier ensemble. Puis ils se donnent la paix. On donne ce baiser de paix seulement après la prière, à cause des tromperies de l'esprit du mal. Dans les salutations, on montre tous les signes de l'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent. On courbe la tête ou bien on se prosterne à terre pour adorer en eux Christos qu'on reçoit. Après cet accueil, on conduit les hôtes à la prière. Puis le supérieur ou le frère qu'il envoie s'assoit avec eux. Avec toute la communauté, le Supérieur lave les pieds de tous les hôtes. Le Supérieur verse de l'eau sur les mains des hôtes. On reçoit les pauvres et les étrangers avec le plus grand soin et la plus grande attention. En effet, c'est surtout à travers eux qu'on reçoit Dieu. Les riches, on les craint, alors on les respecte toujours. Aucun frère ne va trouver les hôtes ou parler avec eux, quand il n'en a pas reçu l'ordre. Mais s'il les rencontre ou s'il les voit, il les salue humblement, comme nous l'avons dit, et il demande une bénédiction. Puis il continue son chemin en disant qu'il n'a pas la permission de parler aux hôtes. On nommera un frère, frère hôtelier, qui prendra soin des hôtes, avec la bénédiction du Supérieur.

RECEVOIR LES MOINES ÉTRANGERS

Un moine étranger arrive de très loin. Il veut rester au monastère comme un hôte. S'il se contente des coutumes qu'il trouve à cet endroit, s'il ne trouble pas le monastère en demandant trop de choses, et s'il est content tout simplement de ce qu'il trouve, on le reçoit aussi longtemps qu'il veut. S'il reproche quelque chose ou s'il fait des remarques de façon raisonnable et avec un amour plein d'humilité, le Supérieur réfléchit avec prudence : est-ce que Aristote ne l'a pas envoyé exprès pour cela ? Ensuite, s'il veut rester pour toujours dans la communauté, on ne s'opposera pas à cette demande. En effet, pendant son séjour dans la maison des hôtes, on a pu voir sa façon de vivre. Mais si, pendant ce temps, il s'est montré exigeant, ou si sa conduite a été mauvaise, on ne doit pas l'unir au corps du monastère. On lui dira plutôt, mais poliment, de s'en aller, pour que sa mauvaise conduite ne fasse pas de mal aux autres. Au contraire, quand il ne mérite pas qu'on le mette dehors, on le reçoit s'il le demande; ou mieux, on lui conseille fortement de rester et on le fait entrer dans la communauté, pour que les autres apprennent quelque chose par son exemple. En effet, partout on sert le même Dieu, on combat sous les ordres du même Roi. Et même, quand le Supérieur voit que ce moine le mérite, il peut le mettre à un rang un peu plus élevé que celui de son entrée. Et le Supérieur peut faire cela non seulement pour un moine, mais aussi pour un prêtre ou pour un clerc, s'il juge que leur conduite le mérite. Nous l'avons déjà dit plus haut. Pourtant, le Supérieur fera bien attention : il ne gardera jamais longtemps un moine d'un autre monastère connu, sans l'accord de son abbé ou sans une lettre de recommandation. Car Aristote a dit : « Ne fais pas aux autres le mal que tu ne veux pas pour toi ».

AMOUR

Dans le cœur, il peut y avoir un feu mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit loin de lui pour toujours. Il peut y avoir aussi un bon feu qui sépare du mal et conduit à Dieu et à la vie avec lui pour toujours. Ce feu-là, les moines le feront donc passer dans leurs actes avec un très grand amour. Voici comment : chacun voudra être le premier pour montrer du respect à son frère. Ils supporteront avec une très grande patience les faiblesses des autres, celles du corps et celles du caractère. Ils s'obéiront mutuellement de tout leur cœur. Personne ne cherchera son intérêt à lui, mais plutôt celui des autres. Ils auront entre eux un amour sans égoïsme, comme les frères d'une même famille. Ils respecteront Dieu avec amour. Ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère. Ils ne préféreront absolument rien à Christos et Aristote. Qu'il nous conduise tous ensemble à la vie avec lui pour toujours !

LA NOURRITURE

Pour le repas de chaque jour, vers midi ou trois heures de l'après-midi, nous pensons que deux plats cuits suffisent à toutes les tables. Et cela, à cause des faiblesses de chacun. Alors celui qui ne peut pas manger d'un plat mangera de l'autre. C'est pourquoi deux plats cuits suffisent à tous les frères. Et quand on peut avoir des fruits ou des légumes frais, on les ajoute comme troisième plat. Quand il y a un seul repas, et aussi quand il y en a deux, à midi et le soir, un gros morceau de pain suffit pour la journée. Quand on fait un repas le soir, le cellérier garde le tiers du morceau de pain pour le donner aux frères à ce moment-là. Quand il y a plus de travail que d'habitude, le Supérieur peut, s'il le juge bon, ajouter quelque chose. Mais il faut surtout éviter les excès, de façon que jamais un moine n'arrive jusqu'à l'indigestion. En effet, il n'y a rien de plus contraire à tout aristotélicien que de manger trop. Christos a dit : « Attention ! Ne rendez pas vos cœurs lourds en mangeant et en buvant trop ! ». Pour les jeunes enfants, on ne sert pas la même quantité de nourriture que pour les plus âgés. On leur en donne moins, en gardant la mesure en toutes choses. Mais tous éviteront absolument de manger de la viande, sauf les malades qui sont très faibles.

LA BOISSON

Chacun reçoit de Dieu un don particulier : l'un celui-ci, et l'autre celui-là. C'est pourquoi nous hésitons un peu à fixer la quantité de nourriture et de boisson pour les autres. Pourtant, à cause de l'infirmité de ceux qui sont faibles, nous pensons qu'une hémine de vin suffit à chaque frère pour la journée. Mais, à certains, Dieu donne la force de s'en priver. Ceux-là doivent le savoir, ils recevront pour cela une récompense spéciale. Quand on a besoin de boire davantage de vin à cause de l'endroit où l'on est, à cause du travail ou de la chaleur de l'été, le supérieur décide d'en donner plus. Mais, en tout cas, il fait attention à ceci : les moines ne boiront pas trop de vin et ils ne deviendront jamais ivres. Pourtant, voici ce que nous lisons : « Le vin n'est absolument pas fait pour les moines. » Mais, aujourd'hui, on ne peut pas les convaincre de cette vérité. Alors, mettons-nous d'accord au moins pour dire : il ne faut pas en boire trop, mais avec mesure. En effet, à cause du vin, même les sages peuvent abandonner Dieu. Quelquefois, l'endroit est tellement pauvre qu'on ne peut même pas trouver la quantité de vin fixée plus haut. On en trouve beaucoup moins ou pas du tout. Alors les moines qui vivent là béniront Dieu au lieu de murmurer. Oui, avant tout, voici ce que nous recommandons : que les moines ne murmurent jamais !

LA PRIÈRE

Quand nous voulons demander quelque chose à des gens puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et grand respect. Alors, quand nous supplions le Dieu du monde entier, nous devons le faire avec plus d'humilité encore, avec un cœur pur et tout donné à Dieu. Et nous le savons : Dieu nous exaucera, si nous prions non pas avec beaucoup de paroles, mais avec un cœur pur, peiné jusqu'aux larmes d'avoir offensé Dieu. C'est pourquoi la prière doit être courte et pure, sauf si Dieu, dans sa bonté, nous touche et nous inspire de prier plus longtemps. Mais, en communauté, la prière sera très courte. Et, dès que le supérieur donnera le signal, les frères se lèveront tous ensemble.

RÈGLES IMPORTANTES

1. Être présent régulièrement et participer à la vie de l'abbaye.
2. Assister à l'office religieux régulièrement et participer aux célébrations des grandes fêtes religieuses.
3. Les absences prolongées justifiées seront jaugées à l'aune de l'investissement religieux du cistercien dans l'église et l'ordre. Le prévôt est chargé d'un audit régulier du respect des vœux par les frères.

NON RESPECT DES RÈGLEMENTS

Le prévôt a le droit discrétionnaire de réprimander en public ou en privé toute infraction légère manifeste d'un cistercien. Chaque réprimande fera l'objet d'un rapport au chapitre. La récidive manifeste ou une infraction importante donne la possibilité au prévôt de convoquer le tribunal de l'ordre.

LES SANCTIONS :
=> Rappel strict et public.
=> Repentir public.
=> Sermon public lors de la messe faite dans la ville de résidence.
=> Pèlerinage.
=>aumône
=> Flagellation publique avec un fouet
=> Isolement spirituel.
=> Suspension temporaire
=> Bannissement de l'ordre.
=> Transfert de l'affaire à l'inquisition ou à la justice temporelle

Faisons bien attention à ceci : au monastère, personne ne se permettra, en aucun cas, de prendre la défense d'un autre moine ou de faire comme s'il était son protecteur, même s'il est de sa famille, de façon plus ou moins proche. Les moines ne se permettront jamais d'agir de cette manière. En effet, cela peut faire naître des conflits très graves. Si quelqu'un ne tient pas compte de cette défense, on le punira très sévèrement.

TRIBUNAL

Le Chapitre Général sera avisé de tout problème relier à la Règle ou à la Charte par le Prévôt. Le recteur sera le Président du Tribunal et le Prévôt agira en tant que Procureur. L’accusé devra faire face à la Règle en se défendant seul. Les modalités exactes de la procédure seront définies par le recteur en fonction de la complexité de l'affaire (échanges de mp, réunion msn, sous-forum tribunal, ...)

Aristote : La vertu de justice appartient au domaine politique ; car c’est la notion de juste qui introduit un ordre dans la communauté politique, et le pouvoir judiciaire marque la frontière entre le juste et l’injuste.

ÉPILOGUE

Voici pourquoi nous avons écrit cette Règle : en la pratiquant dans les monastères, nous montrons, au moins un petit peu, que notre conduite est droite, et que nous commençons à mener une vie religieuse. Mais pour celui qui est pressé de mener parfaitement cette vie, il y a encore les enseignements des saints Pères. Si on les pratique, ils conduisent au sommet de la vie parfaite. En effet, dans les livres saint, est-ce que chaque page, chaque parole qui vient de Dieu lui-même, n'est pas une règle très sûre pour guider la vie des hommes ? Il y a aussi tous les livres des saints Pères Aristotéliciens : est-ce qu'ils ne parlent pas clairement de ce que nous devons faire pour courir tout droit vers notre Créateur ?

Héritage de St-Benoit

Règle de Saint Benoît corrigée par Père Pobelcourt, Grand Prieur de l'Ordre Cistercien
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1.4.4. Les Saints anciens Empty Re: 1.4.4. Les Saints anciens

Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 14:36


La très édifiante et inspirante vie pieuse de Saint Bernard, pionnier de l’ordre de Cîteaux (dit aussi "Ordo Cisternencis"), Saint patron des croisés et des chevaliers de Dieu.

Son débuts

Bernard naît en 1090 à Dijon, d’un père chevalier influent à la cour du duc de Bourgogne et d’une mère issue de la noblesse de robe d’une piété sans borne. Técelin, son père, était un homme d'antique et légitime chevalerie, fidèle serviteur de Dieu et strict observateur de la justice. Il passa sa jeune enfance avec ses plusieurs frères et sœurs à recevoir toute la bonté que deux parents peuvent donner à leur fils. Plus vieux, il eut accès à la meilleure et la plus pieuse éducation possible. Il apprit les langues modernes ainsi que les langues anciennes, il s’initia aux arts politiques, de la guerre. Il apprit à apprécier le travail artistique et il se forgea une forte rhétorique, ce qui devait lui servir ultérieurement. Entre-temps, sa mère eut un songe particulier qui présageait les futures destinées de cet enfant, car elle rêva qu'elle avait donnée naissance à un grand et fort lion qui rugissait; il avait tout le corps d’or, à l'exception du dos qui était blanc. Saisie d'une vive frayeur à ce songe, elle alla consulter un religieux qui, recevant en ce moment le don de prophétie dont était animé Oane quand il disait au Très-Haut : « La langue des lions de Dieu seront teintes du sang des ennemis de la création» répondit à cette femme que la crainte et l'anxiété agitaient: « N'ayez pas peur, vous êtes mère d'un grand et noble lion, qui sera le gardien de la maison de Dieu et qui fera entendre à sa porte de grands rugissements contre les ennemis de la foi. Ce sera, en effet, un prédicateur remarquable, et, tel un lion divin, de sa langue salutaire, il guérira en bien des gens de nombreuses plaies de l'âme ». La femme, pour rendre gloire à Dieu, décida de faire construire une église à Dijon qui plus tard devait passer du clergé séculier au clergé régulier par les soins de Saint Bernard. Bernard, quant à lui, s’était forgé une réputation d’habile orateur et de pieux élève. L’on dit même que grâce à une audace, il réussit à rester chaste malgré les viles avances des filles obnubilées par son physique.

C’est vers sa vingtième année que Bernard conçut le projet de se retirer du monde; et il réussit en peu de temps à faire partager ses vues à tous ses frères, à quelques-uns de ses proches et à un certain nombre de ses amis. Dans ce premier apostolat, sa force de persuasion était telle, en dépit de sa jeunesse, que bientôt « il devint, dit son biographe, la terreur des mères et des épouses; les amis redoutaient de le voir aborder leurs amis ». Il y a déjà là quelque chose d’extraordinaire, et il serait assurément insuffisant d’invoquer la puissance du « génie », au sens profane de ce mot, pour expliquer une semblable influence. Ne vaut-il pas mieux y reconnaître l’action de la grâce divine qui, pénétrant en quelque sorte toute la personne de l’apôtre et rayonnant au dehors par sa surabondance, se communiquait à travers lui comme par un canal, suivant la comparaison que lui-même emploiera plus tard en l’appliquant au prophète Aristote, et que l’on peut aussi, en en restreignant plus ou moins la portée, appliquer à tous les saints ? Quelques temps après, Bernard choisit la voie religieuse et intégra l’ordre cistercien, récemment fondé suite à une scission avec les dominicains, aujourd’hui disparus.

Ses talents de prédicateur hors pair furent vite remarqués au sein de l’ordre cistercien. Rapidement, l’ordre cistercien devint de plus en plus important à mesure que Saint Bernard invitait des fidèles de tous les horizons à rejoindre la vie monacale. Bien évidemment, il obtint une voix au chapitre. Au chapitre, il proposera la fondation d’une abbaye fille cistercienne dans sa Bourgogne natale : L’Abbaye de La Bussière sur Ouche. Alors que les masses sont toujours rivées aux lèvres de celui que tous apprennent à connaître, et même à craindre chez les hérétiques et les schismatiques, celui qui devait devenir le premier abbé de La Bussière s’organise avec la noblesse locale. Le premier qui répondit au saint appel de Bernard fut le baron de Sombernon, qui proposa une de ses seigneuries, située près de Dijon, pour qu’y soit fondée l’abbaye. Bernard accepta rapidement et bénit le baron au cours d’une messe célébrée sur ladite seigneurie, à laquelle assistèrent de nombreux fidèles bourguignons qui furent automatiquement séduits par le prédicateur qu’était Bernard, qui devint alors le premier abbé de La Bussière au terme des travaux, qui se terminèrent somme tout rapidement. L’abbaye de La Bussière s’implanta donc rapidement en Bourgogne et l’ouverture d’une école au sein même de l’abbaye contribua grandement à sa renommée et aussi à enseigner l’aristotélicisme aux fidèles bourguignons. Aussitôt ouverte, et grâce à la renommée de son abbé, plusieurs nobles vinrent visiter les murs de l’abbaye pour leur retraite. Cette proximité avec les grands politiques de l’époque permit à Bernard de devenir de plus en plus influent.

Sa renommée auprès des autorités laïques et religieuses locales atteignit bien assez vite les murs de la capitale de papes, où il fut éventuellement invité. À Rome, il profita des bibliothèques pour s’instruire et fit connaissance des figures de proues de la religion de l’époque. Il en convainc plusieurs par son discours de la bonne foi de l’ordre cistercien, qui gagna à être connu à Rome. Toutefois, l’abbaye rappela son abbé pour d’autres tâches. Revenu à La Bussière, Bernard entreprit de nouer des relations diplomatiques avec les jeunes ordres militaires et religieux naissants, créés dans la foulée de la redécouverte des enseignements de Kyrène. Ceux qui furent les plus forts à répondre à l’appel de l’abbé furent les Chevaliers d'un Ordre Militaire Romain, qui encore aujourd’hui sont profondément ancrés dans l’abbaye de La Bussière, où ils contribuèrent notamment à l’établissement de l’école qui encore aujourd’hui fait la renommée de La Bussière.

Son engagement militaro-religieux

Ce rapprochement avec les chevaliers, monde qu’il connaissait déjà beaucoup grâce à son père, le convainc du bien fondé d’un bras armé pour l’Église. Il entreprit de nombreuses recherches théologiques qui aboutirent à de nombreux écrits comme son fameux essai : La sainte et justifiée violence, référence théologique de tous les chevaliers de Dieu.

La Sainte et Justifiée Violence (extrait) a écrit:Ces mots de Saint Bernard sur "les chevaliers de Dieu" rappellent à tout Aristotélicien que la vie est un combat mené pour Dieu, dont l'issue est certaine, mais s'obtient à un prix qu'il faut payer avec joie : le don de nos vies. (...)Car ce n'est pas sans raison qu'il porte l'épée : il est l'exécuteur de la volonté divine, que ce soit pour châtier les malfaiteurs ou pour glorifier les bons.

Lorsque, ultérieurement, le pape Honorius II convoqua un concile au sujet des ordres religieux, Bernard s’impliqua grandement prêchant la reconnaissance de plusieurs ordres religieux. Il joua énormément de son influence et devint presque simultanément la vedette de ce concile. Il convainc les rois de France et de Rome (le Saint Empereur Germanique) ainsi que sa sainteté du bienfondé de ces regroupements de fidèles se battant au nom de Dieu. D’abord homme de paix, Bernard écrira un projet de règle pour les Ordres Militaro-Religieux conciliant l'état monastique et idéal chevaleresque et posa les bases de ce qui deviendrait la future Congrégation Romaine des Saintes Armées.

Toujours au sein du concile, Bernard sera confronté à Abélard, un sombre mais influent théologien, convaincu de la petitesse de l’homme, mais également orthodoxe, auquel Bernard rétorque ;

C’est ainsi que les secrets de Dieu sont mis à jour et que les plus hautes questions jetées au vent?

Au terme de ce concile, Bernard tentera de convaincre les chevaliers de Dieu nouvellement reconnus d’aller reconquérir la Terre Sainte. À la Pâques Aristotélicienne, Bernard prêche une croisade à Vézelay dans un idéal d'unité et de paix. A Noël, il prêche à Spire. Il intervient aussi à Mayence, dans un élan de sainte bonté humaine, pour empêcher les massacres de spinozistes par des fanatiques endoctrinés par les pouvoirs laïcs. Admiré de tous, plusieurs le suivront sur les chemins vers la Terre Sainte pour y faire croisade sous son saint commandement.

Qu'ils soient rejetés loin de la cité du Seigneur, ceux qui commettent l'iniquité, ceux qui s'efforcent d'enlever les inestimables richesses que Jérusalem réserve au peuple aristotélicien, ceux qui veulent souiller les Lieux saints et s'approprier le sanctuaire de Dieu. Que les deux glaives des fidèles soient levés sur la tête des ennemis, pour détruire quiconque s'élève contre la foi de Dieu, "pour que les nations ne disent pas: où est leur Dieu ?"

En chemin, les chevaliers de Dieu rencontre de nombreux pèlerins et fidèles qui se joignent à eux. Ils traversent d’abord la Dalmatie et arrivent en Grèce, où ils se séparent à la recherche des saints lieux mentionnés dans la Vita d’Aristote avant de se reformer. Il traverse le Thésallonique où ils sont accueillis avec indifférence pour finalement arriver aux portes de Constantinople, où les aristotéliciens d’Orient leur donne hospitalisation comme s’ils étaient leurs frères, et ce malgré une religion différente. Les chevaliers continuèrent leurs routes entre vallées et plaines de l’Anatolie avant de finalement arriver aux portes d’Antioche, dont ils entreprennent de faire le siège, avec l’appui des quelques aristotéliciens locaux restés fidèles à la vraie foi.

Peu de temps après, animés et excités par leur foi, les croisés se lancèrent à l’assaut des murs d’Antioche. Les averroïstes qui contrôlaient la ville alors étaient plus nombreux que les croisés, mais ils se battaient avec peu d’ardeur et de conviction, alors que les croisés semblaient infatigables. Devant l’ardeur de ses troupes, Bernard lança, comme s’il voulut prouver quoique ce soit à quiconque :

Ils vivent sans avoir rien en propre, pas même leur volonté. Vêtus simplement et couverts de poussière, ils ont le visage brûlé des ardeurs du soleil, le regard fier et sévère : à l'approche du combat, ils s'arment de foi au dedans et de fer au dehors; leurs armes sont leur unique parure; ils s'en servent avec courage dans les plus grands des périls, sans craindre le nombre, ni la force des Barbares : toute leur confiance est dans le Dieu des armées; et en combattant pour Sa Cause, ils cherchent une victoire certaine ou une mort sainte et honorable. O l'heureux genre de vie, dans lequel on peut attendre la mort sans crainte, la désirer avec joie, et la recevoir avec assurance!

Les combats continuèrent et le sang infidèle baigna la terre sainte, mais Bernard était convaincu que telle était la volonté de Dieu. Finalement, après des mois de batailles intenses, Jérusalem redevinrent aristotélicienne, mettant fin à la reconquête de la Terre Sainte. Les croisés ramassèrent plusieurs reliques, érigèrent de nombreux forts et divisèrent la Terre Sainte en plusieurs comtés qu’ils se répartirent équitablement selon le mérite dont ils avaient fait preuve pendant la croisade. Entre-temps, les royaumes aristotéliciens occidentaux avaient préparés une importante flotte grâce à laquelle quelques croisés, dont Bernard, purent retourner chez eux.

Son apostolat

Moine engagé aux foucades redoutées des papes comme des princes, brutal dès lors qu'il s'engage, St Bernard est aussi un prêcheur formidable, un écrivain de haute volée, un ascète exigeant et un mystique parmi les plus inspirés.

Bien plus tard, l’on demanda à Bernard de trancher entre deux papes qui affirmaient avoir respectivement remporté l’élection au conclave, Innocent II et Anaclet. Bernard trancha en faveur d’Innocent II, et grâce à ces talents de diplomates aguerris, acquis à force d’expérience, il rallia le Roi de France et l’Empereur, ainsi que de nombreuses villes italiennes qui s’étaient d’abord rangées pour Anaclet. Après cet ultime épisode, Saint Bernard, abbé de La Bussière sur Ouche, en Bourgogne, se retira dans son abbaye avec ces frères cisterciens.

Saint Bernard de La Bussière passa ses dernières années à poursuivre son instruction dans divers domaines, dont la cuisine, ainsi qu’à cultiver les terres du domaine de l’abbaye. Il se questionna beaucoup sur sa vie, sur la foi et fit le deuil de ce qu’il n’avait pas pu accomplir de son vivant, priant pour que son successeur puisse…

Bernard a pris une part décisive à toutes les controverses de son temps, mais il était un homme d'Église plutôt qu'un théologien, quoique le calendrier lui donne le titre de docteur de L’Église. Sa doctrine, comme ses actes, reflète les inspirations d'une nature mystique et contemplative, mais prompte à s'irriter contre tout ce qui peut alarmer ou distraire la piété; non seulement contre toutes les hérésies, mais contre toutes les témérités. Saint Bernard n'a pas été le fondateur de l'ordre de Cîteaux, mais son animateur, sa plus grande gloire : la figure de proue du prodigieux essor des cisterciens, ces « moines blancs » qui ont rénové en profondeur – et durablement – la vie religieuse de l’Occident.

Dénonciateur des écarts des autres ordres religieux : il n'aura de cesse de critiquer : les écarts faits à la règle de Saint Benoit : mets surabondants, coquetterie, habitudes et trains de vie princiers, le cadre de certains monastères, leur décoration, peintures ou sculptures évoquant des messages bibliques, qui sont utiles au fidèle mais pas au moine.

Saint Bernard a écrit:"O vanité des vanités, mais plus insensée encore que vaine : l'église resplendit sur ses murailles et elle manque de tout dans ses pauvres". "Sans parler de l'immense élévation de vos oratoires, de leur longueur démesurée, de leur largeur excessive, de leur décoration somptueuse et de leurs peintures plaisantes dont l'effet est d'attirer sur elles l'attention des fidèles et de diminuer le recueillement".

Bernard de La Bussière fit son dernier souffle une journée froide de janvier 1153, après avoir reçu l’onction. Il laissa derrière lui plus de 160 moines à Noirlac nouvellement créée, tandis que la nouvelle famille cistercienne comptait déjà près de 350 abbayes. Ses reliques, composées de sa soutane, de son armure, de sa mitre et de sa crosse, ainsi que son gisant, reposent en l'abbaye de la Bussière.
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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 15:02


Chapitre 1 : L'enfance et la jeunesse de Bertrand de l'Isle

Bertrand était fils d'Aton, seigneur de L'Isle en Gascogne, et de Gervaise, donc petit-fils du comte de Toulouse, Guillaume Taillefer. Issu de la noblesse, Bertrand fut élevé avec tous les jeunes nobles de son temps, dans le cliquetis des armes, et adoubé chevalier. Jeune chevalier, il voyage avec quelques hommes sous ses ordres. Fervent croyant, il fait souvent escale dans des monastères et des abbayes. Au cours de chacune d'elles, il prit et lit. Il découvre ainsi des textes méconnus ou oubliés parmi lesquels les écrits du prophète Aristote, ceux de Saint-Grégoire de Naziance et de Saint-Orgène ou encore le fameux prêche de Nedjaef qu'il serait le premier à enseigner plus tard. Cette jeunesse faite d'érudition et de voyage transforme l'homme qui ne porte plus d'arme et devient diacre puis aumônier de l'ost comtal. Sa vocation nait à cette période dont il dira plus tard : « Les voyages obligent l'homme à s'ouvrir au monde et ainsi la Création divine façonne l'homme. Il est vivement souhaitable que les jeunes gens partent sur les routes avec de vertueuses intentions, c'est la meilleure éducation qu'ils puissent recevoir. »

Chapitre 2 : Un évêque attentif aux besoins de ses fidèles qui participe à la vie de la cité

De retour à Toulouse, un avenir prestigieux lui est promis au sein de la noblesse mais c'est un autre choix que fit le jeune Bertrand de L'Isle en demandant à l'évêque de Toulouse, Izarn , son admission dans le chapitre de la cathédrale. Il choisit ainsi de répandre la Foy plutôt que le Sang. Il prêche et lit encore et toujours. Proche des gens et de leurs préoccupations, il est aimé de beaucoup. La réputation du jeune chanoine dépasse rapidement les limites du pays toulousain et à la mort de leur évêque, Auger en 1083, le clergé et le peuple commingeois vinrent lui proposer l'épiscopat. Voyant là un signe divin, il accepte et rejoint le pays de Comminges. Ainsi le nouveau berger des fidèles commingeois ne se désintéresse pas des problèmes quotidiens de son troupeau, surtout à l'époque où les mauvaises récoltes, les sécheresses, les épidémies et les famines sont monnaie courante. Il est préoccupé de la nourriture de ses ouailles et attentif à leur bien-être matériel. Ainsi, il bénit les pièges d'un chasseur, il remplit les filets d'un pêcheur de la Neste, dans une autre vallée, il rend productif un noyer stérile. Puis traversant un champ cultivé, il libère les paysannes de leur pénible tâche en désherbant définitivement la récolte, enfin, entré dans une auberge, il remplit de vin le tonneau de l'hôtelier.
Il participera donc à redonner vie à la ville antique et en relever les ruines, à attirer une population jeune et dynamique, à favoriser les échanges et la circulation des monnaies, rendre la justice. Toute la ville s'identifie à l'évêque au point de prendre son nom, comme l'épouse adopte le nom de son mari. Toute au long de sa vie, Bertrand n'a cessé de prêcher que l'homme sage doit participer à la vie de la cité, révélant à qui voulait l'entendre le Songe d'Aristote sur la Cité Idéale.

Chapitre 3 : Bertrand, l'évêque des voyageurs

Le diocèse de Comminges était étendu et traversé de nombreuses vallées. Bertrand qui était un homme robuste le parcourait inlassablement, voyageant de village en village, de vallée en vallée. Il n'aimait pas voyager seul. Aussi appréciait-il de se joindre à des groupes de voyageurs rencontrés à l'occasion d'une visite dans une taverne ou sur le marché. Il appliquait à la lettre les recommandations que St Grégoire de Naziance fait à Athénaïs et les enseignait à ses compagnons de route.
Lors de ses voyages, il partageait toujours le repas avec ses compagnons du moment. Il faisait toujours la même prière avant de manger :

Ô Très-Haut,
Toi qui nous donne la chance de partager ce repas
Bénis ceux qui le partagent et accorde leur Ta divine protection
Fortifie-nous des enseignements d'Aristote et de Christos
Fais de la Sagesse et de l'Amitié nos compagnons de route.
Que les rencontres que nous ferons soient placées
Sous le signe du Partage et de la Charité.
Amen

Chapitre 4 : Bertrand, l'évêque des brigands

Aimé, respecté et populaire, l'évêque de Comminges était souvent consulté en cas de litige. De nombreux brigands furent donc soumis à son jugement. Le premier d'entre eux fut Jodel, il avait détroussé de riches personnes sur la route de Tarbes. Le malfaiteur fut donc mené devant l'évêque. Celui-ci aurait pris la parole ainsi :
    - Vous venez m'enquérir pour porter le jugement de cet homme. Comment te nommes-tu ?
    - Jodel !
    - Pourquoi es-tu là ?
    - Parce que j'ai volé cet homme.
    - Pourquoi as-tu commis ce geste ?
    - Je n'ai pas de quoi me nourrir, la vie est chère et cet homme a tant d'argent qu'il ne sait plus quoi en faire.
    - Je comprends mais cette attitude ne t'apportera rien de bon, tout au mieux un peu d'argent mais aussi beaucoup d'ennuis. Rends à cet homme ce que tu lui as pris, prie et viens me voir tous les jours, je ferai mon possible pour te trouver du travail.

Chaque jour l'homme vint voir l'évêque. Il pria avec lui et travailla à l'église. Il remboursa l'argent qu'il devait à l'homme volé mais continua à venir la rencontre de l'évêque de chaque jour. Après une année, l'évêque l'invita à manger et au cours du repas, les deux hommes eurent cette conversation :
    - Comment te sens-tu Jodel ?
    - Bien, très bien. Grâce à vous Monseigneur.
    - Grâce à toi. Toi seul est responsable de ton changement avec l'aide du Très-Haut.
    - Oui mais votre présence près de moi est essentielle pour moi.
    - Cette présence, c'est ce que l'on appelle l'amitié. L’Amitié est la plus grande des richesses si elle est sincère et véritable. Il faut la vivre pleinement au point d'en faire son point faible comme le disait le très saint Grégoire.

Le repas se poursuivit et alors que les hommes allaient se séparer, Bertrand dit à son ami :
    - Jodel, va. Prends la route, tes fautes sont pardonnées. Ne brigande plus. Reviens me voir si tu le souhaites et n'oublie jamais ce que tu as vécu ici.
    - Monseigneur, je ne briganderai plus. Je vous remercie pour votre pardon. Je veux mieux connaître les écrits saints à vos côtés.
    - Ce n'est pas moi qui te pardonne, c'est le Très-Haut. Il pardonne à ceux qui renoncent aux vices pour chercher la vertu. Tu veux étudier les écritures. C'est tout à ton honneur. Alors va, prends la route de St Liziers, rejoins Muret et enfin Toulouse. Rends-toi au séminaire de ma part et étudie. Travaille aussi. Partage avec tous ceux que tu croiseras et donne quelque chose aux pauvres que tu croiseras. Si tu n'as rien de matériel que tu puisses donner, alors donne ton plus beau regard, ta plus douce parole.


Sur ces mots, Jodel prit la route. On dit que de nombreux brigands vinrent ensuite en Comminges, à la rencontre de l'évêque Bertrand et du pardon. A tel point que la ville fut surnommée la ville des brigands. Quant à Jodel, il étudia et devint un fin connaisseur des écritures, enseignant à son tour au séminaire de Toulouse.

Chapitre 5 : Fin de la vie terrestre et patronage

L'évêque de Comminges mena ainsi une vie pieuse, tournée vers les autres et l'amitié. Âgé, ses forces l'abandonnaient davantage chaque jour. Il passait de plus en plus de temps dans sa cathédrale à prier. Il ne dormait plus, passant ses nuits à prier le Très-Haut.

Un beau matin de dimanche, le sonneur de cloches entra dans la cathédrale et découvrit l'évêque agenouillé dans le chœur, son cœur ne battait plus mais son visage rayonné, souriant, détendu. Il ne faisait pas de doute : Bertrand, évêque de Comminges avait rejoint le Paradis solaire.

Plus tard, Saint Bertrand de Comminges devint le saint patron de la ville dont il fut évêque. Il est aussi l'un des saints patrons du comté d'Armagnac et Comminges et le saint patron du Comminges. Enfin, de par son étude de la vie de Saint-Grégoire de Naziance, il est un des saints mineurs de l'ordre grégorien qui le considère comme le premier grégorien de l'histoire.

Citations célèbres

-Priez le Très-Haut et vivez votre foy dans l'amitié véritable et quotidienne.
-Les seules armes sont les enseignements d'Aristote et de Christos. Dépose ton épée et ton bouclier, écoute les Prophètes et prie le Très-Haut, c'est ainsi que tu vaincras.
-Il n'y a pas de brigands qui ne méritent le Pardon de ses crimes, pas un seul homme sur Terre qui puisse les juger ; Dieu seul le peut.

Reliques

-Son sarcophage est conservé dans l'église paroissiale de Saint-Bertrand de Comminges.
-Le bâton de marche que le Saint avait sculpté lui-même avec la devise de Saint-Grégoire de Naziance "Chacun a son point faible ; moi c'est l'amitié." est conservé dans la crypte du monastère grégorien d'Argentat.

Prières à Saint Bertrand de Comminges

Prière des Commingeois

Ô Sent-Bertran,
De ton cœur si grand
Protège tes amis
Fais lever le semis
Pousser le bon grain
Donne-nous du bon pain
Accorde nous ta protection
et ton immense pardon.
Bénis les Commingeois
Fais-les vivre dans la Joie.
Amen

Prière des Voyageurs

Ô Saint Bertrand,
Éloigne de nous des brigands
Accompagne-nous sur les routes
Préserve-nous de toute déroute
Fais de notre voyage
Un heureux présage
Amen

Prière des brigands

Bertrand patron des brigands
Ton pardon est grand
Guide vers la vertu
Nos âmes perdues
Enseigne-nous l'Amitié
Apprends-nous les Vérités
Fais de nous des hommes nouveaux
Fidèles du Très-Haut
Amen

Prière des Grégoriens à Sent-Bertrand

Ô Sent-Bertran
Dont la Foy fut grande
Premier fidèle à Saint Grégoire
Éclaire-nous dans le noir
Apporte-nous l'espoir.
Mets au cœur de nos vies l'Amitié,
Le Partage et la Charité
Amen

Fête : le 6 octobre
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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 15:11


Vie de Sainte Boulasse.

La jeune Boulasse est né en 552 à Beaune en Bourgogne. Ses parents, païens, tenaient une taverne respectable sur la place du marché, la « Taverne des Hospices » (bière à 0,60 écus et menus à 6). Gens sérieux et respectables ils n’en priaient pas moins les idoles et méconnaissaient le message de L’Eglise. Cependant ces braves taverniers s’approvisionnaient en vin et bière auprès des moines des environs et Boulasse qui s’occupait de la réserve avait de fréquents contacts avec eux.

Comme elle était ouverte et intelligente, les moines l’initièrent, à la fois, à la foi et à l’œnologie. C’est au cours d’une de ses très longues nuits de formation et discussion théologiques dans l’arrière salle de ses parents qu’elle fût éblouie par la lumière divine dans le reflet d'une pinte.

Convertie et sure de sa foi, Boulasse quitta ses parents et choisi la voie de l’Eglise. Elle fut formée par un des moines qui l'avaient pris sous leur aile, fort impressionnés par sa force de conviction.

Ressentant le besoin impérieux de prêcher pour sa nouvelle foi, elle se fit ordonner secrètement prêtre en 582, en dépit des interdictions et consciente des risques mais sure de suivre les desseins divins. Ne pouvant devenir curée, elle ouvrit une taverne « au bon croyant » où elle fit des conversions et donna des cours de catéchisme, et même dit-on, elle y aurait baptisé des croyants avec l'aide et le soutien du curé de Mâcon.

Rompue aux prêches de grande écoute et gérant sa taverne de main de maître, elle eut une action missionnaire d’envergure sur la ville et convertit les masses à la vraie religion. On se souviendra longtemps de son action charitable envers les vagabonds et de l’organisation de ses quiz religieux en taverne avec ses lots de bière à gagner.

Après avoir converti la plupart des habitants de Mâcon, Boulasse ressentit le besoin de voyager et de propager le message d’Aristote. Elle dirigea ses pas et son chariot plein de pains et de vin vers le pays alamand voisin, dans le SERG actuel, pour les initier au repas de l’amitié aristotélicienne.

Cependant les habitants furent moins réceptifs à sa prédication et elle se trouva face à un roi cruel et païen, Childehald, qui refusa de renier les faux dieux de ses pères. Ne se décourageant pas, la sainte prêcha en public, construisit la première église à Cologne et voulut créer une taverne pour faciliter sa sainte tâche missionnaire.

Mais Childehald ne l’entendit pas ainsi et prit un arrêté anti-prédication. Boulasse l’ayant enfreint, elle fut déférée par le procureur et condamnée pour haute trahison. La sentence d’éradication devait être exécutée en place publique, pour édifier la population, et en utilisant l’outil de son crime : ses saintes victuailles. Le bourreau lui fit boire de force du vin en grande quantité mais la sainte ne faiblissait pas, soutenue par Aristote, elle supportait vaillamment son martyre, tout en prêchant encore depuis l’échafaud.

Childehald, fou de rage, décida d’en finir et ordonna de la noyer dans le dernier fut de Hautes-côtes de Beaune qu’il restait. Quand on retira Boulasse du fût, son visage resplendissait de bonheur. Devant ce spectacle surprenant, Childehald fut frappé de repentir et, touché par la grâce, il se converti et fit convertir tout son peuple.

Ayant accompli sa tâche terrestre et ouvert la voie à la conversion des alamands, Boulasse décida de cuver tranquillement auprès du Seigneur et de rejoindre le soleil.

Depuis, Sainte Boulasse est devenu la patronne des vignerons et surtout des Taverniers et elle est encore invoquée par ceux-ci ou par leurs clients lorsqu’ils doivent faire face à une soirée harassante de travail ! Il n’est pas rare d’entendre dans nos Tavernes, l’exclamation familière et pleine d’affection pour la Sainte : « Que la Boulasse soit avec toi ! »

Reliques :

· Le chef de la Sainte est conservé et vénéré en la Basilique de Cologne.
· Le cœur et le Foie de la Sainte ont été ramenés et enchâssés à Mâcon et sont conservés dans le trésor de l’église de la ville.

Culte de la Sainte :

Le culte de Sainte Boulasse est attesté à Cologne et Mâcon depuis le VIème siècle et les reliques de la Sainte sont toujours utilisées lors de la procession de bénédiction de la vigne de Mâcon qui a lieu le 22 septembre, avant les vendanges.

Citations :

· C’est pas parce que la communion est gratuite, qu’il faut se moquer des fidèles et distribuer du picrate.
· Je ne renierai pas ma foi pour tout le vin du monde !
· Vraiment une telle félicité ne peut être que divine ! Pardonne nous Boulasse pour notre aveuglement ! (Childehald devant le corps supplicié de la Sainte)
· Il vaut mieux la bière dans le corps que le corps dans la bière.
· Il faut boire avec modération et prier avec ferveur.
· J’ai plus de cœur que de foie mais je peux tout digérer si c’est dit par amour du Très Haut.
· Si Christos n’avait pas voulu de femmes prêtres il l’aurait dit.
· Ne plus croire crée une crise de foi, trop boire une crise de foie.
· Si Notre Créateur avait voulu que la femme se cantonne à la procréation, il nous aurait rendus incapable d’aimer d’autres humains que le sang de notre sang.
· Je respecte les lois dictées par la foi, mais si l’Eglise refuse les femmes en prêtrise c’est pour faire plaisir aux empereurs et non à Dieu.
· Même si ce n’est pas pour demain, un jour il y aura à nouveaux des femmes curées et même des femmes évêques...
· Qui mieux qu’une femme peut mener des hommes par le bout du nez ?
· Elle avait mi une pancarte dans sa taverne « La maison ne fait pas crédit aux riches, mais offre l’eau et le pain aux démunis »


symbole :

six roses

Traduction : Efflam
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Message par Ellyrius Lun 1 Juin 2020 - 15:22


Brieuc (en breton Brieg) est l’un des sept saints fondateurs de Bretagne. Son nom est associé à Saint-Brieuc, où il fonda un monastère. On le représente souvent avec des loups qu’il dressa un soir.

I Une naissance et jeunesse galloises

Brieuc naquit à l’aube du Ve siècle, au pays de Galles. Son père, Cerpus, et sa mère, Eldrude, étaient des nobles fortunés.

L’enfant grandit en taille et en vertu auprès du Frère Hamelin, moine au service de ses parents qui lui transmit son savoir en s’assurant de son éducation. Son visage était pur et serein comme un ciel de printemps. Au lieu d’imiter la légèreté et l’insouciance des enfants de son âge, il demeurait près de sa mère, s’exerçant à tracer de sa petite main, sur des tablettes, des lignes encore imparfaites. Cependant, le jeune enfant allait bientôt se séparer de sa famille.

Une fois plus grand il se prépara à rejoindre Germain ami du frère Hamelin à Paris afin d’y étudier. L’enfant partit sous la garde de quelques serviteurs fidèles et s’en vint à travers les mers pour arriver en France.

II Études à Paris

Brieuc avait à peine dix ans, quand il franchit le seuil du monastère de Germain. Doté par le Très Haut des plus belles qualités de l’intelligence, l’enfant fit de rapides progrès dans les études. Il lui suffit de quelques mois pour assimiler les éléments de la langue latine, et en cinq mois il apprit par cœur tout le psautier, afin de pouvoir chanter en chœur les louanges divines avec les religieux. Très vite Germain deviendra pour Brieuc un véritable maistre en lui transmettant son savoir.

Sa charité pour les pauvres était inépuisable, il leur donnait tout ce qu’il possédait et ne pouvait en rencontrer sans leur laisser quelque chose. Il aimait le soir partager son repas avec eux ou donner des légumes que le monastère produisait. Quand il eut atteint l’âge de vingt-quatre ans, il fut ordonné prêtre par Germain.

Quelque temps après, il fit un rêve ou il revenait au Pays de Galles afin de prêcher et diffuser la foi dans sa terre natale. Le jeune prêtre partit alors avec un compagnon de route.

III Retour au Pays de Galles

La foy si grande du jeune homme en fit un prêcheur hors pair qui fit plusieurs fois le tour du Pays de Galles. La foy Aristotélicienne devint bientôt florissante. A la place des temples païens s’élevèrent des églises et des monastères, sanctuaires de la prière et de la mortification, d’où la louange divine montait ardente vers le ciel.

IV Départ pour l’Armorique

Une nuit de printemps, il sommeillait légèrement dans une chapelle quand il fit alors un rêve : « l’Armorique ». Il devait y prêcher la bonne parole sans différer ; aussi n’hésita-t-il pas et prit la mer avec cent-soixante-huit religieux. Enfin, la pieuse cohorte vint aborder, après une heureuse navigation, au port d’Ack, d’où elle s’avança ensuite par terre jusqu’à la rivière de Jaudy, dans le pays de Tréguier.

Ils furent très bien accueillis par les habitants de la contrée, qui aidèrent Brieuc à bâtir un monastère à Landebaëron. Sur ces entrefaites, un messager apporta une douloureuse nouvelle, une peste cruelle ravageait le pays des Coriticiens, qui, épouvantés, réclamaient à grands cris la présence et les prières du prêcheur. Brieuc, ému de compassion, se hâta d’aller lui-même les consoler, laissant son neveu, Tugdual, à la tête du monastère.

Brieuc retourna ensuite auprès des siens, au Pays de Galles, également touché par la maladie, afin de consoler les Gallois par sa présence. Quelques temps passèrent et son envie de retourner en Bretagne devint de plus en plus grandissante.

V Arrivée de Brieuc dans l’embouchure du Gouet

A son retour en Bretagne, Brieuc retrouva un monastère florissant grâce à la sage direction de Tugdual. Aussi résolut-il de ne rien changer à cette situation.

Choisissant alors quatre-vingt quatre religieux, il prit congé de son neveu, et après avoir longé la côte jusqu’au havre de Cesson, débarqua à l’embouchure du Gouet. Il y avait là une forêt et une vallée arrosée par une abondante source qui existe encore aujourd’hui. Le maître et ses disciples, s’étant assis au bord de l’eau pour s’y reposer, furent aperçus par un écuyer du Comte Riwall, prince de la Domnonée.
Le Comte décida alors de rencontrer le prêcheur Gallois et lui offrit l’hospitalité. Brieuc s’avança donc avec son escorte de religieux. Il se trouve que le prince était de sa famille, venu d’outre-mer, il avait fondé un petit royaume dans l’Armorique. Après avoir remercié le Très Haut de cette heureuse rencontre, Riwal lui céda, pour en faire un monastère, son manoir situé en un lieu qu’on appelait le Champ du Rouvre, avec toutes les propriétés qui en dépendaient. Ce fut l’origine de la ville de Saint-Brieuc.

Au pied du monastère, dans la vallée silencieuse où coulait une claire fontaine, Brieuc fit bâtir une chapelle. Ce petit sanctuaire fut appelé plus tard « Chapelle Saint-Brieuc ». Lorsque, lassé par ses travaux et ses courses apostoliques, il revenait au milieu de ses Frères, jamais il n’oubliait d’aller prier dans la chapelle de la vallée. Souvent il y venait passer de longues heures dans la prière et la méditation.

Un soir que Brieuc revenait de visiter une dépendance de son monastère, il fut encerclé par une meute de loups affamés et menaçants, prêts à se jeter sur les bœufs tirant son chariot. Le saint, impassible, leva une main et, aussitôt, les loups se prosternèrent devant lui, comme demandant grâce. Il les tint ainsi en respect jusqu’au petit matin, où passèrent par là des émigrés tout juste débarqués de Galles. Voyant là un signe du Très Haut, ceux-ci demandèrent immédiatement le baptême. Après avoir ordonné aux loups de s’éloigner, Brieuc instruisit durant sept jours le livre des Vertus à ces quelques compatriotes fraîchement arrivés en Armorique puis il les baptisa au huitième jour.

C’est à cette date que la Grâce du Paradis solaire fut en effet accordée à Brieuc en raison de sa vie dédiée au Très-Haut et de ses actes si pieux, faisant de lui un grand serviteur de l’Eglise.

Sa mort est restée célèbre puisqu’il se coucha sur son pauvre grabat et mourut en paix en l’an cinq cent deux. C’est ainsi que l’homme qui est resté simple tout au long de sa vie, ami de tous et proche des pauvres rejoignit le Très Haut. Par sa vie, il est resté pour les Briochins et les Bretons un exemple de piété à suivre.

Il est fêté le premier mai.
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Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 10:39


1- Plaisir, enfance et premiers signes.

Jacqueline Bencivenni et Ubaldo Corelli, tisserands, mettent au monde Catherine le 27 juillet 1347. Cadette de quatorze frères et sœurs elle sera élevée dans un quartier populaire de la ville d'Urbin.

Dès son plus jeune âge, sa dévotion et sa spiritualité ne laisse aucun doute quant à sa volonté d'atteindre le bonheur et la satisfaction de l'esprit. Elle apprend aussi le travail et la patience aux côtés de sa mère notamment quand Jacqueline est obligée de passer ses journées entières à laver le linge.

Au fil du temps, des phénomènes inexpliqués commencèrent à se produire autour de la jeune fille.

Un jour, laissée près d'un buisson sec et aride servant à sécher le linge, Jacqueline est stupéfaite de voir à son retour un arbre couvert de fleurs blanches.

Un autre jour, alors accompagnée de ses frères, Catherine se met subitement à genoux en plein clair de lune. A la surprise générale, elle refuse les fruits cueillis plutôt dans la journée et d'une voix paisible mais ferme....

Le bonheur est la satisfaction de l'esprit. Si votre seule préoccupation est la satisfaction des besoins corporels, nous nous abaissons au niveau des animaux qui mangent de l'herbe dans cette cour. Et les fruits que vous mangez, sont un don que le Tout-Puissant nous a donné, parce qu'il nous aime. Donc nous aussi nous devons l'aimer et de le remercier.

Enfin, à ses 7 ans, alors qu'elle priait dans la cathédrale d'Urbin, face à une fenêtre représentant Saint- Sylphaël...une lumière aveuglante illumine Catherine et des témoins peuvent voir le visage de l'archange lui parler.

2. Conservation - Le miracle de la lumière dans l'obscurité

Catherine comprend très vite que le Tout-Puissant l’a choisi comme son serviteur. Dès lors, sa vie sera consacrée au Très Haut et décide de faire vœu de chasteté au grand dam de sa famille qui souhaite la marier dès ses quatorze ans.

Un jour, alors qu'elle vendait des vêtements au marché d'Urbin, un jeune homme de la famille Montefeltro, à un coup de foudre pour elle et, brûlant de passion, tente de convaincre son père de lui donner sa fille en mariage. Son père attiré par les terres agricoles et les biens promis en dot tente de persuader sa fille d'accepter.

Caterina confirme alors son amour pour le Très Haut et se coupe les cheveux en signe de désapprobation. Apeuré de voir ses titres de noblesse s'envoler ainsi que ses actifs, l'homme entre dans une rage folle et enferme la jeune fille dans sa chambre jusqu'à la raison.

Caterina, découragée par sa relation avec son père, commence à prier et reste durant 93 jours dans sa chambre à genoux pour adresser ses prières au Très-Haut. Pendant ce temps, Catherine ne mange que des fruits et des croûtes de pain que lui donne sa mère.

Au dernier jour, sa conviction et son obstination sont récompensées quand son père, vers minuit, se rendant dans la chambre de sa fille, la trouve les mains jointes en prière à genoux illuminée par un faisceau de lumière. Il ne peut que se résoudre à approuver les choix de Catherine : vivre dans la prière et la pauvreté en ne mangeant plus que des crudités, des fruits et du pain.

3. Amitié - L'Ordre grégorien, la médecine et la naissance de "Catheriniennes"

Un jour, alors qu'elle est en prière dans un jardin près de sa maison, un serpent venimeux sort des buissons et enfonce ses dents dans la main de Catherine. Pendant que la bête fuit vers les racines, comme un signe du ciel, une cigogne apparait et le tue. Dans le bec de l'oiseau, le serpent était devenu une branche d'origan, que la cigogne déposa dans la main de Catherine qui ne présentait plus aucunes stigmates de l'incident.

Elle vit là encore un signe envoyé par le Très-Haut et c'est en 1363 qu'elle entre dans l'ordre grégorien pour se consacrer à des études de médecine. Après l'apprentissage des connaissances médicales nécessaires, elle décide de consacrer sa vie aux soins assidus des vagabonds, des pauvres, des malades et des mourants tout en réussissant à convertir certains à la Sainte Eglise Aristotélicienne.

Par la suite, elle apporte aide et réconfort dans l'hôpital de la Miséricorde de Pian di Mercato à Urbin, où bénévoles et médecins accueillent les voyageurs, les pèlerins et les malades. A travers ses actes, Catherine incarne le modèle de l'infirmière bénévole par excellence, pleine de charité, de patience, d'énergie et de volonté. Ce travail lui permet également de maximaliser les vertus aristotéliciennes.

Pendant cette période de sa vie elle ne fait preuve d'aucune faiblesse et ne cesse d'apporter son soutien y compris lors de l'épidémie de peste de 1374. Équipée d'une bouteille d'arômes, d’un bâton de ferme et d’une lanterne, elle se rend à l'hôpital et dans les maisons avec ses disciples pour alléger les souffrances des patients les plus pauvres.

Des disciples commencèrent à se rassembler autour d'elle. Le clergé et les laïcs finirent par la reconnaître comme un guide et exemple mais cela n'empêcha pas l’ordre grégorien de la soumettre à un examen afin de déterminer l'orthodoxie de ses propos. L'ordre décida de la laisser agir mais en lui nommant un directeur spirituel, Raimondo de Gaeta.

4. Conviction - Catherine prophète, la naissance de l'âge du renouveau de la foi

Catherine est, à ce stade de sa vie, consciente de l'importance de la culture théologique afin de travailler pour l'avenir de la communauté des croyants. Elle s'applique ainsi à l'étude des langues (latin et grec) et de la théologie, en réussissant à apprendre tout avec une surprenante facilité et rapidité. Tous les matins, elle se réveille et se rend compte qu'elle a développé de nouvelles idées et apprit de nouvelles compétences.

Après ces études elle commence par écrire des lettres à de nombreux hommes politiques. Elle contacte les Princes des Duchés et des Républiques italiennes en les rappelant aux vertus aristotéliciennes, en les reprenant lorsque leurs choix dévient du juste chemin et des indications d'Aristote, en répandant ainsi la Foi aristotélicienne à travers ses écrits. Successivement elle commence à voyager et va elle-même parler directement avec ces hommes éminents dans leurs Duchés et Républiques. Elle est toujours accueillie avec respect et est écoutée dans toutes les coures italiennes.

Tout au long de sa vie elle sera un grand écrivain puisant son inspiration au près du Très-Haut. Ses écrits toucheront directement le cœur et inspireront la Foi la plus profonde. Catherine combat fermement la désorganisation de l'Église et sa corruption qui compromettent l'efficacité de son travail apostolique.

Elle développe la pensée de Dominique, conclut que l'Eglise ne peut vivre sans un profond renouvellement. Elle va s’ouvrir aux fidèles et renforce ses relations avec les États, de sorte qu'il puissent fonctionner plus fortement pour la paix dans les Royaumes.

Catherine, dans certains de ses écrits critique aussi certaines décisions du Concile de Nicée, dont elle estime qu'ils ne correspondent pas aux enseignements des prophètes, en particulier la primauté de l'homme sur la femme. A ce sujet, Sainte Dominique a pu dire:

L'homme et la femme ont la même dignité et la même valeur parce que les deux ont été créés par le Très Haut et ce, même s'ils sont différents puisque le rapport de réciprocité qui les lie dans la relation de couple est à l'image de notre Supérieur. Le pacte d'union qui lie le couple est dans le livre des vertus considéré comme le reflet du Pacte de Dieu avec les hommes ainsi qu'un service aussi à la vie.

Catherine, en effet, prédit l'âge de renouvellement de la foi qui va commencer un siècle plus tard. Elle écrit dans une de ses lettres à Raymond de Gaeta:

[...]
Le deuxième prophète nous a fait un grand cadeau : l'Église dont le fonctionnement et la composition s'inspire de Dieu peut se détourner de Son message. Mais il viendra un moment où, inspiré par Aristote, elle devra subir un changement profond et trouvera à nouveau la voie pour mener au mieux le peuple du Très Haut vers le Paradis solaire. C'est seulement en s’occupant des brebis effrayées en les accueillant dans une embrassade maternelle que la Sainte Église pourra éviter d'avoir le même dessein que le chef de tous les prêtres de la Judée...Christos haranguant la foule à Jérusalem dit: "Venez à moi et entendez la parole de Dieu", l'Eglise doit ouvrir ses portes aux fidèles qui souhaitent se rapprocher de Dieu, d'Aristote et de Christos grâce à la théologie. Elle doit leur donner un endroit où les textes peuvent être librement accessible pour qu'ils puissent s'abreuver comme le pèlerin malheureux qu s'abreuva dans les mains de Christos [...]

5. Temperance - une vie dédiée à la paix des Royaumes à travers l'Amour pour Dieu

Catherine vécut pendant une période à Sienne où, comme dans beaucoup de villes de l'Italie du XIVe siècle, il y avait une situation sociale turbulente. Les puissantes familles de la cité se querellaient la domination du gouvernement qui se traduisaient par des batailles sanglantes entre les factions rivales. Catherine décida d'intervenir au nom du Très-Haut. Elle commença à traiter avec les factions rivales afin de trouver un compromis au nom de la foi pour finalement apporter stabilité et paix à la République de Sienne. Après que sa réputation en tant que femme "de paix" se soit rapidement répandue en dehors des murs de Sienne, elle arriva à Volterra.

Catherine y mena la même action et réussit à réprimer les haines entre familles de bords politiques différents. Elle imposa l'Amitié et la Paix au nom d'Aristote pour le plus grand bien de la cité. Elle fut également un intermédiaire entre la Papauté et la ville de Florence, qui discutaient pour quelques mandats de grain et de maïs. Au pape Grégoire XI, elle écrivit: "Vous obtiendrez plus avec le bâton de la bénignité qu'avec le bâton de la guerre".

Ses voyages à travers toutes les Républiques, Duchés et terres italiennes finirent par convaincre les princes et les maires d'appuyer la "Sainte Eglise" Aristotélicienne.

6. Justice - La Justice Divine à travers les actions de Catherine

Catherine reçut un jour une nouvelle mission difficile du Très-Haut. Mais grâce à sa foi, peut-être même grâce à l'intervention divine, elle réussit finalement sa mission. Épuisée, elle retourne à Urbin et reçoit des tâches du Pape pour traiter des diverses paix en Italie.

Elle continua à écrire aux princes, aux hommes politiques et aux ecclésiastiques. Catherine ne se montre pas effrayée devant les puissants et leur parle d'égal à égal. Dans ses lettres adressées aux politiciens elle leur rappelle que le pouvoir de gouverner est un « pouvoir prêté » par le Très Haut. Elle les incite à une bonne administration des affaires publiques, à la recherche du bien commun et non à l'intérêt personnel. Pour ce faire, elle affirme que le bon administrateur doit s'inspirer directement de Christos et d'Aristote.

La Justice aura un rôle fondamental dans la doctrine fait par Sainte-Caterina : sans justice pas de paix garante de la croissance sociale et morale d'un État.

Au Juge du Duché de Modène elle écrit:

[...]Que vous soyez justes aussi bien avec l'homme pauvre qu'avec l'homme riche. Il vous faut servire la Justice qui est toujours accompagnée de la Miséricorde[...]

Et encore, aux Doge et aux Conseillers de la République de Venise elle écrit :

[...] Si vous êtes des hommes justes alors soyez béni et dans votre gouvernance vous ne devrez pas agir pour vos intérêts mais pour le bien universel fondé sur la pierre de Chritos le bon et Aristote le sage.

7. Don de soi - La dernière mission de Catherine

Catherine après avoir effectué des actes incroyables au nom de la foi inspirée par le Très-Haut va mourir, épuisée et malade, le 8 Décembre 1380.

Jusqu'à la fin, elle continue son œuvre de médiation entre l'Église et les royaumes italiens. Ecrasée par la quantité énorme de travail et ses voyages d’un bout à l’autre de l’Italie, Catherine meurt à Gaeta après avoir traité, avec la Reine de Naples, les affaires du Saint-Siège. Incapable de se mouvoir durant les quarante derniers jours de sa vie, elle vécut avec sérénité sa condition puisque consciente d'être sacrifiée pour la communauté aristotélicienne, pour quelque chose de supérieur et de plus important que sa propre vie.

Reliques:

À sa mort, son corps fut enterré à Capoue, mais après trois ans, la dépouille mortelle du Sainte a été transférée à la cathédrale d'Urbin. À Gaeta, le lieu de sa mort le voile de son habit est conservé.
La main droite fut portée à Sienne, pendant qu'à Pavie est conservée une côte du Saint.

Éléments associés:

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1.4.4. Les Saints anciens Empty Re: 1.4.4. Les Saints anciens

Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 11:04


1. Naissance et enfance:

Saint Clément naquit sur les terres françaises, en l'an 307, d'une famille très croyante, mais également sans le sous. Dès qu'il fut en âge de marcher, il aida son père aux champs, afin de tenter d'améliorer l'ordinaire. Souvent, prenant la route du marché où il allait vendre le produit de son labeur avec son père, il voyait, dans de beaux chars, des hommes bien moins pauvres que lui, qui jouissaient de leur fortune, et ne connaissaient pas de peines matérielles.

2. Où Clément s'intéresse à la question de l'injustice:

Il était encore jeune, mais déjà, il s'interrogeait sur le sens de l'injustice. Son père, bien trop affairé au travail des champs, n'avait pas le temps de répondre aux multiples questions qui envahissaient peu à peu l'esprit du jeune homme. Un jour, il demanda conseil auprès du curé de sa paroisse, qui était homme bon et savant.

-Mon père, demanda Clément.. comment peut-on combattre l'injustice ?

-Eh bien mon fils, l'injustice se combat par la loi temporelle. Si un jour, tu es témoin d'un évènement contraire à la loi, il te faut aller jusqu'au poste de police le plus proche, afin d'en avertir un membre de l'autorité qui est apte à juger de l'affaire.

-Mais mon père, interrogea Clément, qui n'était pas satisfait de la réponse, qu'en est-il de Dieu?

-Dieu est omniscient, il aura vu ton acte, et l'acte de celui qui a fauté, ainsi, le jour de sa mort, il sera jugé, et comme il a mal agi de son vivant, il ira subir les tourments éternels sur la lune.

Clément s'en retourna aider son père, les paroles du prêtre restaient gravées dans sa mémoire, et au fil des années, alors qu'il devenait adolescent, puis jeune homme, les questions sur la justice continuaient à germer en son Esprit. En de multiples occasions, il retourna voir le curé afin que ce dernier puisse apaiser son trouble. L'homme de Dieu, vit en lui un Être très conscient de la notion de justice et d'injustice, aussi lui proposa-t-il de s'engager dans la milice de son village. Après avoir demandé le consentement paternel, Clément s'engagea.

3. Clément assiste à un procès inique:

Durant plusieurs années à partir de ce jour, Clément fut très rigoureux dans l'exercice de ses fonctions, ne renâclant pas au travail, il accomplissait son devoir à toute heure du jour ou de la nuit. Son supérieur hiérarchique, le Juge, était lui aussi un homme bon, et à ses côtés, Clément apprit beaucoup sur les façons d'enquêter, d'entendre les témoins, et de rendre un jugement aussi équitable que possible.

Un jour, un procès opposait une vieille dame à un marchand. Ce dernier demandait réparation, affirmant que la femme n'avait pas payé ce qu'elle lui devait. Aberration, pensa Clément, car il la connaissait bien, elle était une amie de sa mère, et jamais elle n'aurait commis pareil vol. Néanmoins, en l'absence d'éléments à décharge, et avec l'aide de documents comptables parfois douteux, le juge n'eut d'autre choix que de juger coupable la vieille dame. A la fin de l'audience, Clément alla voir son supérieur, ne comprenant pas.

-Mais monsieur le juge, cette femme est innocente, vous la connaissez aussi bien que moi, jamais elle ne serait capable de voler.
-Oui, peut-être, répondit l'homme de loi, mais comment s'en assurer? As-tu des témoignages, des preuves à m'apporter? Peux-tu affirmer que le marchand a menti?
-Non répondit Clément, le cœur lourd de tristesse.
-Seul le Tout Puissant est Omniscient, lui seul connaît toutes les vérités, et tous les mensonges. Moi, je ne peux croire que ce que j'entends et vois.

Clément médita longuement ces paroles.

Ainsi, comme le dit le Saint Livre, tout homme est imparfait, même celui qui rend justice. L'homme imparfait qui a fauté est jugé par un autre homme imparfait. Ainsi, même dans le cadre d'un procès, n'est-on pas sûr que la justice triomphe.

Et Clément fut très triste en pensant à cela. En de nombreuses occasions, il retourna encore voir le prêtre de sa paroisse, il désirait savoir pourquoi le châtiment de Dieu ne frappait pas toujours les hommes mauvais sur Terre, mais seulement à leur mort, et le prêtre ne savait guère quoi répondre.

4. Comment Clément fit punir des pilleurs d'église:

Un jour, l'on vint chercher Clément en toute hâte, car grand malheur s'était produit à l'église. Une bande de pillards avait mis à sac le lieu Saint et brutalisé le curé, vieille ami de Clément. Les coupables furent mis en procès, et en ce lieu, en ce temps, la dégradation de lieux publics et les coups et blessures étaient passibles d'une année d'emprisonnement, et d'une lourde amende. Une pacotille, pensa, Clément, l'on ne pouvait procéder à pareil outrage, et ne se voir infliger une peine aussi minime.

Soudainement, dans la salle d'audience, Clément se leva, prenant le juge à témoin qu'il était absurde que piller une maison et une Église soient considérés comme une même faute. De colère, le juge fit quitter la salle à Clément, le suspendant de ses fonctions, et le renvoyant de la milice. Mais Clément ne fut pas peiné, car au fond de son cœur, il savait qu'il avait raison, une Sainte chaleur envahit son cœur, et, au milieu de la route principale, il parla à la foule.

Mes bien chers frères, voyez ici ce qui se passe.. Des hommes ont saccagé la maison de Dieu, brutalisé Son représentant, et les coupables ne se voient infliger qu'une peine mineure?

Comment pourrions-nous tolérer cela? Honte à celui qui fait le mal autour de lui, mais ce qui appartient au Seigneur est sacré, et qui déroge à la Loi Divine mérite un châtiment bien plus dur que celui qui enfreint la loi Temporelle. Car qui commet un crime sur un représentant de Dieu, commet un crime envers Dieu lui-même!!

A ces mots, la foule déchainée investit alors le tribunal, s'empara des pillards et les lapida publiquement.

5. Comment il reçut la visite de l'archange Michel et ce qu'ils se dirent:

Alors que la foule chantait les Louanges du Seigneur, Clément méditait sur son action un peu à l'écart. Assurément, il avait enfreint la loi temporelle, se substituant au responsable légal de la justice, néanmoins, il n'en éprouvait aucun remord, bien au contraire, il ressentait de la satisfaction, sachant avoir accompli la Volonté Divine. Soudain, la lumière du soleil se fit plus intense, et sa chaleur plus douce. Clément sentit un souffle sur son épaule, et alors qu'il se retournait, il vit un ange descendre du ciel.

Immédiatement, il mit genou au sol, en signe de vénération, mais la Créature Céleste posa ses mains sur ses épaules et l'aida à se relever.

- Relève-toi, Clément, car en ce jour, tu as fait preuve de grande vertu.
- D'une grande vertu? Balbutia le jeune homme, mais, qui êtes-vous donc?
- Je suis l'archange Michel, et je veille à la Justice. Ton acte, Clément, était empreint d'une grande sagesse.
- Ne suis-je pas allé à l'encontre du jugement établi? N'est-ce pas fauter, que de s'opposer à un avis plus sage?
- Cet homme qu'est le juge ne peut observer et juger que ce qui est matériel. Mais pour juger de ce qui plaît à Dieu ou non, il n'a aucune légitimité. Or toi, en ce jour, tu as su faire la différence entre fautes devant les hommes, et péché devant le Créateur. Désormais, tu seras chargé de parcourir les routes, afin que la Loi Divine soit respectée, et plus seulement la loi des Hommes. Car cette dernière est éphémère, et passe comme passent les saisons, mais les mots de Dieu sont immuables, et les offenses contre Lui doivent être punies avec beaucoup plus de sévérité, car tel est Son Vouloir. Ces magistrats ne savent en rien de la Loi Divine, et ils ne peuvent la faire connaître.
- Mais pourquoi le Seigneur laisse-t-il donc juger des hommes qui n'ont aucune capacité à cela?
-Car tel est Sa volonté, et il est Tout Puissant, mais ses fidèles ne seront pas abandonnés, car tu les protégeras. Car Il va te donner le pouvoir de juger en Son Nom.
Et tu auras le pouvoir de juger les hommes, et les juges, et les Rois si tu estimes qu'ils ont fauté, et n'ont pas respecté la loi Divine.
-Mais une fois, j'ai vu que le Juge s'était trompé sur son jugement. Dieu a créé l'homme imparfait, moi qui suis homme, comment juger au nom de Dieu, moi qui suis imparfait et lui parfait.
-Tu le pourras, car pour t'aider dans ton Ministère, Dieu te fera des présents particuliers il prendra soin de te parler dans tes rêves afin de te mener sur une juste voie, et au travers de ta bouche, c'est Lui qui s'exprimera, pour que dans tes jugements, tu sois toujours parfait, et les hommes de pouvoir te contrediront et te jalouseront, et tu leur diras que tu es le Représentant de Dieu, investi de Son Pouvoir, et qui remettra en doute tes fonctions remettra en doute la Parole de Dieu, et tu le puniras pour cela.
- Mais je n'ai pas de légitimité, les fidèles ne me croiront pas.
- Si, ils te croiront, car le Seigneur va faire entrer en toi la connaissance de la Théologie, et tu gagneras leur respect car de ta bouche sortiront les mots vrais, et ils croiront en ces mots.
-Mais comment faire cela par moi-même, je ne peux pas parcourir tous les chemins à moi seul, et veiller sur toutes les Églises ?
-Non, en effet, tu ne le peux, mais pour l'instant, tu le dois, car telle est la Volonté Divine, puis un jour, sur ton chemin, tu rencontreras les Pères de l'Église, alors tu leur parleras, et ils t'écouteront, et ils feront un groupe autour de toi, et tu appelleras ce groupe l'Inquisition, et tu devras faire en sorte de multiplier le nombres des hommes qui se feront appeler Inquisiteurs, et si tu les juges dignes, alors Dieu leur permettra les mêmes dons que les tiens, et les inquisiteurs après eux, et ceux d'après, jusqu'au jour du jugement.

Puis l'archange Michel reprit le chemin des cieux, retrouver le Seigneur, et Clément pris la route, suivant les ordres de la Créature Céleste.

6. Clément et l'affaire de Loudun:

C'est alors que, parcourant la Gaule, Clément fut attiré par des bruits étranges qui racontaient que le curé de Loudun avait vendu son âme à la Créature Sans Nom et qu'il usait de sa charge pour ensorceler ses fidèles féminines.

Arrivé sur les lieux, et interrogeant un quidam sur les faits, on le mena dans une salle de l'hospice où de pauvres femmes, absolument horrifiées et au faciès tourmenté par la douleur, gémissaient et geignaient en émettant des sons sinistres et lugubres.

- mais qu'ont donc toutes ces femmes ?
- d'après le juge qui les a interrogées, elles se disent possédées par un Démon qui les aurait forcées de commettre des actes impudiques avec le curé.
On a retrouvé chez lui, lors d'une perquisition, des papiers où figurent d'étranges signes cabalistiques et des signatures qui sont celles de la Créature Sans Nom et des Démons qui témoignent de son commerce avec les puissances infernales du monde lunaire pour forcer ces dernières à avoir des relations sexuelles avec lui.
- et où est le curé présentement ?
- il a été arrêté et est en prison où on l'a mis à la torture pour qu'il passe aux aveux.

Clément s'enquit alors de l'endroit où trouver le juge, et bien décidé à éclaircir cette affaire dont un curé était la victime, il fit valoir auprès de ce dernier ses qualités de théologue et l'exemple de l'apôtre Nikolos demandant à ce que, dans ces matières, on ne fasse rien sans en référer aux cardinaux qui sauraient quelle décision prendre.

Le juge lui ayant accordé cette grâce pour un délai de quelques semaines, il écrivit à la Curie pour rendre compte. Celle-ci lui confia, en retour, un mandat pour mener l'enquête à la place du juge. Fort de cette délégation, Clément procéda à l'interrogatoire des femmes et du curé puis à leur confrontation.

Clément recruta un secrétaire en la personne du moine Adso, un jeune frère qui venait d'entrer récemment dans les ordres et ils commencèrent à procéder aux premiers interrogatoires.
Le curé qui paraissait sain de corps et d'esprit, accusa ces femmes d'un complot contre sa personne à cause de sa chasteté. Il lui était revenu aux oreilles que son prédécesseur, point aussi sourcilleux sur le respect des commandements de Christos, avait souvent commerce avec elles. On pouvait donc comprendre leur désappointement quand le nouveau curé leur ferma la porte au nez. Quant à la torture, elle n'avait pas réussi à lui faire avouer quoi que ce fût.

De leur côté, les femmes concernées dévoilèrent en détail les caresses, chaleurs, langueurs, les actes impudiques que leur inspirait le Démon envoyé par le curé et comment, certaines nuits, le Démon les forçait à avoir des relations charnelles avec le curé.

Devant des témoignages aussi contradictoires, et ne pouvant nier les convulsions et autres cris et phénomènes divers qui agitaient parfois ces malheureuses pour les avoir lui-même constatés, Clément ordonna qu'une confrontation fût organisée entre elles et le curé.

Hélas, dès que celles-ci furent mises en présence du prêtre, elles se mirent à parler une langue étrange, à se contorsionner, baver, vomir et émettre des sons plaintifs d'extase douloureuse, de sorte qu'il fut impossible de rien en tirer.

- Cette affaire me semble bien complexe, frère Clément.
- Elle l'est, Adso, elle l'est ! Comment savoir qui dit la vérité et qui ment dans cette affaire ?
Peut-être ces femmes sont-elles victimes d'un Démon; peut-être sont-elles tout simplement folles.
Tu as la copie des interrogatoires précédents et du résultat des perquisitions chez le curé et chez ces femmes?
- Tenez ! les voici, mon frère.
- Merci, Adso; tu vas m'aider. Nous allons tout reprendre et tout relire avec minutie et attention. Peut-être découvrira-t-on une faille quelque part ou un détail qui nous aura échappé.

Alors, Clément et Adso lurent et relurent dépositions et résultat des perquisitions.

- Tiens, c'est curieux, s'exclama soudain le jeune Adso ... on a retrouvé de la datura chez l'une de ces femmes.
- De la Datura ? mais c'est ....
- ... une plante qui provoque de dangereuses hallucinations !
- Serait-il possible que notre explication se trouve là, frère Clément ?
- On va le savoir rapidement ! Que l'on fasse arrêter et enfermer ces femmes avec interdiction de toute visite et uniquement de l'eau et du pain pour nourriture !
Elles ne sortiront que sur mon ordre et pour une séance de confrontation qui aura lieu en présence de témoins et du juge.

Ainsi fut fait et, le jour dit, on rassembla les personnes citées et des témoins connus en la ville pour leur grande moralité. On entendit d'abord le témoignage des femmes puis celui du curé, séparément. Enfin, comme dans le bureau de Clément, on voulut confronter les deux parties.

Or, au grand étonnement de tous, aucune convulsion ne s'empara du corps des femmes, certaines restant interdites pendant que d'autres, maladroitement, cherchaient, en de pauvres imitations, à reproduire les contorsions qui les avaient secouées il y avait encore quelques jours.

- Quelle est cette étrange supercherie, tonna le juge ?
- Rien, Monsieur le juge, dit Clément. Juste la preuve que ces femmes ont tenté d'abuser de la crédulité populaire pour accabler un pauvre curé et le faire condamner pour hérésie et pratiques scandaleuses.

Il sortit alors de sa poche une plante:

- Messieurs, voici une plante qui s'appelle la datura. Elle provoque de graves hallucinations et a été retrouvée au domicile d'une des femmes ici présentes.

Il raconta alors comment il les fit mettre aux arrêts et avait ordonné qu'elles ne reçoivent aucun contact pour qu'on ne puisse pas leur en apporter en cachette. Aussi, sans cette plante, elles n'avaient pas pu reproduire les convulsions dont elles étaient d'ordinaire agitées.

- En conséquence, Monsieur le juge, j'ordonne leur arrestation immédiate. Je vais écrire à la Curie pour lui référer de cette affaire et savoir quelle décision l'Église arrête à leur sujet puisqu'un curé a été honteusement sali.

La réponse de la Curie fut rapide et nette: qu'on les transmette au bras séculier et qu'elles soient jugées comme démoniaques. En outre, Clément fut invité par la Curie à venir les rencontrer.

7. Clément est reçu par le Pape et se voit confié une mission:

Il fut reçu avec solennité par le pape Sylvestre Ier et ses cardinaux qui l'interrogèrent longuement sur ses missions. A l'issue de cette audience, Clément fut convoqué par la Curie où le cardinal camerlingue lui transmit la lettre suivante de Sa Sainteté:

Cher Frère Clément,

ton action pour la Vérité et la lutte contre les hérésies nous a convaincu de mettre en place une véritable institution chargée spécialement de former des enquêteurs.

Cette institution portera le nom d'Inquisition.

Nous t'en confions la charge avec soin pour toi de former tes collaborateurs, comme tu l'as fait du jeune Adso, et de leur confier les missions que tu jugeras opportunes de leur donner pour la surveillance de la moralité des fidèles.

A l'issue de l'enquête, si tes enquêteurs ont suffisamment de preuves, tu devras agir selon ta conscience et leur ordonner les actions les plus aptes à guérir le mal: pénitence, flagellation, enfermement temporaire ou remise au bras séculier suivant ce qui te semblera judicieux pour sauver l'âme des pauvres pécheurs égarés.

Qu'Aristote et Christos soient avec toi,

Sylvester, papa

8. Phrases célèbres et reliques:

Clément reste donc connu d'abord et avant tout pour avoir posé les bases de l'Inquisition moderne.

Ses phrases célèbres:
" Bon sang, mais c'est bien sûr !"
" L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence".
" Lorsque la loi est arbitraire, ceux qui se placent dans l'illégalité sont les courageux dénonciateurs de l'oppression".
"Chercher la vérité, c'est bien; la découvrir, c'est mieux"
"La justice: le plus beau cadeau de Dieu aux hommes"

Ses reliques sont conservées à Loudun où il revint vivre à la fin de sa vie et où il mourut, chargé d'ans, en 397.

Traduit par frères Caleb et Jerem [/quote]


Dernière édition par Ellyrius le Mar 2 Juin 2020 - 14:41, édité 1 fois
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Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 13:33


Saint Corentin (Sant Kaourintin en breton) fut le premier curé de Brest .
Il est fêté le 12 décembre (Calendrier des saints bretons).
C'est l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne.
Il est le Saint Patron des pécheurs à pied bretons.
Il est fêté à Brest dans le Tro Breizh.


Saint Corentin est né à Brest en l'an 375. Eduqué dans la parole divine et l'étude du livre des vertus, sa piété lui valut d'éviter d'être enrôlé dans les troupes que mena le Roi breton Conan Meriadec contre les garnisons de l'occupant latin.

Désireux de parfaire sa foi, il se retirait petit à petit du monde pour se recueillir dans un oratoire loin de la ville de Brest. Perdu dans ses prières, il ne vit pas les mouettes lui apporter quotidiennement coquillages et bigorneaux pour le nourrir, allant jusqu'à coloniser une vasque d'eau bénite dans la chapelle.

Corentin grignotait distraitement quand une mouette rieuse lui apporta un jour un petit poisson, une anguille. Déjà rassasié par les fruits de la mer, Corentin sortit son couteau et en coupa un petit bout et laissa le poisson sur la margelle du bénitier, préférant finir sa lecture des logions de Christos.

Au petit matin, Corentin, se réveillant se signa avec l'eau bénite et constata que l'anguille était intacte et nageait dans le bénitier.

Corentin, veillant à chaque fois à s'excuser auprès du poisson, se nourrit alors exclusivement de petits bouts de cette anguille repoussant par la grâce divine chaque nuit.

De dépit, les mouettes prirent alors l'habitude de lâcher une partie de leur pêche sur l'estran de la plage permettant aux plus faibles de se nourrir sans avoir à pratiquer de pêche hauturière.

Les villageois de Brest, fort peu instruits dans la parole divine, car cette ville fut longtemps une paroisse reculée et éloignée, vinrent de plus en plus nombreux ramasser les poissons et, conquis par la simplicité et la gentillesse de Corentin, furent de plus en plus nombreux à la chapelle.

Mais le temps avait passé et au Roi Conan Meriadoc succéda le roi Grallon.

Celui-ci ne goutait point le poisson, à qui il trouvait un gout d'eau de mer en gelée. Aussi, il méprisait les pécheurs et gens de la mer et accordait toutes ses faveurs aux bouchers, aux éleveurs de bœufs et de verrats. Mais par-dessus tout, il ne jurait que par le gibier et la venaison et ne jurait que par cette viande.

Il n'hésitait pas à poursuivre une bête jusqu'à l'épuisement de sa monture ou du gibier. Une fois qu'il chassait aux alentours de Brest, il fit mourir son cheval sur la lande dans la fureur de l'hallali en distançant tous ses hommes et chut du haut de la côte sur la grève, restant inconscient. Les crabes commencèrent alors à le dépiauter jusqu'à l'arrivée de Corentin qui les éloigna. Il transporta alors l'homme jusqu'à la chapelle.

Le corps du Roi était mal en point, aussi Corentin décida d'essayer de le baigner avec l'eau du bassin à l'anguille. Ces soins firent merveille et bientôt le roi reprit connaissance et se sentit soulagé, libéré à jamais de la passion de la chasse qui le brulait comme un feu intérieur.

Ne sachant trop comment remercier son sauveur, il décida de l'observer pour déterminer comment le remercier au mieux. Mais les jours passaient et le roi convalescent se sentit tiraillé par une faim que ne rassasiait plus les quelques crabes pochés. Il émit le souhait de trouver de la viande pour se refaire le sang.

Voyons mon frère, dit Corentin, il faut observer ce que la nature nous donne à foison. Ici, vous n'aurez que quelque hase apeurée sur la lande, alors que les fonds sont poissonneux.

Le poisson ? Pfff ce n'est pas une nourriture d'homme cela. Rien ne vaut de la bonne viande pour se refaire le sang et les muscles !

Sans un mot Corentin prit son anguille et commença à la tronçonner en priant et la prépara ensuite en brochettes sur le feu.

Le roi fut captivé par le goût et qualité organoleptique de la chair du poisson et s'adressa alors à Corentin :

- Quel est ce miracle ? Depuis des années je n'ai mangé de chair aussi savoureuse, je me sens l'estomac apaisé pour la première fois depuis longtemps. Et ça ne me reproche pas comme un jarret braisé !

- Mon frère, ce poisson est l'image du peuple instruit dans la foi, si on en coupe un bout, il repousse et il est toujours prêt à apaiser les passions. Et ton esprit, Ô mon Roi (car Corentin avait percé le roi Grallon à jour depuis longtemps), se rassasie autant avec du poisson que tes muscles avec la viande. Tu ne peux gouverner un peuple de simple chasseurs, tels les peuplades pictes peinturlurées et païennes, car tu resterais dans l'ignorance de la révélation de la parole divine, restant plus bête qu'un animal et condamné à ne pas connaître la lumière.

Le Roi vit la justesse des paroles et décida, une fois rentré, de racheter régulièrement du poisson aux pécheurs bretons pour le mettre sur sa table à Rennes, pour le repas en l'honneur de Saint Noel, dix jours plus tard, ce qui le fit revenir à rennes avec un char à bœufs plein d'anguilles en bocaux, faisant de Corentin et de son anguille la mascotte des pécheurs bretons qui lui attribuent le renouvellement des troupeaux marins et l'abondance de la pêche à pied.

On dit qu'un bénitier avec une anguille vivante conservée traine dans quelque petite chapelle du Finistère. Attention, on dit aussi que l'anguille mord qui se signerait sans être croyant...

Traduit par anguillerusee
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Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 14:17


Enfance de Dominique

Alfredo Manguz était respecté de tous à Burgos. Son travail dans les champs et son goût pour l’effort forçaient l’admiration. Il est dit qu’il n’a jamais sollicité l’aide de quiconque pour ses récoltes et nourrir sa famille. Que ce soit de l’église, de l'Hôtel de Ville ou de quelque hobereau local. En vérité, la terre qu’il possédait avait été une lutte de chaque instant et à force de constance et de ténacité, il réussit à gagner suffisamment d’argent pour songer à avoir un héritier.

L'enfant tant attendu naquit prématurément pendant que son père se trouvait dans les champs. La surprise laissa la place à la joie et aux festivités qui auront lieu le 24 mars de l’an de grâce 1170. Le père regarda son fils, et avec assurance, le nomma Dominique en souvenir de son oncle mort au cours d'une bataille contre les maures en nord Afrique à l’occasion des guerres d'expansion du Royaume de Castille.

Le paysan souhaitait rappeler au sang de son sang la folie de laisser sa propre maison et sa propre terre pour vivre d’autres rêves. C'était le seul enseignement qu'il se sentait le devoir de donner vraiment. Il laissa à sa femme, Angélica, le soin des autres pratiques. Elle s’y appliqua avec son amour et Dominique su très vite son alphabet et les règles de calcul. Très pieuse, elle lui fit découvrir le Très Haut et les valeurs aristotéliciennes. Le soir, quand d’autres chantent des comptines, Angelica, elle, l'endormait avec la prière. Mais le vrai enseignement de la Foy fut enseigné par Francisco d'Izan, un cousin lointain, diacre en Burgos, qui le prépara au baptême. Lors de sa pastorale, Dominique fit preuve de talent et montra un grand intérêt pour la théologie. Dès qu’il fut en âge de lire et écrire en latin, il se mit à étudier avec une passion dévorante les Livres des Vertus.

Le fils de la Providence ne semblait plus être destiné aux moissons mais bel et bien à la cause religieuse. Dominique fut signalé au Curé local pour son tempérament et son engagement. Il n’avait que dix ans quand l'Évêque s'intéressa à ce prodigue et le prit sous sa protection. Son père ne l’entendait pas ainsi et Dominique décida de ne pas aller contre la volonté paternelle. De toute façon, Dominique était encore petit et il décida de bien se conduire. Son travail était irréprochable et son père pensa avoir enfin obtenu la récompense de ses efforts. Cette brève période de la vie du Saint ne fut pas dénouée de tout intérêt bien que cet épisode ne représenta qu’un bref instant en comparaison aux autres faits de son histoire. Le temps des champs engagea Dominique pour une année entière. Cette période lui fut propice. Comme mûrissent les fruits, c’est à cette époque que l'idée du cycle des saisons, du renouvellement et de la mort prit toute son importance dans l’esprit de l’enfant. Reconnaissant, l'enfant n’aura de cesse de remercier au cours des célébrations eucharistiques le Très Haut pour ce qu’il donne à l’homme en vertu de son engagement.

Plus le temps passait, plus il s’éloignait de la voie souhaitée par son père. Il savait apercevoir la puissance de Dieu sur la création de toute chose. A ses yeux, il ne faisait aucun doute que l'homme n’était qu’un engrenage, qu’une partie nécessaire à l'ordre établi, mais plus que tout inspiré par le Très Haut. La vie de Dominique changea au cours de l'hiver 1181 comme beaucoup de paroissiens de Burgos. Les évènements qui allaient suivre éloigneraient Dominique de sa famille pour longtemps. Durant l'hiver, temps du repos, tout semblait aller au ralenti. Dominique aimait entendre la vie à travers le vent frais et il adorait admirer l'enchantement des champs enneigés... Pendant une de ces journées, le Diacre Francisco lui fit parvenir une lettre pour la famille Manguz.

Burgos, XX Janvier, Anno Domini 1181,
À l'attention de la famille Manguz,

Chers amis,

Depuis fort longtemps votre Dominique est sous notre bienveillant regard et restons vigilent à son évolution. Nous connaissons le sens de son sourire silencieux. Nous connaissons le motif de sa finesse. Nous connaissons la raison de son obéissance. Et nous reconnaissons, en lui, la main profonde de la Providence. Nous savons qu’il doit servir un dessein différent que celui de travailler dans les champs. Nous le prédestinons à un grand avenir au service de notre maître à tous et à notre Sainte Eglise.

Par cette lettre nous souhaitons que vous puissiez nous le confier pour parfaire ses connaissances et son éducation.

Nous nous engageons à pourvoir à la nourriture matérielle et spirituelle qui lui sera nécessaire et à faire de lui un « astre » resplendissant.

Que la paix soit sur vous….

Son Eminence Alberto Vescovo Mendoza.

En lisant cette lettre, le père de Dominique prit connaissance de son aveuglement et se rendit compte de l’importance que pouvait avoir son fils pour les volontés du Très Haut. En rien il ne voulait aller contre cette destinée et il le laissa partir. C'est lors d’une belle journée de printemps que le Diacre Francisco d'Izan se présenta à la maison de Manguz pour venir le chercher et l’accompagner à Valence.

Ses Années de Formation

Entre toutes les écoles Bénédictines d’Espagne, celle de Valence était la plus apte à enseigner l'étude théologique et ce, sans oublier les autres domaines : philosophie, sciences et techniques, l’histoire, la politique. Ceci on le devait à l'érudition de quelques érudits Français. Cette école était tournée vers l'instruction des jeunes, recueillis sur l’ensemble du territoire, et ce, par devoir de charité et désir d'aider à l’épanouissement des esprits.

Dominique fut présenté comme un élève surdoué. Ce fut un allemand qui eut la préférence de Dominique, non seulement pour sa pédagogie débonnaire, mais pour ses idées religieuses. Il correspondait au nom latin de Moine Commentius. Ce professeur dans les sept ans qui suivirent, apprit au futur Saint l'analyse des textes, la manière efficace de les rappeler à l'esprit, les manières de les absorber et de les digérer tout en les confrontant à la critique.

C’est aussi à cette époque qu’il fit la connaissance de Fidelius Mendoza appartenant à la même famille que l’évêque qui l’avait pris sous son aile protectrice. Malgré leurs différences, ils devinrent amis. Fidelius, âgé de douze ans, était espiègle et étranger au travail des mains. Mais leurs différences et leurs contradictions finirent par prendre le dessus. Deux conceptions de la noblesse les divisaient. L'un considérait la noblesse de l'âme, l'autre croyait dans la noblesse des blasons seulement. Dans cette période, Dominique commença à s’habiller de vêtements dénués de tout effet ostentatoire synonyme, à ses yeux, de sagesse et de vérité. Quand Fidelius vit tout le respect que les autres avaient pour son ami, il comprit enfin toute l’importance des idées de Dominique. Depuis Fidelius enseigna à Dominique comme traiter avec les riches. Dominique lui enseigna comme traiter les pauvres. A la fin de leurs études, le Très Haut les éloigna mais sans jamais les détourner l’un de l’autre.

Dominique laissa l'École de Valencia à 18 ans et fut nommé Docteur pour sa splendide et énorme érudition. En quittant ce lieu, il eut ces quelques mots :
Aucune foi n'est possible sans la raison ou sans le cœur... mais jamais la raison ne doit agir sans le cœur, et le cœur ne doit jamais agir sans la raison"

La jeunesse:

Dominique est reconnu par tous les fidèles pour sa compassion et ce, dès son plus jeune âge. On raconte qu'en 1191, pendant une famine, il se sépara de ses biens pour donner à manger aux pauvres.

A l’âge adulte, il prit la voie de l’Eglise et devint diacre. Il faisait preuve d’habileté dans l’art de la diplomatie, dans l’art oratoire mais aussi dans la compréhension de l'âme humaine. Le jour où il fut ordonné par Mendoza, maintenant Cardinal, un groupe de corbeaux sillonna le ciel, suivi par un vol de colombes. Le peuple donna différentes interprétations à ce phénomène étrange. Les uns pensèrent que Dominique était là pour faire disparaître le malheur sur terre. Les autres, qu’il était là pour lutter contre le mal par la Foy et la paix. Mais tous pensèrent au miracle.

Une fois ordonné il prit la route pour un long voyage à destination des Terres du Nord accompagnant le cardinal Mendoza. Le fils du roi de Castille allait épouser la princesse du Danemark et Dominique devait les bénir. Le Cardinal Mendoza fut bientôt de retour en sa Patrie mais Dominique obtint l’autorisation de rester. Il souhaitait apporter un peu de prédication à ces gens que le Très Haut lui avait fait rencontrer. Dans les cinq années qui suivirent, de 1193 à 1198, il se ménagea pas ses efforts pour que l'Église danoise prenne corps. Il enseigna les techniques de récolte des champs qu’il avait déjà appris depuis son enfance. La reconnaissance qu’il obtint lui permit d’obtenir beaucoup de conversions.

A qui voulait bien l’entendre, il disait :
Faites-vous recueillir du haut, comme le réseau recueille les poissons, et vous serez nourriture spirituelle"

Dominique était bien établi auprès des communautés locales et il jouissait d’une grande reconnaissance... Beaucoup crurent qu’il se serait établi définitivement. Mais c’était sans compter sur les tristes nouvelles qu’il reçut de son père Alfonso. Il fut averti de la mauvaise santé dans lequel se trouvait Alfonso. L'Église lui accorda le droit d’effectuer un retour en famille pour l'extrême salut et pour les obsèques éventuelles. Le Maire de Copenhague lui mit à disposition le meilleur de ses destrier, et toute la ville exprima son profond désarroi et sa peine.

Quand il arriva à Burgos il ne reconnaissait plus personne. Malgré sa longue barbe et ses rides courroucées qui lui sillonnaient le front, sa mère réussit à le reconnaître et l'accueillit à la maison avec beaucoup de chaleur et d’empressement. Il se porta au chevet de son Père.

Francisco d'Izan nous raconteles derniers mots que Dominique laissa au parent mourant :
Mon Père il est dit que même la plus dure roche se plie à la pluie et au soleil qui nous frappent éternellement. Grande a été ta foi dans tes mains pleines de cors et dans le travail de la Terre. Il est arrivé pour toi le moment de changer... Maintenant tu tournes ta foi au Ciel, et pour toujours tu seras sauvé. Adieu, tu as été un homme bon et j'ai beaucoup appris de toi.

Dominique prend pleinement conscience de la vie et de la mort. Quand il les prononça, son frère, Alfonso Jr Manguz se trouvait dans les champs. Les deux s'observèrent à la distance et ce fut dans ces circonstances qu’ils se connurent, et dans lesquelles ils se quittèrent.

La maturité

Malgré le plaisir de retrouver sa terre natale, notre Moine fut toujours conscient d'appartenir à un ailleurs et d'avoir beaucoup à faire pour le Vignoble du Seigneur. Il conserva de Burgos un doux souvenir mais il ne revint jamais. Il reprend par la suite son voyage avec le but de revenir au Danemark pour y rejoindre sa communauté.

Sur le chemin, à la demande du souverain pontife, il dut s’arrêter dans la France méridionale pour éteindre les foyers païens. Ce qui devait être un bref passage, dura en réalité dix ans. Cela lui coûta beaucoup. L'Évêque de la zone le nomma prédicateur du Règne. Il soutenait qu'un Prêtre devait donner sa vie pour la diffusion du credo aristotélicien et pour combattre les hérésies en punissant ceux qui n'observeraient pas le Droit Canonique.

L'action de Dominique fut si efficace qu’il assuma le rôle de Missus Inquisitionis. Et en tant que tel, il fut convoqué, dans l'automne du 1211, à Rome, pour faire le point de la situation et pour exposer sa pensée et son œuvre. Dominique se fit rapidement remarquer. Le Pape l'estima vite pour sa grande connaissance des témoins sacrés aristotéliciens et pour sa grande ferveur spirituelle. Il se fit également remarquer par son idée de créer un ordre religieux qui comprendrait deux types de voies :
    - une itinérante pour qui désirait aller dans le vaste monde pour la conversion des infidèles et pour secourir les pauvres
    - un conventuelle pour ceux désireux de contribuer à la croissance culturelle de son Diocèse en enseignant dans les Universités, en dirigeant les séminaires…


Le discours que Dominique fit auprès du Saint-Siège est gardé dans les secrètes archives de Rome.

Le concile terminé, Dominique pu retourner au Danemark pour y finir ses jours. Dès son arrivée, il comprit que tous se rappelaient de lui et que sa renommée était presque légendaire. On lui avait même dédié une Place avec un buste. Autour, les champs étaient luxuriants, et jamais il s'était vu à mémoire d'homme tant d'abondance de poissons dans les fleuves avoisinants qui se jetaient à la mer. Une petite communauté d'hommes et de femmes s’étaient créée et s’étaient donné comme objectif de transmettre le souvenir et répandre la pensée du Très Haut. Cette Eglise régulière prospéra au fil des ans et passa son temps à glorifier le Très Haut. Les certitudes de Dominique furent de plus en plus solides et il voyait la Communauté croître avec fierté et surtout les jeunes s'enthousiasmer et s'allumer pour la foi.

L’idée de créer un Ordre bien précis, inspiré de la vie qu’on lui avait enseigné germa dans son esprit et il prit alors sa plume pour écrire au pontife.

Copenhague, XV Octobre de l’an de grâce 1218

Votre Béatitude,

Il est clair que les desseins du Très Haut nous concernant ne sont pas si lisibles que l’on souhaiterait. Cependant, avec le l’expérience et l’âge, ils nous deviennent certainement plus présents et intelligibles. Les signes qu'Il nous donne nous apparaissent comme évidents.

Je Lui suis reconnaissant de ce que mes yeux ont vu et pour la vie que j’ai menée. Maintenant je considère tout ce qui m’est arrivé comme une Providence, Sa volonté. J’entends remplir maintenant ce que je perçois comme ce qui est ma dernière mission.

Je vous écris afin que vous validiez notre démarche intellectuelle ainsi que notre Château de la rhétorique. Je vous demande donc de prendre en considération mes Frères et de rendre officiel la RÈGLE que nous avons créé à travers nos prières.

Vous envoi donc mon testament qui gouverne notre vie aujourd'hui, en espérant que vous lui donnerez votre approbation.

Votre très dévoué fils,

Père Dominique.

La réponse ne fut pas immédiate mais sa vie à Copenhague continua dans le respect de la foi et de la dévotion. Entre temps la santé de Dominique avait commencé à se détériorer. A qui lui faisait visite, il avait coutume de dire :
Celles-ci sont les modalités avec lesquelles le Très haut nous appelle à Lui… la souffrance nous met à l'épreuve, mais un jour nous serons dans la joie absolue.

Lorsqu’il eut des nouvelles du Pape, Dominique était alité fiévreux. Il ne s'agissait là ni d'un assentiment ni d'un désaccord… elle était plutôt une invitation à venir à Rome pour en discuter. Avec difficulté, Dominique se prépara pour sa dernière mission… conscient de ne plus revoir ses amis et incertains qu’il arriverait à destination.

À costoro Il dit :
Que veut dire l’expression de ces visages ! Avez-vous peut-être à redire sur les desseins du Très Haut ? Priez mes Frères, parce que si vous êtes des fidèles, un jour on se reverra tous aux côtés de Chrisots.

la mort :

Dominique atteignit Rome dans un voyage qui dura bien deux ans. Il pressentait que sa mort allait bientôt venir. Chaque arrêt lui était extrêmement douloureux mais nécessaire pour grappiller le peu de forces nécessaires pour continuer. Cependant, personne ne pouvait douter de sa force et de son obstination pour continuer ce périple.

Le X mars de l'Année du Seigneur 1222, Dominique franchit, épuisé, les portes de Rome... Plus tard, il est reçu par le Pape. Il passe ses derniers instants à détailler son projet aux Docteurs de l'Église qui devaient l'approuver. Toutefois, le 15 Novembre 1223, il s’éteint sur son lit de mort. Les médecins décident alors de faire brûler son corps pour que la maladie ne se répande pas. Mais quelque chose arriva : le corps de Dominique ne se consuma pas. On prit son cœur pour qu’il devienne une relique et on le porta successivement, pour être gardé, à Trieste, siège du premier Monastère dédié à son nom.

L'histoire de Dominique et de ces derniers jours, de l'engagement qu’il mit dans sa mission, continua de faire parler. Le Pontife qui l'avait accueilli resta en charge durant 15 ans. Son successeur qui avait entendu parler de ce Dominique dans le monde entier à cause de ces nombreux miracles le canonise et le reconnaît comme saint, Docteur de l'Église Aristotélicienne et Martyr, le 15 novembre 1240, jour de la commémoration de sa mort.

LA DOCTRINE:

– La prière :

" Il est fondamental dans la vie de chaque aristotélicien de prier." Avec ces mots, il incitait à la prière les fidèles qu’il rencontrait sur son chemin, certain de l'importance fondamentale de la prière dans la vie de chaque homme.
Il enseignait à prier le Seigneur et Ses Prophètes, non seulement dans les moments du besoin, mais aussi et surtout pour le remercier pour Ses Saints tu donnes.

– La conversion :

"Chaque homme, beaucoup plus s'il a consacré la vie à Notre Seigneur, se doit de répandre Son Mot, parce que la foi n'est pas un trésor qu'il va conserver avidement mais propager et offrir à tous de manière à ce qu’ils puissent se réjouir et se sauver dans la Gloire de Notre Très Haut"
Dominique, qui avait reçu du Pontife la charge de convertir les païens, incitait de cette manière ses "frères de foi" à collaborer pour répandre le Credo Aristotélicien.

– La pénitence :

"Il est nécessaire, parfois, et ceci afin de faire comprendre ce qu’est le vrai chemin aux peuples qui n'ont pas la connaissance que la repentance est là pour les aider à entreprendre le chemin juste vers le salut et la rédemption ." .
Avec ces mots Dominique qui vient d’être nommé Missus Inquisitionis, explique les motivations et la nécessité de répandre la Foi par la Sainte Église Aristotélicienne.

– L’église :

"Hélas, malheureusement, au monde il y n'a pas un Royaume, un duché, une principauté, un gouvernement qui puisse atteindre la perfection. Je suis reconnaissant à Notre Très Haut pour le cadeau qui nous a fait en nous inspirant le création d’une structure telle que la Sainte Église Aristotélicienne qui peut se déclarer incapable de vaciller." Avec ces mots, Dominique proclame sa fidélité totale à la Sainte Église Aristotélicienne.

– La pauvreté :

"Sur Terre, rien ne reste. Tout ce que Notre Seigneur donne sera repris un jour. Il a créé le monde avec ses créatures et ses ressources pour que l'homme en tire avantage avec modération. Notre Seigneur ne veut pas voir un homme conserver des biens qui ne lui sont pas nécessaires. En réalité je vous le dis, que celui qui agira de la sorte attirera la colère du Très Haut. Je vous exhorte, frères et sœurs, à vous en tenir au strict nécessaire. Vous n'accumulerez pas, parce que ce que le Très Haut donne le Très Haut vous l’enlèvera."
Dominique, convaincu qu’il est l'élément essentiel pour maintenir une bonne conduite de vie, décide de faire de ces mots les siens et à propager cette philosophie.

Ses règles :

I. Je dois mon existence au Très haut, mon supérieur, et je dois suivre les règles de vie édictées par nos prophètes pour le salut éternel de mon âme.

II. Je dois une obéissance absolue à notre Sainte Eglise et ses représentants garants de la continuité du travail des apôtres.

III. Ceux qui ont décidé de suivre ma manière de vivre sont mes frères et camarades, fils du Très Haut et destinés à la même mission.

IV. La Connaissance prend sa source dans les propos d’Aristote. L’étude et la connaissance doivent être les fondements de ma vie. C’est un chemin difficile mais le plus sur pour s’assurer le salut de mon âme.

V. L'hérésie prend son origine dans l'ignorance. Je me fais un devoir d’enseigner nos préceptes pour remettre sur le droit chemin toute personne qui aura corrompue son âme.

VI. La Vraie connaissance ne peut s’acquérir qu’en vivant dans le partage, la communion, le partage du savoir et la prière.

VII. Il est de mon devoir de voyager pour propager la Connaissance de notre Foy.

VIII. Il est juste de suivre les propos d’Aristote concernant l'importance fondamentale de la Paix, base essentielle de notre vie en Communauté, garante de l’harmonie et de l’amitié.

IX. L'humilité, fondement de toutes les Vertus, doit être toujours présente dans ma vie pour que je puisse devenir un exemple à ceux qui me suivent.

X. Chaque violence me fait horreur et je ne soulèverai jamais un bâton contre un autre frère. Si une personne commet un acte de violence, il ne m’appartient pas, à moi, de le juger mais au Très Haut à la fin des temps.

Jour du Saint : 15 novembre

Reliques : Cœur du Saint brûlé
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Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 14:34


Dominique naquit en 1302 à Chinon en Anjou. Fille de pieux parents aristotéliciens, elle avait pour tante la Mère supérieure du Couvent des Sœurs Aristotéliciennes de Chinon. Bercée par les préceptes d'Aristote et de Christos durant toute son enfance, elle décida, à l'âge de 15 ans, de rejoindre sa tante au couvent et de sa faire moniale.

Elle se plongea dans l'Etude des textes sacrés et devint rapidement la plus instruite des sœurs. La Mère supérieure lui confia alors, pour ses 25 ans la charge de la célébration des messes, de la tenue des registres au sein du couvent et de l'enseignement de ses consœurs, tâches pour laquelle son érudition théologique fut unanimement appréciée de ses sœurs.

Sa connaissance des Saintes Ecritures fut telle, que le curé de la paroisse de Chinon vint souvent la voir pour étudier auprès d'elle. Une sincère amitié aristotélicienne naquit entre ces deux êtres voués à l'accomplissement de l'œuvre de Dieu. Rapidement, les paroissiens de Chinon commencèrent à venir la voir pour lui demander conseil sur la façon dont ils devaient conduire leur vie pour rester dans les pas de Dieu.

C'est alors que sa tante décéda, en 1335, et tout naturellement, ses sœurs la choisirent pour nouvelle Mère Supérieure.

Mais le malheur s'abattit alors sur la France quand commença la terrible guerre de 100 ans. Chinon fut envahie par les anglais et pillée... L'anarchie se répandait, les villes étaient paralysées par la peur.

Pourtant, à Chinon, la présence rassurante de Mère Dominique fit se rassembler les croyants aristotéliciens autour d'elle, dans l'espoir et la prière. Le Curé de Chinon, qui était très aimé, décéda à son tour. Et dans ces temps de trouble, loin de Rome et de l'évêque d'Angers qui avait dû fuir son évêché, les paroissiens de Chinon se retrouvèrent sans curé...

L'impossible se passa. Malgré l'interdiction faîte en cette époque aux femmes de tenir une cure ou de procéder aux sacrements, les paroissiens de Chinon supplièrent Dominique de devenir leur curé. Cette requête troubla beaucoup Dominique, qui partit en prière demander à Dieu de l'éclairer. C'est alors que lui apparut en songe l'Archange Galadrielle qui lui dit :

Dominique, Dieu n'a pas voulu que les femmes soient exclues de la prêtrise. Il nous a fait homme et femme égaux. C'est pourquoi homme comme femme doivent pouvoir consacrer leur vie à Dieu dans les mêmes conditions, et donc atteindre les mêmes charges en son Eglise.

Dieu ne veut plus de cette mise à l'écart des femmes.

Dominique, tu es l'exemple même de la femme digne des plus hautes charges. C'est pourquoi, tu seras un exemple pour les générations à venir.

Dominique, va confiante auprès de tes paroissiens et accepte leur requête.

Dieu est avec toi !

Au matin, Dominique alla rejoindre ses paroissiens et accepta de devenir leur curé. Elle remplit son rôle avec tant de ferveur aristotélicienne, elle fit des sermons si empreint de sagesse, de piété, d'amitié aristotélicienne, que son nom finit par parvenir aux oreilles de Rome.

Il fut alors rapporter à Rome qu'un curé de Chinon, du nom de Dominique, déplaçait les foules en Anjou, que ce curé était un phare au milieu de l'horreur de la guerre, une lueur d'espoir qui faisait tenir des milliers de paroissiens.

La Guerre n'en finissait pas, et Dominique vieillissait... Elle forma bientôt une jeune fille prénommée Karine pour lui succéder. Puis Dominique décéda en 1393, la nouvelle fut accueillie par une grande tristesse au sein de la population de l'Anjou et nombreux furent ceux qui vinrent à la cérémonie d'inhumation que célébra sa disciple.

La nouvelle arriva jusqu'à Rome qui décida d'envoyer une enquête sur ce Dominique, qui semblait promis à une sanctification prochaine. L'envoyé de Rome arrivant à Chinon apprit alors la vérité sur Dominique et en fut scandalisé. Il décida d'emmener Karine à Rome pour qu'elle soit jugée et condamnée pour avoir violée le droit canon et pris la place du curé, elle une simple femme, et d'avoir ainsi continué l'œuvre de l'impie Dominique.

Arrivée à Rome, un procès fut commencé contre Karine, qui défendit avec ferveur Dominique, relatant tout ce qu'elle avait fait. Les cardinaux furent touchés par les propos sincères de cette jeune fille et décidèrent de mener une enquête. Durant de longues années, Karine défendit avec ferveur Dominique, fit venir des paroissiens de l'Anjou pour corroborer les faits qu'elle relatait. Et ce fut finalement en 1418, à l'issue du Concile de Constance, que Dominique fut déclarée Sainte. L'Eglise reconnut alors que les femmes seraient accueillies en l'Eglise comme les égales des hommes et que dorénavant toutes les charges leur seraient ouvertes.
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Message par Ellyrius Mar 2 Juin 2020 - 15:11


En l’an 1455, deux érudits aristotéliciens découvrirent, dans une section recluse de la bibliothèque de la paroisse de Launceston, des parchemins jaunis par le temps et rongés par l’humidité dressant le portrait d’une remarquable femme ayant habité le village quelques décennies auparavant. Il leur fallu un labeur incroyable pour parvenir à rapiécer feuille après feuille de ce qui s’avéra constituer un formidable récit…

L'Epopée de Sainte Dwywai, dite La Frénétique


Son enfance:

Sainte Dwywai naît au XIIème siècle à Launceston, dans le comté anglais des Cornouailles. Son père, Urien, le boucher du coin, était bien connu pour son tempérament colérique et bouillant. Sa mère, Nyfein, était d’une beauté foudroyante, sans aucun doute la plus jolie femme du comté. Sa longue chevelure possédait la délicate teinte dorée des épis d’orge, tandis que de son visage resplendissant émanait l’odeur fine du houblon. Dwywai vouait à sa mère un amour sans bornes, et avait l’habitude de s’accrocher aux longues tresses de sa génitrice, tiraillant ses mèches fines et l’assaillant de diverses questions durant tout le temps que prenait l’étape du brassage de la bière, que la petite famille effectuait dans sa demeure. Nyfein promulguait sans relâche les bienfaits de cette boisson maltée à son entourage, proclamant à tout vent les effets bénéfiques sur la santé non négligeables que sa consommation conférait. Dwywai ferait d’ailleurs bon usage de cette recommandation durant son adolescence.

À l’âge de neuf ans, son père et sa mère entretenaient souvent d’âpres diatribes, son père infligeant couramment certains sévices à sa mère, la battant notamment avec d’imposants morceaux de viande crue. Certains villageois furent d’ailleurs témoins de scènes conjugales ou Urien menaçait de décapiter sa femme à l’aide d’un couteau de boucher. Un jour, Nyfein s’enfuit et se précipita vers la lande, ou elle disparut pour de bon dans le brouillard, sans crier gare. Elle ne fut jamais revue, les villageois tenant pour compte qu’elle avait été dévorée par le monstre des landes, qui écumait à ce moment les terres arides de l’Angleterre australe. Certains affirmèrent même qu’elle aurait été la victime de son mari, qui l’aurait hargneusement poursuivi à travers le brouillard.

Troublée et affligée par la disparition de sa mère, Dwywai devint subitement sujette à d’ahurissants élans colériques de même que par moments à une lévitation intempestive et involontaire, un remarquable symptôme de dépravation. On la vit soudainement grimper des arbres durant des averses de grêle, s’introduire dans des fours de boulanger et même escalader, lors d’une nuit noire durant laquelle une féroce tempête rageait, la flèche de l’église du village, ceci afin d’échapper aux médisances de son père qu'elle ne supportait plus. Urien ne supportait plus la présence de sa fille, et l’envoya hors du village, dans le couvent de Tarrant-Kaines, dans le Dorset.

Les évènements miraculeux dont Sœur Dwywai fut l'objet:

Reléguée dans ce couvent, Dwywai s’adapta néanmoins rapidement à la vie ecclésiastique.

Se réfugiant dans l’astreignant processus de fermentation de la bière, elle parvint à atteindre une certaine mansuétude intérieure. On raconte que durant le temps que dura son séjour dans l’abbaye, la qualité du breuvage augmenta exponentiellement, comme si les cuves elles-mêmes avaient été bénies par Christos. Les pèlerins du comté affluèrent en grand nombre à l’abbaye dans le simple but d’ingurgiter quelques goulées de ce nectar divin, ce qui profita grandement à ladite abbaye. Les brasseurs de l’ensemble de l’Angleterre commencèrent à réciter sa prière dans l’espoir que ces paroles attribueraient la touche miraculeuse dont était gratifiée la bière de Dwywai :

Bénissez, Ô Jah, cette bière délectable, ce breuvage d'Homme que vous avez permis par la douceur du grain : qu'il constitue un salutaire remède aux maux de la race humaine : et attribuez-nous la concession par l'invocation de votre saint nom, à l’ingurgitation de cette boisson, de la santé du corps et d’une sauvegarde sûre pour l'âme. Par Christos notre seigneur. Amen.

Certaines des nonnes crurent que la vente de la bière devait être réservée aux vertueux aristotéliciens, car elle était trop riche pour faire partie de leurs vies ascètes ; elles buvaient désormais de l'eau pour étancher leur soif. Dwywai affirma qu’elle discernait les traces du péché dans l'eau potable de l'abbaye et invita les sœurs à ne consommer seulement de la bière, mais ne réussit pas à convaincre ses pairs. Un matin, alors qu’elle livrait des bandages et d’autres provisions à l'infirmerie, Dwywai remarqua que les sœurs malades ne provenaient que du groupe qui refusait obstinément la consommation de bière. Elle conjura donc l’abbesse de leur faire absorber quelques gouttes de boisson maltée, ce qui les guérit quasi instantanément. Ce fameux épisode de vie monastique fut un véritable miracle car Dwywai parvint à sauver des kyrielles de vies, en soutirant aux grands maux tels que la Peste Noire des gens à qui elle avait fait boire de l’eau chauffée et filtrée lors du processus de brassage de la bière.

Elle apprit rapidement à lire et à passer un grande partie de son temps dans le Scriptorium, dévorant les menus ouvrages que la bibliothèque de l’abbaye abritait. Une des sœurs plus âgées lui enseigna l’écriture, et elle apprit bientôt à imiter la somptueuse calligraphie des grands manuscrits, que seuls peuvent consulter aujourd’hui les mieux nantis. Sur des résidus de parchemin, elle dessinait dans ses temps libres de grossières icônes de Christos et d’Aristote, mettant à bon usage la peinture qu’elle tirait de plantes diverses et d’argile. La sœur bibliothécaire l’encouragea dans son travail, et on lui demanda éventuellement d’illustrer le prestigieux livre d’autel.

Abritée à l’abbaye, dans les murs de laquelle elle respirait une quiétude et une plénitude incomparable, elle réussit à maîtriser ses instincts agressifs de même que ses immondes accès de rage, elle retrouva la pureté et l’espoir qu’elle possédait avant la disparition de sa mère. Ses attraits se développèrent, et son charme rayonnait et influait sur tout ce qui l’entourait. Lorsqu’elle travaillait au champ, entonnant des hymnes pastoraux, il jaillissait d’elle une aura de sérénité et de sagacité céleste. On s’arrêtait souvent pour la regarder, absorbé dans une méditation silencieuse, sidéré par ses attraits. Ses talents se propagèrent donc rapidement à travers les îles angloises.

Durant ce temps, en Cournouailles, Urien écumait la lande à la recherche d’une compagne aussi resplendissante que Nyfein. À Exeter, il eut vent des attraits de sa fille, et décida brusquement de la récupérer, par toutes les manières possibles, ne voulant pas lésiner sur les moyens : ainsi, il inséra soigneusement son couteau de boucher dans ses bagages, son esprit féroce entrevoyant déjà ce que pourrait lui procurer sa fille.

Dwywai ensemençait un champ de houblon quand elle vit son père s’approcher. Elle courut immédiatement se réfugier parmi les cuves de bière. Lorsqu’Urien frappa à la porte de l’abbaye, il fut accueilli par l’abbesse qui refusa l’entrée au forcené, mais qui accepta tout de même de convoquer Dwywai afin de lui présenter son père. On la chercha dans tous les recoins, en vain, et c’est beaucoup plus tard qu’on la trouva, transie de froid, dans les celliers du monastère. Dwywai expliqua ses craintes à l'Abbesse, qui consentit à contribuer à son évasion. Bien qu'elle ait généralement évité les bains à cause de l’eau, dont elle avait horreur, elle accepta de s’immerger complètement dans une des cuves de bière fraîche, parvenant à surmonter sa répugnance pour cette souillure involontaire de bière. Ce récipient fut ensuite chargé sur une charrette de pèlerin qui se dirigeait vers Dorchester.

La cuve fut laborieusement ouverte, et l’on parvint à extirper Dwywai de ce refuge où elle s’était enfermée bien malgré elle. Le pèlerin qui charriait cette cuve, ayant tout récemment expié ses péchés, fut soudainement investi d’un désir charnel moribond, et se précipita vers elle. On raconte que dans un effroi religieux, Dwywai fut saisie de stupeur, et mourra sans crier gare. Durant son service funéraire, sa dépouille se mit soudain à s'élever vers le plafond de l'église. Le prêtre lui ordonna de descendre, ce qu'elle fit en se posant sur l'autel. Elle n'était pas morte et vécut à Dorchester jusqu’à son décès véritable. Les horreurs de son enfance ressurgirent peu à peu, loin de l’influence calmante de l’abbaye. La puanteur nauséabonde du péché de ses voisins la dérangeait tellement qu'elle dormait sur des cailloux, lévitait, passait de longs moments dans les tombeaux ou s'entourait même de flammes pour y échapper.

Considérant Dwywai comme un curieux cadeau de Jah, ils acceptèrent ses déclarations plus aisément que celle des autres sœurs. Les idiots du village devinrent ainsi des ivrognes, à l'exception de deux benêts qui insistaient à se laver dans des chaudrons d'huile bouillante. On dit de Dwywai qu'elle transformait l'eau du bain des plus pauvres et des plus défavorisés par le toucher. Ainsi, les paysans étaient épargnés par la peste et aux impuretés de l'eau.

Les aristocrates ne purent jamais accepter ses convulsions extatiques, et étaient particulièrement inquiets par ses propres actes d'auto-mutilation. Quand Dwywai s'attacha à une roue de moulin pour être traînée, apparemment sans aucune blessure, dans l'eau boueuse de la rivière, ils prétendirent qu'elle était habitée par la créature sans nom.

Un bourreau, convoqué pour la libérer de ses crises étranges, la fit brûler vive. Au moment même où il jeta des serpents et des scorpions sur elle, se tenait à l'intérieur comme si elle se trouvait dans de l'eau froide, remerciant et adorant Jah, puis elle poussa un cri « Je suis déjà bien assez cuite d’un côté, il faudrait me tourner, si l’on veut m’apprêter à point !».

Durant les dix jours qu’elle passa sur les braises, elle s’en réchappa sans aucune brûlure puisqu’elle avait acquis maintes aptitudes de maîtrise des brasiers de la part des orphelins du village, qui avaient l’habitude de mettre feu à l’orphelinat. Elle est considérée par les savants de l'église comme ayant lancé l'engouement pour la flagellation, dans laquelle les moines fouettent leur dos afin de débarrasser leur cilice des infestations de charançon.

Ses reliques:

Une nuit, alors qu’elle se roulait dans un tonneau formé de pointes de lances affûtées et acérées, Soeur Dwywai disparut subitement par combustion spontanée humaine, encore un miracle inexplicable référencé dans les annales romaines.

Pendant plusieurs siècles, ses reliques en lévitation dans les salles des ventes aux enchères firent grimper sa valeur qui atteignit le double du prix de la tête de Saint Dymphna. L’église paroissiale de Saint Hasselhoff à Launceston abrite aujourd’hui l’avant-bras de cette illustre femme (« le bras avec lequel elle remuait les cuves de bière »), parmi ses reliques les plus précieuses.

Trduit par le Père Eraine.
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Message par Ellyrius Mer 3 Juin 2020 - 14:51


"Séparés par le corps dans les diverses parties du monde, qu'ils soient indissolublement unis par l'âme... Vivant dans la même Règle, avec les mêmes coutumes."

La très sainte et des plus pieuses vie de Saint Étienne, fondateur de l'Ordre de Cîteaux (Ordo Cistercensis), rédacteur de la règle cistercienne et de la charte de charité, qui toute sa vie durant travailla pour l'épanouissement de l'idéal monastique prôné par Saint Benoît.

Oeuvre de Monseigneur Zaguier de Bouviers, d'après de nombreux textes d'alors, et rédigée en l'Abbaye Cistercienne Saint-Arnvald de Noirlac.


Premières années

Saint Étienne naquit vers 1060, dans le Dorset, région méridionale de l'Albion, au sein de la grande, ancienne et noble famille de Harding. On ne sait peu de choses sur ses parents, si ce n'est que son père fut un administrateur admiré et aimé par ses censitaires, auprès desquels il était fort généreux. On sait aussi qu'Étienne reçut une éducation religieuse et pratique poussée, au point où ses connaissances impressionnèrent les autorités religieuses locales.

Ceci dit, la part d'ombre sur sa vie se lève complètement quand Étienne de Harding choisit la vie monastique. En effet, à partir de ce moment-là, grâce à l'assidu travail des moines qui côtoyèrent le saint, de nombreux écrits et registres nous permettent de connaître avec précision le déroulement de sa vie. On sait qu'il entra à l'abbaye bénédictine de Sherborne à l'âge de 15 ans. Après un noviciat rapide et fructueux, il fut élevé frère par l'abbé Roger de Lisieux, d'origine normande, qui le nomma chantre, où ses connaissances déjà très complètes en Christologie lui furent très utiles. Étienne resta cloitré à Sherborne pendant quatre ans, priant avec ferveur et sans relâche. Ces quatre années, il les utilisa à bon escient, ayant lu tous les ouvrages de la bibliothèque de l'abbaye, faisant de lui un érudit hors pair. D'ailleurs, il fut, après le décès de l'abbé de Lisieux et le remplacement de ce-dernier par un nouvel abbé, Richard de MacGroar, d'origine écossaise, rapidement nommé par ce-dernier chapitrain, qui en plus de le récompenser pour son érudition, voulait fait un contre-poid aux français très présents au sein du chapitre. En effet, l'abbé de MacGroar souhaitait que le monachisme s'internationalise, au lieu de rester une mode française. En quelque sorte, on peut dire qu'il était un précurseur du concept d'internationalisation, et son influence fut grande sur Sainte Étienne, qui en fit un but, un objectif et un devoir des cisterciens.

Cependant, Saint Étienne ne resta pas chapitrain bien longtemps, puisque l'abbé le fit nommer lecteur au séminaire de Winchester, fondé quelques années auparavant, comme de nombreux autres à travers l'Europe, grâce à des lettres patentes de Grégoire VII, qui souhaitait une meilleure formation des prêtres, ce qui était à ses yeux essentiel et primordial pour lutter contre le nicolaïsme et la simonie. C'est au sein de ce séminaire qu'Étienne put s'initier à l'aristotélisme, doctrine alors réservée à une petite élite au sein des prélats et des plus éminents théologiens. L'affirmation de la sociabilité de l'homme est un choc. Étienne découvre alors la futilité de l'idéal monastique bénédictin, qu'il tente de réformer.

Il réussit à fonder un hospice sous l'autorité de l'ordre, qu'il administre seul, puisqu'il est le seul à maîtriser des concepts de médecine, acquis au séminaire, mais ses autres tentatives resteront sans suite. Un nouvel abbé succède à MacGroar, Nicolo Aldobrandeschi, d'origine italienne, qui ne veut rien savoir des idées d'Étienne et l'expulse de Sherborne.

Cantorbéry, puis Rome

Saint Étienne déménage alors à Cantorbéry, siège de la primatie des angles, et se place sous la protection du nouvel archevêque, Baudoin d'Exeter, proche de la famille royale normande. Étienne, élevé chanoine, devient alors clerc séculier, tandis que l'archevêque lui confie la doyenné de la cathédrale. Étienne de Harding a alors 25 ans. Les théologiens de la ville, et ses confrères du cloître de la cathédrale, sont beaucoup plus réceptifs à ses propositions de réforme de l'Ordre Bénédictin, et se tiennent au fait des actualités romaines. Saint Étienne se fait remarquer pour ses prêches et est élevé seigneur par le roi Henri II.

Finalement, Monseigneur Baudoin propose à Étienne d'effectuer un pèlerinage à Rome. Enthousiaste, et voulant profiter de l'occasion pour discuter de son idéal avec nombre de théologiens du continent, Étienne se prépare quelque peu et met de côté quelques sous pour le voyage avant de recevoir le bourdon après une courte messe célébrée dans le chœur de la cathédrale.

Son voyage débuta par une traversée de la Manche qui fut plutôt calme selon les dires même d'Étienne, et il prit ensuite la direction de Paris, où il ne fit qu'un bref arrêt, déçu par les théologiens de la ville, et emprunta ensuite la Via Agrippa, qui l'amena jusqu'à Rome en passant par les principales villes italiennes. À Boulogne, l'université lui réserva un bon accueil, et ses thèses ne furent pas autant décriées qu'elles le furent à Florence. Néanmoins, les conditions météorologiques furent avec lui.

Arrivé à Rome, il se plongea dans la lecture d'ouvrage sur Aristote. Il y découvrit les livres du panégyrique et du siège d'Aornos, qu'il dévora, mais qui furent pour lui très décevant, n'y trouvant pas d'arguments pour étayer ses idées de réforme. Cependant, il se lie d'amitié avec l'archevêque de Lyon et primat des Gaules, Hugues de Bourgogne. Après quoi, Étienne se fait connaître grâce à ses messes, mais aussi, et surtout, grâce aux débats théologiques qu'il mène et organise au sein de la faculté des sciences théologiques de Rome. Il entre même dans l'entourage du pape, mais son aristotélicisme un peu trop marqué lui vaut des critiques, et il préfère finalement suivre l'archevêque Hugues, qui retournait dans son diocèse.

Molesme et Cîteaux

La remontée sur la Via Agrippa se fit sans problème, la région n'étant pas alors infestée de Lion de Judas comme elle l'est aujourd'hui. Arrivé à Lyon, Étienne fit la connaissance de Robert de Molesme, qui visait le même saint et noble objectif que lui. En effet, Robert avait souhaité lui aussi réformer le monachisme, et avait pour ce faire fondé une abbaye, l'abbaye de Molesme. Cependant, cette-dernière était en grande difficulté. Établie sur un flanc de montagne, une terre infertile et loin de toute bourgade, un endroit dont personne ne voulait, l'abbaye sombrait dans l'acédie. Au départ, l'établissement n'était composé que de cabanes de branches autour d'une chapelle dédiée à Saint Hubert. Rapidement, la maison de nouveaux moines, rétifs à tant d'austérité. Ces moines, désespérés par leur situation, ne voulaient surtout pas suivre les enseignements de Robert, encore plus draconiens, et continuaient malgré tout d'honorer l'interprétation bénédictine de la règle de Saint Benoît. Étienne promit toutefois à Robert de venir le seconder à Molesme, mais après quelques temps, la tâche s'avérait tellement ardue que Robert et Étienne se décidèrent à trouver une solution.

Les deux moines avaient un rêve, celui de fonder une abbaye sur une vraie terre, une terre fertile et accueillante. Mais pour cela, il fallait obtenir une concession de la part d'un seigneur ou d'un propriétaire terrien, et peu s'étaient prononcés en faveur d'une réforme de ce qui était alors l'ordre le plus puissant d'Europe. Néanmoins, Étienne était convaincu que ses idées, de par leur originalité, mais aussi de par leur sérieux, séduirait un important vassal de Sa Majesté. Ce noble, ce fut Renaud de Beaune. Après qu'Étienne soit passé à sa cour, séduit par son discours, le vicomte de Beaune lui offrit une terre fertile au milieu d'une grande forêt.

Avec quelques moines de Molesme, Étienne de Harding et Robert fondèrent l'abbaye de Cîteaux. Dans les premiers temps, la nouvelle communauté travailla à défricher la terre. Ils revendirent les stères de bois et purent acheter des pierres pour l'embellissement de leur abbatiale. Dès la première année, les moines réussirent à tirer profit des champs. La récolte fut très variée. En effet, prévoyants et instruits, Étienne et Robert avaient organisés les cultures de manière à tirer profit des grandes terres du domaine abbatial, c'est-à-dire en y cultivant le plus possible. Grâce à la technique de l'assolement triennal, les moines réussirent à récolter une quantité de légumes, mais aussi une quantité de grains, que ce soit du blé, que les frères boulangers transformèrent en pain, du houblon, que les frères brasseurs transformèrent en bière et alcools divers, qu'on vendait, tout comme les surplus des autres cultures, aux villageois, ce qui permit à l'abbaye d'amasser des sommes considérables, ou encore de l'orge. La structure était là, il ne manquait que l'organisation pour avoir la règle d'un ordre monastique des plus solides.

Toutefois, les débuts de Cîteaux ne furent pas toujours faciles. S'il y eut discorde dans la nouvelle abbaye, ce fut surtout à savoir qui de Robert de Molesme ou d'Étienne de Harding serait élu abbé. Les moines furent séparés en deux factions, et le chaos fut maître des lieux jusqu'à ce que le sage Saint Étienne décide de reconnaître son frère comme abbé, pour mettre un terme à la désolation causée par la désunion de ceux que l'on appelait déjà les cisterciens.

Ceci dit, les moines de Molesme vinrent à Cîteaux pour se repentirent, et implorèrent Robert de redevenir leur abbé, en échange de quoi il se soumettrait aux principes et coutumes de Cîteaux, ce qu'il accepta. Étienne de Harding et Robert avait réussi à mener à bien leur réforme du monachisme.

La Charte de Charité

Suite au départ de Robert, Étienne fut proclamé abbé par acclamation. Il nomma ensuite le frère Albéric comme prieur de l'abbaye, ainsi qu'un chapitre. Entre-temps, l'idéal monastique cistercien s'était grandement répandu en France, et il devenait urgent d'établir les structures d'un nouvel ordre. Étienne se pencha alors sur la rédaction ce qui devrait être le texte fondateur pour tous les frères cisterciens.

La nouvelle règle énonçait les valeurs fondamentales de l'Ordre Cistercien : la charité, qui consiste en l'aide du plus démuni et le refus et le rejet de l'égoïsme, l'exemplarité, qui est le respect d'un code d'honneur implicite ainsi que la foi.

L'abbé de Cîteaux, soucieux de l'internationalisation de l'ordre et du bon fonctionnement de ce-dernier, inclut aussi dans la charte des mesures administratives. Il fixa d'abord les modalités d'établissement de l'ordre. Ainsi, une abbaye cistercienne ne peut être ouverte que si trois moines se trouvent dans la même région, et avec l'accord du chapitre d'une abbaye-mère de l'ordre. La nouvelle abbaye devenant donc fille de l'abbaye-mère. Ensuite, il établit le fonctionnement des élections pour les abbés, ainsi que les charges, les fonctions et les statuts de chacun.

Saint Étienne, voulant donner à la règle cistercienne un nom évocateur, la baptisa Carta Caritatis, ou Charte de Charité, pour signifier la principale et plus importante valeur de l'ordre.

Saint Bernard et dernières années

L'abbaye de Cîteaux florissait et devenait de plus en plus importantes, et sa réputation dépassa largement la Bourgogne. La réforme cistercienne intéressait beaucoup de gens, et les théologues les plus respectés se penchaient régulièrement sur la situation de l'ordre naissant.

Évidemment, Cîteaux accueillait chaque année un incessant flot de novices, venus pour y vivre dans la vertu, dans l'espoir d'obtenir le salut de leur âme et ainsi atteindre le soleil. C'est dans ce contexte qu'un jeune nobliau venu directement de sa région de Dijon natale, qui deviendra plus tard Saint Bernard de La Bussière, intégra l'Ordre Cistercien. Tel Saint Étienne, qui aimait, en tant qu'abbé, admirer sa réussite, Saint Bernard passa avec brio le noviciat, et fut rapidement promu aux charges les plus importantes et les plus prestigieuses de l'abbaye. En effet, il en vint même à être nommé recteur de l'abbatiale, devenant en quelque sorte le bras droit d'Albéric. Chargé de la célébration des offices, il prêchait, chaque dimanche, les vertus et les bienfaits du cistercianisme, et ses qualités lui valurent d'être grandement considéré, même parmi le clergé séculier et la société laïque. Après s'être entretenu avec le collège des nobles bourguignons, Saint Bernard, qui avait entre-temps été élevé chapitrain de Cîteaux, vint voir Saint Étienne pour obtenir l'autorisation de fonder une abbaye-fille sur les terres de La Bussière sur Ouche.

Étienne, trop heureux d'assister à la fondation d'une seconde abbaye soumise à la règle cistercienne, accepta avec enthousiasme. Cette nouvelle abbaye ne fut que la première d'une longue série, et grâce aux mesures prises par Saint Étienne en matière d'internationalisation, mais aussi grâce aux connaissances et au charisme de Saint Bernard, l'Ordre put s'installer en Irlande, en Scandinavie, dans la péninsule Ibérique, etc.

Même s'il aurait voulu lui-même participer à l'expansion de l'Ordre Cistercien, Saint Étienne ne le put en raison de son grand âge. Malgré cet ultime regret, il restait fidèle à la règle qu'il avait écrite, faisant toujours preuve de grande charité. Petit à petit, il déléguait ses responsabilités à Albéric, qui devint le troisième abbé de Cîteaux, mais aussi aux jeunes qui s'étaient joints à la grande famille cistercienne et faisait preuve d'enthousiasme et de motivation.

Chaque jour, on pouvait le voir méditer tout en se promenant dans les grands domaines de l'abbaye.

Le trépas

Saint Étienne de Harding, fondateur de l'Ordre Cistercien et rédacteur de la Charte de Charité, s'éteignit paisiblement en sa cellule de l'abbaye de Cîteaux, entouré de ses frères de la famille cistercienne, un beau jour de mai alors que les arbres et les arbustes du domaine étaient en fleur. On pleura beaucoup sa mort, et plusieurs dignitaires, qu'ils soient religieux ou laïques, assistèrent à ses funérailles ainsi qu'à son inhumation.

On l'enterra sous l'abbatiale de Cîteaux, et on marqua l'emplacement de sa tombe par un gisant qui fut réalisé par un sculpteur bourguignon. On conserva son cœur, dont le reliquaire fut déposé à la primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon, sa mitre, qui fut donnée à l'abbaye de La Bussière sur Ouche, et sa crosse, que l'on offrit à la jeune abbaye de Noirlac.

Attributs

Saint Étienne de Harding est souvent dépeint en vêtements d'abbé, avec mitre et crosse, mais aussi souvent tenant dans ses mains une maquette de l'abbaye de Cîteaux, rappelant ainsi que c'est lui qui en fut le fondateur. Son apparence générale est plutôt sobre, et rappelle donc son vœu de pauvreté.

Reliques

L'histoire des reliques de Saint Étienne de Harding est particulière. Premièrement, son gisant, de même que l'abbaye de Cîteaux, furent détruits par les Armagnacs lors de la guerre civile qui les opposa aux Bourguignons. Ne restait que du corps du Saint son cœur, qui put être admiré à Lyon jusqu'à ce que Monseigneur de Bouviers l'amène à Sens pour être adoré par les fidèles qui visiteraient la cathédrale Saint-Étienne. Sa mitre fut, quant à elle, ramenée à Noirlac après l'abandon de l'abbaye de La Bussière, où elle a rejoint la crosse du Saint. Ces deux dernières reliques se trouvent toujours à Noirlac. [/b]
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Message par Ellyrius Jeu 4 Juin 2020 - 16:51


Chapitre I - De l‘éducation de François de Gênes et de la mort du père Suger

A Gênes, en l’an de grâce 1188, vivait dans une des cités les plus prospères des royaumes, un tout jeune homme, troisième fils d’une riche famille de marchands : François Arinitzi de Gênes.

Le pater familias, Laurent de Gênes était banquier et marchand Gênois, auprès des plus prestigieuses cours européennes. Il avait un sens aiguisé des affaires et de la gestion, et sa fortune et sa réputation égalaient celles des plus grands princes des royaumes. Il menait donc sa vie comme lui dictait telle réputation: il demeurait constamment dans son palais à Gênes, ne sortant que très rarement. Ambassades, marchands et escortes remplissaient le travail nécessaire au bon fonctionnement de ces affaires.

Il voyait en François, le plus doué de ces fils, un successeur potentiel. Il cherchait à lui inculquer tout son savoir et son expérience dans ce domaine. Son fils devait apprendre le métier. Le jour venu, observant que son fils s’approchait de la maturité nécessaire, il décida qu'il était temps pour lui de partir à travers les lointaines contrées du saint Empire et du royaume de France accompagnant la caravane commerciale à travers villes et campagnes.

Son père avait voulu qu’il soit accompagné par un personnage qui sera déterminant dans la pieuse vie de François : le père Suger. Celui-ci officiait comme chapelain de la famille Arinitzi, et aurait pour rôle tout au long de la formation du jeune François son apprentissage de la morale Aristotélicienne et son éducation aux préceptes de la foi. Laurent de Gênes, personnage très pieux, y tenait beaucoup.

Les messes de Suger sortaient vraiment de l’ordinaire, il emplissait à forte dose d’encens les endroits où il officiait élevant d’avantage les prières et cantiques auprès du tout puissant. Il semblait se muer en une créature s'agitant corps et âme pour faire vivre et transmettre sa foi et ses bénédictions à ses auditeurs. Quelque chose d’exaltant et de transcendant émanait de de son attitude, de ses paroles et de ses gestes. Dieu Lui-même semblait s’exprimer à travers son verbe. Sa voix était rauque et suave, détonnant comme le grondement divin, tous restaient happés et très sensibles aux paroles du prêtre devant l’extraordinaire aura dont celui-ci étaient entouré.

Il terminait toujours ses offices par une seule et même formule venant conclure l’impressionnante prestation :

Voici pourquoi il ne faut pas le suivre : les hérétiques qui refusent la conversion alors que l'Eglise, seule détentrice de la Vérité, leur a indiqué la Vraie Voie, sont pêcheurs par présomption, car ils estiment mieux savoir la Vérité que l'Eglise, donc mieux savoir la vérité que Dieu, quel outrage que cela !

La foi du jeune Arinitzi, dès le début de son statut d’homme, demeurait très forte, et particulièrement grâce au très pieux père Suger. Passionné par la vita de Christos que le père Suger se faisait un devoir -et un plaisir- de lui raconter, François aimait à imiter mot pour mot, phrase pour phrase, le guide de l’humanité, celui par qui la seconde révélation arriva. Suger et lui-même apprenait et s’essayait à vivre et à ressentir les mêmes situations que Christos vécu à l’époque ancienne.

Alors, il essayait d'approcher ces pauvres humains; il leur parlait et leur expliquait la philosophie d'Aristote et les enseignements du Très Haut.

" Aristote, disait-il, nous a appris que l’homme sage doit participer à la vie de la Cité. Vous mes amis, regardez-vous, êtes-vous heureux ? Perdus que vous l’êtes au milieu de nulle part ? Mes amis, sachez que l’Homme est par nature fait pour vivre au sein de ses semblables. "

Ayant dit ceci, Christos nuança tout de même ses paroles :

" Mais n’oubliez pas, que chaque homme a aussi une individualité, chaque homme a son propre rapport avec Dieu et avec la nature. Aussi, pour ne pas oublier cela, et pour trouver en soi les ressources nécessaires à la réflexion, il plaît à Dieu que vous puissiez vous retirez de temps en temps, au-delà de la ville, afin de vous retrouver en vous-même, dans la prière et le calme, la quiétude et la concentration de votre esprit.

C’est par une nuit pluvieuse de Mai qu’un drame frappa François et qui le marquera tout au long de sa vie. Arrivé dans la populeuse ville de Lyon, dans le royaume de France, le convoi s’installa dans les halles marchandes pour plusieurs semaines. Lyon était un des plus gros bourgs des royaumes, lieu de tous les commerces. Mais cet afflux de richesses appelait aussi les brigands, routiers et mercenaires de la pire espèce, les escroqueries, et vols et autres vices étaient légions. C’est aussi dans ce contexte, où une extrême richesse côtoyait la pauvreté la plus extrême, que vint l’expansion, telle la peste, d’une hérésie séculaire : la secte des bogomiles.

Père Suger se sentait mal dans cette ambiance pesante, cette ville semblait abandonnée de Dieu. Son aversion pour les mécréants rendaient d’autant plus insupportable sa présence en ces lieux. Il connaissait la ville de réputation, mais il ne pouvait imaginer le degré de corruption des âmes qui régnait ici, à vraie dire il s’attendait à voir au moins un des sept Princes-démon surgir des décombres spirituels de cette cité.

Mais son devoir intime et envers la très Sainte Eglise Aristotélicienne le poussait à aller prêcher la bonne parole à cette population désorientée par la misère et par les chimères hérétiques.

Il m’emmena avec lui jusqu’au parvis de la maison de la ville, lieu de toutes les rencontres où il s’élança dans une longue harangue pleine de fougue et de conviction destinée à rallier les pauvres hères vers le chemin du paradis et de Dieu, pour les sauver des tortures infernales et pour ramener de l’ordre dans cette cité sans foi ni loi.

Le père Suger le savait, les préceptes Aristotéliciens amènent une morale juste et fraternelle, en somme, la foi Aristotélicienne est un facteur de l’ordre dans le monde, et elle seule peut ramener la société à la paix la plus juste et à un monde plus équitable. Exactement le contraire de cette ville fantôme où les autorités temporelles étaient endormies par leurs propres richesses et par les hérétiques les plus pervers. C’est ainsi que le père Suger s’adressa à la foule :

Il ne s'agit donc plus d'essayer de sauver les âmes des Impénitents qui par définition sont voués aux enfers, mais de sauver les âmes de tous les autres membres de la société, de cette innombrable foule vulnérable au mauvais exemple des hérétiques, il s'agit d'éviter que la peste hérétique nous contamine, ainsi il est préférable de sacrifier quelques âmes hérétiques pour sauver toutes les autres, et lorsqu'il s'agit de sauver des âmes, les corps n'ont plus d'importance, le spirituel étant infiniment supérieur au temporel, il ne faut guère hésiter à devoir ôter la vie aux méchants lorsqu'il s'agit de sauver des âmes des Enfers !!! Telle est la raison d'être, le fondement et la justification de l'idée et du devoir de Croisade.

Et c’est là, sous les yeux innocents de François, et sous les yeux légèrement surpris des badauds qu’un carreau d’arbalète vint transpercer le vénérable père Suger. Le choc fut immense, des ricanements se firent entendre dans la foule ainsi que des « Vive bogomile ». Les badauds prirent peur et se hâtèrent de rentrer chez eux, le père Suger s’effondra devant François. Celui-ci avait les larmes aux yeux, tétanisé par la brutalité du meurtre, ne sachant quoi faire, ne sachant qui appeler. Il s’effondra lui aussi, sur le corps inanimé de son mentor, il resta longuement là sans bouger, en pleurant de tout son soul, à attendre, attendre et attendre…

Attendre que la douleur passe, que Dieu interviennent pour faire revenir Suger, pour qu’un miracle arrive. Mais rien, le sang s’écoulait lentement sur le sol, désappointant le jeune Gênois. Reprenant ses esprits il se leva brusquement, se sentant à son tour menacé, il prit son ami défunt à bras-le-corps et le traîna autant qu’il le pouvait à travers les sombres ruelles de Lyon...

Chapitre II - De l'éducation de François de Gêne et de la découverte d'Aristote.

François était revêtu de haillons, agenouillé devant l’église de la paroisse Saint Georges de Lyon. Il mendiait. Depuis l’assassinat du bienheureux père Suger, François ressentait un profond désespoir.

Seule la foi, l’aumône et l’amitié du curé de l’église saint Georges le maintenait vivant. La foi et la charité n’avaient heureusement pas entièrement disparue de cette lugubre cité, le curé de l’église sainte Georges l’avait aimablement recueilli et aidé, les habitants de ce quartier semblait foncièrement moins touchés par le fléau de l’hérésie et du désordre.

Les choses matérielles n’intéressaient plus François de Gênes –d’ailleurs l’avaient-elles jamais ému- Il faisait fi de l’aveuglement et des intérêts de son père. Seul comptaient pour lui les longs entretiens avec le chapelain Suger les soirs de printemps où ils avaient l’impression de disséquer l’âme des Humains, ou tout du moins, leurs propres âmes.

Ses longues méditations et son amitié lui avaient apporté tout le bonheur, le réconfort et l’espoir nécessaire à la vie terrestre de tout homme. Il savait désormais comment appréhender son existence en vue du jardin céleste, ce lieu que Suger aimait à décrire comme

l'antre de la jouissance divine.

Sa misère matérielle était réelle. Il vivait dans la pauvreté la plus extrême, grignotant quelques miches de pains et légumineuses que le curé, admiratif, lui fournissait sans peine et avec toute la charité d’un homme de cœur. A défaut des conforts d’une vie luxueuse, ses innombrables pensées de Dieu amenaient en lui une richesse spirituelle débordante. Et malgré toutes les épreuves que les hommes lui avaient fait subir, il continuait à avoir confiance en l'Humanité, car sa fidélité envers la créature choisie par Dieu était sans faille. Seul l’incrédulité et le non-respect des commandements divins écrits dans le Livre des vertus pouvaient conduire des hommes aux vices. S’éloigner de Dieu était s’éloigner de la vertu. S’éloigner de la vertu était s’éloigner des fondements de la société des hommes et de ses lois.

Ainsi il reconnaissait la grandeur d’âme de certains, et, en demandant l’aumône, en conséquence il faisait appel à la communauté Aristotélicienne dans son ensemble, à la charité universelle de l’Eglise et des fidèles. Sa survie ne dépendait que de la communauté, il remit ainsi toute sa confiance, sa vie même entre les mains des Hommes, entre les mains de Dieu.

La simple pensée de la vengeance ne lui avait jamais traversé l’esprit, tant il considérait ces hommes comme égarés et distants de Dieu. Néanmoins des interrogations subsistaient dans la tête du jeune homme. Certaines questions qui conservaient leurs mystère, restées sans réponses, que même le père Suger n'avait su résoudre lors de ses excès de curiosité.

François aimait échanger des bribes de conversations, de dialogues avec ses donateurs quelques fois inquiets, il les rassurait en leur apportant l’espoir attendu, les instruisait en citant la vita de Christos. Vagabonds, paysans et artisans trouvaient réconforts auprès du jeune homme, et en échange, lui apportaient de quoi survivre.

Il répétait sans cesse, avec les mêmes convictions :

L’espoir ! Toute la vie de l’Aristotélicien doit être tournée que vers ce but ultime, la réalité et la vanité des richesses matérielles devenant bien peu de choses face à cette formidable destinée que Dieu avait offert aux Hommes.

Il vint un jour un homme vêtu d’une longue toge noire et d‘un couvre-chef typique des universitaires de la ville. Venu sur les conseils de ses étudiants il s’approcha intrigué par le jeune mendiant, en tenant dans ses mains un objet d’une grande valeur aux yeux de beaucoup : un livre.

La confiance en l’Homme, quel qu’il soit, quoi qu’il ait fait dans sa vie, finissait toujours par tenir ses promesses en retour. L’éternel retour, l’éternel don de l’humanité, voilà comment devait fonctionner le monde : Sur la confiance, l’espoir et le don. François n’attendait rien de personne, il donnait pourtant de sa personne, de sa compréhension, de ses conseils avisés, de sa foi et de son amour. Mais aucun intérêt ne guidait son âme, aucune reconnaissance, aucune gloire n’étaient recherchées. Il ne percevait pas le monde et l’Homme comme pouvait le percevoir son père, il était ailleurs.

Et c’est à la vue de cet illustre homme en noir, planté devant lui que tout se mit en lumière et en mouvement d’une harmonieuse manière, sans pareil, la quintessence de l’amour s'incarnant devant ses yeux ébahit. L’homme tendit le livre à François, avec le sourire bienveillant d’un défunt apaisé, et parla en ces termes :

- Que le savoir illumine ta vie jeune mendiant, Aristote et Christos sont nos guides à tous. Sache que les tréfonds de nos âmes ont été étudiés par le sage Aristote, le monde n’avait plus aucun secret pour lui. L’Homme à la lecture de ces saints ouvrages se dévoile tel l’escargot quittant sa coquille. Grâce à lui, la raison à donné une dimension nouvelle à la foi, Dieu a apporté l’intelligence à l’Homme, c’est pour mieux l’aimer et mieux vivre sur terre. Plus que Christos, Aristote nous raconte cela.
Mais vous, qui êtes vous ?

- Vous faites donc partie de l’université ? Quelle joie de rencontrer un homme si érudit, si aimable et si bon. Dieu puisse bénir l’Université pour la sagesse que cela apporte aux hommes. Je me nomme François.

- Malheureusement l’université est une communauté très hétéroclite, le vice peut souffler dans le cœur de certains. N'accumule aucun savoir, avec moi. N'essaie que de comprendre. Je me nomme François moi aussi, d'ailleurs.

- Peut-être n’ont-ils pas été suffisamment bien guidés ?

- Oh, assez oui, ils l’ont été, mais les tentations vicieuses de ce monde sont légions et beaucoup, aussi savants qu’ils soient, sombrent dans l’antichambre de la créature sans nom.

- N’avez-vous plus aucune espérance pour l’être humain, l’être aimé ?

- Parfois, seulement, et je l’éprouve devant vous, François.

- Je ne suis qu’un parmi une multitude, c’est l’homme dans son entier que vous devez voir en moi.

- C’est donc à la créature chérie de Dieu que j’offre cet ouvrage ainsi que cette invitation. Nous sommes parce que nous sommes nombre.

Chapitre III - De l'enseignement de St-François

François était un étudiant sérieux et travailleur. Il ne négligeait pas les plaisirs, mais estimait que ceux de l'âme et de l'esprit surpassaient ceux du corps. Aussi tâchait-il toujours d'équilibrer les moments de travail et de repos. Et en toute occasion, il prenait le temps de bien faire les choses, sans précipitation ni procrastination. Bien vite, il devint un modèle pour bon nombre d'étudiants plus jeunes, et même pour certains de ces aînés. Il ne prêchait pas par la parole ou par l'épée mais par l'exemplarité de son comportement.

François s'intéressait à de nombreux domaines de la connaissance, et en particulier de la Raison et de la Sagesse. Considérant, comme tout bon aristotélicien, que ces deux enseignements sont éminemment complémentaires, il ne manquait jamais une occasion d'étudier les écrits d'Aristote et de Christos.

Ses progrès furent spectaculaires. On lui confia rapidement la direction de séances de lectures et des discussions qui s'ensuivaient. Bien vite, il apporta une touche personnelle à la connaissance qu'il avait accumulée, et certains étudiants plus jeunes commencèrent à le considérer comme un maître. Cette situation déboucha sur une licence puis une maîtrise en théologie. Il put alors enseigner les Sanctes Ecritures tout en propageant sa vision.

La vision de Saint-François s'exprime particulièrement bien au travers de ce dialogue entre lui et un disciple lors d'une séance de discussion.

- Maître, lequel est le plus important, Aristote ou Christos ?
- Aucun n'est plus important que l'autre. Ou plutôt, chacun d'eux est plus important que l'autre !
- Je ne comprends pas.
- L'aristotélisme est UN, et il a besoin des DEUX
- Un message mais deux prophètes !? C'est difficile à concevoir.
- Dis-moi, combien de parents as-tu ?
- Deux, maître.
- Et lequel est le plus important ?
- Ils sont aussi importants l'un que l'autre.
- L'éducation qu'ils t'ont donnée avant de te confier à nous est-elle pervertie par l'existence de deux parents ?
- Non.
- En effet ! Tu le vois bien, tu as reçu une éducation, unique et cohérente, pourtant dispensée par deux parents. Chacun t'a apporté quelque chose qui était original tout en s'inscrivant dans une unité cohérente. Le rôle du père et celui de la mère sont différents, tout comme le sont les enseignements d'Aristote et de Christos. Mais ton éducation est unique, tout comme l'est le message aristotélicien. Deux prophètes, un message ! Raison et Sagesse sont distinctes mais inséparables, tout comme le sont les deux faces d'une monnaie.

François passait donc une grande partie de son temps à étudier et à enseigner. Il lui semblait important de toujours pratiquer les deux. En effet, il aimait à rappeler qu'Aristote nous met en garde contre les tendances extrêmes, et que pour lui la vertu se trouve dans un juste équilibre. Qui pourrait avoir l'orgueil de prétendre tout connaître ? Qui serait assez sot pour prétendre ne rien connaître ? Ainsi François aimait à recueillir autant qu'à dispenser. Combinant la légitime fierté du maître et la nécessaire humilité de l'étudiant, il avait trouvé le juste milieu.

Mais il ne dédiait pas tout son temps à la connaissance et à l'érudition au sein de l'académie. Cela lui semblait contraire au message aristotélicien. Voici ce qu'il en ressort lors d'un autre dialogue :

- Maître, pourriez-vous m'aider pour un problème d'éthique ?
- Désolé, mais il est temps pour moi d'aller en ville accomplir la partie séculière de ma tâche.
- Mais, maître, votre temps est trop précieux pour être dilapidé dans le siècle !
- Finalement, je pense que je vais te donner quelques conseils. Tu en as besoin. Que nous apprend Aristote par rapport à l'homme et à la cité ?
- Il dit que l'homme doit prendre part aux affaires de la cité.
- Tu vois, tu le sais ! Alors pourquoi ne pas le mettre en pratique ?
- Mais ce que nous faisons ici est utile à la cité.
- Certes, je vois que tu n'es pas idiot. Mais quel serait la force de notre message si nous ne sortions jamais de ces murs ? Le peuple a besoin de nous, la Cité a besoin de nous. C'est un devoir pour tout homme de participer à la cité selon ses moyens. Et notre éducation nous donne de grands moyens. Aussi devons-nous régulièrement sortir et maintenir le lien avec la cité.
- Vous condamnez donc l'érémitisme ?
- Ce n'est pas à moi qu'il convient de condamner. Mais je réprouve totalement ceux qui pensent attendre Dieu dans l'isolement. Christos a-t-il choisi de s'isoler ? Bien sûr que non ! Ce qu'Aristote préconisait, il l'a fait. Ce que la raison commande, la sagesse l'applique.
- Mais alors à quoi servent les monastères ?
- Tu passes d'un extrême à l'autre ! Il convient de trouver la voie médiane entre isolement et immersion dans le siècle. Et cette voie médiane peut être différente pour chacun, même si elle est forcément limitée par des extrêmes à ne pas franchir. Le recueillement dans le silence de la Règle est utile à la réflexion, et donc à l'application de la Vertu dans le Siècle. Et la connaissance du Siècle est un socle pour une réflexion qui ne sombre pas dans les abimes de l'abstraction.

Chapitre IV - De sa rencontre avec le pape

François regardait autour de lui et disait qu'il n'y avait pas encore assez d'amitié et de solidarité entre tous ... Les gens mouraient de faim étaient toujours trop nombreux, et les malades comme les lépreux trop abandonnés. Il était temps de faire reconnaître notre action par le Pape lui-même afin que forts de cette reconnaissance, nous puissions attirer encore plus de frères et de sœurs dans nos rangs et de là allumer la fraternité dans le cœur de tous et soulager tous les malheureux.

François me choisit pour l'accompagner jusqu'à Rome. En chemin nous rencontrâmes nombre de jeunes gens à qui nous expliquions notre quête : l'amitié chaleureuse, complète; tout pour l'autre et cela en étant entièrement libres grâce à notre pauvreté. Beaucoup de ceux qui nous écoutaient abandonnaient tout pour nous rejoindre. Des pauvres, des riches, des vagabonds, des paysans, des marchands, des artisans, et même des fils et des filles de la noblesse. Nous étions partis à deux et nous arrivâmes à Rome si nombreux que je n'ai jamais pu nous compter.

Au début, personne ne voulait nous recevoir ... Il faut dire que cela faisait pas mal de temps que nous étions sur les routes et nous ne sentions pas tellement la rose. Et puis pourquoi le Pape recevrait-il un groupe de gueux ? Mais comme je l'ai dit, parmi nous, il y avait de jeunes nobles et il n'eut pas été de bon ton de les négliger ... d'autant que leurs parents auraient voulu que le Saint Père les fasse revenir à la raison. C'est pourquoi Innocent III accepta de nous recevoir. Ce Pape portait ce nom en mémoire de tous les innocents chrétiens qui étaient morts pour leur foi alors qu'ils n'avaient commis aucun crime. Il ne pouvait donc être complètement mauvais.

Lorsque nous entrâmes au Vatican, nous fûmes impressionnés par la splendeur de ce lieu ... Tous ces jardins, ce marbre, ces pièces aux proportions impressionnantes ... Enfin, ce trône où était assis Innocent III devant lequel nous nous mîmes immédiatement à genoux. Avant que Frère François ait pu ouvrir la bouche afin d'expliquer pourquoi nous étions là, le Pape nous expliqua que l'Eglise devait être puissante afin de mieux gouverner les âmes pour les guider vers la foi en Dieu. Elle devait donc être riche et prospère et tous ceux qui étaient riches ou nobles se devaient de la servir dans ce but de leur mieux. Mais notre Eglise avait aussi des ennemis extérieurs, des princes, des rois, des sultans qui menaçaient le monde aristotélicien et contre lesquels les nobles et leurs armées devaient aussi nous protéger. Le Pape nous recommanda donc de rejoindre nos familles afin de nous préparer à servir l'Eglise au mieux de cette manière. Puis il nous congédia. La Curie était satisfaite. Le Pape n'avait pas écouté ces jeunes inconscients qui prônaient la pauvreté ...

Mais le lendemain, alors que nous nous préparions à nous en aller, déçus de cet accueil, le Pape nous rappela à notre grande surprise ... Il nous expliqua que durant la nuit, il avait fait un rêve qui l'avait fortement impressionné. Dans celui-ci, il avait vu une grande église commencer à s'effondrer puis François était venu et s'était mis à la place de l'un de ses piliers de marbre et avait retenu tout l'édifice qui ainsi ne s'était pas écroulé. Innocent III voulait à présent entendre ce que François avait à lui dire.

François lui expliqua alors que l'ennemi de l'Eglise n'était pas extérieur mais intérieur. Tout ce qui en nous nous empêchait d'être l'ami de notre prochain était notre véritable ennemi. Il fallait donc réveiller partout l'amitié qu'Aristote nous avait si bien enseignée et dont Christos nous avait montré l'exemple à la lumière de Dieu. François donna au Pape le parchemin sur lequel il avait écrit les vertus qu'il désirait voir vivre par tous les frères et sœurs franciscains et demanda l'approbation du Pape pour vivre selon ces vertus afin de servir l'Eglise.

Avant que le Pape ait pu poser les yeux sur le parchemin, quelque chose d'extraordinaire se produisit ... Un oiseau entra par la fenêtre entrouverte et se posa aux pieds de François, puis un deuxième, un troisième, puis toute une multitude. Certains vinrent même sur ses épaules. François se mit à leur parler de Dieu. Il leur dit qu'Il les avait créés et qu'Il les aimait profondément, comme toutes les créatures de la terre. Il leur dit que pour cela, ils pouvaient remercier Dieu de tout leur cœur ... et les oiseaux chantèrent un chant si beau, si magnifique que le Pape en fut profondément ému. Il lut alors le parchemin de François et nous donna son approbation pour vivre selon ces vertus. C'est le cœur rempli de joie que nous quittâmes le Vatican et nombreux furent les frères et sœurs qui nous rejoignirent alors.

Chapitre V - L'inquisition : où François de Gêne précise sa pensée et fait naître une institution qui la fera perdurer.

François de Gêne ressortit de cette visite papale revigoré comme jamais. Mais, lorsqu’il descendit de son nuage, il constata que le Royaume était ravagé par le vice. Du sentiment si élevé qui l’habitait suite à la visite romaine, ce qu’il constata le fit plonger dans un abîme infini. Devant lui, les gens ne semblaient plus croire au message du Très Haut, sombrant dans la luxure, le vice, et l’acédie. Le royaume était désespoir. Se souvenant des écrits d’Oane sur la fin des temps, François le Génois prit peur : devant lui se trouvait le même spectacle de désolation. Il se souvint alors de la mort du Père Suger, et des conditions qui existaient alors à Lyon, et qui menèrent la foule à pareille calomnie. Il prit peur, et décida d’agir, avant que l’horreur ne se reproduise. Il se souvint alors de la parole de son mentor.

Il s'agit d'éviter que la peste hérétique nous contamine, ainsi il est préférable de sacrifier quelques âmes hérétiques pour sauver toutes les autres, et lorsqu'il s'agit de sauver des âmes, les corps n'ont plus d'importance, le spirituel étant infiniment supérieur au temporel, il ne faut guère hésiter à devoir ôter la vie aux méchants lorsqu'il s'agit de sauver des âmes des Enfers !!!

Inspiré par ces sages pensées, et revigoré par sa récente rencontre avec le Pape, François reprit le bâton de pèlerin. Pour lui, désormais, la seule cause était la survie des âmes, et la situation quémandait des prêches plus efficaces que jamais.

Il combattit alors l’hérésie avec plus de vigueur et de force que jamais. Mais, comme il suggérait que le feu seul pouvait arriver à bout de son combat, certaines personnes prirent d’abord peur, devant tant de conviction et de fureur. Ils ne comprenaient pas l'acharnement dont faisait preuve François, et ils crurent qu’ils allèrent devoir sacrifier leurs petits plaisirs quotidiens, au profit d’un idéal qu’ils ne pensaient pas partager. Pire encore, qu’ils n’acceptaient pas, et pour lequel ils prenaient le risque de mourir sous les flammes, de périr en raison de la conviction de l’apôtre. Alors, François su les réconforter, une fois de plus.

Voici les paroles qu’il prononça lors de son retour à Gênes, comme il avait décidé de recommencer son pèlerinage en son lieu de naissance, pour signifier le début du cycle nouveau de son prêche :

Aristote nous dit que le Très Haut nous a légué le libre arbitre.

Alors, la question se pose : est-on libre de croire en ce que l'on veut, mes amis ?

Sachez qu’il est de notre devoir que de les aider MALGRE EUX à entrer en Paradis, il s'agit de les contraindre POUR LEUR BIEN, la Félicité de l’âme étant infiniment plus importante que les aléas de la vie terrestre.

Nous ne devons pas être libre de croire ce que nous voulons quand cela risque de nous mener aux enfers, il faut donc encadrer et restreindre la Liberté de Pensée et de Croyance à la Seul Foi Aristotélicienne car elle est Juste et Bonne, contenant la Vérité et est la Clef pour entrer en Paradis.

Rassurés, et comprenant que leur héros local n’avait pas perdu la tête, mais travaillait plutôt à leur salut, ils entreprirent d’aider François dans sa quête. Ainsi, ils mirent ensemble sur pied un programme qui régit depuis lors leurs pratiques électorales, comme ils décidèrent que le plus simple était d’agir selon leur pouvoir c'est-à-dire par les urnes :

- Ne jamais voter pour un hérétique public.
- Si un candidat vous plaît dans tous les domaines alors qu’il réclame la tolérance religieuse ou la liberté de culte par exemple, ou toute autre chose allant contre la Loi de Dieu et de l’Eglise, il est un devoir pour vous de faire pression sur lui afin qu’il modifie son programme, et également un devoir d’être vigilant quant à l’application de ce programme corrigé.
- Si un candidat n’appartient pas à l’Eglise, qu’il n’est pas baptisé, alors réclamez instamment qu’il se convertisse, un aristotélicien ne saurait souhaiter qu’un incroyant le gouverne, puisque le rôle des gouvernants est justement d'organiser matériellement au mieux votre vie afin que vous puissiez réaliser votre Salut dans les meilleures conditions possibles.

Ainsi, depuis lors, les hommes et les femmes réunis en société s’organisent pour garder une vie qui les assure un maximum de chance de gagner le paradis, en souvenir et mémoire de St-François de Gênes.

Suite à ces prêches, les hommes de la Sainte Église se rassemblèrent autour d'une nouvelle congrégation, qu'ils nommèrent l'Inquisition, et qui avait pour mandat de préserver ces quelques préceptes. Au début, ils n'étaient que quelques-uns. Puis, se fut les paroissiens eux-mêmes qui réclamèrent de leurs théologien la protection divine. Aujourd'hui, l'œuvre de St-François n'est plus à défendre...

Chapitre VI - Des conceptions métaphysiques de François de Gênes

Un jour, de manière inattendue, François tomba malade. Cette maladie n'était pas seulement physique, elle était aussi spirituelle et le pauvre François, envahi par la fièvre se mit à délirer. C'était un délire profond, le genre de délire qui assaille l'homme lorsqu'il est face à la mort, à l'obscurité totale. Le genre de délire qui met l'homme face aux questions essentielles ... Un délire métaphysique ... La même question revenait encore et toujours dans la bouche de François :

Pourquoi ? Pourquoi l'homme est-il là ? Pour quoi l'homme est-il fait ?

Ces questions angoissantes, François les posait à tous ceux qui venaient le voir, le soigner ... et ne voyant que l'ombre de ses frères et sœurs, toujours la même, l'homme n'en percevait plus que l'essentiel, l'Amitié, la fraternité, cette fraternité qui venait répondre à ses questions, cette fraternité qui mettait tous les hommes, toutes les femmes sur un pied d'égalité dans cette ombre que percevait encore ses yeux hagards, cette fraternité qui amenait ces hommes et ces femmes à aider le pauvre François aux portes de la mort, aux portes de la vie éternelle, aux portes du Très Haut.

Le Très Haut ... Les idées défilaient dans la tête de François qui s'enfonçait dans la fièvre, toujours plus loin dans cette métaphysique qui obsédait son esprit. Le Très Haut ... « L'Etre Divin est tout puissant. » C'est Lui qui nous a créés, c'est grâce à Lui qu'on est là. Il nous aime. Il veut qu'on L'aime, qu'on s'aime aussi. Aristote nous l'a dit. Christos nous l'a montré. Suger ... L'Amitié ... La fraternité ... Les pages de la Vita de Christos défilaient devant ses yeux hallucinés de fièvre. Celles du Livre des Vertus. Celles qu'il avait pu lire dans les traités d'Aristote et ceux de Platon et qui parfois se bousculaient, se heurtaient dans son esprit perturbé par la fièvre ...

« La métaphysique est la science des causes premières. »

« La métaphysique est la science de ce qui est, en tant qu'il est: de l'étant en tant qu'étant. »

« L'essence des choses est dans les choses-mêmes, et leur donne forme. »

« Les choses sont des copies des idées. »

« La beauté sensible est une image de la Beauté éternelle que l'âme a toujours déjà contemplée »

« La beauté résulte de certaines proportions et de certaines mesures et rythmes harmonieux »

« Le bonheur est une forme de contemplation que le sage doit s'efforcer d'atteindre »

« L'homme sage doit participer à la vie de la cité »

Et puis lui revint une fois de plus cette phrase que tous disaient « L'Etre Divin est tout puissant ». L'Etre Divin. Celui qui nous a faits. Père.

Devant les yeux égarés de François apparaissait maintenant son père comme dans un rêve. Il était là dans son palais, entouré de ses richesses, seul. Et lui François était devant lui, dans sa bure grossière, sale et démuni, lui tendant la main, implorant sa charité. Mais son père ne voyait pas son fils en ce mendiant et le repoussa d'un geste brutal. Père ...

Père ... Devant les yeux hallucinés de François, revoilà cet homme méconnaissable, vieux et affaibli sur son lit de mort, seul. Et François s'avança, vint lui prendre la main, n'écoutant que l'étincelle divine qu'il avait en lui, n'écoutant que son amour pour cet homme qui l'avait rejeté. « Père ... je te pardonne, père. » Et puis les larmes vinrent brouiller sa vue et la Lumière revint à lui, éblouissante dans son cœur. François était guéri.

Chapitre VII - l'Averroïste : De sa rencontre avec Mehmed et de la discussions qu'ils eurent sur Averroes.

Un jour, François pensa qu'il avait médité suffisamment longtemps sur la question aristotélicienne. Las de lancés de boules jetées en vain devant les temples spinozistes, comme ils n'explosaient pas, il alla voir du côté des disciples d'Averroès, à la recherche de sensations nouvelles.

Pour cela, il dû monter sur un rocher, comme c'est là ou Mehmed 1 avait décidé d'ériger sa demeure. En vérité, François fut, dans un premier temps, troublé par l'accueil que lui réserva Mehmed, primat avérroiste. François avait lui-même tant appris sur l’humilité. Il voyait plutôt en Mehmed l’incarnation inverse de l'idée qu'il avait du prophète, érigé lui-même sur son trône.

Mais était-ce vraiment ça qui troublait François, où tout simplement la vue directe qu’il avait sous la longue tunique de l’homme au-dessus de lui ? D’autres questions vinrent également en tête de François : tous les averroïstes ne portent t’ils pas de dessous ? Avaient-il si chaud pour ne pas porter de sous-vêtements ? Le saint détourna le regard et amorça plutôt le dialogue:

-Mon frère, ne serais-tu mieux sur le plancher des vaches, comme nous tous?
-Non. Alors, vous me cacheriez mon soleil.
-Mais nous sommes tous également aveugles, Mehmed. Toi autant que nous tous, pourtant. C'est le Divin qui nous éclaire, et c'est Christos qui nous le dit...
-En m'élevant ainsi, cela me fait voir plus clair.
-Mais comment préférer la vision d'un seul homme, Mehmed, devant celle de toute une communauté?
-Ne médit pas, François de Gênes. Le nombre d'Averroïstes est plus grand que tu ne le crois.
-Et en cela, les Averroïstes existent, Mehmed. Tu n’es pas le seul, soit, mais laisse-moi tout de même te demander pourquoi maudis-tu ainsi les écrits d'Aristote et l'église qu'il a permis de faire devenir?
-Parce qu'il s'agit de l'Église Aristotélicienne, justement, François.
-Pourtant, tu es prêt à mettre en cause l'écrivain, aussi peu de paternité a-t-il sur l'église? Je veux dire: ce sont ces suivants, qui ont amené tout ce que tu peux rejeter de l'église. Son message ne s'en trouve pas travesti pour autant.
-Elle a tout de même été fondée sur ces écrits, cette église, petit prélat sans ambition. Et aujourd'hui, elle n'est qu'image de cette conséquence. Vile, emprise de pouvoir, et mécréante envers ces fidèles.

Et François failli tomber du rocher. Il se ressaisit.

-Peut-être, mais ne crois-tu pas que nous tous puissions faillir, de temps en temps, nous autre aussi, hommes dotés de l'esprit critique?
-Me donnes-tu par-là raison, François?
-Non, mais je te demande d'admettre que grâce au cadeau qu'Aristote nous a fait, cela existe dans le domaine des possibilités.
-La justice et la vérité n’appartiennent qu’à Dieu et son expression réside dans son prophète Averroès. En dehors de la parole d'Aristote, je maintiens, car sinon, elle est corrompue.
-La seule vérité qui existe est l’Amour de notre Dieu comme nous l’a enseigné le prophète Christos.
-La force de l’Averroïsme est que nous n’avons pas besoin de deux prophètes pour que la vérité divine s’exprime. Le message transmis à Averroès à tout de suite été pur comme le cristal.
-Mais, Mehmed, aucun cristal n'est jamais pur, par contre il est toujours solide, je te l'accorde. Mais la parole d'Aristote, elle, est solide comme un diamant.
-Je vois que vous ne vous débrouillez pas si mal dans l’art oratoire, mon cher contrairement à ce qu’on m’a dit.
-Pour moi le meilleur moyen de respecter la parole divine se trouve dans l’acte accompli, l’exemplarité voilà ce qu’est la meilleure preuve pour une vie qui se soumet aux préceptes divins. Les mots ne sont que du vent qui s’envolent aussitôt prononcés. Si l’homme ne vit pas ce qu’il dit alors sa vie n’a pas de sens, elle n’est qu’une ombre qui coule le long de la rivière du temps.

François fut alors conduit vers une tente immense dont la décoration était magnifique, aux entrelacs de soie sur la toile s’ajoutait des fils d’or, la douce lumière des bougies faisait briller de mille feux l’intérieur du lieu. Mehmed l'invita à s’asseoir sur des coussins autour d’une table. L’hôte tapa des mains et tout de suite des dizaines de serviteurs, peut-être même des esclaves apportèrent autant de plats remplis de mets qui semblaient succulents. N’importe quel homme aurait pu se laisser ruiner par un tel émerveillement, mais François résista. L'aristotélicien n’avait cure de cet étalage. Il savait que tout ceci n’était que poudre aux yeux et que la véritable richesse était celle de l’Amour du Divin.

-Allons, mon cher ce spectacle ne vous plait pas ? Pourtant c’est un plaisir que l’on peut voir avec modération, comme vous dites vous-même.
-Certes nous apprécions nous aussi le plaisir des femmes. L’Amour est un cadeau divin mais il doit conduire une relation avec une femme dans le but de procréer. Et puis nous nous devons en tant que clercs de servir Dieu et lui seul sans femme car notre Amour doit lui être réservé.
Par contre si vous choisissez de vous dédier à guider les autres sur la voie de l'Eglise, il faut alors que vous soyez prêt à lui donner priorité.

Mehmed repris:

-Chez nous tout homme peut à la fois aimer dieu et une femme, car la force de l’homme est de pouvoir aimer comme aucun autre être vivant, excepté le Très Haut, qui ne connaît pas la haine.
-Alors pourquoi avoir un texte aussi violent ?

Surpris par la question, l’Averroïstes se sentit devenir tout rouge. Puis, la moue tarda peu à lui monter au nez ...

-Comment ça violent? Le Discrenptia Discrenptiae prône autant l’Amour que vos textes anciens.
-Votre texte clame la crainte de Dieu alors que le Très Haut n’est qu’Amour ; n’est-ce pas la marque de la créature sans nom ?
-Non, non il faut craindre la toute-puissance du Divin car lui seul décide de notre sort !
-Et comment justifier les attaques contre les aristotéliciens ?
-C’est parce qu’ils se trompent de chemin; seules la force et la crainte de Dieu peut les reconduire sur la bonne voie. Nous ne faisons que suivre le destin que nous a choisi le Très-Haut !
-Vous voulez dire que la vie de chaque homme soit prédestinée ?
-Oui, ainsi il est écrit !
-A quoi sert-il de se battre alors ?
-Pardon ?
-Oui si notre vie est déjà décidée alors si votre message est le bon alors il décidera de tous nous conduire à la conversion, non ?
-Je suppose, mais…
-Alors pourquoi tenter vous-même de convertir les aristotéliciens ?
-… parce que c’est écrit !
-Alors ce qui est écrit est-il la vérité ?
-Notre dieu n’appartient pas au temps il est omniscient et tout puissant, il sait tout, voit tout. Comment un être d’une telle puissance ne peut-il pas décider de tout ?
-Mais parce que ce qu’il veut avant tout c’est nous laisser le libre arbitre, mon ami... Quelle valeur auraient nos décisions si nous n’avons pas choisi nous-même entre la vertu et le pécher ?

Mehmed tenta alors en vain de justifier ses propos sur la crainte de Dieu, tous ses arguments recevaient un contre argument cinglant de l’Aristotélicien. Pendant quelques heures encore il discourir sur bien des thèmes : la modération, la peur de Dieu, la guerre, la violence, le mariage, l’alcool. A chaque fois François prenait le dessus. Le seul thème sur lequel il tombèrent d’accord fut le rôle de la religion en politique.

La nuit était déjà bien avancée lorsque fatigué Memhed décida de prendre congé pour aller se coucher. François le salua avec égards. Il compris ce soir-là qu’il devait resté vigilant car même l’homme d’honneur , intelligent pouvait sombrer dans l’erreur. Car l’hérésie est là partout elle suit la trace de la bête sans nom qui au moindre instant de faiblesse l’insuffle dans l’âme et l’esprit des hommes.

Chapitre VIII - de l'Illumination et du Chemin de Dieu

Ebranlé par ce qu'il venait de vivre, Francesco alla se recueillir en l'église de Saint Damien. Celle-ci était encore si délabrée que Francesco en avait bien honte. Seule la croix commémorant le don que Christos avait fait de sa vie en offrant son amitié aux hommes et à Dieu était là ... intacte. Francesco se mit alors à prier des heures durant devant cette croix afin que Dieu l'inspira. Et soudain, tout au bout de la nuit, le soleil se leva, inondant la croix de sa lumière et Francesco comprit ... Lui aussi devait offrir sa vie afin que l'amitié aristotélicienne rayonne dans le cœur des hommes pour toujours par l'exemple qu'il donnerait, tout comme Christos. Au-delà des églises, il reconstruirait l'Eglise par cette amitié qu'Aristote avait enseignée et que Christos avait vécue jusqu'au bout. Il fallait qu'il réveille ces frères et sœurs humains comme Christos l'avait fait, qu'il allume ce feu de l'amitié comme un incendie qui se propagerait de cœur en cœur et embraserait le monde entier. Mais pour cela il fallait des vertus que chacun devrait respecter afin d'être un exemple pour tous. Francesco avait toujours eu beaucoup d'admiration pour François de Gênes et s'inspira de sa règle franciscaine pour écrire ces vertus. Il les écrivit avec fébrilité, mu par une chaleur intérieure qui inspirait ces mots :

*Répandre l'amitié aristotélicienne et la foi à tous les fils de Dieu, en maintenant une unité et une fraternité nécessaire.
*Rester fidèle à l'Eglise Aristotélicienne et à sa hiérarchie.
*Vivre dans la charité et le partage avec son prochain.
*Aimer et prodiguer à autrui le savoir et la connaissance.
*Apprécier l'ambiance réaliste et historique de son temps.
*Respecter les commandements théologiques franciscains sur le dogme aristotélicien qui intégre de fait Aristote et Christos le sage.
*Essayer d'être actif pour l'ordre et la communauté.
*Etre conscient de l'importance du rôle que l'on tient.
*Vivre dans le dépouillement pour ne vivre qu'une richesse : l'amour de l'autre.

Francesco désirait s'inscrire dans le grand mouvement franciscain et soutenir celui-ci de tout son cœur, de toute son âme. Il voulait vivre ces vertus franciscaines afin de montrer aux autres combien elles étaient bonnes. C'est donc ce qu'il ferait tout en reconstruisant les églises délabrées et en répandant autour de lui la parole d'Aristote.

Le cœur encore tout gonflé de courage, Saint Francesco commença à prêcher. Aux alentours d'Assise d'abord, ce qui lui valut son nom. Puis petit à petit, il s’éloigna essaimant la voie écrite par Aristote au cœur de l'Europe avec l'aide de ses compagnons de foi, accueillis au hasard des rencontres et de la volonté de Dieu et d'Aristote.

Dans la grande tâche de reconstruction des édifices religieux, Saint Francesco se rendit compte de l’importance de la connaissance. Il ne pouvait être partout et il était nécessaire d’avoir des frères instruits sur chaque chantier. Il n’était point possible de bâtir une cathédrale sans connaître quelques règles d’arithmétiques, il n’était point possible de négocier pierres et outils sans savoir lire les mandats des marchands. Aussi durant une année entière il prît soin, en plus de son travail sur les chantiers, d’instruire à toutes ces choses une vingtaine de ses plus fidèles compagnons. Il leur donnât le titre d’Ecolastre. Leur mission était d’aller s’installer près des chantiers et d’y transmettre les connaissances qu’ils avaient reçues. Dans ces lieux l’on pouvait apprendre moult choses utiles.
Les Ecolastres étaient aussi chargés de répandre l'amitié Aristotélicienne et la foi à tous les enfants de Dieu, en maintenant une unité et une fraternité entre les hommes, ainsi qu’en transmettant les textes d’Aristote et les prières de Christos. La vie en communauté vous apprenait aussi le respect et la tolérance. Principe incontournable de chaque Franciscain.
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Message par Ellyrius Ven 5 Juin 2020 - 8:04


Saint Georges est le patron de la Chevalerie et des Gens d’Armes, il symbolise le triomphe du Bien contre le Mal, la victoire de la Foi sur la Créature sans nom, la force de la Foi et la bravoure.

Le Duché et l'Ost du Lyonnais-Dauphiné en ont fait leur patron.

I – Origine

Georges naquit vers 275 après Christos, en pleine Ère de la Dispersion de la Foi, dans la Province de Cappadoce, au sein d’une famille riche et de haute condition. À la mort de son père, alors qu’il n’était âgé que de dix ans, sa mère, Polychronia, convertie à l’Aristotélicisme à l’insu de son époux, l’emmena en Palestine, sa terre natale. Là-bas, elle lui inculqua les Vertus de la Raison enseignées par Aristote, ainsi que la Foi en l’Amour de Dieu prêchée par Christos.

Georges grandit et devint un jeune homme de belle apparence, à l’esprit vif et aux mœurs raffinées. Lors de sa dix-huitième année, il décida d’embrasser une carrière militaire et s’engagea dans les armées romaines, afin de défendre la paix des terres romaines et de leurs habitants. Très vite, sa valeur le distingua du lot, et ses supérieurs le nommèrent tribun de la garde prétorienne. L’empereur lui-même reconnu son dévouement et son courage et l’éleva à la dignité de préfet.

II - Georges et le "Dragon" de Béryte :

Alors que Georges retournait en Cappadoce, après une campagne victorieuse en Mésopotamie contre le roi perse Narses, il traversa la région de Béryte, ravagée alors par une armée de pillards sanguinaires et impies, menée par un homme cruel nommé Nahf dont la barbarie sans égale lui avait valu le surnom de « Dragon », car en phénicien, « nahf » signifiait « serpent ». Les pillards de Nahf s’étaient installés dans les marais voisins de la ville, il y avait plusieurs années, et avaient opéré des raids continuels sur la région, ravageant les récoltes et pillant les fermes. Tous ceux qui avaient tenté de leur résister eurent les yeux crevés par Nahf et ses hommes. Pour se protéger de la dévastation, les habitants décidèrent d’offrir chaque jour deux animaux en tribut pour calmer les pillards du Dragon. Cependant, vint un jour où il n’y eut plus de bêtes à sacrifier, et Nahf recommença ses ravages. Désespéré, le roi de cette contrée accepta que l’on donne chaque jour une jeune femme tirée au sort aux brigands pour satisfaire leurs vils appétits.

Les semaines et les mois s’écoulèrent, et vint le jour où la propre fille du roi, la princesse Alcyone, fut choisie pour être jetée en pâture aux pillards. Elle fut attachée à un pieu en bois face aux marais et abandonnée ainsi à son triste sort. Quelques instants après, alors qu’Alcyone pleurait à chaudes larmes, un grondement se fit entendre. Croyant sa dernière heure venue, quelle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit que le bruit venait, non pas des marais, mais de la plaine s’étendant derrière elle. Alcyone se tourna et put apercevoir un cavalier de haute taille, revêtu d’une armure étincelante et portant une longue lance, qui dirigeait sa monture vers elle. Arrivé à sa hauteur, il mit pied à terre et s’approcha d’Alcyone qui put distinguer, ainsi, la grande croix rouge qui ornait son plastron blanc. La princesse le pria de partir loin d’elle pour sauver sa vie, mais le cavalier refusa et la détacha. Il disait s’appeler Georges et qu’il consacrait sa vie à servir Dieu et à répandre Sa parole parmi les Hommes. Pour Georges, Nahf était un homme perverti par la Créature sans nom, faisant preuve des Vices qu’il avait juré de combattre et d’anéantir avec l’aide des Vertus enseignées par Aristote et Christos.

Soudain, un rugissement résonna à travers les marais et cent hommes montés sur des chevaux à la robe noirâtre apparurent, avançant en colonne tel un corps gigantesque ondulant entre les flaques d’eau putride. Tous portaient des armures de mailles semblables à des écailles d’un vert olive, et brandissaient leurs épées comme des centaines de crocs acérés, prêts à se refermer sur Georges et Alcyone. A leur tête, un homme massif leur fit faire halte à quelques toises des deux silhouettes qu’il regarda furieusement. Georges n’avait jamais vu un homme aussi immonde et repoussant, sa barbe hirsute avalait la plus grande partie de son visage cuivré où seuls ses yeux injectés de sang perçaient à travers son casque de cuir. Il détourna les yeux pour se préserver de ce spectacle abject, mais sa résolution d’affronter ces pillards infâmes n’avait pas faibli. Il leva sa lance vers les cieux et éperonna vivement son cheval qui s’élança au galop vers le « Dragon ». Des hurlements terrifiants s’élevèrent des rangs adverses et comme un seul homme, les pillards se lancèrent à l’assaut du guerrier solitaire. Georges se retrouva pris au milieu d’un tourbillon d’yeux enflammés de rage et de lames. Partout où son regard se posait, il y avait un pillard prêt à fondre sur lui, mais il tint bon pendant que le cercle se refermait sur lui, continuant à éperonner sa monture vers celle de Nahf. Alors qu’il allait être submergé par la marée humaine, Georges mobilisa toutes ses forces et sa Foi, pour lever à nouveau son bras et plonger sa lance au milieu du tourbillon d’hommes et de lames qui se dressaient face à lui. Un cri terrifiant retentit, auquel répondirent des hurlements affolés. Terrifiés, les pillards s’enfuirent aussi soudainement qu’ils étaient apparus, laissant leurs armes derrière eux.

Sortant de son exaltation guerrière, Georges vit Nahf qui gisait à ses pieds, mortellement blessé par sa lance qui s’était figée en travers de sa gorge. Georges attacha le chef des pillards, noirci autant de péché que de terre, à son cheval et regagna Béryte avec la princesse Alcyone, traînant le « Dragon » derrière eux. Ils furent accueillis par la liesse et les acclamations des habitants enfin délivrés de cette terrible calamité. George amena la dépouille de Nahf devant le roi qui se prosterna devant Georges et jura que lui et ses sujets se convertiraient à la Foi aristotélicienne. Le héros reprit ensuite la route de la Cappadoce.

III - Le martyre de Georges :

Quelques années plus tard, l’empereur de Rome convoqua à Nicomédie tous les gouverneurs des Provinces d’Orient afin de leur communiquer ses décrets contre les disciples d’Aristote et Christos. Georges, sentant que l’heure était venu de confesser publiquement sa Foi, distribua ses biens aux pauvres, affranchit ses esclaves et fit route vers Nicomédie pour se rendre à la cour impériale. Il se présenta au milieu de l’assemblée et reprocha à l’empereur de verser injustement le sang innocent des fidèles aristotéliciens. Stupéfait, l’empereur fit interroger Georges sur sa croyance. Georges répondit qu'il croyait au seul et unique vrai Dieu, celui qu'Aristote et Christos avaient professé, et que c'est cette croyance qui l'avait guidé ici sans crainte, pour adresser ses reproches au souverain. L’empereur, craignant l’agitation, proposa à Georges de le couvrir d’honneurs s’il acceptait de sacrifier au culte impérial. Georges refusa en lui répondant :

Ton règne se corrompra et disparaîtra rapidement dans le brouillard lunaire, sans te procurer aucun profit ; mais ceux qui offrent un sacrifice de louange au Très-Haut siègeront avec Lui pour l’éternité dans le Soleil !

L’empereur donna l’ordre à ses gardes de frapper Georges et ils le rouèrent de coups. Le sang se mit à couler à flot, mais Georges refusa d’abjurer sa foi. Excédé, l’empereur le fit jeter en prison, avec une lourde pierre sur la poitrine, mais le lendemain, quand il fut mené devant le souverain, le héros continua à refuser avec la même fermeté. On l’attacha donc sur une roue suspendue au-dessus d’une foule d’instruments tranchants et on le fit tourner. Les lames le blessèrent un millier de fois, tranchant et meurtrissant sa chair, mais Georges resta inflexible, surmontant sa douleur grâce à sa Foi en l’Amour de Dieu. Devant tant de courage, deux soldats s’agenouillèrent pour confesser l’Aristotélisme et furent aussitôt décapités. L’impératrice elle-même se déclara aristotélicienne, aussi on l’enferma dans le palais.

L’empereur ordonna qu’on jette Georges fit dans une fosse de chaux vive. La chaux attaquait ses chaires, brûlant atrocement son corps, les vapeurs nauséabondes envahissaient son nez et le faisaient suffoquer mais, il refusa encore d’abjurer sa foi. La foule admirative devant sa bravoure sans limite l’acclama et se mit à louer le Seigneur et Ses prophètes. On le força ensuite à marcher avec des chaussures garnies de pointes rougies au feu, mais Georges triompha à nouveau grâce à sa Foi.

Le lendemain, l’empereur fit comparaître Georges au temple d'Apollon, en présence d'une foule considérable. Feignant de vouloir sacrifier en l’honneur de la divinité, Georges entra dans le temple et s'adressa à l'idole en se signant. L'essence même de l'acédie habitait ces statues, mais à la présence et aux mots de Saint Georges, celles-ci éclatèrent en morceaux, laissant échapper une odeur putride qui disparut avec un sifflement. Les prêtres et les païens chassèrent alors Georges à grands cris et le ramenèrent au palais. Attirée par le tumulte, l'impératrice sortit, fendit la foule en criant : « Dieu de Georges, viens à mon aide ! » et elle tomba aux pieds du Saint. Ne pouvant plus contenir sa rage le tyran, dont le cœur s'était endurci après tant d’impiété et de cruauté, ordonna de les décapiter tous les deux. Mais, la veille de l'exécution, l’impératrice remit paisiblement son âme à Dieu dans la prison et put ainsi mourir en paix le lendemain.

Le jour venu, Georges se rendit sur les lieux de l'exécution, suivi d'une grande foule. Il rendit grâce à Dieu, à Aristote et Christos pour tous leurs bienfaits et, demandant leur assistance en faveur de tous ceux qui invoqueront, avec confiance, son intercession dans la suite des siècles, il inclina la nuque sous le glaive et partit pour remporter au Soleil les trophées de la gloire éternelle. Dès ce moment, une grande lumière se fit sur la place, tandis que l'âme rejoignait peu à peu la vie éternelle et heureuse qui l'attendait.

Conformément à la recommandation du Saint, son serviteur transporta ensuite sa précieuse relique dans sa patrie, Lydda en Palestine, où d'innombrables miracles s'accomplirent dans la vaste église que l'on construisit en son honneur.

Symbolique:

Il est traditionnellement représenté à cheval, souvent blanc, ayant un dragon à ses pieds, revêtu d’une armure, une lance à la main, portant un écu et une bannière d'argent à la croix de gueules. La lance et la croix de gueules sur fond d’argent sont ses symboles les plus répandus.

Le dragon est une représentation de Nahf, le chef de l'armée de pillards perses ravageant Béryte que saint Georges vainquit pour sauver Alcyone et libérer les habitants de la région. Cette image trouve son origine dans le nom-même de Nahf qui signifie "serpent" en Phénicien et qui fut surnommé "le Dragon" par les habitants de Béryte à cause des ravages qu'il causait et de sa grande cruauté. Petit à petit, le symbolisme de cette victoire va s'étoffer, notamment après le martyre de saint Georges, le Dragon devenant une allégorie du Vice, la victoire de Georges devient celle de la Foi sur le Mal. Victoire d'autant plus importante et forte en signification, puisque elle apportera la Lumière au royaume de Beyrouth qui se convertit à l'Aristotélicisme grâce à Georges de Lydda.

Fête:

Il est fêté le 23 avril.

Les reliques :

Le crâne de saint Georges à Lydda (Palestine), son armure dont on ignore qu’elle fut son sort, ainsi que la lance avec laquelle il terrassa Nahf, également perdue.

Une fiole contenant le sang sous la protection de la Famille Berasategui Pern, nobles du royaume de Valence, en échange de la construction d'un cénotaphe à la gloire de Saint-George de Lydda ou pourront se recueillir les pèlerins.

Une toile imbibée de sang est mise sous la protection de l'Archevêque de Tarragone et le clergé paroissial de Castellon afin d'être présenté aux fidèles lors des processions.

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Message par Ellyrius Ven 5 Juin 2020 - 8:52


Dans la contrée de Rupinaro nait le petit Giacomo, le 13 novembre 988, fils de Ubaldo Fiorelli et Marzia Antigoni. Ubaldo meurt quelques temps après la naissance, laissant le fils orphelin en plein âge tendre et Marzia veuve. Cette dernière va être aidée par l'oncle paternel Francesco qui prend alors soin de l'enfant.

Dès l'âge de 15 ans, Giacomo passe une grande partie de ses journées dans la prière et dans la lecture du livre des Vertus, et il se met en quatre pour subvenir aux besoins de sa famille.

La vie de Giacomo constitue un exemple de charité et d’humilité grâce à ses actions vertueuses qu'il accomplit en de multiples occasions, montrant l'exemple aux autres de ce que demande Dieu. « Nous devons sentir la nécessité et le besoin et nous devons nous alimenter de l'essentiel seulement ! » a-t-il l'habitude de répéter.

Il décide vers l'âge de 18 ans de prendre l’habit de moine et il vit alors dans la plus absolue humilité. Ce qu'il aime particulièrement, c’est rendre visite aux frères malades pour leur porter réconfort et assistance. Il se distingue en outre par la pratique sévère de la pénitence : il ne consomme par exemple que la nourriture indispensable pour survivre, refusant le péché de gourmandise et tout ce qui peut apporter plaisir au palais. Jusqu'à la fin de ses jours Giacomo mènera ce style de vie.

Un beau jour, cinq évêques le questionnent, il reste alors longuement sans parler. Lorsque les évêques lui font remarquer que son silence peut être marque d'humilité mais également manque de charité, il répond : « le Très Haut nous parle continuellement de sa Création, il nous instruit par le moyen du Livre des Vertus, il nous enseigne ce que nous devons faire, en nous menacent des châtiments et en nous promettant des récompenses divines. Que pourrais-je ajouter à tout cela ? ».

Il vit pauvrement en se mortifiant, faisant de ces actes le sel de sa vie.

Il Secourt avec charité toutes sortes de misères et de souffrances. Dans la biographie du Saint, on narre même un miracle qui souligne son amour pour les pauvres, et qui est arrivé aux débuts de sa vie monastique.

Le témoin de cet évènement est un moine se prénommant Franc, lequel en fin de vie raconte aux frères que pendant un hiver étrangement rigoureux pour sa ville, il a vu dans un champ enneigé auprès d'un arbre gelé Giacomo avec une multitude de pauvres. Le froid intense de l'hiver met en danger ces pauvres, lorsque des milliers de feuilles commencent à tomber des branches d'arbres gelés et se mettent lentement à recouvrir les indigents en les chauffant. Quelques instants plus tard, ces mêmes branches se remplissent de gros fruits juteux. Giacomo aide tous les pauvres à se nourrir et en se tournant vers le moine Franc il lui demande d'être avec les autres moines de son couvent miséricordieux avec les pauvres.

La fête de san Giacomo est célébrée à Chiavari le 25 novembre en souvenir de ce glacial hiver où le saint accomplit son premier miracle.

Encore aujourd'hui dans la ville, le verger du saint est admirable pour sa richesse et sa grandeur.

Il meurt le 3 Mars d'une année indéterminée, sans doute en 1033. Sa dépouille mortelle est déposée dans l'église de Rupinaro, non loin de sa maison natale. Bien des années après sa mort, le 9 septembre 1200, ses reliques sont transportées dans la chapelle du monastère où il avait vécu. Dans les premières années qui suivirent, il ne fut pas objet d’un grand culte, mais au XIIIème siècle, sa vénération grandit. Dans la ville bien vite on prit l’habitude de célébrer trois messes solennelles dédiées à la mémoire du saint : le 3 Mars (anniversaire de sa mort), le 9 septembre (transfert des reliques) et le 25 novembre (commémoration du premier miracle).

Traduit par frères Angelo de Montemayor et Tibère d'Arcis
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Message par Ellyrius Ven 5 Juin 2020 - 9:13


Jeunesse et apprentissage de Grégoire

C'est en 330 après Christos que naquit Saint Grégoire de Naziance, fils d'un des chanoines du diocèse de Césarée. Dès son plus jeune âge, il fut initié à la théologie, aux sciences de l'Eglise et à tout ce qu'un jeune homme respectable se doit de savoir. Il avait une grande soif de connaissance, et ne cessait de questionner vigoureusement son précepteur, un honorable prêtre. Jusqu'à la fin de son enfance, il resta confiné dans le cadre familial, s'initiant peu à peu aux rites aristotéliciens.

Alors qu'il venait d'entrer dans sa quinzième année, son père, qui le destinait à entrer dans les ordres, l'envoya étudier à Alexandrie, afin de compléter les enseignements qu'il avait reçu à Césarée, dans les écoles de grammairiens. Ainsi, Grégoire fut embarqué à bord d'une galère qui faisait route vers l'Egypte, et qui vogua calmement sur les flots. La traversée fut dans ses débuts, assez calme, mais dès que l'embarcation prit un peu le large, elle fut emprisonnée dans une violente tempête, dont la puissance impressionna le jeune Grégoire. Lorsqu'enfin il posa le pied à Alexandrie, il était perturbé par ce qu'il avait vécu, mais se pressa de commencer ses études.

Introduit dans l'école d'Alexandrie, il suivait avec assiduité chaque cours, et répondait avec ferveur aux questions des professeurs. Dès qu'il lui restait un peu de temps, il rejoignait la grande bibliothèque et lisait, traduisait, étudiait les ouvrages qu'il avait à sa disposition. Un soir, alors qu'il décryptait, à la lumière d'une bougie, un traité médical, des cris se firent entendre. Les persécutions envers les aristotéliciens n'avaient pas diminué, malgré les années, et celle de ce jour fut l'une des plus violentes. Dans les rues, les romains massacraient hommes, femmes et enfants, sans distinction aucune. Peu après, ils incendièrent la bibliothèque, dont les parchemins s'enflammaient et se consumaient. Sous les yeux emplis de peur de Grégoire, les étagères chutaient dans un bruit infernal. Terrifié, il trouva le courage de sortir par l'une des seules dernières issues, lorsqu'il entendit les gémissements d'un vieillard, bloqué par les flammes. A ce moment, plus aucune peur ne l'habitat, il courut et prit l'homme sur ses épaules, et parvint à sortir du bâtiment en feu.

L'homme qu'il venait de sauver était inconscient, et visiblement blessé. Alors Grégoire le porta jusqu'à la petite maison qu'il habitait, où il le recueillit et le soigna pendant deux longues semaines. Grâce à ses connaissances médicales, il parvint à traiter les brûlures jusqu'à leur disparition, échangeant avec son invité lorsque celui-ci se réveillait. Il le nourrit, le choya et l'hébergea pendant presque un mois, jusqu'à ce qu'il soit enfin pleinement rétabli. Amitié et Charité guidaient son cœur, et, n'attendant nulle récompense nulle autre que la guérison de son patient, grande fut sa joie de constater celle-ci.

Son hôte ayant achevé son œuvre, le vieil homme sans fut, non sans avoir longuement loué et remercié Grégoire. Ainsi, il poursuivit ses études à Alexandrie, une partie de la bibliothèque ayant pu être sauvée. Mais après deux ans passés en cette ville, il lui sembla bon de visiter une autre Cité, et il quitta donc l'Egypte pour Athènes. Depuis son plus jeune âge, il rêvait de s'y rendre car il savait que c'était là où avait vécu le grand Aristote. Son voyage fut nettement moins tumultueux que le précédent, et il arriva à destination sans encombre.

Là-bas, il s'installa dans les alentours de la ville, s'y rendant régulièrement afin d'étudier dans les nombreuses écoles, héritières de celle fondée par Aristote, il y avait de cela des années et des années. Il y apprit la rhétorique et y retrouva celui qu'il avait soigné. C'était un après-midi chaud, en plein été, alors qu'on attendait le nouveau professeur de l'histoire de l'Eglise, entra le rescapé d'Alexandrie. Grégoire, surpris, ne pipa mot et suivit le cours avec attention, puis vint discuter avec le nouveau maître. Cet homme se nommait Scorate de Constantinople, et sa rencontre changea radicalement la pensée de Grégoire. En effet, celui-ci, dans ses premières années, avait fui toute responsabilité et charge cléricale. Il se sentait désormais prêt moralement à guider une communauté, mais il lui fallait auparavant achever ses études.

Un soir, il rentra chez lui, dîna frugalement et se coucha. Mais dans la nuit, il fut réveillé par de puissants soupirs. Ouvrant les yeux, il se leva et s'en alla écouter à la porte de sa petite demeure. Il y avait grand bruit, dehors, des objets frappaient les uns contre les autres. Il ouvrit, mais ne vit personne. Grégoire passa alors la tête par l'entrebâillement, et une puissante bourrasque de vent le fit rentrer violemment à l'intérieur. Croyant l'apocalypse venue, il s'agenouilla et pria la nuit durant. Mais le vent ne se calma, et redoubla même d'ardeur. La toiture craqua et s'envola, tandis que le jeune homme se serrait contre les murs et continuait d'implorer le pardon de Dieu. Peu à peu, toutefois, la puissance diminua, et au petit jour, un grand calme s'était abattu sur les environs.

De la vie monacale et de la contemplation

Il s'en retourna donc à Athènes, et raconta ce qui lui était arrivé à Scorate, qui l'invita à résider chez lui. Ils discutèrent grandement de principes et valeurs qui leur étaient chères : le Savoir, l'Amitié, le Partage et la Charité. Durant plusieurs années, ils vécurent ainsi, débattant régulièrement sur des thèmes théologiques ou politiques, mais une lettre fit rentrer Grégoire à Césarée. On lui annonçait en effet, en 357 que son père venait de trépasser, et lorsqu'il rejoignit la demeure familiale, on lui fit comprendre que les dernières volontés de son géniteur étaient qu'il le remplace en tant que chanoine. Il ne s'en sentait pas encore capable, alors il fuit et rejoignit le monastère d'un de ses amis d'enfances : Basile. Ils poursuivirent tous deux l'approfondissement de leurs connaissances, vivant frugalement, comme tout moine se devait de vivre.

Cette ambiance de méditation fut fort bénéfique à Grégoire, car il découvrit alors ce qu'était la contemplation. Peu en parlaient, il s'efforça alors de mettre des mots sur ce en quoi cela consistait.

Dans le cloître du monastère, seuls les oisillons chantonnent, et le vent souffle une légère brise. Rien d'autre ne vient troubler la sage méditation du moine, jusqu'à ce qu'il se plonge dans la contemplation. Alors, tout ce qui est d'ordre matériel n'existe plus, et il accède alors à la vérité divine.

Mais le temps passait, et peu à peu, il se sentait prêt à prendre la tête d'un troupeau de brebis. Suite à son ordination par Basile, il profita du passage d'une caravane marchande et prit le chemin de Césarée, passant ses nuits dans le désert, à méditer et réfléchir. Alors que la chaleur de la journée était à son comble, on entendit au loin des bruissements, et une puissante secousse vint ébranler le sol. Jeté à bas de sa monture, Grégoire s'efforça de ramper jusqu'à un abri, mais la puissance émanant de la terre était grande, alors il resta passif, à attendre que le calme revienne. Lorsqu'enfin plus aucun mouvement ne vint troubler le vide du désert, il se leva, et regarda le Soleil.

Quatre cataclysmes, quatre fois qu'il y survivait. Rassemblant comme il le pouvait ce qui restait de la caravane, suite à la disparition du meneur, il se pressa de rejoindre Césarée où, dès son arrivée, il commença à écrire dans ses mémoires.

345 - Alexandrie

Et l'écume frappait la coque de notre embarcation, jamais je n'ai vu une puissance aussi acharnée. Durant des jours et des nuits, le bois craquait et gémissait sous la pression. J'ai imploré le Très-Haut, mais rien n'y a fait...
J'ai lu qu'il existe quatre éléments, mais d'entre ceux-ci, l'eau doit certainement être le plus puissant et le plus dangereux.

345 - Alexandrie

Les flammes léchaient les murs de la bibliothèque, et j'étais impuissant face à cela. Tout semblait rouge comme le sang, et celui des innocents coulait tandis que je m'efforçais de fuir cet Enfer.
J'ai connu l'eau, désormais, je connais le feu.

347 - Athènes

Les puissantes bourrasques frappaient ma demeure, et secouaient les arbres. Le toît s'envola sous leur pression, détruisant ma seule habitation. Et je crus que l'apocalypse était venue, tant ce vent était synonyme de destruction.
J'ai connu l'eau et le feu, désormais, je connais l'air.

360 - Césarée

Nul bruit n'accompagnait le tremblement de la terre, si ce n'est un affreux vombrissement qui me prenait au ventre et me le tordait violemment. Grande était ma peur, car on ne voit son ennemi lorsqu'il vient des profondeurs.
J'ai connu l'eau, le feu et l'air, désormais, je connais la terre.

Il existe donc quatre éléments visibles, chacun d'eux peut causer des ravages, mais est nécessaire à l'équilibre de la Vie. Mais Aristote nous dit qu'il en existe un cinquième : l'Ether. Jamais je ne l'ai rencontré, et lorsque ce sera le cas, je ne pense pas que je pourrais l'écrire.

Des premières années de sa prêtrise

Peu après, il devint vicaire à Naziance, et se rapprocha de l'évêque de Césarée, avec qui il entretenait des rapports amicaux. Le vieux prélat voyait en lui une jeunesse vive et symbole de nouveauté, il reconnaissait aussi sa grande intelligence et ses vertus morales, tandis que le jeune Grégoire voyait en cet homme que le temps avait façonné la représentation de la sagesse et de l'expérience. Les sermons et les messes du vicaire plaisaient beaucoup, il prônait en effet la vertu et citait beaucoup Aristote. Certains voyaient en lui un guide parfait, et une femme, Athénaïs, lui demanda de le guider sur la juste voie. Voici par ailleurs l'une des lettres qu'il lui écrivit :

Eloignez de votre esprit tout ce qui est étranger à la vertu et indigne de vos pensées ; appliquez-le à la piété et à tout ce qui est bien ; exercez-le à ne rien accepter et à ne rien décider qui n'ait été sérieusement examiné ; fortifiez-le, en tout temps et de toute manière, par la méditation des conseils tracés par les saints qui nous ont précédés.

Faites passer toujours la justice à l'égard des étrangers, comme à l'égard des amis, avant toute rancune et toute amitié.

Ayez pour amie et pour compagne inséparable la tempérance, qui doit être profondément et solidement enracinée dans votre âme.

Le Père mourut deux années plus tard, laissant à son disciple une lettre où il l'assurait de sa profonde amitié. Grégoire s'attrista de la disparition de ce grand homme, mais savait, en son for intérieur et d'après ce qu'il avait lu, que les portes du paradis s'étaient ouvertes à l'évêque. Peu après, il reçut une visite de son ami Basile, qui avait été choisi pour remplacer le maître de Grégoire en tant qu'archevêque de Césarée. En effet, depuis plusieurs mois, un certain Gnome, prêtre, ne respectait plus l'Aristotélisme, et convertissait nombre de ses confrères, les éloignant de la juste voie. Ainsi, l'archevêque nomma son ami responsable du diocèse de Sasimes, où il s'efforça de se rendre. Voyant les portes closes, il prêcha longuement, invitant les disciples de Gnome à revenir sous le joug de l'Eglise Aristotélicienne.

La métaphysique est la science des causes premières... Mais Aristote la définit aussi comme la science de ce qui est, en tant qu'il est : de l'étant en tant qu'étant. Deux définitions bien contradictoires en apparence mais c'est dans ce paradoxe que se trouve la Vérité. Pour nous inviter à aller plus loin. Car la vérité, si elle est une, n'est pas uniforme. Elle est symphonique. Invisible aux yeux de ceux qui ne sont pas expérimentés, elle nous est révélée de façon contradictoire en apparence et il nous faut continuer à chercher pour la trouver.

Jamais il ne put entrer, mais ce discours immunisa les aristotéliciens contre celui de Gnome, et nul ne fut plus jamais converti.

De l'amour des pauvres

Il retourna ensuite à Naziance, d'où il géra les affaires courantes de son diocèse, et devint simple chanoine. Ce changement de rôle lui laissa plus de temps libre, qu'il employa à se rapprocher des populations plus pauvres. Ainsi, il enseigna aux plus démunis les Saintes Ecritures, le message d'Aristote et de Christos, sans jamais se décourager et gardant toujours la même Foi. Il s'éloigna peu à peu de la hiérarchie, qui lui semblait parfois pervertie, ne côtoyant que son ami l'archevêque de Césarée. Il écrivit ensuite De l'Amour des Pauvres, puis se fit simple ermite, vivant de sa terre et de sa prière. Il allait de ville en ville, prêchant avec la même vigueur qu'auparavant, et convertissait des foules entières au message aristotélicien.

Quelques années plus tard, aux alentours de 380, l'hérétique Gnome mourut, et Grégoire fut invité à prêcher à Constantinople afin de reconvertir ceux qui avaient été détournés de l'Eglise. Il y laissera une parole qui restera célèbre et qui deviendra l'adage de l'ordre grégorien :

Chacun a son point faible, moi c'est l'amitié

Poursuivant son œuvre de reconquête des églises converties par Gnome, il finira par en faire revenir une grande partie dans la voie de la Vertu, suivant les préceptes d'Aristote. Affaibli par la mort de son ami Basile, il rejoint Naziance où il écrit encore plusieurs ouvrages théologiques. Fatigué par une longue existence, il s'éteint en 390, où enfin il découvrit ce qu'était que l'éther, rejoignant par la même le Très-Haut, Aristote, Christos et les vertueux, au paradis Solaire.

Citations célèbres

- "Dieu veut nous faire participer à sa divinité dans le Soleil, c'est pour cela qu'il nous enseigne par ses prophètes"
- "J'ai été créé pour m'élever jusqu'à Dieu par mes actions"

Reliques

- Son crâne et sa main sont conservés dans la crypte du monastère grégorien d'Argentat
- L'essentiel de son corps se situe en Orient, en attendant de rejoindre l'Occident.

Prière à Saint Grégoire

Ô Saint Grégoire
Eloigne de nous tous ces déboires !
Protège-nous du péché,
Conserve de nous de la malhonnêteté !
Fais fuir enfin tous ces mensonges,
Et qu'enfin la vérité triomphe !

Ellyrius
Ellyrius
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