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1.4.4. Les Saints anciens

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Message par Ellyrius Jeu 18 Juin 2020 - 16:24


L’homme venait enfin de terminer son périple. Il lui aura fallu quinze jours à cheval pour se rendre en Dacie. Sa Sainteté avait été clair…. Le clerc se souvenait parfaitement de ses paroles…


Cher ami, vous allez vous rendre en Dacie. On m’a rapporté certains faits qui méritent une enquête. Un homme y serait adulé par la population et vénéré tel un Saint. Je vous demande donc de vérifier les faits et de bien vouloir effectuer le nécessaire si toutefois vous estimiez l’intérêt de lancer une procédure de canonisation. Dans le cas contraire, votre devoir sera de mettre fin à ce pseudo culte qui déshonorerait notre Communauté.


Veritus arriva à Györ et commença son inspection. Quelques semaines plus tard, il envoya un courrier à qui de droit.


Votre Sainteté,

Pardonnez-moi de ne pas vous avoir donné de nouvelles depuis mon arrivée. Je ne doute pas que vous comprendrez pourquoi après avoir lu ce qui suit.

Je suis arrivé à Györ en ce 12 août de l’an 205. Le destin a provoqué mon arrivée le jour de la messe. Je m’y rendis et quel fut mon étonnement de ne voir aucun fidèle en la chapelle. Ma surprise fut encore plus grande en voyant une cité désertée de toute personne. J’errai dans cette paroisse en me demandant si je n’étais pas sujet à des hallucinations quand je fus attiré par quelques chants lointains. En suivant ces chants, je finis par traverser un bois et mon regard se fixa sur l’entrée d’une mine. Des centaines de personnes, agenouillées, chantaient et louaient notre Très Haut. Devant eux, le curé du village célébrait l’office. La messe se déroulait normalement, dans le plus parfait respect de nos valeurs. A la fin de l'office, le prêtre demanda de prier un certain Orrus Ferrus. La ferveur qui se dégagea de l’assemblée me toucha au plus profond de mon être. Jamais une telle émotion n’avait suscité en moi de tels effets.

La messe terminée, j’allais voir ce clerc et lui demandai le pourquoi d'un tel engouement pour Orrus Ferrus. Rien à ma connaissance ne permettait de célébrer cet homme comme un Saint.

Le récit et les faits que l’on me narra me firent changer d’avis. Ainsi, je vous propose de lancer une procédure de canonisation pour cet homme.

Sa naissance et son enfance :

Orrus Ferrus est né en l’an de grâce 150 sur les chemins amenant à Györ. Ses parents étaient de modeste condition. Il était de notoriété publique qu’ils s’enrichissaient grâce à quelques menus larcins, vols, rackets, chantages. Il n’eut donc comme modèles et exemples que vagabonds et brigands. Inutile de préciser que son enfance ne fut consacrée qu’à suivre la parole de la bête sans nom. Ses parents ne voyaient en lui qu’une main supplémentaire pour les aider dans leurs malversations. Illettré, élevé sans une once d’amour, dans la haine de son prochain et la cupidité, Orrus Ferrus suivait les pas de la bête sans nom.

Sa renaissance

Un jour, Orrus Ferrus et ses parents prirent à partie un groupe de voyageurs et les rançonnèrent. A peine avaient-ils commencé, que la maréchaussée arriva. Les parents d’Orrus ne parvinrent à s’échapper qu’en abandonnant leur enfant. Sans l’intervention d’un voyageur qui se disait être un disciple d’Hélène, l’enfant serait mort sous les coups de la vindicte populaire. Il n’y eut pas un jour sans que cet homme aille le voir pour lui enseigner les vertus, la lecture et l’arithmétique. Orrus, toujours traumatisé par l’abandon de ses parents, baissa sa garde au fur et à mesure et accepta l’amour que l’inconnu lui donna, sans contrepartie.

Le disciple : Bonjour cher ami, aujourd’hui je ne viens pas t’enseigner ce que je sais mais te dire Adieu… Il est temps pour moi de partir.
Orrus Ferrus : Mon procès est demain et je comptais sur toi pour prouver que j'avais changé. Je voulais que tu témoignes de ma sincérité.
Le disciple : Ce que je t’ai enseigné suffira à te défendre lors de ton procès. Mais sache une chose, écoute ton cœur et parle avec sincérité sous peine de reprendre la voie de la bête sans nom. Tout homme qui demande pardon démontre un changement. Montre qui tu es et ils te comprendront.

Le procès

Tous les hommes et femmes de la paroisse s’étaient réunis en ce jour de procès. Orrus entra dans la salle d’audience sous les hurlements et les insultes.

Le procureur appela au calme et lança son réquisitoire après plusieurs témoignages : le bannissement après 5 ans de prison.

Le juge appela Orrus à prendre la parole pour la dernière fois….

Se souvenant des derniers mots de son ami il se leva...

Ma faute est inqualifiable. Je ne demande pas de clémence. J’ai été élevé dans l’ignorance et suivant les préceptes de la bête sans nom. J’ai succombé à la facilité, celle qui permet à chacun d’entre nous de trouver des raccourcis pour gagner de l’argent, pour ne pas aimer son prochain, pour ne pas faire d'efforts pour le comprendre, ces raccourcis qui engendrent mauvaise foi, jalousie, orgueil…

Quelle que soit ma peine, je la mérite. Seulement j’aimerai demander pardon à notre Très Haut et à vous, que j’ai rendu malheureux. Je vous demande le droit de me repentir, d’aider cette paroisse que j’ai maltraitée.

Le procureur demande à ce que je sois puni et banni. J’accepte cela, mais je demande à pouvoir montrer que je suis capable de servir cette communauté. Faites de moi un serviteur de cette communauté.

L’assemblée se tut, incrédule, stupéfaite, médusée ou tout simplement attentive à un tel aveu… Le juge se leva et donna son jugement.

Et bien soit. Je vous ai écouté mais j’ai aussi écouté votre bienfaiteur. Je vous condamne à travailler dans notre mine durant une période de 2 ans et ensuite vous pourrez rester dans notre chère cité.

Et l’avenir nous dira si nous avons bien fait

Le premier miracle : le Très Haut protège Orrus et les mineurs

Orrus Ferrus travaillait en y mettant chaque jour sa plus grande ardeur. Personne ne pouvait critiquer son travail. Il devint même le mineur au plus gros rendement. La cité s’enrichissait ainsi de plus en plus. Durant ces deux années, il s’était endurci. Sa force suscitait tant l’admiration que les plus jeunes venaient travailler à ses côtés pour s’aguerrir et s’affirmer au sein de la cité. Cela devint même un rite. Il était devenu évident que pour devenir un citoyen à part entière, il fallait aller travailler à la mine. Sa vertu n’était plus contestable. Chaque dimanche il allait prier le Très Haut durant les offices du curé.

Un jour le premier notable de la paroisse vint le voir et lui dit :

Sais-tu quel jour nous sommes ? N’est-ce pas le jour où je peux t’accorder ta liberté ? Ce jour où je peux te faire citoyen ? Ce jour où finalement je te dis que ta repentance fut sincère et que nous tous sommes d’accord pour t’accorder notre pardon et t’accepter parmi nous ?

Orrus Ferrus ne cacha pas son émotion et reçut avec fierté ces paroles. Les paroissiens n’hésitaient pas à l’embaucher dans leurs champs et leurs ateliers. Il allait devenir artisan quand le glas de la chapelle sonna. La mine s’était effondrée sans que les mineurs puissent en ressortir. Orrus se précipita et s’aperçut des dégâts. Tous étaient désespérés et l‘espoir de les revoir vivant s’amenuisait d’heure en heure.

Orrus s’agenouilla et pria malgré ceux qui affirmaient que le moment était inapproprié.

La foule : Tu ferais mieux de creuser pour sauver nos amis.

Orrus : Eloignez vous. Fuyez.

Le ciel s’assombrit et un orage d’une rare violence fit son apparition. Soudain, de grands éclairs frappèrent l’entrée de la mine. Durant une heure, l’orage envoya toute sa fureur sur la mine. Plus personne ne pouvait voir ce qui se passait.

Et puis, comme elle était apparue, la tempête s’estompa et un rayon de lumière vint illuminer la mine. L’entrée était désormais dégagée, et les témoins de ce miracle virent les mineurs enterrés vivants refaire surface sains et saufs.

Réalisant ce qui venait de se passer, tous se tournèrent vers Orrus. Il était resté prier. Il n’avait pas bougé et seul l’état de ses habits témoignait de ce qui était arrivé.

Le deuxième miracle : une destinée

Le soir même, Orrus Ferrus continua à préparer son atelier quand les cloches pour la seconde fois sonnèrent le glas.

L’atelier, où tous les outils des mineurs étaient rangés, brûlait. Rien ne put être fait pour sauver l’abri, et tous se demandèrent avec quoi ils pourraient se rendre à la mine le lendemain. Orrus resta pétrifié et malheureux d’un tel spectacle. Il resta toute la nuit à méditer. A l'aube, il vit une apparition...

L’archange Michel : Sais-tu que l'obstination pourrais t'amener à vivre une vie qu'y ne t'est pas destinée.

Orrus Ferrus : Qui me parle ? Et d'ailleurs, l'obstination permet aux grands hommes de déplacer des montagnes signe de progrès.

L’archange Michel : Pourquoi t’obstines tu à ne pas lire les signes de notre Créateur ? Ne confonds pas obstination et persévérance. Là, tu t'obstines à suivre un chemin que le Très Haut n'a pas voulu pour toi.

Orrus Ferrus : Quels signes ? Quel chemin ? Et pourquoi ne serai-je pas libre d'agir selon mon propre libre arbitre ?

L’archange Michel : Seras-tu aveugle longtemps ? Ne vois-tu pas l’évidence ? Certes l'homme possède un libre arbitre mais il est de son devoir de s'incliner devant la volonté de Notre Protecteur, de Notre Guide. Il est de la nature des grands hommes de savoir écouter ce que l'on est vraiment.

Orrus Ferrus : Je ne comprends rien… Et d'ailleurs qui es-tu ?

L’archange Michel apparaissant à Orrus : Je suis l’archange St Michel. Le Très Haut ne veut pas te voir artisan ni même cultivateur. Chaque mineur sur terre, de tout temps, aura besoin d’une personne pour veiller sur lui. Ton destin est écrit, et rien ne doit venir freiner ce projet. Si tu lis en toi tu sauras que c'est ta destinée.

Puis disparaissant, l’archange leva son doigt et, d’un seul geste, détruisit dix gros arbres. D’un second geste, il fit apparaitre une centaine de manches et tout le nécessaire pour restaurer le stock d’outils indispensable aux mineurs.

Le lendemain, Orrus descendit à la mine. Personne n’osa poser de questions mais le regard déterminé d’Orrus rassura tout le monde. Il ne dira de cette décision qu’une seule chose.

Il est dans la nature de tout homme de se construire à la mine.
Il est du devoir de chacun de contribuer à la prospérité de sa paroisse.
Il est de la volonté du Très Haut que tous les hommes, quelles que soient leurs conditions, se rassemblent pour le bien commun.

Le curé, présent, l'invita à venir dès le lendemain à l'église, ce que le mineur accepta, sans connaître les motivations du religieux.

Celui-ci lui expliqua qu'il s'était émerveillé devant sa Foy, et en souriant, lui offrit sa place. Orrus fut surpris et flatté. N'était-ce pas là la plus grande récompense de son dévouement ? Puis, après avoir remercié le clerc, il rejeta la proposition tout en le remerciant de sa confiance. Le curé ne voulant pas en rester là l'interrogea sur son refus. Orrus ne souhaitait pas quitter la mine comme semblait le demander Le Très Haut. Alors, il vint à l'homme d'Eglise une idée : faire de cet homme son acolyte en le nommant diacre. La proposition fut acceptée et concrétisée par une très grande cérémonie tant au niveau du nombre de présents que de la ferveur qu'il s'en dégageait.

Troisième miracle : La révélation

Orrus venait de fêter ses 45 ans. Sa force ainsi que son rendement ne faiblissaient pas, bien au contraire. Il forçait l’admiration de tous. Il était loin le temps où tous voulaient le lyncher. Désormais il était reconnu pour sa Foy, son abnégation, son altruisme. Il était devenu un exemple pour la jeunesse, pour les futurs citoyens, pour les notables…

Un jour, un tremblement de terre eut lieu. Les mineurs voulurent se précipiter vers l’extérieur mais tout menaçait de s’effondrer. Alors Orrus intervint et empêcha les grosses pierres de tomber, permettant ainsi aux autres de s’enfuir. Malheureusement pour Orrus, il ne put sortir. Les mineurs sauvés creusèrent pour le retrouver. Cela dura 40 jours et 40 nuits. Orrus fut enfin délivré. Très affaibli et devenu aveugle, il mourut dans les bras du clerc…

Les notables voyant Orrus mort, décidèrent que dorénavant, seuls les repentants et les vagabonds iraient dans les mines. Une assemblée eut lieu pour entériner cette décision lorsque Orrus apparut aux yeux de tous.

Que faites-vous ? La mine est l’affaire de tous. Chacun d’entre nous, hommes, femmes, vagabonds, érudits, notables, soldats… Tous doivent contribuer à la bonne santé économique de la cité. Il est du devoir de chacun de se rendre à la mine régulièrement. Vos décisions devront glorifier les mineurs. Ils sont tous unis et différents. Ils sont la cité.


C’est par ces mots que je termine mon récit. Je sais bien qu'il n'est pas de notre habitude de canoniser un diacre mais il est évident qu’Orrus Ferrus mérite une telle distinction. Sa Foy, son dévouement sont sans égal et je suis convaincu qu’il s’agit là du dessein de Notre Très Haut. Il ne peut en être autrement.

Avec toute mon amitié aristotélicienne.

Veritus, votre humble serviteur.



Ce que nous dit la suite des évènements

-Veritus rejoignit Rome et la Congrégation du Saint Office. Le cardinal put alors suivre l'enquête et lui faire prendre un tournant favorable.
-Orrus Ferrus fut canonisé et devint le Saint Patron des Mineurs le ….. .
-La mine de Györ ne s’écroula plus jamais…

Relique :

- La pioche et la pelle du Saint.

Culte du Saint :

- Pèlerinage à Györ où une cathédrale fut érigée à l’endroit même où Orrus vit l’archange.

Traduit par Dariush
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Message par Ellyrius Ven 19 Juin 2020 - 9:27


« Rares sont les bons que, même en temps de paix, sont capables de servir Dieu. Mais très rares sont ceux qui pour les Vertus ne craignent pas la persécution ou sont prêts à s'opposer aux ennemis de Dieu. »

Présentation

La vie pieuse et productive d'Ildebrando de Soana, qui fut Diacre, Prêtre, Legat Apostolique, Évêque, puis Pape et grand réformateur et défenseur de l'Église. Exemple vivant des Vertus, il n'a jamais hésité à s'opposer aux puissants qui abusent de leur position contre la Foi et les faibles. Aujourd’hui il siège en la communion des saints comme le Saint patron des gouvernants et des législateurs, qu'il conduit par l'exemple et la prière à suivre la Foi et les Vertus dans leurs fonctions.

Enfance

On sait peu de l'enfance d'Ildebrando de Soana, le futur Pape Grégoire VII : il naît à Soana en Toscane au plus tard vers 1020 dans une famille d'origines humbles, le fils d'un charpentier comme le Second Prophète.

Enfant, il fut envoyé pour étudier à Rome, où son oncle était abbé d'un monastère sur l'Aventin. Le jeune Ildebrando avait créé un lien très fort avec son professeur, Giovanni Graziano, qui devint plus tard le Pape Grégoire VI. Le lien entre les deux était si fort que, lorsque le pape Grégoire fut forcé d'abdiquer pour de fausses accusations faites par l'empereur, Ildebrando le suivi en exil en Allemagne. Ici, le saonais continua ses études et entra en contact avec les mouvements de réforme de l'Église, contacts devenus plus fréquents après son transfert à l'abbaye de Cluny après la mort de son ancien maître. C'est précisément sur la proposition de ces réformateurs qu'Idebrando fut initié à la carrière ecclésiastique.

Carrière Ecclésiastique

Le premier pas d'Ildebrando fu la nomination au prestigieux poste de Sous-diacre du Saint-Siège, une tâche dans laquelle il s'engagé avec tant de dévouement qu'il fut plus tard nommé légat apostolique en France.

Dans le rôle de légat apostolique, confirmé par plusieurs papes, il réussit à vaincre différentes hérésies et, résultat étonnant pour l'époque, à obtenir par la cour impériale la reconnaissance officielle de l'autonomie du clergé dans l'élection du pape, sur lequel les Allemands faisaient encore des revendications illégitimes. Seulement deux ans plus tard et à la suite de la reconnaissance obtenue, le Pape publié l'édit qui sanctionnait pour la première fois que seul le Collège des Cardinaux pouvait choisir légitimement le successeur de Titus.

En reconnaissance pour ses excellents services, Ildebrando fut nommé abbé de Saint Sylphaël Hors-les-Murs et devint bientôt le principal promoteur et créateur d'une politique pontificale qui obtint de nombreux succès. Le 22 avril 1073, juste un jour après la mort de son prédécesseur, l'abbé Ildebrando fut élu Pape par les Cardinaux tandis que le peuple de Rome acclamait déjà son nom dans les rues.

Lettre de Saint Grégoire VII à un ami a écrit:Vous m'êtes témoin, bienheureux Pierre, que c'est malgré moi que votre sainte Église m'a mis à son gouvernail.

Bien que réticent, il accepte l'élection et choisit le nom pontifical de Grégoire, en hommage à son ancien ami et maître. Un signal au monde entier que son pontificat n'accepterait pas les injustices et les ingérences souffertes dans le passé.

Pontificat

Ayant appris son élection, puisqu'ils avaient peur de sa sévérité en respectant le dogme et le droit canon, de nombreux évêques corrompus et éloignés de la Foi essayèrent de mettre l'empereur Henri IV contre lui, déclarant qu'il n'avait pas autorisé l'élection comme il prétendait pouvoir le faire. Le nouveau pontife, montrant à nouveau son dévouement et sa confiance dans les Vertus, écrivit au souverain allemand l'informant de son élection à la papauté en accord avec le dogme et les lois de l'Église. Ceci sans faire mention et donc en niant les revendications impériales sur la nomination. Henri, face aux indéniables raisons de Saint Grégoire, ne pouvait s'empêcher de saluer l'élection du nouveau pape prétendant, avec peu de succès, qu'il avait choisi l'élu.

La lutte contre la simonie et la défense du célibat

Dans les décennies précédentes, profitant de la faiblesse de l'Église, de nombreux souverains avaient illégalement nommé des évêques en échange de grosses sommes d'argent, sans que celles-ci soient dignes de l'épiscopat. Beaucoup d'entre eux vivaient maintenant comme des comtes laïques, ils avaient pris une femme et quelques-uns encore avaient généré des enfants.

Le résultat fut la présence de nombreux évêques totalement ignorants de la doctrine et des règles de l'Église, qui ne pensaient qu'à s'enrichir et à jouir de leur position. La priorité du pape Grégoire fut donc de rétablir l'ordre à un clergé complètement éloigné du message des Prophètes et de l'exercice des Vertus afin de restaurer enfin la dignité et la mission de l'Église.

Lettre de Saint Grégoire VII à l'abbé de Cluny a écrit:Si alors avec les yeux de l'esprit je regarde à l'ouest, au sud ou au nord, à peine je trouve des évêques légitimes par élection et par conduite de vie, qui se laissent guider par les Vertus.

Le pontife convoqua alors un concile au Latran pour prendre des mesures contre la simonie et le concubinage : c'était le début de la Réforme Grégorienne. Le concile a déposé tous les évêques qui avaient acheté leur nomination et condamné à l'excommunication tous ceux qui n'avaient pas renoncé aux avantages obtenus par simonie.

Peu de temps après, Grégoire confirma le célibat pour le clergé en imposant des peines sévères pour ceux qui avaient violé et libérant les fidèles de l'obéissance à ces évêques qui avaient permis aux prêtres de se marier. Mais surtout, il condamna et interdit, sous peine d'excommunication, la nomination des évêques par les souverains temporels, crime contre l'apostolat et le Très-Haut lui-même.

Cela le mettait inévitablement en opposition avec de nombreux souverains et en particulier avec Henri IV, qui obtenait une énorme richesse des nominations illégitimes des évêques. Saint Grégoire savait bien que Henry et les évêques qu'il avait nommés feraient tout pour l'arrêter.

Lettre de Saint Grégoire VII à l'évêque de Canterbury a écrit:Vous comprendrez à quel point il est dangereux pour nous d'agir contre eux et combien il est difficile de leur résister et de juguler leur méchanceté.

Malgré l'opposition, il poursuit son travail de réforme et de renouveau et de nombreux autres souverains, mus par la Foi, se reconnaissent vassaux du Siège Apostolique et se soumettaient à la primauté du Successeur de Saint Titus. En 1075, le Pape composé le Dictatus Papae : une collection de vingt-sept propositions qui réaffirmèrent les principes sur le rôle de l'Église et du Pape en son sein dictés par les Écritures. (Pour plus d'informations voir le texte et le commentaire)

L'affrontement avec le souverain allemand

Dans un premier temps, Henri, engagé à étouffer les révoltes de ses sujets contre son gouvernement tyrannique, prétendit soutenir le Pape. Il fit même acte de soumission au Pape et demandé pardon pour les nominations illégitimes qu'il avait faits, promettant de soutenir la réforme de l'Église.

Dès qu'il a résolu les problèmes internes, cependant, il recommença à nommer les évêques et au lieu de maintenir sa promesse il promut des excommuniées comme ses conseillers personnels. Le pontife, toujours ému par sa forte foi, écrivit une lettre à l'empereur lui demandant de changer son comportement et lui proposant de trouver un compromis pour maintenir l'unité de l'Aristotelité.

La réponse d'Henri ne tarda pas à venir : la nuit de Noël de 1075, pendant la messe, un partisan d'Henri kidnappa Grégoire essayant de le faire sortir de l'église pour le tuer. Peu de temps après, cependant, Saint Grégoire sorti indemne de l'église et calmait les gens qui s'étaient levés pour défendre leur pasteur. On dit que l'agresseur se convertit après avoir parlé au pape et qu'il passa le reste de sa vie à prier en tant que moine.

Dès qu'il sut ce qui s'était passé, déçu par l'échec de ses machinations, Henri décidé d'agir ouvertement : le janvier suivant, avec le soutien des évêques qu'il avait nommés, il organisa un concile illégal qui déposa Grégoire. Après un crime aussi grave, Grégoire ne pouvait qu'excommunier Henri et le dépouiller de son trône.

Excommunication d'Henri IV, lu par Saint Grégoire VII aux évêques réunis à Rome a écrit:Confiant dans le pouvoir de lier et de délier, sur Terre comme au Ciel, que m'a été donné de Dieu, je conteste au roi Henri, fils de l'empereur Henri, qui s'est élevé avec un orgueil sans bornes contre l’Église, sa souveraineté sur l'Allemagne et sur l'Italie, et je délie tous les aristotéliciens du serment qu'ils lui ont ou qu'ils pourraient encore lui prêter, et leur interdis de continuer à le servir comme roi.

Immédiatement tous les sujets de l'empire se révoltèrent contre Henri, même ses amis évêques l'abandonnèrent et il se retrouva complètement seul. Quand il réunit un synode pour nommer un nouveau pape favorable à lui aucun autre se présenta.

Le pardon de Canossa

Les princes allemands demandèrent à Grégoire la permission de poursuivre Henri et de lui destituer, mais en même temps le souverain allemand arriva en Italie pour demander une rencontre avec le pape.

Le pontife, se trouva alors face à la croisée des chemins : il pourrait laisser poursuivre Henri, obtenir gloire et prestige et briser un rival; ou étendre la main de la miséricorde, offrir à nouveau le pardon à un croyant perdu, indiquer le chemin de la pénitence et de l'absolution. Saint Grégoire, Pasteur du Monde et Serviteur des Serviteurs de Dieu, inévitablement choisi le second chemin.

Conformément aux principes, et implicitement à lui-même, Il répondit qu'Henri devait demander pardon et faire pénitence et qu'il l'attendait à Canossa, où il était invité de la femme pieuse qui possédait ces terres. Henri vint seul aux portes de Canossa comme un humble pénitent, vêtu seulement d'un froc usé. Pendant trois jours, dans le froid de l'hiver, sans nourriture ni eau, il attendu d'être reçu par le pape. À l'aube du quatrième jour, un messager sortit de Canossa en lui disant que le pape était prêt à lui pardonner et par conséquent Henri fit acte de soumission à la papauté.

Celui qui par orgueil avait osé s'élever jusqu’au Très-Haut lui-même, était contraint de s'humilier pour obtenir le pardon et de reconnaître qu'il était loin en dessous de Dieu et de son Vicaire.

Dernières années et Décès

Sa bonté et sa magnanimité, cependant, ne furent pas rendues par Henri, qui après quelques années déclara à nouveau Gregoire déposé et nomma un antipape. Cette fois, cependant, Henri décida d'éliminer définitivement le pape qui s'était tant battu pour défendre l'Église et s'installa avec son armée contre Rome. Grégoire, était vieux et fatigué, décidées de laisser la ville pour sauver le peuple de la guerre et il se retira en exil à Salerne.

Le succès d'Henri ne dura pas longtemps : en guerre contre ses propres enfants, il fut finalement déposé et mourut seul et en disgrâce. Peu de temps après le grand pontife expira sereinement et réconforté par la prière, certain qu'il atteindrait finalement le Paradis Solaire.

Les fidèles, qui avaient tant aimé son bon gouvernement de l'Église, lui rendirent les honneurs dus à un pape et en attendant qu'il pût revenir à Rome ils écrivirent sur son cercueil :

Épitaphe de Saint Grégoire VII a écrit:Dilexi iustitiam, odivi iniquitatem, propterea morior in esilio.
J'ai aimé la justice et détesté l'iniquité ; c'est pourquoi je meurs en exil.

Son successeur, Victor III, avait toutes ses décisions confirmées et il excommunia et punit l'antipape usurpateur qui avait forcé Gregoire à fuir. Aujourd'hui, Saint Grégoire est considéré à juste titre comme un grand réformateur et l'initiateur de ce mouvement de renaissance dans l'Église qui a culminé dans le Renouveau de la Foi, dont il est le principal précurseur.
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Message par Ellyrius Ven 19 Juin 2020 - 9:45


La vie de Saint Patern

Aujourd 'hui encore on sait peu de chose sur l'enfance de Patern, premier curé de Vannes. Les chroniqueurs romains rapportent que ce gallois, à la foi fervente, eut très tôt le désir d'apporter la parole de Dieu à la grande masse des païens de Gaule.

En effet, à cette époque l'Eglise Aristotélicienne s'implantait tout juste sur cet immense territoire. Patern tout juste ordonné diacre, suit ses supérieurs jusqu'en Touraine, le tout nouvel archevêché romain en gaule. Patern n'est ni un rat de bibliothèque, ni un bon vivant; c'est un prêcheur hors pair qui s'investit dans l'édification de la population au Dogme de l'Eglise Aristotélicienne. Il parle aux gens des problèmes qu'ils connaissent, et est de plus en plus aimé.

Mais l'église s'élargit, et c'est ainsi qu'en l'an 465, un concile de 6 évêques présidé par l'archévêque métropolitain Perpetuus, se réunit à Vannes pour délimiter les frontières d'une nouvelle paroisse vénète...

Et Patern, le jeune Patern, est choisi à l'unanimité en cette occasion. Patern n'est pas breton, mais avec ses racines celtiques galloises, il est prêt au dialogue avec ces populations dont il ignore tout.

Le ministère paroissial de Patern fut rude en raison des conflits latents qui opposaient les partisans d'une foi locale fortement inspirée par tradition celte et les partisans des rites normalisés venant de Rome A ces tensions s'est ajoutée une vague d'immigration de Bretons venant de Grande Bretagne qui ne fit qu'aggraver la situation.

Ainsi, lorsqu'il prit en main sa paroisse, Patern fut étonné de ne voir personne à sa première messe du dimanche. Il avait pourtant bâti son église, fort petite il est vrai, et avait reçu bon accueil des Vénètes aujourd'hui appelés Vannetais. Beaucoup d'entre eux avaient entendu parler d'Aristote et de Christos, et suivaient leur enseignement. Patern se réjouissait d'avoir tant de pieux paroissiens, mais il déchanta vite: chacun priait à sa manière, se rassemblait à sa guise pour célébrer Christos, et aucun ne suivait la voie de l'église aristotélicienne ni ne semblait intéressé par la prêtrise.

« Mon père, disaient-il, voyez-vous la parole d'Aristote n'a de valeur que dans la pratique! Vos rites, prières si arides et vos dogmes si compliqués ne servent à rien! Nous, nous avons la meilleure façon de célébrer Dieu. » . Celle-ci impliquait d'ailleurs souvent de s'envoyer des baffes en taverne en vantant son appartenance à un groupe ou l'autre.

Et ils continuaient à se battre entre eux, ravageant la paroisse de Vannes.

Patern était de plus en plus triste de voir une communauté de croyants aussi désunie, d'autant que chaque groupe ethnique revendiquait le culte originel de l'Eglise de Christos et Aristote à chaque conflit.

Un jour, il réunit les deux tribus opposées dans son église: le chef des britonniques, Gwendoc'h, celui des gallois, Lodwic étaient présent

Il leur dit: « Mes frères, je vous ai réuni aujourd'hui pour que nous priions pour la paix sur notre terre.

Nous aussi, mon père, nous voulons la paix sur notre terre! Dirent Gwendoc'h et Lodwic.

Prions donc Aristote de nous guider sur le chemin de la Vertu, et prions Christos de nous guider sur celui de la Charité.

- Mais mon père, cela ne se peut pas, dit Gwendoc'h: les gallois n'ont aucune charité envers nos femmes, qu'ils volent pour en faire des esclaves, et ils tuent leurs prisonniers.

- Mais mon père, cela ne se peut pas, dit Lodwig, les britonniques n'ont aucune vertu, ils ont plusieurs femmes et lors de Shamain, se conduisent de façon honteuse.

- Voulez-vous vraiment la paix? Demanda alors Patern. Croyez-vous vraiment en Dieu créateur, en Aristote et Christos?

- Oui, nous le croyons, dirent les deux

- Alors obéissez à l'église aristotélicienne, elle vous enseignera la charité et la vertu, et nous pourrons enfin vivre en paix en pays de Vannes.

Patern dit ensuite une messe où il mit tout son talent de prêcheur à parler de l'amitié aristotélicienne entre les peuples.

Chacun des deux chefs repartit, mécontent d'avoir été réprimandé, vers son foyer. Mais chaque dimanche, Patern voyait ses fidèles venir de plus en plus nombreux à son église où il prêchait la paix. Le petit peuple, celui dont la sagesse est la plus grande, avait trouvé la voie de la vertu. Il se nomma lui-même par la suite: peuple breton, gommant ainsi les différences qui avaient été la source de tant de conflits.

Lodwic comme Gwendoc'h voulaient rester chefs de leurs tribus, et célébrer eux même leurs messes pour garder leur autorité sur leur peuple. Ils virent cette popularité grandissante d'un très mauvais œil, d'autant que Patern célébrait moultes mariages mixtes, et exhortait hommes et femmes à refuser de prendre les armes. Les chefs des tribus se mirent d'accord et le contraignirent à démissionner et à s'exiler. Il retira dans un ermitage en dehors de sa paroisse où il mourut le 15 avril 475, abandonné de tous.

Il avait l'habitude de dire aux Vénètes qui lui étaient restés fidèles et venaient le visiter:

Patern a écrit:Lorsque ton ennemi te frappe le tarin, chante une chanson. Dieu fera pleuvoir sur ceux qui chantent avec un coup dans le nez.

Patern a écrit:Si mille fois tu as tendu la main à ton ennemi, et si mille fois il t'a craché dedans, essaye mille et une fois: il n'aura plus de salive.

Un siècle plus tard, une sécheresse implacable entraina une famine telle que les paroissiens de Vannes, ne sachant plus à quel saint se vouer, se souvinrent de Patern. Ils surent que ce fléau était une punition divine, pour l'avoir maltraité, oublié. Ils supplièrent donc Patern de leur accorder la pluie, en échange de quoi on lui construirait une église qui deviendrait lieu de pèlerinage pour l'unité de la Bretagne. Leurs prières furent exaucées et la pluie tomba. Aujourd'hui encore, chaque 15 avril, a lieu la fête de Saint Patern que l'on prie pour la paix entre les peuples et la clémence des cieux.

Comme tout clerc modéré qui se respecte, Saint Patern ne fut jamais apprécié à sa juste valeur par les puissants. Dénigré par les français comme par les bretons, pour ses actions pacificatrices et ses tentatives de conciliation des deux populations qui se disputaient les mêmes territoires, il parvint cependant à amener la Bretagne à une transition identitaire, en la présentant comme terre d'asile, d'accueil et terre multiculturelle. Là où il n'y avait que peuplements britonniques et gallois sur une terre vierge, Saint Patern prêcha la Bretagne unie, la culture bretonne, et enfin il établit les prémices de l'identité bretonne telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Les reliques de Saint Patern

Quatre siècles plus tard, en 919, lorsque les félons normands envahirent les côtes bretonnes et françaises, ravageant tout sur leur passage, l'église où reposait Patern fût incendiée. Les reliques de Patern furent mise à l'abri par des paroissiens dévots qui les sauvèrent des flammes et des mains barbares et portées bien des années plus tard en l’abbaye Franciscaine de Bruz.

Une partie en fut ramenée à la fin du XIIè siècle, par un preux chevalier, mais ceci est une autre histoire. A l'époque où nous nous trouvons, on peut admirer et prier les reliques de St Patern à l'église de Vannes.

Saint Patern est l'un des sept piliers du Tro-breizh, en tant que premier évêque de Vannes et fondateur de l'église en Bretagne.

Pour ces deux raisons, Vannes est une grande étape de pèlerinage breton.
Patern est fêté le 15 avril ; une seconde fête, le 21 mai fait mémoire de la translation de ses reliques.
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Message par Ellyrius Ven 19 Juin 2020 - 10:16


Sa naissance et les premières années

St Patrick est né en l'an 415 dans le nord de l'Angleterre, près de la frontière irlandaise. Son père était un diacre et sa mère était une simple fille de ferme. De celle-ci, il a acquis l'humilité, et de son père, un grand courage après avoir été témoin de la violence des païens contre l’évangélisation que celui-ci menait pour les convertir à la foi et dans les contrées alors sauvages du nord. Malgré cela, son père engrangeait les succès et réussit à remplir ses devoirs envers l'Eglise, sa famille et sa ville, sans en négliger aucun. Patrick était fier de son père et il voulut suivre ses traces, mais, malheureusement, une bande de trafiquants d'esclaves le capturèrent.

L'esclavage

À 16 ans, un groupe de Celtes le prirent, ainsi que les gens de sa ville et en firent des esclaves pour travailler dans les champs d’Irlande. Il fit cela pendant 6 ans, témoin de première main des atrocités et des méchancetés dont les Irlandais ont fait l'objet, pas plus atroces cependant que son propre esclavage. C'est durant cette période que Patrick perfectionna sa pensée et développa ses plus grandes idées pour mettre fin à la misère du peuple.

Un jour, comme il lisait un sermon du livre de son père, un trèfle tomba de son manteau et atterrit sur la page, chacune des feuilles désignant trois mots en particulier. Une feuille souligna le mot Dieu, une autre feuille le mot d'Aristote et la troisième Christos. Patrick y vit un signe et un moyen de convertir les païens. Ces païens adoraient le trèfle car ils le considéraient comme un symbole de chance. Maintenant, Patrick avait une idée sur la façon de le relier à sa foi. Fermant le livre, il le serra fort pour que la page s’imprègne de la couleur verte du trèfle. L’idée de Patrick était de colorer toutes ses œuvres de cette façon, avec un trèfle entouré de Dieu, Christos et Aristote.

Il s’aperçut aussi que le trèfle lui avait inspiré une réflexion sur la vie que son père avait menée au service de l’Église, de la famille et de la communauté.

Patrick finit par s'enfuir. Une nuit, il rêva qu'un bateau l’attendait pour l'emmener. Tout en guidant son troupeau devant une plage le lendemain matin, il rencontra un vieil homme qui lui offrit de le faire passer en Gaule. Ne prenant rien d'autre que son manteau vert (comme le trèfle), un bâton blanc dont il se servait pour guider les troupeaux de moutons, quelques graines de trèfle et une cloche de berger, Patrick monta à bord du bateau et se dirigea vers la Gaule.

Son séjour en Gaule

Patrick passa beaucoup de temps dans divers monastères. Ces séjours étaient frustrants pour Patrick car il était un homme d'action, préférant apprendre de l'exemple et de l'écoute tout en travaillant plutôt que s'asseoir et lire.

Alors qu’il pensait que son père lui avait délivré un très bon enseignement, il prit conscience que le nord de l'Angleterre et l'Irlande étaient à de très grandes distances des centres culturels de Rome et de France et que ses connaissances étaient dépassées. Le peuple avait tant erré depuis la chute d’Oanylone, et il lui avait été si facile de tomber sous le coup de fausses suggestions. Aucun des descendants de Noam n’ayant fait de séjour en Irlande, l'étincelle de la vraie foi n'avait pas atteint l'île lointaine. Il apprit donc beaucoup de son exil.

Alors qu'il était en France, Patrick eut la vision d'un homme qui venait à lui. L'homme portait un trèfle et du whisky irlandais. Il tenait une lettre dont le titre était : "la voix de l'Irlande." Après avoir bu du whisky, Patrick put entendre les sons et les voix du peuple d'Irlande qui l’appelaient: "Venez et marchez parmi nous Patrick, nous avons besoin de vous. " Cela incita Patrick à l’action. Il se mit à écrire des livres avec en relief des empreintes de trèfle, qu'il utilisa pour répandre la foi en Irlande. Il avait un manteau qui donnait l’apparence d’avoir été conçu avec des trèfles. C’était une de ses idées pour confondre les païens. Comme un berger, il portait un manteau vert pour se fondre dans l'herbe afin que les moutons se reposent en paix car il n'y avait pas de couleurs vives pour les apeurer. Il se rendit à Rome et rencontra le pape Léon. Le Saint-Père vit qu'il était sincère dans ses convictions et le nomma missionnaire en Irlande en 458. Toujours à cette époque, il fut consacré évêque.

Son retour en Irlande

A son retour en Irlande, Patrick commença à prêcher au quotidien la vie d'Aristote et de Christos. Il raconta beaucoup d'histoires aux gens après leur labeur dans les champs, et la plupart du temps, il aidait les gens dans leur travail et racontait des histoires pour les aider à garder le moral. Comme il marchait, sa cloche sonnait, comme un berger qui guide le troupeau du Seigneur. Mais il n’eut pas beaucoup de succès. On l'a juste écouté et toléré car on pouvait voir à son manteau, sa personne et sa cloche qu'il ne voulait aucun mal aux gens.

Un jour qu'il prêchait dans un enclos ouvert à tous vents et où régnait un froid intense à cause de la proximité de la mer, il fut attaqué par une bande de païens. Ces païens portaient le symbole du serpent sur leurs manteaux et des boucliers. Ils appartenaient à l’un des plus grands clan païens d'Irlande. C’étaient des descendants de colons venus d’Oanylone dans le passé, colons qui avaient été les témoins de la mort de plusieurs de leurs parents et amis tués par des serpents qui étaient abondants dans les terres qu'ils avaient parcourues pour arriver en Irlande. Aussi ces colons rêvèrent-ils, durant de nombreuses nuits, qu’un serpent venait et qu’ils mouraient tous de ses morsures. Mais, quand ils arrivèrent en Irlande, les serpents avaient disparus. Ne comprenant pas ce mystère, ils crurent que le serpent était un dieu et commencèrent à le vénérer.

Un jour que les païens approchèrent de lui, Patrick prit son bâton blanc, le leva vers eux et commença à raconter la vie de Christos. A ce moment, le soleil apparut de derrière les nuages et darda directement ses rayons sur eux. Patrick parlait avec tant de force et frappait si fort le sol avec son bâton pendant qu’il chantait qu'ils furent nombreux à être comme hypnotisés. Les mouvements du bâton créaient tant de vibrations, qu’aidé par eux et le soleil, un large morceau de glace se rompit, en emportant nombre d'entre eux dans sa chute. Les autres fuirent la contrée et bientôt l'histoire de la fuite des Serpents fut connue de tous.

Après que les gens eurent entendu parler de l'événement, il lui fut plus facile de les convertir. Il ordonna alors beaucoup de prêtres, divisa le pays en diocèses, tint de nombreux conciles, fonda plusieurs monastères et continuellement exhorta son peuple à montrer la plus grande dévotion pour Aristote, Christos et Dieu.

Partout où il plantait son bâton, un frêne apparaissait, ce qui devait constituer la base des jardins des monastères et des églises. Partout les gens guettaient le son de sa cloche et étaient impatients de l’entendre propager la vérité.

Du venin de serpent

Au cours de ses pérégrinations en Irlande, Patrick tombait parfois sur des bastions de païens. Dans ces endroits, ils célébraient leurs croyances en buvant les bières et whiskys les plus forts, les plus corsés et les plus amers. Ils appelaient ces boissons "venin de serpent". Tous ceux qui pouvaient le boire étaient acceptés dans la hiérarchie et on leur offrait de hauts postes. Beaucoup tentaient de le boire, mais la plupart le recrachait, avec des yeux larmoyants et le nez coulant, comme s'ils avaient été mordus par un serpent.

Patrick entrait dans ces bastions et proposait au chef local des païens un concours de boisson. Celui qui pourrait boire le plus de "venin de serpent" serait le vainqueur. Patrick faisait une pause, disait une prière à Christos, Aristote et à Dieu, bénissait la boisson et s'appliquait ensuite à boire plus que le païen. Patrick était encore à boire que le chef local était étendu sur le sol, évanoui, parfois même mort. Les témoins de ces duels étaient fascinés. Ils commencèrent à croire qu'en bénissant le venin de serpent comme l'avait fait Patrick, ils pourraient en boire davantage eux aussi.

Mais avant de les quitter, Patrick faisait rassembler tous les flacons et fioles et mettait le feu, détruisant toute la boisson. C'est pourquoi les bières et whiskys irlandais sont aujourd'hui les meilleurs du monde.

C'est aussi la raison pour laquelle les Irlandais bénissent leurs boissons avant de les consommer.

Sa Mort

Patrick a survécu à tous les duels avec les païens. Son bâton de frêne et sa cloche lui prêtèrent à la fois courage et force. Son manteau de trèfles le faisait accepter par tous comme l'un des leurs. Il est décédé dans le comté de Down le 17 mars 493. La ville a été rebaptisée en son honneur Downpatrick.

Reliques

Alors que, malheureusement, son manteau de trèfles a disparu depuis longtemps, quelques reliques existent encore, notamment son bâton de frêne, sur le lieu de sa sépulture, à Downpatrick, et sa cloche, à Killkenny, là où il a eu la vision du bateau.

Deux textes ont également survécu. Le premier raconte les batailles avec les adorateurs païens du serpent. L'autre raconte la création des églises et l'importance de Christos.

Citations célèbres
Pour chaque pétale d'un trèfle
Il y a un signe sur votre chemin :
Christos, Aristote, et Dieu
Pour aujourd'hui et chaque jour.

Ne suivez pas le serpent
Car il est faux,
Suivez Christos
car il nous a embrassés.


Patronage : les bergers, les prédicateurs, les brasseurs, l'Irlande
Fête : 17 Mars

Thèmes de prêche :
- Conversion.
- De l'origine des bénédictions de boulasse en Irlande.

Traduit des langues anciennes en anglais par Son Eminence Teagan, puis en français par Monseigneur Pie de Valence, évêque de Langres
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Message par Ellyrius Lun 22 Juin 2020 - 14:29


Paul Aurélien (en breton Paol Aorelian) est le patron de la ville de Saint-Pol-de-Léon (Kastell Paol), et l'un des sept saints fondateurs de Bretagne. Il est généralement représenté accompagné d’un petit dragon, par plaisanterie et référence à l’épisode de Dagon de l’île de Batz. Ci-après est contée son histoire, telle que rédigée à sa mort par un moine de ses amis :

A l’heure de la mort de mon ami Pol de Léon, cette plume peut-être consolera mon cœur désolé. C’était un grand homme, assurément, qui me sauva de bien des maux, et si quelque chose peut apaiser encore ma souffrance, c’est bien son souvenir.

Naissance et jeunesse

Paul Aurélien – ainsi le nomma-t-on à sa naissance – vit le jour aux alentours de 490 sur l’Île de Bretagne. Fils d’un guerrier et aîné d’une fratrie nombreuse, il était destiné à la carrière des armes. Dès son jeune âge, cependant, il montra un goût hors du commun pour l’étude et la religion. Il ne consentait à combattre qu’un jeune chien turbulent, judicieusement prénommé Dragon, qui pillait la maisonnée et terrorisait le voisinage. Dans l’innocence de la jeunesse, il crut que l’on pouvait combattre un animal en lui opposant les conseils de Christos. Plus tard, Pol eut souvent l’occasion de me raconter combien je lui rappelais ce molosse, non seulement par mon nom, mais par ma conduite. Je dois dire qu’il avait raison.

Le père de Pol, averti du comportement de son fils, en rit d’abord et le morigéna bien, car il ne faut point traiter les bêtes comme des hommes ; mais il vit aussi que l’enfant avait beaucoup à donner, et consentit à confier son éducation à un monastère. Il fit on ne peut mieux.

Education et premiers pas en tant que clerc

Pol put ainsi s’adonner en toute quiétude à l’étude des textes sacrés et à la pratique de la vertu. Il eut pour condisciples Samson, Brieuc et Malo, et tissa avec eux une solide amitié qui devait porter, plus tard, bien des fruits.

Arrivé à l’âge d’homme, il émit le souhait de fonder un tout petit monastère loin de tout, avec deux ou trois frères pour unique compagnie. Son supérieur, cependant, qui le connaissait bien et savait son goût de la solitude, le mit en garde. Il lui prouva nettement que son projet ressemblait à un ermitage : or, la vie retirée n’est pas bonne pour les hommes. Pol Aurélien plia devant la justesse de cette raison. Hier encore, après toute une vie de bienfaits, il associait encore son vieux maître à ses prières et le remerciait de l’avoir gardé de son erreur.

Le départ en Bretagne, la digue

Il ne prit jamais goût aux honneurs. Jugeant un jour sa mission accomplie, il refusa de revêtir le vert des évêques, et insista auprès du roi pour être libéré de sa charge. Il souhaitait se joindre à un groupe de prêtres en partance pour l’Armorique, et continuer là-bas sa mission. Marc'h lui en accorda la permission à contrecœur. Pol gagna donc la côte, et, en attendant le bateau, séjourna une semaine dans le monastère où sa sœur était abbesse. Il usa de ce temps pour faire construire aux moniales une digue protégeant l’édifice menacé par les eaux. C'était bien peu de temps, en vérité, pour un si grand et si solide ouvrage, et je m'étonnai de cette prouesse lorsque Pol me la raconta. Mais il sourit modestement, et me rappela qu'avec l'aide de Dieu, les choses les plus étonnantes peuvent être accomplies.

Ayant gagné par bateau l’île d’Ouessant, les voyageurs y édifièrent un petit oratoire afin que le Très Haut ne fut pas oublié en cette terre alors pauvre et peu peuplée. Mais Pol Aurélien se souvint du conseil de son ancien supérieur, et vit qu’ils ne devaient pas s’attarder plus longtemps dans cette solitude. Il laissa donc l’un de ses compagnons sur place avec les habitants, et les autres reprirent la mer. Le second débarquement eu lieu sur les côtes du Léon, dans un petit village dont le nom s’est perdu. Ils y bâtirent une église. C’est ce village qu’on appelle aujourd'hui communément le village de Pol, en l’honneur du très vertueux homme qui en fut le curé.

La clochette

Pendant la construction de l’église, Pol Aurélien reçut la visite des pêcheurs, qui apportaient un gros poisson pris au rivage pour le déjeuner des travailleurs. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ouvrant le ventre de l'animal ils trouvèrent une petite cloche. Paul Aurélien se pencha pour l'examiner, et sourit :
Cette cloche, dit-il aux pêcheurs, me parait toute semblable à celles que le roi Marc’h possédait, et dont on se servait pour appeler les convives à dîner. Comme je lui priai de m’en donner une, en gage d’amitié, lorsque je le quittai, il me la refusa. La voici, ou bien c’est un hasard signifiant, et je vous appelle tous à partager notre repas.

Je ne sais ce qu’il voulut dire par ce mot, ni même s’il manquait une clochette au dîner du roi Marc’h ce soir-là, mais je sais que Pol aurait invité les pêcheurs à manger avec eux même sans cet événement.

Le seigneur de l’île de Batz

Il y avait sur l’île de Batz un seigneur mal aimé, grand et fort, et si vorace qu’il pouvait dévorer tout un bœuf en un repas. C’est du moins ce qu’on en disait. On disait aussi qu’il transperçait volontiers tous ceux qui se dressaient sur son chemin, cruel qu’il était, colérique, orgueilleux, jaloux de ses richesses et de sa pauvre puissance. En vérité, il méritait fort bien son surnom de « dragon ». J’ai honte de le dire ; car ce seigneur, c’était moi, et nul n’osait m’affronter.

Pol l’osa. Contre le conseil des gens du Léon, il se présenta seul et sans arme face à Dagon de l’île de Batz. Surpris de son audace, et sûr de ma force, je le laissai entrer. Que pouvait cet homme simple, portant une étole en guise d’épée, et un livre en guise de bouclier, contre moi qui aurais su le tuer à main nue ? En vérité, il pouvait beaucoup.

Je ne sais combien de temps il me parla. Nous oubliâmes, je crois, de boire et de manger. Quand nous ressortîmes, mes gens s’écartèrent sur notre passage, non plus de crainte, mais de stupeur ; car je suivais docilement cet homme maigre et simple, et je portais son étole autour du cou. Et tandis que je parcourais mon domaine, mes yeux s’ouvrirent sur tout le mal que j’avais causé. Pol me mena jusqu’au rocher le plus au nord de l’île, et sur mon souhait profond, me donna le baptême. Je voulus quitter Batz et le suivre, mais il me l'interdit. J'avais encore bien des choses à accomplir, dit-il, avant de me permettre de choisir ma voie, car j'avais beaucoup de mal à réparer. Je restai donc, et bâtis sur son conseil un monastère.

Le séculier et le régulier

Lui non plus ne menait pas encore la vie qu'il se serait choisi, même s'il le méritait bien davantage que moi. Il disait souvent : le temps n'est pas encore venu. Avec l’aide de ses vieux amis Samson, Brieuc et Malo, ainsi que d'un certain Tudy dont il fit la connaissance, Pol Aurélien résolut en effet de répandre dans la région une foi solide, et pour cela de prêcher et d’agir pour le bien de tous. Ils s’éparpillèrent donc aux quatre coins des pays d'ici.

Mais bien qu’il se soit débarrassé de son penchant pour la solitude, le désir d’une vie monastique ne l’avait pas quitté. Lorsqu’il vit que l’édifice tenait bon, et qu’il trouva quelqu’un pour s’occuper de l’église de sa ville, il se retira donc dans le monastère de Batz où je le rejoignis bientôt.

Ma bougie s’éteint, et le jour se lève, tandis que je termine cette histoire de mon guide et ami. Je sais déjà qu’il ne fera pas le choix de revenir : sa vie fut bien remplie. J’entends nos frères moines rire, en murmurant que le vieux dragon veillera son vainqueur six jours encore, et je rirai avec eux, si je le peux, en hommage. Et lorsqu’il sera temps, je leur conseillerai de faire enterrer les restes mortels de Pol non pas ici, à Batz, mais dans la ville qu’il aimait. Je crois bien que c’est ce qu’il aurait voulu.

Rédigé par Dagon, moine de l'île de Batz, en l'an 594, et traduit par la Sœur Elisabeth Kermorial en août de l'an 1461


Appendice

On a cru bon de préciser l'épisode de la digue que Pol Aurélien fit construire aux moniales, juste avant son départ de Grande Bretagne. Dans une lettre adressée à son saint frère, la sœur de Pol, la mère Abbesse Sicofolla, a écrit :
Sais-tu, cher frère, que nous rions encore du mot que te dit notre sœur Gwenna : « On ne fait pas travailler les filles » ? Elle en rit elle-même, et répète souvent que tu as eu raison de la contredire, et de nous associer à cet ouvrage miraculeux. Il remplit merveilleusement son office. En vérité, il faut parfois rappeler aux femmes qu’elles valent autant que les hommes. Loué soit Christos, pour l’avoir fait.

Il convient également de produire quelques mots d'une lettre que Pol reçut du roi Marc'h, peu de temps après l'épisode de la clochette, et qui confirme la supposition de Dagon :

J'ai eu bien tort, mon ami, de te refuser le dernier présent que tu me demandais. J'étais trop fâché de te voir partir, et je te présente mes excuses. Du reste, le Très Haut m'en a puni, dirait-on, car il manque désormais une cloche à mon service.

Les sources rapportent encore ce mot de Pol, adressé selon certaines à la moniale qui refusait de construire la digue, et selon d'autres à Dagon de l'île de Batz désirant le suivre juste après sa conversion :

On ne fait pas toujours ce qu’on veut, enfin, quoi, à la fin.


Reliques : la clochette de Marc'h, conservée dans l'église de Saint Pol de Léon, ainsi que l'étole mise au cou de Dagon, conservée dans le monastère de Batz.

Fête : 12 mars.

Thèmes de prêche :
- le devoir et les convenances personnelles
- le refus de l'ermitage
- la rédemption des méchants, à l'exemple de Dagon
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Message par Ellyrius Lun 22 Juin 2020 - 14:58


Les parchemins contenant la vie de Saint Polin furent retrouvés en assez bon état il y a une dizaine d'années dans une vieille abbaye à l'abandon en Bourgogne. Ceux-ci, écrits en plusieurs langues différentes, nécessitèrent plusieurs années de traduction.

I/ L'enfance heureuse

Polin naît en l'an de Grâce MXLVII de notre Seigneur dans la paroisse de Langres, en Champagne. Il est le second fils et le troisième enfant d'Albert et Catherine de Langres, Seigneurs de la ville. Il grandit au sein du château familial et des terres avoisinantes, dans un milieu de petite noblesse où il ne manqua jamais de rien et, très tôt il dévoila sa persévérance, ne se résignant jamais et allant toujours au bout de ce qu'il entreprenait ; comme le prouve cet épisode de son enfance :

Vers ses dix ans, alors qu'il était près d'une rivière en promenade avec son frère et sa sœur aînés, il vit sur la berge d’en face un objet brillant au soleil. Il décida de traverser la rivière pour aller chercher cet objet, malgré les mises en garde et les recommandations de ses aînés. Tant bien que mal, manquant se noyer à plusieurs reprises, il parvint à franchir la rivière et arriva tout trempé de l'autre côté. Il découvrit alors que l'objet de son désir n'était qu'un simple outil en métal qui reflétait les rayons du soleil. Bien que déçu par sa découverte, il fut fier d'avoir réussi à traverser la rivière et d'être allé jusqu'au bout de sa volonté.

Tout au long de son enfance il vécut des moments similaires où, malgré l'inconscience de ses entreprises, sa persévérance et sa volonté le faisaient toujours triompher des obstacles, même si le résultat n'en valait parfois pas la peine.

Comme tout enfant noble, il avait reçu un enseignement religieux. Etant second de sa famille, il était pour sa part voué à une carrière religieuse alors que son aîné, lui, deviendrait un grand militaire et perpétuerait la lignée familiale. Il fut donc envoyé à sa douzième année dans un monastère de la région, où il suivit les enseignements des frères du monastère. C'est à son entrée au monastère qu'advint son premier miracle.

Alors qu'il venait de faire la connaissance de la communauté monastique, les frères furent appelés à l'entrée du monastère où un groupe d'hommes armés menaçait les moines et blasphémait contre Dieu et la religion aristotélicienne. Les moines, ne sachant que faire, se terrèrent dans le monastère ; mais alors que les hommes se faisaient de plus en plus violents et injurieux, Polin sortit du monastère et alla à leur rencontre. Les hommes, surpris par cet enfant venant à eux, cessèrent.

Polin leur parla durant plusieurs heures, et les hommes l'écoutèrent sans bouger. Quand il eut fini et revint enfin au monastère, les hommes s'en retournaient chez eux. Les moines, abasourdis, demandèrent à Polin comment il avait réussi à les faire partir. Alors Polin leur répondit simplement: « Je leur ai montré le sens de la Vraie Foy ».

A partir de ce moment, Polin ne cessa plus jamais de défendre Dieu, la Foy et la religion. A chaque fois qu'une personne blasphémait ou critiquait la religion, Polin lui parlait ; la personne ne pouvait s'empêcher de l'écouter, et il lui démontrait alors le sens de la Foy et de la religion aristotélicienne, et toujours la convainquait malgré les menaces ou les raisonnements contraires les plus élaborés.

II/ Les années noires

Après dix années passées à étudier au sein du monastère, à prêcher la bonne parole en Champagne et à défendre toujours avec succès la Vraie Foy contre ses détracteurs, Polin décida de quitter sa terre natale pour amener la lumière aux peuples égarés et répandre l'Amour de Dieu et la Sagesse d'Aristote sur les terres païennes. Il décida de partir vers le sud, jusqu'à la mer. Durant tout son périple il continua avec cette même persévérance et cette volonté de défendre partout où il passait la Foy et la religion contre ses détracteurs, ramenant dans le droit chemin quiconque l'écoutait.

En effet sa persuasion et sa Foy étaient telles qu'il parvenait à convaincre et persuader toute personne se perdant, et il la ramenait sur le droit chemin, le chemin de la Sagesse, celui de la Foy aristotélicienne.

Un jour qu'il approchait de la fin de son périple vers la mer, il rencontra sur un chemin un homme venu d’Orient qui prêchait sa religion aux voyageurs passant devant lui. Il s'approcha du petit groupe qui écoutait son prêche, écouta lui-même un moment, puis il interpella l’homme et dans un long monologue lui démontra la toute-puissance de Dieu et de la Foy aristotélicienne, qui elle seule méritait d'être pratiquée, prêchée et répandue. Quand l'homme voulu répliquer, aucun son ne sortit de sa bouche car il ne savait pas quoi répondre ; Polin l'avait rendu muet par la force de sa Foy. Les témoins de la scène propagèrent la nouvelle du miracle dans toute la région, et Polin fut donc acclamé partout où il passait. Mais toujours avec humilité et ferveur il répondait: «C'est mon devoir que de répandre la bonne parole et de Défendre la Foy».

Il arriva enfin au bord de la mer, dans un petit port du nord de l'Italie, après deux années de voyage et de prêche. Il s'y reposa un temps puis prit la mer et la traversa jusqu'aux terres du Moyen-Orient. Là il trouva des populations pratiquant une religion différente de l'aristotélisme. Il s'installa dans un village où il fit connaître à la population la religion aristotélicienne. Comme par le passé, il réussit à convertir les habitants, faisant de ce village un bastion aristotélicien en terres païennes. On bâtit une église au centre du village et le culte aristotélicien essaima petit à petit aux alentours. Les nombreuses personnes qui venaient curieuses d'en apprendre plus sur ce village converti à une religion étrangère, repartaient toutes converties elles aussi et prêtes à diffuser la Foy aristotélicienne.

Un jour un homme arriva, encore plus foncé de peau que les habitants de la région ; le plus noir, tel le charbon, que Polin ait vu de sa vie. Il était accompagné d'une petite armée et était l'équivalent de nos prêtres auprès de son peuple. Informé de l'importance que prenait le culte venu d'ailleurs, il était venu dans l'intention de tuer son instigateur, Polin. Il assiégea alors l'église où la population s'était réfugiée. Après deux jours la nourriture commença à manquer, et Polin décida de sortir de l'église, recommandant aux villageois de prier Dieu pour leur salut.

Les soldats, impressionnés par tant de hardiesse et de courage, jetèrent leurs armes à terre mais le prêtre se précipita sur Polin, couteau tiré, pour le poignarder, quand à quelques mètres de Polin, le caillou du lance-pierres d’un de ses soldats fit voler la lame en éclats. Le prêtre, impressionné par ce signe, reconnut alors la toute-puissance de Dieu et de la Foy aristotélicienne. Il resta avec son armée plusieurs mois au village, où Polin lui enseigna les préceptes d’Aristote et Christos, pour qu'il répandît la bonne parole à son retour chez lui.

Une dizaine d'années plus tard, l'aristotélisme avait gagné tout le nord des terres noires, et Polin, jugeant sa mission accomplie, décida de partir répandre la Foy aristotélicienne en d'autres contrées. Il prit le chemin de la Judée et de la Terre Sainte, où il souhaitait marcher sur les traces de Christos.

III/ La Terre Sainte

Il prit donc le chemin de la Judée, et se rendit à Bethléem et Nazareth pour découvrir les lieux importants de la vie du Messie. Toujours il continuait à prêcher avec succès la Vraie Foy et convertissait de nombreux païens sur son passage. Après quelques temps passés en Judée il se rendit à Jérusalem, allant prier longuement sur l'emplacement de la Crucifixion de Christos. Là il réaffirma la Foy des aristotéliciens et convertit de nombreux païens. Arriva alors le moment où il accomplit son plus important miracle.

La ville était une de ces rares enclaves aristotéliciennes en Orient et se trouvait à quelques lieues de Jérusalem. Polin s’y était rendu à la demande d’un prêtre de la ville, qui souhaitait raviver la Foy des habitants grâce au don de Polin. Ce fut chose faite ! En une semaine le nombre de fidèles y avait considérablement augmenté.

C’est alors qu’elle fut attaquée par une armée d’hérétiques averroïstes menés par un de ces seigneurs orientaux. La ville fut assiégée durant plusieurs jours ; la force qu’elle possédait était trop faible pour repousser les averroïstes. Polin décida donc de s’enfermer dans l’église principale de la ville. Là, seul, il pria avec la plus grande ferveur qu’on lui ait jamais vue durant deux jours entiers.

A l’aube du troisième jour, il sortit de l’église et se rendit sur les remparts de la ville, suivi de toute la population qui souhaitait voir ce qu’il allait faire pour la sauver. Alors que le soleil se levait à l’horizon, il adressa une prière au Très-Haut pour qu’il leur vienne en aide. Quand il eut terminé, un silence total s’installa durant plusieurs minutes. C’est alors que Polin se souvint de l’objet brillant de son enfance, de l’autre côté de la rivière ; il se rappela l’éclat de l’objet et combien les reflets du soleil sur celui-ci l’avaient aveuglés.

Il fit alors venir les meilleurs forgerons et les meilleurs charpentiers de la ville ; il leur ordonna de fabriquer le plus vite possible des miroirs concaves en étain qui seraient placés sur des chariots mobiles sur les remparts, dont on se servirait pour aveugler l’ennemi, le repousser et, avec la concentration des rayons du soleil, mettre le feu à la campagne environnante à la végétation toute sèche, pour le faire fuir.

Il ne fallut que quelques jours pour réaliser ce prodige qui organisa une véritable panique et la débandade dans le camp adverse, à la grande joie des défenseurs de la ville. On loua Dieu qui, par cette ingénieuse idée, avait permis le sauvetage de la ville. En hommage à Polin on rebaptisa la cité Polinia et on honora Polin du titre de défenseur de la ville et de protecteur des croyants. Peu de temps après, il quitta la ville qui encore aujourd’hui honore la mémoire de son sauveur.

Il resta encore quelques temps en Orient, allant notamment à Nazareth. Il se décida ensuite à retourner en Occident, en sa Champagne natale. Le voyage du retour fut très long et dura cinq ans car il continua à prêcher la Foy aristotélicienne, s’arrêtant parfois dans des villages pour la réaffirmer. Il passa également par la Grèce durant son périple de retour pour y renforcer sa Foy et marcher sur les sages pas d’Aristote.

IV/ Le retour en Champagne

Il arriva enfin en Champagne après plus de vingt années d’absence. Malgré tout, peu de choses avaient changé. Il reçut quelques temps après son retour le titre d’Evêque de Langres comme récompense de ses services à l’ensemble de la communauté aristotélicienne. On voulut même faire de lui un cardinal mais il refusa avec humilité cet honneur qu’il jugeait ne pas mériter. Il vécut donc le reste de sa vie en exerçant au mieux sa charge d’évêque en Champagne. La région fut à cette période-là la plus croyante et le lieu où la Foy aristotélicienne était la plus importante sous l’égide de l’évêque Polin. Il accomplit son dernier miracle peu de temps avant sa mort.

Alors qu’il était dans un village de Champagne à l’occasion de la visite de la paroisse (ce qu’il faisait chaque année dans toutes les paroisses de son diocèse) il fut appelé à l’aide par un homme qui prétendait que sa femme était mourante, alors qu’elle était sur le point d’accoucher. Polin alla à elle et l’accompagna, la soutint par ses prières. Elle mit au monde après plusieurs heures des bébés jumeaux, mais sa vie était sauve. Avant que les parents vissent leurs enfants, craignant pour leur vie en raison de leur fragilité, l’évêque Polin les emmena à l’église où il pria avec une grande ferveur toute la nuit, les nourrissons contre lui. Il revint au petit matin chez le jeune couple avec un petit garçon dans chaque bras, toujours en vie, pour la plus grande joie de leurs parents qui donnèrent à leurs jumeaux le nom d’Aristote et Christos.

Il mourut un jour de printemps alors qu’il priait, à genou sur un prie-Dieu dans la cathédrale de Langres, un rayon de soleil traversant les vitraux l’illuminant. Son corps, cependant, disparut avant qu’on pût l’inhumer dans la crypte de la Cathédrale, alors même qu’il était gardé. Il ne reçut donc pas de funérailles mais on célébra une messe en son honneur, et il est dit que ce jour une lumière immaculée irradia dans la cathédrale.

Les reliques de Saint Polin

Les reliques de Saint Polin sont toutes conservées dans la crypte de la cathédrale de Langres, à son nom. Ce sont ses vêtements d'évêque, la robe blanche qu'il porta durant tout son voyage et son bâton de marche qui sont tous enfermés dans des reliquaires d'or et de pierres précieuses.

Les sentences importantes de Saint Polin

A dix ans, à son frère et sa sœur aînés, lorsqu'il voulut traverser la rivière: Je sais au plus profond de moi que je peux le faire. C'est ma Foy qui me le permettra car devant la Foy tout ploie.

A son arrivée au monastère aux hommes menaçant les moines: La Colère est le plus malsain des péchés car elle est la perte de la confiance en soi, qui est notre Foy.

Au spinoziste rencontré sur le bord de la route: Quand on à la Foy on croit. Quand on s'oppose à la Foy on perd la voix.

Lors de son enseignement au prêtre noir: Vois-tu ce caillou ? Il est une création de Dieu et pourtant il n'a tel qu'il est aucune utilité. Mais regarde. Si je l'empile avec ces autres cailloux il devient petit à petit une muraille. Compare ces cailloux aux hommes et tu comprendras leur nature.

A un homme qu'il rencontra en Judée et qui lui demanda qui il était, il répondit: Je suis le Serviteur et le Défenseur de la Foy, je suis tout simplement Polin, fidèle aristotélicien.


Traductions de Arilan de Louvois et de Jerem51, théologues du Saint-Office romain.
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Message par Ellyrius Lun 22 Juin 2020 - 15:37


Jeunesse

San Possidonio naquit environ trois cents trente ans après Christos, dans une petite ville d’Espagne, sous la domination de Rome. Le nom de Possidio lui fût donné. Sa famille était une des plus importantes dans la région et il vécut sa jeunesse dans le luxe et l'ostentation. Son père décéda dans la force de l’âge et Possidio, encore bien jeune, hérita de toutes les terres de son père. Il devint propriétaire de ses champs ouverts et de nombreuses exploitations. Possidio devint connu pour la façon dont il exploitait la main-d’œuvre locale. Il payait fort mal ses ouvriers pour récolter le grain, et encore moins pour l'abattage de ses vaches, pourtant, ses actes d'esclavagisme ne furent jamais ouvertement critiqués par la population, car Possidio était riche, puissant et terrorisait le péquin moyen.

Rencontre avec l'aristotélisme

Un jour, parmi les ouvriers qu’il avait embauchés se trouva un vieil homme. Possidio fut surpris de le voir, car il était vieux et faible, mais il fut encore plus surpris quand il le vit travailler sans aucune plainte, alors que tous les autres se plaignaient de la dureté du travail et du salaire misérable. Lorsque la journée de travail fut terminée, Possidio se rendit en personne pour payer la solde du vieil homme, mais celui-ci la refusa. Possidio l'interrogea :

Possidio : « Comment vieil homme ? Vous vous abimez le dos dans mon verger toute la journée et vous refusez mon argent ? Voulez-vous dire que c'est trop peu payé ? »

Vieil Homme : «J'ai travaillé avec plaisir dans votre domaine, jeune homme, parce que le travail manuel aide à élever l'esprit, dit le vieil homme. »

Possidio : «Au moins, acceptez la solde que je vous propose, sinon, l’on dira que je ne paie pas mes ouvriers !"

Vieil homme : «En vérité jeune homme, votre solde est ridiculement faible, mais personne n'ose vous le dire, par crainte. »

Possidio l’agrippa par le col et le regarda méchamment ce qui fit dire au vieillard :

Je n'accepterais pas votre argent de toute façon, même si c’était le juste prix pour mon travail. Délaissez les biens terrestres et prospérez grâce aux biens de l’âme et de la vertu. Être riche et abuser du faible ne vous aidera pas à atteindre le vrai bonheur et à gagner votre salut. Pensez à cela, jeune homme.

Possidio, Furieux, ordonna que le vieil homme soit emprisonné et se retira dans ses appartements. Cependant, dans la solitude de la nuit, les paroles du vieil homme se mirent à cheminer dans son esprit et son cœur. Possidio se mit alors à réfléchir sérieusement. En effet, il avait beau être riche et puissant, il était malheureux, il sentait qu'il lui manquait quelque chose au fond de son âme. Il commença lentement à accepter sa condition qu’il s’était longtemps refusé d’entrevoir. Il ordonna que le vieil homme soit libéré et le fit conduire devant lui. Le lendemain, lorsque ce dernier fut face à lui, il lui demanda :

Connaissez-vous un moyen de trouver le salut sans recourir aux biens matériels de ce monde ?

Le vieil homme acquiesça et expliqua les vertus Aristotéliciennes à Possidio, il parla longuement du Dieu unique et Tout Puissant, fait d'Amour incommensurable et d'Amitié vertueuse. Il lui raconta la vie des prophètes et des apôtres après que Christos ait donné sa vie pour diffuser le divin message de foi. Il lui lut les hagiographies des disciples qui, persécutés par les Romains, continuèrent à prêcher la parole du Tout-Puissant. Possidio fut frappé par ces mots et, dans son cœur parvint à grandir le désir d'approfondir ces préceptes. Il fit du vieil homme son précepteur et passa des jours entiers enfermé dans sa chambre avec lui, écoutant les paroles des prophètes et arpentant le chemin de la vertu.

Ordination et Voyage

A cette époque, les croyants Aristotéliciens n'était plus persécutés par les Romains. Les clercs pouvaient prêcher et exercer leurs fonctions à la lumière du soleil, sans aucune crainte. Possidio passa une année entière à suivre les enseignements de l'ancien, jusqu'à ce qu'il décide qu'il était temps pour lui de prendre la route. Il sentait qu'il avait beaucoup appris au fond de son cœur. Un jour, il se pencha sur le balcon de son palais, fit réunir tous les ouvriers qui avaient travaillé dans ses champs et leur annonça :

Frères, je me suis finalement décidé à m'engager sur la voie de l'Eglise. Ces dernières années je vous ai fait du mal, je vous ai harcelé et je ne vous ai pas payé ce que vous méritiez pour votre travail, mais maintenant, le chemin qui mène à la richesse matérielle ne constitue plus rien pour moi. Je vous laisse tout cela. Prenez mes champs, ma ferme, mes terres, partagez-les entre vous et trouvez la prospérité !

Cela fait, Possidio fut prêt à partir. Lui et le vieux allèrent à Valence, capitale de cette province et lieu où les jeunes faisaient leurs études. Possidio changea son nom en Possidonio et reçut le sacrement de l'ordination. Il fit quatre vœux : la chasteté, la charité, l'humilité et la douceur. Il renonça à jamais aux plaisirs de la chair, au vice et à la violence. Il étudia pendant deux longues années les fondements philosophiques et théologiques de la pensée aristotélicienne et apprit les secrets du Livre des Vertus. Il fit l'étude de la logique, de la morale, de l'ontologie, de la métaphysique, et de la théologie. Il acquit les vertus et les idées transcendantes et étudia le grec ancien. Malheureusement la bibliothèque de Valence ne possédait pas tous les livres, il dû alors entreprendre un long voyage dans les diverses parties de l'Empire, tant à l'Est qu'à l'Ouest, pour compléter son savoir. Au cours de ses nombreux voyages, toujours avec son inséparable vieux maître, Possidonio témoigna d'une grande charité et d’une grande solidarité envers les pauvres en particulier. Il donnait cinq pièces à chaque Messe et il n’existait pas d'église dans laquelle il ne fit pas un don.

Possidonio à Mirandola

Sur le chemin de Rome, où Possidonio devait être nommé évêque par le Saint-Père, tous deux furent attaqués par un groupe de misérables voleurs qui les dépouillèrent de leurs biens. Ils les laissèrent dans la poussière, sans même daigner les aider à se remettre sur pied, dans un verger luxuriant à côté d'un petit village. Les gardiens de la Ville relevèrent les deux voyageurs épuisés et les conduisirent dans une auberge pour qu’ils puissent se reposer. Pendant ce temps, le gouverneur local fut prévenu de leur arrivée. Il rencontra les deux clercs et fut surpris quand il apprit qu'ils refusaient de porter plainte et de révéler l'identité des voleurs qui les avaient attaqués. Tous ses doutes disparurent lorsqu’ il apprit qu’il s’agissait en réalité de deux ecclésiastes célèbres pour leur charité et leur humilité. Le gouverneur précisa :

Ecoutez, Mirandola manque d'un guide spirituel depuis quelques temps. Je serais honoré si, jusqu'au retour du prêtre qui nous a quitté pour voyager, vous restiez ici pour combler ce manque. Les fidèles se sentent abandonnés par l'Eglise et je crains que l'hérésie se propage dangereusement au sein de la population.

Possidinio accepta immédiatement, même s’il se devait d'aller à Rome. Ainsi, alors qu’il devait rester trois mois dans la ville de Mirandola, Possidonio fit bien plus, car le prêtre ne revenait pas. Il se fit aimer par le peuple. Le religieux était reconnu pour ses sermons enflammés et se tourna encore plus vers ce peuple qu'il aimait. Il pratiquait le culte aristotélicien et les sacrements avec beaucoup de sérieux si bien qu’il recevait les félicitations de l'Archevêque de la province. Cependant, un triste événement troubla le bonheur de Possidonio, son vieux précepteur passa de vie à trépas après une longue vie à prêcher le dogme d'Aristote et de Christos. Possidonio veilla sur son corps pendant trois nuits, pleurant la mort de son cher ami à qui il devait tout, il célébra une simple mais touchante messe en son honneur, et lorsque le prêtre du village rentra, il partit à Rome le cœur déchiré.

L'élection comme évêque

Possidonio arriva à Rome précédé de sa réputation. Tous le savaient homme miséricordieux et compatissant, ayant répandu la parole d'Aristote parmi les pauvres et ayant fait d’importants dons aux miséreux. Il fut ainsi reçu par le Saint-Père et, le même jour, il fut nommé évêque de la ville de Valence, en Espagne, terre dont il était natif. Durant son court séjour à Rome, Mgr Possidonio fut invité à assister au procès de quelques voleurs païens connus pour leurs crimes contre les aristotéliciens, accusés, entre autres crimes, d’avoir blasphémé le Tout-Puissant et d’avoir dévalisé une église, toutes ces fautes étaient jadis légalement condamnable. Lorsque Possidonio vit les coupables, il reconnut les voleurs qui les avaient attaqués lui et son maître sur le chemin de Rome. Il prit la parole et déclara :

Arrêtez, ne les punissez pas ! Il est plus facile d'enseigner le chemin de la vertu et de l'amitié à travers le pardon, qu'à travers la sanction. Frères, venez-vous repentir de vos péchés et embrassez la foi envers le Très-Haut, qui, contrairement à votre païen misérable, vous pardonnera et vous purifiera.

Ainsi, les pillards se repentirent et, humblement, demandèrent le baptême, qui fut célébré sur place par Possidonio. De ces voleurs, trois devinrent plus tard des saints ecclésiastiques, à leur tour, ce qui démontre l’impact du message d'Aristote et Christos au travers des sermons d’un Possidonio au plus grand service du Très Haut.

L'invasion des Vandales et l'exil

Pendant longtemps et de nombreuses années après son retour en Espagne, Possidonio administra le diocèse de Valence avec engagement et dévouement. Il aurait pu recevoir beaucoup de hautes fonctions, devenir archevêque ou cardinal voire même Pape, mais, à chaque fois qu'on lui proposait, il refusait de peur de s'éloigner des pauvre adeptes de Valence et des enfants qu'il aimait et qui avaient capté tout son amour.

En l'an 412 après la venue de Christos, la région d'Espagne fut envahie par des peuples barbares, les Wisigoths, qui mirent le feu à un grand nombre de villes riches et peuplées. Le roi des Wisigoths était un partisan fervent de la religion païenne particulièrement prêchée chez les barbares du nord. L'aristotélisme professé par les évêques était mal vu en cette région, alors il ordonna à tous de se convertir immédiatement à sa propre religion.

Tous acceptèrent, tous sauf Possidonio. Il était désormais vieux et affaibli dans son corps, mais son esprit lui gardait toute sa jeunesse. Ainsi, il fut emmené devant le roi des Barbares.

Le Roi : « Vous osez me défier en continuant à suivre votre doctrine, fou d'évêque ? Votre vie ne compte-t-elle pas à vos yeux ?»

Possidonio : « En vérité, si je renonce à ma foi je sauverais mon corps, mais pas mon âme. La véritable force ne réside pas dans les armes et la menace, mais dans la volonté avec laquelle je reste fidèle à ma doctrine, même sous la contrainte.»

Le roi, impressionné par le mépris farouche que montrait Possidonio envers la mort, ordonna qu'il soit exilé immédiatement. Il ajouta que s’il revenait au royaume que les vandales venaient de conquérir, il serait exécuté.

L'eau de source

Possidonio commença seul son voyage jusqu'à la frontière, après avoir juré au roi des barbares qu'il ne reviendrait jamais. Enveloppé dans des vêtements en lambeaux, appuyé sur une canne et harnaché d’une besace, il arriva dans un petit village. Là, bien que la population semblait vivre dans une grande de misère, il fut accueilli avec joie et fut invité à y séjourner pendant quelques jours, une invitation qu’il ne refusa pas. Le village connaissait un malheur terrible depuis près de deux ans, il n'y avait plus d'eau dans le ruisseau du village. Celui-ci s’était inexplicablement tari et les pluies se faisaient rares. Pourtant les gens du pays offraient leur eau à Possidonio, refusant de la boire afin d’offrir l'hospitalité à l'étranger. Touché par ce geste, Possidonio décida de récompenser les villageois, qui, selon lui, avaient montré beaucoup d'amour et de vertu. Il se rendit au centre du village et leva son bâton en invoquant le Tout-Puissant :

Ô Seigneur, toi qui vit en nous grâce aux messages que tu as transmis à tes prophètes, fait descendre ta bénédiction bienveillante sur cette terre et donne l'eau à cette population, symbole de vie et symbole de purification du péché.[/b]

Puis il frappa sa canne sur le sol et l'eau coula en abondance. Les citoyens du petit village commencèrent à célébrer et louer leur sauveur, mais malheureusement, ce vacarme attira les gardes vandales postés non loin de là, et quand ils reconnurent Possidonio ils l'arrêtèrent pour le mener à Carthage, leur roi. À cette occasion, un jeune homme armé d'un bâton pris la défense de l'ancien, mais Possidonio lui demanda d'arrêter.

Ne perdez pas votre vie comme ça, jeune homme! Ma vie touche à sa fin, la vôtre vient juste de commencer. Ne versez pas votre sang innocent pour moi, je suis heureux d'avoir accompli ma mission jusqu'à la fin.

Ainsi, il fut arrêté.

Le Martyre

Quand le roi des Wisigoths vit à nouveau le vieil évêque qu'il avait chassé, il fut pris d’une rage terrible et ordonna immédiatement son exécution publique. Possidonio se laissa guider par ses bourreaux sans contestation n’ayant aucune crainte de la mort. Il fut mené sur la place centrale de Valence et là, devant une foule nombreuse, il fut décapité. Ses dernières paroles furent adressées au Très-Haut:

Seigneur, recevez mon âme à vos côtés, ne m'oubliez pas lorsque vous appellerez les justes et les vertueux, laissez-moi contempler votre sagesse et la lumière de vos prophètes.

Il mourut ainsi, en l'an de grâce 412. La foule, principalement composée d'Aristotéliciens qui cachaient leur foi par crainte d'être persécutés, attaqua les bourreaux lorsqu’ils voulurent jeter le corps de l'évêque dans la fosse commune. Ils réussirent à emporter la tête du martyr qui fut caché pendant quelque temps dans la maison d'un riche marchand de la ville, prit de pitié et ému par l'indifférence de Possidonio face à la mort. Un conseiller du roi veillât même à ce que son peuple puisse retrouver le corps de l’homme afin qu’une sépulture décente lui soit donnée.

Plusieurs années après, le corps et le crâne furent reconstitué avec le bâton qu'il avait utilisé pour effectuer son miracle. Même lorsque les Arabes envahirent une partie de l'Afrique et menacèrent de détruire la dépouille du saint, les pieux fidèles veillèrent à ce que les reliques furent menées saines et sauves à Mirandola, où une église fut érigée en son honneur.

Symbole et reliques

L'iconographie religieuse de San Possidonio est dépeinte par un homme vêtu d'une robe longue en haillons, un symbole de son humilité et de sa retenue, qu’il conserva même lorsqu'il fut évêque. Son symbole le plus important est le bâton avec lequel il fit le miracle de la source.

Les reliques attribuées au saint sont variés, elles sont situées à Mirandola. En plus de la dépouille du saint et du bâton avec lequel le miracle eût lieu, se trouve un sobre calice avec lequel il célébrait les messes à Mirandola. La maison, où vécu le saint pendant quelque temps, fut incorporée dans l'église de San Possidonio.

A Valence, sont conservés un doigt du saint et un ourlet de sa robe d'évêque surveillés depuis des siècles par les fidèles.

Traduit de l'Italien par frères Angelo De Montemayor et Bender.R.Rodriguez
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Message par Ellyrius Mar 23 Juin 2020 - 15:34


La Fuite de Turquie

Giulitta, mère de Quirico fut veuve lorsque son fils n’était encore qu'un enfant. En étant de famille Noble et par conséquent riche elle put se permettre d'élever Quirico sans trop de problèmes, mises à part les mauvaises langues qui sévissaient autour d'elle. Ils vivaient en Turquie dans la ville d'Iaconio pendant la période où Dioclétien poursuivait les aristotéliciens. S'étant convertie à l'Église Aristotélicienne et ayant donné le baptême aristotélicien a son fils, elle craignait pour leur vie. Aussi elle décida d'offrir toutes ses richesses à la ville et de fuir avec son fils de trois ans qui ne parlait pas encore.

Le Long Pèlerinage

Elle Partit à Massa là où elle savait qu'un ami s'était retiré et vivait du commerce. Sans argent et sans nourriture, elle entama un long chemin qui lui fit vivre un grand nombre d'aventures.

Après quelques jours de voyage, elle croisa des brigands sur les rivages d'un lac qui en la voyant belle, jeune et sans protection pensèrent s’emparer de sa bourse et de sa vertu. Giulitta se voyant encerclée se mit à genoux et pria pour son salut et pour que le Très Haut protège au moins l'enfant. Lorsque les brigands s'approchèrent pour la violer, l’eau du lac se mit à bouillonner et un feu venu du ciel s'abattit tout près des brigands effrayés. Giulita voulut fuir avec son enfant qui ne parlait toujours pas mais une voix dit :

« Vous serez jugés un à un lors de votre mort, mais il n’en sera pas toujours ainsi. En effet, J'ai accordé à la créature à laquelle Je n'ai pas donné un nom la possibilité de montrer que ce qu’elle dit est vrai, selon lequel le plus fort doit dominer le faible. Si, encore une fois, un si grand nombre d’humains s'éloignaient de Moi, alors ce que tu as vu dans le reflet de l'eau s'accomplira. Si, de nouveau, vous oubliez l' amour que J'éprouve pour vous et si vous ne M'aimez plus, tout cela se confirmera. Si les paroles d'Aristote et de Christos ne sont plus écoutées, Je détruirai le monde et la vie, puisqu'il n'y aura plus d'amour pour gouverner. Alors, fais en sorte de ne pas laisser Mes mots se perdre et sombrer dans l'oubli. »

Les brigands suite à ces mots tombèrent à genoux et demandèrent à être baptisés par la femme. Giulitta ne pouvait pas le faire mais elle leur dit qu’en suivant la route, ils trouveraient une Abbaye où ils pourraient expier leurs péchés et donc être baptisés dans la Foi. Les brigands leur donnèrent de la nourriture et les protégèrent. Tous se mirent en route. Après quatre jours de route, ils rencontrèrent un moine de l’abbaye qui fut mis au courant des faits. Il demanda aux brigands maintenant rachetés de rejoindre son ordre afin de les rendre serviteurs de Christos et d'Aristote. Les voleurs acceptèrent et demandèrent de pouvoir faire écrire le miracle auquel ils avaient assisté avec la femme. Cette dernière leur dit :

Ecrivez les, écrivez aussi les avertissement et les enseignement tirés de votre nouvelle vie.

Arrivée en Italie, elle rencontra de nouveaux problèmes dans la république Sérénissime de Venise, là où les gens ne mourrait pas de faim, vivait dans le luxe et l'opulence et se laissait aller à une vie d'oisiveté. Elle décida de s'arrêter quelques jours dans la capitale pour comprendre si cet état de fait était seulement un instant de faiblesse des habitants ou s’ils perdaient vraiment la foy en Dieu. Après quelques jours il lui fut clair que la paresse avait pris place dans le cœur des gens et en ne sachant pas quoi faire elle alla sur la halle pour prêcher la Foi en Aristote. Personne ne semblait l'écouter.

Après des heures de prédication, alors qu’elle était fatiguée et épuisée une lumière venue du Ciel envahit la place et Giullita se mit à briller d'une lumière resplendissante. Une femme du nom de Raffaella qui ne voulait pas croire en une manifestation divine s'écria :

C'EST UNE SORCIÈRE ! ! ! CONDAMNONS-LA À MORT ! ! !

Et de la bouche de Giullita sortirent ces mots, prononcés d’une voix profonde et qui n’avait rien d’humain :

Raffaella, cet instant est fait de joie. Tu ne croyais pas. Mais Maintenant que tu as vu, ta conviction te sauvera et montrera à beaucoup le chemin que j'ai tracé pour vous. ”
“ Père, pourquoi ne vous êtes-vous jamais montré, pourquoi ne m'avoir jamais parlé ? ”
“ Je t'ai parlé ma fille, mais tes oreilles ne voulaient pas écouter, je me suis montré à toi mais tes yeux ne voulaient pas voir, je t'ai prise par la main mais tu ne l'a pas serrée ; alors je me suis révélé à ton coeur et tu m'as cru.
Je t'ai laissé choisir puisque tu étais libre. Tu ne voulais pas m'accueillir, je ne me suis pas imposé.
Beaucoup de questions s'agitent encore en toi mais soit patiente, je te répondrai tout au fond de ton coeur lorsque le moment viendra.
Si tu tombes, je te relèverai.

Ensuite la femme tomba à genoux et pria Giulitta de la pardonner et de lui rendre la Foi.

Cette dernière arriva enfin à Massa et après s'être réconfortée dans une taverne, elle rejoignit son cher ami dans une maison du centre de la ville. Cependant lorsque il ouvrit la porte, des soldats de l’empereur Dioclétien envoyés dans la ville s’emparèrent d’elle et la menèrent au tribunal présidé par Alexandre pour la faire condamner ou pour faire en sorte qu'elle renonce à sa foi.

Le Martyre

Alexandre tint un procès sommaire et après avoir discuté avec l’accusée, il lui dit qu’elle devait accepter de sacrifier sa foy au moins pour son fils. Bien évidemment Giulitta refusa et le juge décida alors de la forcer à renier Dieu par trois jours et trois nuits de coups de fouet. Alexandre assistait au à martyre avec l'enfant Quirico à ses côtés. Mais plus la femme recevait de coups, plus elle se renforçait dans sa croyance en Dieu. Et au troisième jour, alors qu'Alexandre lui disait : “ repentis-toi et renonce à ta foi fait le pour l'enfant ”, Quirico qui pourtant ne savait pas parler prit soudain la parole :

Je suis Aristotélicien aussi !

Le Juge effrayé des mots de l'enfant le jeta à terre. Sa tête frappa violemment le sol et il mourut assitôt. Alexandre dit :

Si tu avais renoncé à ta foi, ceci ne serait pas arrivé !

Mais Giulitta ne se démonta pas, elle pria et remercia le Très Haut puisque son fils l'avait précédé dans le Paradis Solaire. Le Gouverneur plein de colère fit décapiter la mère par le bourreau.

Deux femmes qui assistèrent à la scène en cachette vinrent pendant la nuit voler les corps et elles les cachèrent dans les alentours de la ville de Massa. A la mort d'Alexandre ils les montrèrent et chantèrent les éloges de la femme et de l’enfant qui bien vite devinrent les vrais saints protecteurs de la ville de Massa.

Reliques :

Fouet du martyre et corps des Saints conservés à Massa.


Traduit par frères Angelo de Montemayor et Tibère d'Arcis
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Message par Ellyrius Mar 23 Juin 2020 - 16:06


Radegonde serait née vers 518 à La Rochelle à une époque sombre où la foi aristotélicienne n'était point encore solidement établie. Les païens étaient en effet encore nombreux et pratiquaient leur culte idolâtre. Elle était fille d'un père pêcheur et d'une mère maquerelle qui vivaient chacun tant bien que mal de leur profession respective. Le poisson se vendait mal, même si la mairie rachetait une partie de la pêche. Et le commerce de la chair n'était point aussi lucratif que par le passé. Le père était profondément aristotélicien et avait inculqué la sainte foi à sa fille. Sa femme était pour lui sujet de turpitude, mais il mettait un point d'honneur à se rendre chaque semaine à la messe avec Radegonde, afin de prier pour le salut de l'âme de son écervelée de femme.

A l'âge de 12 ans, son père amena Radegonde pour la première fois avec lui sur sa barque. Il lui apprit à lancer le filet et à tenir la ligne, arts dans lesquels elle excella bien vite. Tous deux commençaient à former une parfaite équipe. La taille des prises augmenta rapidement.

De la pêche miraculeuse

Quelques années après, alors qu'elle était âgée de 22 ans, elle se retrouva en mer un jour de mauvais temps, en compagnie de son père. Alors que le ciel se couvrait de nuages menaçants, elle sentit une forte résistance au bout de son fil de pêche. Elle appela son père à l'aide. Tous deux tirèrent et tirèrent encore. Et ils virent l'animal. Un superbe thon de plusieurs dizaines de livres.

Le père prit une rame achetée la veille au charpentier local et asséna un grand coup sur la tête du poisson qui passa de vie à trépas. Ils hissèrent à bord l'animal. Le père sortit son couteau pour le vider. Il lui ouvrit le ventre et alors s'accomplit le prodige. Il y avait à l'intérieur une croix recroisetée de bronze, fortement patinée par l'oxydation. Radegonde s'empara de l'objet qui avait une belle couleur tirant sur le vert.

Le duo avait perdu de vue l'orage menaçant. Le tonnerre gronda et un éclair vint frapper la croix que tenait la jeune femme. Son père crut la perdre sous ses yeux tant la lumière l'aveugla. Lorsqu'il reprit ses esprits, sa fille était toujours là, le visage noirci et les cheveux crêpés. Il comprit que la croix venait d'accomplir un miracle. Elle venait de lui sauver la vie. La main de Radegonde portait en elle une cicatrice en forme de croix. Mais elle ne souffrait pas.

Le père et la fille mirent le cap sur La Rochelle avec le thon dans leur petit navire. De retour au port, les habitants furent émerveillés en apprenant ce qui venait de se passer. Un policier païen qui surveillait l'endroit fut frappé de stupeur et se convertit aussitôt à la vraie foi.

La nouvelle de cette pêche miraculeuse se répandit rapidement dans tout le Poitou. De partout on accourait pour voir cette femme à la main marquée d'une croix et pour se prosterner devant la croix verte du miracle.

De l'histoire de la Grand'Goule qui ravageait Poitiers

Un matin, c'est un homme affolé qui se présenta dans la maison familiale. La mère crut un instant qu'il s'agissait d'un client mécontent et s'apprêtait à le chasser. Mais il venait voir Radegonde car il avait entendu parler d'elle. A sa vue il s'agenouilla et joignit les mains pour l'implorer.

    « Radegonde, il faut que tu viennes à Poitiers ! La Grand'Goule est de retour et dévore chaque nuit un innocent. »


Tout le corps de la femme frémit lorsqu'elle entendit ces paroles. Elle se rappela les légendes qu'on lui racontait pour qu'elle mange sa soupe.

La Grand'Goule était un animal énorme long comme vingt bœufs, haut comme deux maisons. On racontait qu'elle se déplaçait à l'image du serpent malgré de petites pattes griffues sur lesquelles elle reposait. Ceux qui l'avaient aperçu retenaient surtout l'image de la tête de la bête dominée par deux yeux cruels et une gueule énorme munie de dents nombreuses et acérées. Une affreuse créature comme seul le Sans Nom pouvait en créer.

Radegonde n'hésita pas.

    « Je viens sur l'heure ! » dit-elle.

Elle embrassa ses parents, serra contre sa poitrine la croix qu'elle portait autour du coup et se mit en marche en compagnie de l'homme pour Poitiers.

Sur le chemin, ils rencontrèrent une troupe de brigands. Mais ces derniers les laissèrent passer car ils avaient eu vent de l'entreprise de la femme. Ils lui confièrent même 30 miches de pain qu'ils venaient de prendre la veille sur un marchand ambulant. Elle les accepta mais pour les donner à des miséreux qu'elle croisa peu de temps après.

Arrivée dans Poitiers, elle découvrit une ville sinistrée. Les volets de la plupart des maisons étaient fermés. Les gens étaient rares dans les rues. Elle se rendit au château comtal où le conseil la reçut. On lui expliqua la situation.

    « - La Grand'Goule vit sous nos pieds dans les souterrains de Poitiers. Elle aime l'obscurité et ne sort que la nuit. Elle rôde alors dans les rues de notre bonne ville et attaque ceux qu'elle rencontre. Nous avons noté que ses victimes sont soit des vierges (la chair doit être plus tendre), soit des hommes sortant des tavernes et visiblement à forte tendance boulassique (la chair doit en être plus parfumée).
    Les hommes d'armes que nous avons dépêchés ne sont jamais revenus.
    - Dites-moi comment descendre sous terre et je vous débarrasserai du monstre ! » dit-elle.


Radegonde avait parlé sans faillir. On lui fit remarquer qu'une jeune vierge comme elle, du moins le supposait-on, serait un mets apprécié par l'animal. On lui demanda si elle avait peur. Elle répondit :

    « - Seuls les cailloux n'ont pas peur. Mais je vous avoue que j'ai surtout peur de ceux qui ont peur. »


On lui proposa des armes, une escorte. Elle repoussa ces offres. Elle marchait avec la foi, une force bien suffisante à ses yeux que tous les artifices des Hommes.

Devant sa détermination, on la fit descendre dans le cul-de-basse-fosse du château car un passage menait aux galeries sous terre. Elle s'empara d'une torche et avança prudemment dans la pénombre. Derrière elle, on referma bien vite la porte. Elle entendit le verrou. Elle n'avait pas le choix : avancer et vaincre.

Les couloirs étaient taillés dans la roche. L'eau suintait des murs. Il lui semblait marcher sur un sol spongieux. Après des minutes qui lui parurent des heures, elle commença à distinguer un bruit faible d'abord, puis grandissant. Elle sentit surtout une odeur ; une odeur de plus en plus forte et nauséabonde ; une odeur qu'elle n'oublierait jamais.

Et soudain, au détour d'un couloir elle la vit ! Et grande fut sa surprise. Au lieu du monstre mille fois dépeint, elle se trouvait devant un homme à l'aspect repoussant. Il était grand, le visage défait, les yeux exorbités. Une large bouche laissait apparaître des dents pour moitié noircies. Il était vêtu de loques et portait à la main droit un long poignard, tandis que sa main gauche tenait une torche. la "Gran'Goule", ou celui qui se faisait passer pour telle, par l'odeur alléchée, lui tint à peu près ce langage :

    « Hé ! bonjour, Madame la Donzelle.
    Que vous êtes jolie ! que vous me semblez belle !
    Sans mentir, si votre corsage
    Se rapporte à votre pucelage,
    Vous êtes le Phénix des hôtes de ce sombre endroit. »


Et il s'approcha, brandissant haut son arme. A ces mots, Radegonde tira de sa poitrine la croix maltesée de bronze qu'elle brandit devant l'abominable créature. L'homme eut un soubresaut violent, se mit à hurler un cri qui ébranla les murs et fut pris de convulsions. La jeune fille s'avança vers lui, montrant haut devant elle l'objet sacré. La "Grand'Goule" s'effondra alors dans un dernier râle sur le sol, non sans s'écrier :

    « Ô rage ! Ô désespoir ! Me voici donc vaincu par une pucelle ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »


Le monstre jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrait plus. Et il cessa de bouger. Radegonde s'approcha lentement, malgré l'odeur pestilentielle. Elle crut entendre l'homme murmurer une dernière fois : « je reviendrai ». Puis plus rien.

Après être restée un long moment comme interdite devant ce pauvre diable, Radegonde refit le chemin inverse et toqua à la lourde porte. On lui ouvrit. Elle raconta alors son histoire et fut fêtée dans toute la ville des jours durant.

De l'homme qui était devenu monstre après avoir vraisemblablement perdu la raison, on n'entendit plus parler. Les soldats partis dans les souterrains à la recherche de son cadavre ne le trouvèrent cependant jamais.

De la fin de la vie de sainte Radegonde

Cet épisode fit de Radegonde une des femmes les plus célèbres du Poitou. Elle décida de s'installer à Poitiers où elle espérait couler des jours heureux. Mais on venait de partout pour la voir, la toucher ou pour prier. Elle accueillit toujours avec bonté les gens qui venaient à sa rencontre. Elle avait toujours un mot aimable ou une parole réconfortante pour chacun. Elle vécut paisiblement jusqu'à la fin de sa vie de la culture de son potager, car disait-elle en parlant du chou son légume favori :

    « C'est un légume familier cultivé dans les jardins potagers et qui égale à peu près en grosseur et en sagesse la tête d'un homme. Prenez-en de la graine. »


Elle mourut à l'âge de 99 ans dans son jardin, au milieu des légumes qu'elle aimait tant.

A sa mort, une foule gigantesque vint lui rendre les derniers hommages. Son corps fut enterré dans une église qu'on rebaptisa de son nom dans sa bonne ville de Poitiers. Son cœur et la fameuse croix verte qui ne la quittait jamais furent cependant déposés dans un précieux reliquaire.

L'Ordre de Saint Lazare en est le dépositaire et le gardien.

Symboles associés :

- Reliquaire contenant son cœur et la croix verte recroisetée
- Eléments liés : Compassion, courage, altruisme
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Message par Ellyrius Mar 23 Juin 2020 - 16:54


Rémi naquis à Cerny-en-Laonnois, près de Laon, en 437. Hincmar, dans une œuvre rédigée en 882 nous narre comment Rémi a reçu le titre de Comte de Laon à la mort de son Père Émile de Laon. Ce titre ne fut toutefois jamais reconnu par les autres familles nobles, surement parce qu'il n'était que le cadet de la famille. Cependant, il ne fait aucun doute qu'il appartenait bel et bien à la noblesse et au milieu la connaissance et du savoir, comme en témoignent ses correspondances durables et nombreuses avec Clovis. Son immense culture et sa fine plume firent merveilles durant maintes années*. Son verbe et sa Foy se trouvèrent unanimement reconnus, si bien qu'aujourd'hui encore, il est considéré comme l’un des plus grands théologiens de son temps.

Malgré lui, il joua un rôle central dans la création du Royaume des Francs avec la conversion de Clovis Ier à l’Aristotélisme. Rémi ne participa jamais à aucun concile en France ou à Rome, préférant s’occuper directement des Hommes et de leurs âmes sur les routes.

Les théologiens du Saint Office considèrent la Mission d’Aristotélisation de Saint Rémi comme la fin du Paganisme en France.

I. L’enfance.

Le petit Rémi, alors âgé de quatre ans, marchait calmement dans une forêt non loin de Laon. L'enfant aimait se promener après les longues heures d'apprentissage qu'il suivait avec plaisir et assiduité. Rémi était très apprécié des autres écoliers : son sérieux et son aide, qu’il apportait régulièrement, et sa jovialité, par ses rires et ses jeux firent de lui « l'ami des écoliers », spécialement en Italie à l’ouverture des classes.

Malgré son jeune âge, tous pouvaient lire sur son visage son sérieux, son appétence aux mystères de la vie, sa piété et son respect envers les autres. Déjà il avait ressenti l’Appel Divin. Parfois porté sur la solitude, non pour fuir les Êtres Humains mais pour accéder à la réflexion, il reconnaît sans équivoque l'appartenance de l'Homme au Très-Haut. C’est donc sans peur et sans surprise qu’il accueillît la première apparition de Sainte Raphaëlle. Tout au long de l'existence de Rémi, l'archange soutint ses pensées et ses actes pour la diffusion pour la diffusion de la grande Religion Aristotélicienne, et lui réapparu ponctuellement.

Lors de cette rencontre, la forêt assombrie par les immenses arbres centenaires s’éclaira soudain d’une lueur inexplicable, et Sainte Raphaëlle apparue, auréolée de Lumière Divine, pour l’entretenir en ces termes :

« -Tu dois combattre le paganisme et faire connaître les justes Prophètes Aristote et Christos. »

Il comprit et intégra immédiatement ces paroles malgré leur caractère quelque peu ardu pour un jeune enfant. Sainte Raphaëlle lui transmit le pouvoir du verbe, don de Dieu au jeune enfant, afin qu'il puisse toujours trouver le juste mot pour faire ressentir la vraie Foy et ainsi offrir son amour au Très Haut. Plusieurs fois au cours de sa vie l'archange et Rémi se revirent.

II. La jeunesse.

Rémi accéda à la charge d'évêque de Reims, alors que son frère aîné Principius devint le prélat du diocèse de Soissons.

Les temps étaient troublés en raison de la chute de l’Empire d’Occident et de la disparition de la domination Romaine au profit de tribus "barbares" telles que les Burgondes ou les Visigoths. Mais Rémi s’attacha à un jeune Roy de quinze ans, Clovis, qui trouva dans le jeune évêque, à la mort de son père en 482, un ami et un père spirituel**.

Clovis se converti à L’aristotélisme. C'est en la Cathédrale de Reims qu'il reçut le sacrement du baptême, le jour de la Saint Noël, symbole d'amitié et de générosité, probablement entre 496 et 499. Sa très pieuse épouse, la Princesse Clotilde, fille du Roy Burgonde Chilpéric, obtint à ses côtés ce sacrement. Ce jour-là, Rémi célébra en grande pompe le baptême de trois mille Francs. ***

En remerciement, Clovis accorda un grand nombre de terres à Rémi où ce dernier fit construire la plupart des églises champenoises.

Un peu d’histoire…

Rémi influença-t-il Clovis sur sa vision du Royaume des Francs, par sa présence ou ses missives ?

S'il était un habile politicien, il fut avant tout évêque, ainsi, sans fondamentalement influencer la politique de Clovis, il est indéniable qu'il fût l’une des pièces maîtresses de l'avènement de son règne. Jamais il n’oublia sa mission religieuse, diffusant de la Foy Aristotélicienne avec l'inestimable aide de la Reine Clotilde, elle-même fervente Aristotélicienne. Ce prosélytisme constitua une aide précieuse pour Clovis car elle engendra l’adhésion des autres évêques et l'union des divers groupes gallo-romains disséminés sur le territoire. La propagation de la Foy Aristotélicienne fut ainsi déterminante pour rassembler les peuples et le clergé gallo-romain des territoires qu'il conquît. Chacun pu alors reconnaitre l’importance du travail effectué par l’évêque de Reims.

Clovis fut le premier Roy Aristotélicien du royaume de France, et nombre de ses actes furent empreints d’une grande ferveur, preuve s'il en fallait, de l’influence de Rémi. Rémi fut considéré comme « Aritotélisateur à vie » parmi les Francs, et Clovis reconnu à ce dernier la souveraineté religieuse sur lui et son peuple.****

Ce Roy, aidé de l’évêque et de la Foy, fédéra le pays avec une dernière victoire à la bataille de Vouillé en 507 sur les Visigoths. C’est ainsi que la dynastie des Mérovingiens débuta.

La chronique de la célébration des baptêmes royaux et de l’armée.

Rémi venait de baptiser l’armée de Clovis, trois mille soldats emplis de ferveur pour leur pays et pour la Foy Aristotélicienne. Tous reçurent une gouttelette d’eau, symbole de renaissance et de pureté. La fiole d'eau bénite, pourtant assez grande, fut totalement vide lorsque Rémi s’approcha pour asperger à son tour le Roy Franc, agenouillé devant lui. La crainte envahit alors Rémi car Clovis, pouvait parfois se montrer colérique et impatient. L'évêque se recueillit profondément, et éleva silencieusement une prière au Très-Haut.

Dans la respectueuse et méditative concentration ambiante, nul ne vit arriver une colombe qui, sans bruit, survola de sa grâce la foule amassée. L’émoi fut collectif et absolu lorsque le gracile volatile, serrant dans ses serres une brindille d’olivier, se posa sur le flacon pour y déposer son léger fardeau. L’eau Sainte emplit immédiatement la fiole et la colombe pencha légèrement la tête vers Clovis, comme pour le saluer. Elle reprit son envol aussi légèrement qu’elle arriva devant une assemblée médusée et muette.

Tous réalisèrent le signe divin qui eût lieu sous leurs yeux et, désormais, tous reconnurent en Rémi, le Guide spirituel longtemps recherché et vainement attendu. Le clerc fut acclamé et Clovis lui-même s’inclina en signe d’acceptation devant cette manifestation divine. C’est par le Miracle de la Colombe, indiscutable signe de Marque Divine, que Rémi saisit toute la force de sa Foy et l’importance de l’Aristotélisation.

III. Les Voyages.

L’ancien « petit Rémi » devint Grand, après le baptême du Roy Clovis, il continua à participer à l’unification des peuples Francs autour d’un même Roy et d’une même Foy.

Aimant toujours se promener, il partit sur les routes, diffuser la parole des Prophètes, tant aux nobles Francs qu’aux gens moins fortunés. Ses pas le menèrent à travers tout le royaume de France et bien plus loin encore : Italie, Espagne, Angleterre. Jusqu’à l’âge de soixante dix ans, il parcourut sans relâche d’innombrables chemins pour transmettre avec sagesse et efficacité la Religion Aristotélicienne.

Rémi ne fit jamais de distinction entre homme et femme, noble ou paysan, soldat ou commerçant, enfant, adulte ou vieillard. Il chercha à tous les rallier au Principe Divin, et l’Archange Raphaëlle revint plusieurs fois le guider, lui indiquant la voie à suivre pour toucher son auditoire avec des mots percutants, et ainsi atteindre le cœur des païens. Beaucoup rejoignirent l'Église Aristotélicienne.

Où le mal annonce un bien : le miracle des brigands.

Non loin de Parme, par un petit matin frileux Rémi s'était tranquillement endormi sans trop prêter attention au lieu où il s'endormit, comme à son habitude. Il s’était seulement assuré qu’il y serait au sec et à peu près abrité par les grands arbres. L’endroit était discret. Las ! Des brigands de grand chemin trouvèrent l’endroit tapissé de foin sec à souhait, loin du tumulte des villages et des eaux humides, tout autant confortable que lui. Comme quoi les hommes sont tous frères puisqu’ils apprécient les mêmes choses…

Le réveil fut, au sens propre comme au figuré, surprenant, pour le groupe de malfrats comme pour l’évêque. Un peu effrayé, Rémi ne sut que faire, il ne possédait rien de bien précieux, ne vivant qu'avec la richesse que la Foy lui procurait. Les brigands, en nombre, furent surpris, même s'ils restèrent néanmoins maîtres de la situation. Rémi, désorienté, ne sut comment sauver sa vie, non pas qu’il redouta d’aller vers le Soleil rejoindre le Très-Haut, mais parce qu'il pensait ne pas avoir achevé son travail terrestre. Il n'avait pas grand-chose à monnayer, sa bourse était aussi plate que tranchoir de miséreux ! Il fouilla ses poches et eut soudain une idée : il décida de leur proposer sa bonne pèlerine de laine, seul objet de valeur qu'il possédait. Un tisserand de Laon lui avait confectionné, tissé bien serré pour le rendre étanche, avec la meilleure laine. Lorsqu’il ouvrit l’habit pour l’ôter et le leur donner, un parchemin roula jusqu’aux pieds du chef des brigands. Celui-ci, sachant lire, en énonça l’inscription :

« - Aime tes semblables et Le Très Haut t’offrira un amour infini en retour».

Le chef des brigands resta indécis, il ne comprit pas instinctivement les mots qu'il venait de prononcer, cependant la puissance de ces derniers, le pénétra avec force et eut raison de son obtus cerveau de malfaiteur. Personne n'eut le moindre geste et Rémi offrit de partager sa nourriture composée de quelques miches de pains et d'un morceau de parmesan. Les brigands n'étaient pas prêts à une action aussi charitable, trop habitués à voler pour prendre ce qui leur plaisait, mais, la vigueur de la Foy de Rémi avait déjà insidieusement pénétré le cœur du chef brigand. Tous deux s'entretinrent longuement et le caïd décida d'abandonner sa troupe qui les laissa sains et saufs. Il accompagna ainsi l’évêque jusqu’à Parme où lui-même devint curé quelques temps après.

IV. La mort de Saint Rémi. (533)

Après des années de pérégrinations, vieux et fatigué, Rémi retourna à Reims où il choisit de vivre jusqu’à ses derniers jours. Il offrit régulièrement à ses paroissiens quelques-uns de ses plus beaux sermons, chavirant âmes et cœurs vers la douceur de la Foy et la Religion Aristotélicienne.

Il s’éteignit le premier jour d’octobre de l’année 533. Ce jour-là, une lumière formidable inonda la région. Tous les paroissiens des églises environnantes comprirent immédiatement que l’évêque avait rendu son dernier souffle. Sa mort assombrit nombre d'hommes et de femmes, mais son départ vers le Soleil illumina tout le Duché.

Le peuple champenois demanda sa sanctification à l’annonce de sa mort. Saint Rémi fut enterré à l’Eglise Saint Christophe à Laon qui devint par la suite l’Eglise Saint Rémi. L’évêque Hincmar fit procéder à l’élévation des reliques en 852 et les déplaça dans la Cathédrale Sainte Marie de Reims. Le corps de Saint Rémi y est aujourd’hui encore conservé dans la crypte.

V. Postérité

En taverne, où les glissades sont nombreuses, et les trouvères grandiloquents, quelques expressions résonnent encore du souvenir de Saint Rémi :

- Cire Rémi, sol facile à cirer.

Sur les grands chemins forestiers, l'on peut parfois entendre la douce mélopée d'une complainte à Saint Rémi :

- Rémi, scions ! Rémi, scions !

VI Notes :

* C’est grâce à cette correspondance que fut rendu publique l’histoire du vase de Soissons par une lettre envoyée à Rémi sous le titre « Sacrum Vas ».

** Tel qu’il fut rapporté dans les écrits de l’évêque Grégoire de Tours, dans un ouvrage titré « Dix Livres d’histoire »

*** Toujours selon le même ouvrage.

**** Ainsi on peut citer des phrases célèbres comme cette dernière, réponse de Clovis à Rémi sur la Foy Aristotélicienne chez le peuple franc :

« Veillez aux signes sans distinction chez les nôtres. Conseillez-vous entre évêques. Amusez-vous avec les jeunes mais délibérez toujours avec les anciens. »


Traduit par Aranwaë Dunedain, Licio_da_correggio, Feuilllle et Bender.B.Rodriguez.

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Message par Ellyrius Mar 23 Juin 2020 - 17:15


Il y a fort longtemps, à Tolède, en Espagne, un homme du nom d’Ahriman se disait prophète. Il affirmait que les sept incarnations du péché étaient gouvernées par un roi des Enfers appelé Diable. Alors qu’Asmodée présidait à la gourmandise, Azazel à la luxure, Belial à l’orgueil, Lucifer à l’acédie, Belzébuth à l’avarice, Léviathan à la colère et Satan à l’envie, ce Diable regroupait en lui tous ces vices au point d’en faire le maître du péché.

Ce faux prophète affirmait à qui avait la folie de l’entendre que, lors du Jugement Dernier, à la toute fin de l’Apocalypse et donc du monde, les pécheurs envoyés aux Enfers viendraient gonfler les rangs démoniaques des troupes infernales. Il ajoutait que Dieu et son alter-ego maléfique se préparaient à un conflit qui déciderait de l’avenir de toute la création.

Ce conflit, qui durerait mille ans, opposerait donc les deux armées suprêmes. L’armée démoniaque, composée de pécheurs et de démons, serait menée par les sept incarnations du péché, sous les ordres du Diable, leur roi. L’armée céleste verrait les justes et les anges guidés par les archanges Gabriel, Georges et Michel, eux-mêmes sous les ordres de Dieu.

Mais le Très Haut, en sa très grande magnificence, avait placé en ce pays le très saint Ripolin, dont la vertu rayonnait sur ses contemporains. Il prit son bâton de pèlerin, chaussa ses sandales de prédicateur, et s’en vint en la ville de Tolède pour y extirper l’hérésie. Sur la place centrale de la ville, il vit Ahriman prêcher à la foule son erreur impie. Alors saint Ripolin s’avança aux cotés de l’hérésiarque et lui parla en ces termes :


    “Menteur! Votre prêche est faux et, par votre parole impure, vous souillez les âmes de ceux qui sont ici à vous écouter. Sachez qu’il n’est jamais question dans les Saintes Ecritures de votre Dieu malfaisant, celui que vous nommez Diable. Ne les avez-vous donc pas lues pour affirmer ainsi de telles absurdités ? Apprenez donc la parole de Dieu au lieu de Lui en inventer!”“Les pécheurs iront aux Enfers, lorsque Dieu les jugera, non pas pour se battre contre leur créateur, mais pour y subir leur juste punition. Votre langue est fourchue et votre prêche impie ! Faites plutôt comme les archanges Georges, Michel et Gabriel, et faites pénitence envers Dieu pour qu’Il vous pardonne de votre péché. Car, sinon, vous serez bien placé, lorsque Dieu vous jugera, pour comprendre à quel point les pécheurs ne se battent pas mais souffrent pour l’éternité.”“Dieu, le Très Haut, est tout et tout est en Lui. Il est le commencement et la fin du monde. Il est qu’amour pour Ses créatures, car elles sont issues de Lui. Qu’a-t-Il besoin de se battre pour affirmer Sa toute-puissance alors qu’il Lui suffit de dire “Ne sois plus.” pour que l’on ne soit plus? Il n’a pas conçu le Paradis, les Enfers et le Purgatoire pour que ceux qui seront jugés se battent entre eux!”“Ainsi, l’Apocalypse, de saint Posuys, nous apprend que tous les hommes et toutes les femmes mourront avant d’être jugés. Comment pourraient-ils alors se battre s'ils ne peuvent se tuer ? Comment un être humain peut-il mourir s'il est déjà mort ? Alors, repentez-vous de vos erreurs, car, lors du jugement divin, celles-ci pèseront bien lourd dans la balance!”.


Alors, Ahriman leva son bâton pour frapper saint Ripolin. Mais, alors que le ciel était d’un bleu azur et que les nuages se faisaient discrets, un éclair foudroya l’hérésiarque, arrêtant net son mouvement. Il n’en restait plus qu’un tas de poussière. Alors, saint Ripolin appela tous ceux qui avaient écouté l’infidèle à faire pénitence et à louer le Très Haut pour Son amour. Tous se mirent à genoux et prièrent pour le Salut de leur âme.

Ysupso
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Message par Ellyrius Mer 24 Juin 2020 - 16:15


Samson (en breton Samzun) est l’un des sept saints fondateurs de Bretagne. Son nom est associé à Dol-de-Bretagne, où il fit construire un monastère. On le représente généralement accompagné de serpents, symboles des maux physiques qu’il s’attachait à soulager, ou portant une église comme il a porté la sainte foi en Bretagne. Ci-après sont traduits et compilés les souvenirs d’un sien disciple, tels que contés plusieurs décennies après sa mort dans une série de lettres d’éducation adressées à une élève.

Lettre première – où l’on apprend comment Samson naquit à un couple infécond, et comment il choisit la voie de l’Église

Tu m’as souvent interrogé, ma chère élève, sur Samson, que j’ai eu l’heur et le privilège de connaître. Aujourd'hui que tu n'es plus là, j'ai le sentiment de ne pas lui avoir rendu justice. Je peux moins te guider, à cause de la distance qui nous sépare ; mais que Saint Mhour me soit témoin, l’écriture est puissante ! Aussi, je veux encore te dispenser cet enseignement, et te dire comment vécut l'homme qui fit tant pour notre sainte Église en Bretagne. Après quoi, je considérerai t’avoir apporté tout ce que je pouvais.

Il te faut savoir, d'abord, que mon maître aurait pu ne jamais embrasser la carrière ecclésiastique. En effet, lorsqu'il en manifesta l'envie, son père Ammon se montra fort réticent. Non qu’il manquât de piété, bien au contraire ! Mais lui et son épouse avaient longtemps craint de ne jamais avoir d’enfant. Ils avaient prié avec ferveur, des années durant, mais leur union semblait vouloir rester sans fruit. Or donc, ce fils qui leur était venu, ils le chérissaient et tremblaient à l’idée de le perdre, même pour Dieu.

Cependant, Ammon reçut en rêve la visite de l’Archange Miguaël. Celui-ci lui dit :

« Dis-donc… Si tu veux un gamin pour assurer tes vieux jours, adopte ! Y’en a plein les rues, et tu feras une bonne action. Mais Samson, lui, veut suivre la voie d'Aristote et de Christos, alors lâche-lui la grappe. »

Ce sont là les paroles exactes qui me furent rapportées par Samson, lequel les tenait directement d’Ammon. Il faut croire que les Archanges adaptent donc parfois leur niveau de langue à leur interlocuteur, à moins qu’Ammon, dont le parler était franc et rude, ait un peu modifié la lettre du message en le rapportant. Quoi qu’il en soit, ce fut efficace.

Allons, je dois te laisser. J’écrirai demain, sois en sûre.


Lettre seconde – où l’on apprend comment le moine Samson se fit médecin

Ma chère élève, encore élève, élève pour jamais,

Sois certain que, si tu devais avoir besoin de moi et tant que je vivrai, tu pourras toujours te tourner vers moi. Ce que je t'ai écrit, je ne l'ai pas écrit pour te congédier. Je reconnais, seulement, ce qui est : que tu prends ton envol, et que tout est bien.

Samson, t’écrivais-je, rejoignit le monastère de Cardiff. Il montra vite une grande aptitude pour les sciences, et particulièrement pour celles qui apaisent les maux du corps. A seize ans, il reçut la charge de cultiver le jardin de simples du monastère. A dix-sept ans, il concoctait ses propres potions et essences curatives. Ses frères ne furent jamais si bien soignés. Quant aux paysans du voisinage, ils venaient souvent à lui pour recevoir des soins, et pour obtenir des conseils sur la façon de chasser les oiseaux et les serpents.

Samson disait souvent :

« Ne méprisez pas les maux du corps, car le corps et l’âme sont étroitement liés. La maladie de l’un pèse à l’autre. »

Au Frère Plas Hébeau, qui arguait que la foi seule guérissait le corps, il disait encore :

« C’est ça ! Et quand ta potion te tombera du ciel, prends garde à ne pas la prendre sur la tête, surtout ! »

Herboristerie, anatomie, physiologie, chimie, astronomie… Samson étendit autant qu’il put ses compétences médicales. Mais quoique sa science fût large, il cherchait toujours à en acquérir, et jugea qu’il ne le pouvait en son monastère. Il demanda donc à le quitter.

Comme je te quitte moi-même ; mais je te raconterai tantôt les voyages d’études de Samson.


La lettre troisième, s’est perdue. On suppose qu’elle est riche d’informations sur son voyage irlandais, sur la façon dont il vécut, dont il arriva en Bretagne, et sur son chemin au sein de la sainte Église pendant cette période.


Lettre quatrième – comment Samson, arrivé en Bretagne, éradiqua une épidémie et fonda Dol

Très chère enfant,

Je m’associe à tes louanges, cent fois, mille fois, car il est vrai que l’arrivée de Samson sur notre bonne terre était un cadeau du ciel. Je veux te dire encore quelles prouesses il réalisa, et comment il se décida à rester parmi nous.

Vois-tu, lorsqu’il gagna l’endroit où la péninsule s’arrache au continent, il fut accueilli par un notable généreux mais profondément triste. il demanda à son hôte la cause de son affliction. « Ma femme et ma fille, répondit celui-ci, souffrent d’un mal étrange qui gangrène la région. Tout leur corps irradie de douleur, et nul ne sait les soigner. »

Samson interrompit séance tenante ses projets pour étudier le mal des autochtones. Il partageait son temps entre ses consultations, ses recherches, et les offices au cours desquels il ravivait la foi des malades et de leurs familles. La tâche l’épuisait. Régulièrement, il arrivait que des malades succombent, et que leurs proches fous de douleurs accablent Samson d’insultes et de reproches. Son hôte, cependant, ne lui fit pas la moindre remarque lorsque son épouse vint à mourir. Au contraire, il le remercia d’avoir tant œuvré.

A force de travail, Samson réussit à trouver le remède parfait, et put sauver la fille du notable et de nombreuses gens du pays. En remerciement, on voulut le couvrir de richesses. Il refusa tout. Il suggéra seulement de faire construire un hôpital, et le notable accepta, à la condition que Samson reste encore un peu et dirige le chantier. Ainsi l’édifice sortit-il de terre, et on l’appela Dol, en mémoire des grandes douleurs que l’épidémie avait causées. Le village du notable adopta le même nom avec fierté. Bientôt, c’est toute la région que l’on nomma « Pays de Dol ».

L’as-tu déjà vu ? Je te le conseille. Samson lui-même s’y attacha, et s’attacha aux gens qui y vivaient, tant et si bien qu’il abandonna son désir de voyager. Je te dirai, bientôt, ce qu’il fit ensuite. Prends soin de toi.


Lettre cinquième – comment Samson renonça à son voyage d’étude pour diffuser la foi en Bretagne, et l’aventure du médecin jaloux

Ma chère enfant,

Je t’ai dit que Samson souhaitait désormais continuer d’œuvrer pour les souffrants. Je crois aussi que le spectacle des souffrances physiques et morales l'avait ébranlé, et qu'il désirait s’entourer autant qu’œuvrer pour la foi. En tout cas, lorsque les plus saints hommes que la terre de Bretagne ait portés se rassemblèrent pour lui inculquer le message divin, Samson fut du nombre, comme de juste ; et je tiens de source sûre que l'idée de quadriller le terrain fut sienne.

Il se rendit vite très populaire tant par ses prêches que par ses conseils éclairés aux gens du commun. Ainsi qu’il l’avait fait à Cardiff, il leur enseigna notamment comment on agit en cas de morsure de serpent, ou comment on chasse les oiseaux d’un champ nouvellement semé en plaçant des épouvantails. Bien qu’il soignât désormais les âmes, il ne dédaignait pas de s’occuper des maladies du corps. On lui confiait systématiquement les cas les plus graves, car il excellait dans son art.

Un jour, un médicastre, jaloux des prouesses du clerc, voulut l’empoisonner. Il l’invita à dîner, et lui servit du vin de pomme dans lequel il avait versé de la ciguë. Samson bénit sa coupe, la but… mais ne fut pas affecté le moins du monde, et complimenta même son hôte pour l’excellence de son alcool. Le médicastre, frappé de ce prodige, tomba à genoux et implora le pardon du Très Haut.

Samson ne voulut jamais parler de miracle, car il était trop modeste. Mais tu sais ce que j’en tiens. Voilà quel homme béni du ciel j’eus l’heur de fréquenter.


Lettre sixième – le clerc et la politique

Tu me reproches, Anne, de louer l’homme de foi et l’ami des gens simples, sans parler des prouesses qu’il accomplit pour son pays. C’est un bien mauvais procès, vraiment, et à deux titres. D'abord parce qu'il était homme de foi, et que son premier pays était la Terre ; ensuite, parce que les gens simples sont justement ceux qui forment la cité. Ils en sont le corps, et le corps doit être traité avec soin et respect. C’était la maxime de Samson.

Mais soit ! Si tu veux du sensationnel, et que l’épidémie de Dol ne te suffit pas, voici par exemple. Je t’ai dit que parmi les cinq grands clercs de ce temps-là, Samson était le mieux organisé. C’était aussi le plus savant et le plus sociable, et le plus fin diplomate. Il se trouva en position d’intervenir sur le terrain politique, lorsqu’une querelle violente opposa un chef breton et un chef franc d’alors, et il fit en sorte que le premier fut rétabli dans ses droits. A Paul Aurélien, qui lui reprocha de se mêler du pouvoir temporel, il écrivit :
« Je sers Dieu – dois-je cracher sur la Terre ? Je loue le très haut pouvoir – doit-je être aveugle au plus petit ? Il y eut une injustice, je tâchai de la réparer, je réussis. Je n’y gagne ni or, ni terre, ni puissance. Je récolte même la haine de quelques-uns, sourds aux intérêts des gens d’ici. Baste ! La seule richesse que je veux, c’est d’avoir pu faire quelque chose. »

Paul Aurélien ne disputa plus, puisque les actions de son ami avaient été suivies d’effets : la crise politique passa. Samson, cependant, le Très Haut me pardonne, avait eu tort sur un point : il récolta bien davantage que de la satisfaction. Sa nouvelle notoriété le fit bientôt considérer comme la tête des clercs du pays – et ses amis ne lui auraient pas refusé le titre. Voilà aussi quel homme tu dois honorer.


L’héritage

Ma bien chère Anne,

J’arrive à la dernière de ces lettres ; car je t’ai conté beaucoup déjà. Le reste, tu pourras l’apprendre par toi-même, si tu le souhaites. Je veux seulement, encore, te dire comment mon maître mourut.

Il avait alors quatre-vingt-cinq ans, et un mal lent mais sans remède lui attaquait le corps. Ses amis, moi le premier, le prièrent instamment de se prodiguer à lui-même ses miracles, mais il leur exposa que son mal ne pourrait être soigné par ses plantes, et que du reste, il ne faisait pas de miracles. Je crois bien que ses derniers mots furent pour demander une bouteille d'alcool, et souhaiter bien du plaisir à ceux qui le suivraient.

Je ne sais combien de temps durera ce qu'il a fondé, mais la foi rayonnera dans son sillage. Ce fut ma tâche. C'est la tienne également, aujourd'hui. Bientôt, je quitterai ce monde ; et toi, tu formeras de jeunes gens qui feront la même chose.


Traduit et compilé en décembre de l'an 1461 par la Sœur Elisabeth Kermorial

Appendice

Reliques : les restes de Samson furent dispersés à la suite d’invasions normandes. Un fémur, un tibia et quelques fragments furent récupérés et se trouvent encore à Rennes. La coupe dans laquelle Samson but le vin empoisonné se trouve à Fougères.

Fête : 28 juillet

Thèmes de prêche :
- les parents et leurs enfants
- la maladie
- la diplomatie
- la politique
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Message par Ellyrius Mer 24 Juin 2020 - 16:49


Sa Naissance :

Théodule naquit dans les premières décennies du quatrième siècle, bien avant les grandes invasions Vandales puis des innombrables attaques Wisigoths du Vème siècle. On ne connaît pas la date exacte de sa naissance, peu de registres référentiels existant jadis, ou s’étant irrémédiablement perdus. Il fut élevé dans la foi et la piété Aristotélicienne dès son enfance, louant Christos et le Très-Haut, dans la campagne environnante d’Alais (Alès à notre époque) village édifié dans une boucle du Gardon, dans une plaine située au pied des Cévennes, à une petite dizaine de lieues au Nord-Ouest de Nîmes.

Ses parents :

Comme il arrive parfois des hasards considérés par les Humains comme étant « extra-ordinaire », (en réalité des évènements commandités par Le Très-Haut) ses parents se rencontrèrent sur le même lieu qui plus tard, verrait s’endormir un certain Célestin, au prénom déjà révélateur de la Présence Céleste.

Un aigle se posa près d’eux, il venait d’un pays du nord-ouest de l'Afrique, de la région de Maghreb el-Aqça, nommée de nos jours « Mérinides » (Maroc.) L’oiseau avait sans interruption volé haut et longtemps. Il déféqua un noyau d’olive, indigeste, dont il avait assimilé la pulpe, différent des autres noyaux d’olives du voisinage.

Se souvenant de l’importance de l’Aquila dans les représentations symboliques sculptées dans les églises, les parents de Théodule plantèrent respectueusement le noyau qu’il avait rejeté en haut de la plaine d’Alais.

… Ils ne savaient évidemment pas que l’olivier d’Ouazzane vit plusieurs siècles sans dépérir…

Sa jeunesse :

Un peu plus tard, le Petit Théodule sema quelques plants de cucurbitacées autour de l’arbre, pour en faire condiments ou l’accorder avec des herbes sauvages et le fromage frais de leurs chèvres, que ses proches dégustaient avec plaisir.
(Nos têtes couronnées en raffolent depuis peu, mais depuis plusieurs millénaires les cornichons sont connus -et fort prisés, des Égyptiens, des Grecs et de pas mal d’Italiens.)

Contre toute attente, ils s’implantèrent bien. Grâce à cela, sans être dans l’opulence, la famille ne manquait de rien, et si beaucoup de temps était consacré au travail et à l’étude, Le Petit Théodule en avait de reste pour prier et recevoir les enseignements complémentaires de l’époque, bercé par le doux chant du Gardon.

Il grandit donc dans la Foi et l’érudition, connaissant en plus tout ou presque sur la culture des cucurbitacées de cette ère. Il passait avec constance et ténacité, porté par sa Ferveur et par une joie profonde, beaucoup de son énergie et de moments à transmettre la Bonne Parole, et cela dès qu’il sut s’exprimer.

Cultures :

… Comme toutes les cucurbitacées, les cornichons poussent mieux dans un sol riche en humus.

Pour remédier à cela, chaque année, et dès qu’il fût en âge, le jeune homme importait de la sphaigne pour son sol argilo-calcaire, comblé de cailloux concassés : cette espèce de mousse, très spongieuse, (une spécificité des tourbières et zones humides du Haut Languedoc), morte mais maintenue humide, protégeait parfaitement du vent d’Autan, vigoureux et asséchant, les cultures de cornichons.
Celles-ci s’implantèrent de plus en plus solidement dans ce coin du Languedoc.

Ce furent ces premiers déplacements, durant lesquels il peaufina l’art d’écrire et son étude du Dogme, tout en améliorant encore ses plantations. Il prit alors conscience du pouvoir et de la force du prêche et de l’Aristotélisation. Il combattait en tout lieu le manque de piété et l’acédie par son exemple, toujours penché sur un plant ou à l’oreille d’un camarade en manque de foi ou de vertu, dans la peine ou bien malade, mais s’approchait avec la même affabilité et autant de calme des Violents et des païens, qu’il tentait, avec plus ou moins de succès mais toujours avec ténacité, de remettre sereinement dans le chemin de la vertu.

Il prit quelques cours de stratégie militaire auprès de la soldatesque de son village, à la suite de plusieurs envahissements auquel le village dut faire face de nombreuses années d’affilée.

C’est par la suite qu’il se rendit compte que Le Très-Haut le préparait alors à son avenir. Celui-Ci, en vertu de ses dons pour la vie spirituelle l’appela enfin au sacerdoce. Théodule confia ses plantations de Cucumis Sativus aux villageois, car on ne lui connaissait ni frère ni sœurs, et ses parents avaient déjà rejoint le Soleil.

Son sacerdoce :

Devenu prêtre d'Alais vers 339, comme en atteste certain registre archivé, il fut le premier curé de cette ville véritablement connu. Sous son ministère et par son influence bénéfique, les rites païens disparurent et les mœurs barbares et superstitieuses des habitants du lieu changèrent pour faire place à une vie aristotélicienne plus conforme au Livre des Vertus.

Le prêtre ne fut pas seulement curé d'Alais, il fut aussi un missionnaire pour tout le Languedoc. Rien ne l’arrêtait dans sa mission sacrée de propagation de la foi. On faisait même mention de son nom dans la crypte de l'archevêché de Narbonne.

Mais sa vie fut surtout marquée par un évènement qu’il ne sut expliquer autrement que par la confiance qu’il avait envers Le Très-Haut et la puissance de l’amour qu’Il confère à Ses Enfants. Bien des siècles plus tard, cet épisode eut des retombées Célestes sur toute la région… Ce fut ce que l’on nomma pieusement par la suite : Le Miracle d’Alais.

Le Miracle d’Alais :

Parmi les habitants de son village, certains devenaient prospecteurs aurifères dans les rivières du Languedoc, riches aussi en plomb argentifère et en fer. Lors d’un de ses périples languedocien, il découvrit un groupe de ces personnes qu’il amena à l’Aristotélicisme, après bien des jours et des échanges.

Ceux-ci le remercièrent par la suite en lui faisant porter quelques pépites de minerai précieux. Il les tenait toujours dans une poche de son mantel, pour se souvenir de ces entretiens avec ceux qui avec le temps étaient devenus des amis.

Un soir qu’il se reposait au pied de l’Olivier, devenu plus grand, le Cers, un vent violent froid et humide venant de l’ouest, se leva. Des nuées moutonnaient à l’horizon, sombres et denses, et le comportement parfois violent du climat pouvait laisser présager quelques montées des eaux en cas de gros orage.

Oubliant son mantel déposé un peu plus tôt près d’un plant de cornichons, il courut s’abriter dans une anfractuosité naturelle pierreuse, sachant que l’unique arbre serait sans doute piqué par la foudre si elle tombait. L’olivier s’embrasa…

Théodule revint plus tard, la pluie diluvienne avait éteint rapidement le brasier qui avait empourpré la colline un peu plus tôt. Mais il ne restait rien de son mantel, consumé.

Il observa l’olivier, qui avait peu souffert. Baissant les yeux, il tomba à genoux devant un objet brillant et incroyable : à sa grande surprise, les pépites avaient entièrement fondu, et ciselé en le recouvrant intégralement un petit cornichon enfermé hermétiquement et pour toujours dans sa gangue minérale. Les nuances argentées ou dorées marbraient l'objet avec beauté.

Il ne doutait pas de la Main Divine qui avait travaillé à la manière d’un grand orfèvre le fruit devenu imputrescible : dans sa prescience et quelque sagesse, il pensa que Le Très-Haut avait une vue particulière sur un tel ouvrage et décida de le protéger jusqu’à sa mort. Il comprenait l’importance parfois d’illustrer Le Dogme localement par un symbole régional. Il le porterait dorénavant en pendentif discrètement sous sa toge.

Son combat contre les hérétiques et ses premiers miracles :

Bien plus tard, une autre hérésie menaça le Languedoc. Un ancien moine ayant quitté son monastère commença à prêcher une morale relâchée. Des hérétiques se mirent à son service et entreprirent de faire trépasser tous ceux qui ne pensaient pas comme eux. Théodule organisa une résistance active contre ces colonnes infernales d'hommes barbares qui brûlaient tout ce qui représentait l'Église Aristotélicienne.
Théodule fut un chef militaire remarquable, commandant les armées de fidèles et repoussant l'hérésie jusqu'en Provence. Une grande bataille sur le Gardon rassembla plus de cinq mille hommes : elle fut marquée par un certain nombre de miracles où Théodule guérit par imposition de son pendentif beaucoup de blessures sanguinolentes. Les armées aristotéliciennes tracèrent alors sur leurs boucliers et leurs drapeaux un cornichon et l'initiale T. Lorsque l'on crut que la terreur était passée, Théodule tomba dans un piège bassement fomenté pour lui faire payer sa gloire à vaincre les hérétiques.

Son martyr :

Il fut amené jusqu'à Alais où les hérétiques l'enfermèrent dans son église et sa résistance dura plus de deux cents jours. Théodule fut enfermé avec deux cents autres villageois, choisis pour leur piété.

Les hérétiques y mirent le feu. Cachés on ne sait où, (peut-être une crypte secrète?) trente trois paroissiens furent sauvés. Théodule était parmi eux.

On relâcha enfin les survivants, hormis Théodule, toujours prisonnier, qui fut conduit sur la place du marché d'Alais pour être jugé sommairement. La commandante des armées hérétiques en mission à Alais, Jeanne Cauchonne, le fit condamner à la question. Théodule ne blêmit pas, ne renonça pas à sa Foi.

Aussi il fut décidé de l'empoisonner : par pur perversité, on lui fit boire une décoction de jus de cornichon mêlé d'arsenic . Mais au moment où Jeanne Cauchonne lança :

« - Tu es né grâce au cornichon, tu succomberas par lui ! »

Une pluie de grêlons s'abattit sur Alais. Chacun se réfugia où il put. Théodule fût sauvé, une nouvelle fois.

Furieux, les hérétiques voulurent continuer son martyr de plus belle : on voulut lui couper la langue et les poignets. Les couteaux se brisèrent. De guerre lasse, on l'attacha à un tronc d'arbre que l'on fit tourner dans le Gardon.

Cette fois, Le Très-Haut avait sans nul doute décidé de le recevoir en Son Sein :Théodule mourut noyé un jour de mars 389. Sa fin avait duré cinq horribles heures. Les deux troncs (arbre et corps) furent stoppés par une dénivellation d’un petit méandre du Gardon, alors des cavaliers sans foi et sans cœur les embrochèrent mutuellement, pour » faire exemple ».

Le lendemain matin rien ne subsistait de cette barbarie : le Gardon avait tout recouvert de ses eaux rivages et maisons alentours : une inondation comme il s’en produit encore aujourd’hui parfois avait maîtrisé toute colère humaine et lavé toute trace sanglante du martyr. Débarrassé par les eaux du tronc d'arbre, Théodule reposait dans la crypte de l'église d'Alais, là où le Gardon l'avait amené en démantelant des lourds vantaux de l'entrée de la demeure Du Très-Haut, recouvrant l'endroit même où il avait enfoui son pendentif lors de son emprisonnement.

Chacun put y voir l'œuvre et de désir Du Très-Haut : il avait toujours été un exemple de foi et de rectitude toute sa vie, il avait prouvé que la défense du Dogme par l'épée, malheureusement nécessaire, n'ôtait en rien, sous certaines conditions, au respect de non-violence et d'amitié de l'Aristotélisme.

Son pèlerinage :

La tradition rapporte que beaucoup d’habitants du lieu vinrent apporter une pierre pour la construction d'un tombeau. Théodule reposa auprès des premiers habitants d'Alais, jusqu'à ce que des hérétiques vident l'ensemble de la Sainte Crypte plusieurs siècles après son trépas.

Le lieu fut l'objet de nombreux pèlerinages venant de toutes les parties de la Gaule. Le Bienheureux Pierre-Morgan de Lusignan, premier archevêque de Narbonne installa plus tard une icône de la relique qui était devenue celle du martyr, un cornichon, (celui-là même que la foudre avait sculpté du temps de Théodule, dont la description avait défié les temps, et retrouvé par Célestin) dans l'église d'Alais. C'est à présent la Relique elle-même qui fait toujours la fierté d'Alais et de tout le Languedoc, car elle est le symbole de la résistance et de la Foi.

Prière à Théodule :

O, Théodule, ami du miracle et de la résistance.
O toi, fraicheur envoyée par Le Tout-Puissant.
Garde nous de l'hérésie et donne-nous la force de combattre.

La relique :

Un cornichon d'or porté en sautoir par le martyr retrouvé par Célestin.

Dictons populaires :

Cornichon, si je te dore, je t’adore.
Courageux comme Théodule !
Si tu ne vas pas à Théodule, Théodule te trouvera.
Aide-toi et le cornichon poussera.

Père Pierroléon, Scriptorium, Feuilllle.

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Message par Ellyrius Mer 24 Juin 2020 - 17:12


Tertio Florentio Tullio est né à Carthage entre les deuxième et troisième siècles dans une famille de chevaliers numides. Riches et puissants, ses parents, deux hauts fonctionnaires Patricien Romain, espéraient faire de lui un bureaucrate impérial pour qu'il s'affirme à Rome. À l'âge de 26 ans, nous savons avec certitude qu'il avait déjà suivi la Voie de l'Etat, qu'il avait assisté à des cours et effectuées des interventions majeures en tant que procureur dans la province d'Afrique.

Pendant ce temps, il se convertit à la religion des cultes de l'Orient qui comprenait la philosophie d'Aristote ainsi que d'autres prophètes.

A trente-sept ans, conscient d'avoir effectué la plupart de sa carrière politique en Afrique, il décida de s'installer à Rome, où résidaient les plus hautes autorités de l'État. Dès son arrivée, il commence l'étude du Droit Romain tout en continuant à assister aux cercles des religions alternatives. Il connut des Croyants, entendit le message d'Aristote et de Christos et assista aux premiers pas de l'Eglise aristotélicienne.

C'est lors d'une longue nuit d'échanges, concernant le mysticisme et Aristote, que père Montano le convainquit de devenir fidèle. Sa rencontre avec le Pape Vito I ne fit que précipiter la chose.

Baptisé avec le simple nom de Tertullien et nommé diacre par la suite, le Saint était célèbre pour ses écrits essentiellement consacrés aux fondations des institutions telles que la Nonciature future ou l'Inquisition. Ses immenses connaissances juridiques ont furent mises au service du Droit canonique qu'il transcrit en latin, selon les règles strictes de l'époque.

Le diacre Tertullien, après avoir renié sa carrière d'Etat fut un jour convoqué devant le tribunal pour "crimes contre la religion païenne". Il perdit son procès et dû payer une forte amende pécuniaire. De son procès, nous pouvons retenir une déclaration qu'il prononça devant le juge et qui lui permit de devenir célèbre :

"Je sais que vous pensez que c'est absurde ce que je crois: voilà encore une preuve que j'ai raison"

Tertullien fut vite célèbre grâce à sa ferveur, de ses paroles et de ses positions intransigeantes. Il laissa à la postérité une multitude de livres et documents, écrits ou traduits par lui, dont celui par exemple où Aristote donne des conseils aux familles sur la façon de vivre à Rome.

Son œuvre la plus célèbre a été l'Apologétique d'Aristote et du siège d'Aornos qu'il fit découvrir à tous ses contemporains. Tertullien avait remarqué que toutes les religions minoritaires, en particulier l'Eglise, étaient secrètement mais systématiquement persécutées par la justice pour offenses envers les dévots païens. Il se rendit compte maintenant que l'Aristotélisme était devenue le bouc émissaire de toutes les catastrophes se passant à Rome. Dans ses livres, il souligna alors l'illogisme des jugements des tribunaux.

Il a dit:

«Dieu est dégoûté de la corruption de l'Empire romain, et envoie des calamités et des malheurs. Il rappelle à tous que la fin du monde est proche. L'Empereur prononce des mensonges à ses sujets en leur disant que notre présence est de contrarier les dieux. L'empereur nous demande de renier notre Dieu sous peine de voir nous voir persécutés et tués... : c'est l'essence même de notre martyre silencieux »

Un autre fameuse phrase :

"Vous dites que l'adoration de Dieu est un péché mortel. Alors, pourquoi ne viendriez-vous pas nous exterminer tous ? Avez-vous peur de ce qui pourrait se passer ensuite ?"

Pour sa défense vis-à-vis des fidèles aristotéliciens face à la Cour de Rome, il obtint le titre d'apologiste. Il contribue, pour plus de cent cas, à protéger les fidèles persécutés et condamnés en payant de sa propre poche les amendes.

De retour en Afrique, il fut ordonné prêtre à l'âge de cinquante ans, et mourut dix ans plus tard, tout proche de devenir archevêque et primat d'Afrique.

Beaucoup se souviennent de lui comme un homme imposant, à la peau foncée et les cheveux sous un turban. Au début, il adopta la toge romaine puis, avec le temps, il revint à Carthage avec une toge plus austère et moins élégante. Même à un âge avancé, il était un homme sain et musclé. Il fit sien le fameux adage romain : "Anima sana in corpore sano", c'est à dire: "âme sain dans un corps sain".

Le miracle

Un jour Tertullien faisait un voyage d'agrément à Concordia, dans la région que nous appelons Veneto. Rendu dans cette cité, il découvre un noyau de fidèles à Aristote et à la Parole du Très Haut. Il entra dans la maison de l'évêque, dont on disait qu'il avait connu Titus bien que cela soit impossible, pour lui parler, et y trouva le vieil homme écrasé par une bibliothèque..

Le fort Tertullien avec ses gros bras, lève la bibliothèque et essaye de ranimer l'évêque, qui semble tout à fait incapable de se remettre de cet incident. L'évêque ouvrit les yeux et en disant seulement: «Allez faire messe", mourut.

Tertullien amena le cadavre à l'église, où étrangement, la foule des fidèles l'attendait. Ils dirent : «L'évêque, l'évêque est ici avec nous!"
Tertullien, qui n'était à l'époque que diacre, fut pris de court, et proposa ensuite aux fidèles d'effectuer la messe du mercredi. Tertullien, tout en sachant peu le missel, fut en mesure de faire une messe officielle dans l'Eglise, pour la commémoration du défunt. Pendant la messe, tandis que les fidèles priaient, les vêtements portés par Tertullien, qui appartenait à l'évêque, ont commencé à briller d'une lumière intense, beaucoup plus que la normale, et à  aveugler toutes les personnes présentes. Et ceux qui réussirent à garder les yeux ouverts ont vu l'image de l'évêque baisant la main droite de Tertullien.

L'un d'eux s'écria: "Res Parendo!"

La légende raconte que Tertullien a laissé une note, au sujet de l'incident, en disant: "Missa In Gratebus"; et depuis lors, nous adoptons la terminologie "In Gratebus" et "Res Parendo".

Il est le Patron du diocèse de Concordia et de Carthage.
Ayant la peau noire, il laisse un souvenir impérissable pour tout le peuple africain.

Transcrit par Luciano P. Monforte O.P.
Traduit par Dariush, SO FR.
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Message par Ellyrius Jeu 25 Juin 2020 - 16:00


Tugdual (en breton également Tudwal) est le patron de la ville de Tréguier (Landreger) et l'un des sept saints fondateurs de Bretagne. Il est parfois représenté accompagné d'un cheval blanc ou d'une colombe, symbole de ses nombreux voyages.

Jeunesse et grandes espérances

Tugdual est né vers 490, dans l’Île de Bretagne. Une source tardive lui confère pour parent un prince breton, arguant qu’un homme de telles manières, instruction et influence ne pouvait venir que d’une grande race ; mais les enseignements de Christos nous invitent à ne guère nous y intéresser, car c’est par sa propre volonté qu’un homme s’élève et agit sur ses semblables, et non par la grâce de sa naissance. Quelle que fut sa parenté, donc, il prit le chemin du noviciat dans l’Île de Bretagne, et était déjà entré dans les ordres lorsqu’il posa le pied en Bretagne armoricaine.

Il était arrivé par le pays de Trégor, et s’y installa. Jamais il ne regimba à la tâche, parlant du Très Haut à tous ceux qu’il rencontrait, prêchant sans relâche la parole des prophètes, et faisant bâtir à ses frais une église dans la ville de Tréguier, qui lui est vouée aujourd’hui. Cependant, il sentait qu’il ne pouvait agir seul. « La Foi n’est pas l’affaire d’un seul homme », disait-il parfois, devant un triste verre de chouchen, lorsqu’il sentait la solitude de sa condition de prêtre. « Que puis-je bien faire, si je suis seul ! »

Bien plus tard, dans une lettre à son disciple, il devait écrire à propos de cette période :

« Je méditais souvent sur l’entreprise des apôtres. Il me semblait raisonnable de penser qu’une Eglise forte devait être une Eglise soudée, dont les membres se connaissent et agissent de conserve, quoique selon une hiérarchie, ainsi que Christos le voulut ; car un corps doit posséder une tête, mais la tête sans les membres ne touche jamais à rien.
Moi, j’étais une main sans corps. Je n’avais pas encore rencontré les autres mains, et n’osais encore rêver à la curieuse créature que nous formerions. »

Rencontre et grands accomplissements - de l'origine du Tro Breizh

Dans la même lettre à son disciple, Tugdual écrivit :

« Un jour, un marchand du Léon m’entendit me plaindre de ma solitude. Il me dit d’abord : « Eh, toi, le clerc ! Qui es-tu pour te plaindre ? » J’allais répondre vertement, car j’ai toujours eu, à ma grande honte, une certaine propension à m’emporter. Mais je me tus, et je fis bien, car il ajouta : « Écris donc à ton collègue Pol, qui aimerait tant être tranquille. A vous deux, vous ferez une moyenne. »
C’est ainsi que je pris contact avec ceux qui deviendraient mes amis et mes alliés. »

Il prit donc contact avec ce Pol, qui lui fit connaître ses amis - dont Brieg en qui il reconnut son oncle. Lorsque Brieg, Samson, Maclou et Pol Aurélien décidèrent de parfaire l’entreprise d’aristotélisation entamée par Corentin et Patern, Tugdual se joignit à eux. Il y eut quelques échanges épistolaires, avant une première rencontre qui eut probablement lieu à Rohan.

Ils résolurent d’abord d’agir chacun dans une partie de la terre de Bretagne, laquelle était encore fort divisée, afin qu’aucun lieu ne fut oublié. Le partage fut fait selon les affinités et les accomplissements de chacun : à Tugdual incomba donc le pays de Trégor où il poursuivit son office. Il fonda également le monastère du Val-Trégor, qui s’élève encore aujourd’hui non loin de Tréguier.

Ils résolurent ensuite de s’écrire beaucoup et se rencontrer souvent, afin que l’on n’oublie jamais que l’Eglise du Très Haut est une. De surcroît, ils décidèrent d’effectuer des pèlerinages réguliers d'une paroisse à l'autre, pour éviter de se replier sur leur lieu de prédilection et de fermer les yeux au reste du monde. Parfois, ils faisaient ce voyage tous ensemble. Parfois, l’un d’entre eux menait d’autres clercs et laïcs. Leurs équipées sont restées célèbres, et sont commémorées aujourd’hui dans le Tro Breizh.

C'est à cette époque de grande activité que Tudgual aurait pour la première fois prononcé ces mots :

« Il ne faut plus jamais que l’on dise : quel glandouilleur, ce curé ! »

L’épisode romain et le dévouement

Soucieux de toujours s'impliquer davantage, Tugdual désira un jour pousser le pèlerinage hors des frontières bretonnes, car la création ne connait pas de frontières, ni l’Eglise. Ses pas l’amenèrent donc jusqu’à Rome, où il montra la même ardeur à la tâche qu’il avait montrée auprès de ses paroissiens. Dès lors, et pendant deux ans, il partagea son temps entre le Trégorrois et Rome.

On fit courir les rumeurs les plus fantaisistes pour expliquer son extraordinaire dévouement à des charges si lourdes et si éloignées géographiquement : certains lui attribuaient ainsi la faculté d'ubiquité, tandis que d'autres lui prêtaient la possession d'une grande colombe, voire d'un cheval blanc ailé, qui le portait de Rome à Tréguier et de Tréguier à Rome. En vérité, c'était seulement un grand voyageur, qui ne craignait pas de passer du temps sur les routes et de travailler en chemin.

Ces deux années révolues, cependant, il jugea qu'il n'était pas raisonnable de poursuivre à ce train trop longtemps. « On ne peut pas être partout, non plus ! » dit-il un jour, et s'établit à Tréguier, où il termina sa vie, sans jamais cesser cependant d'agir pour les autres et pour l'Eglise.

Rédigé en septembre de l'an 1461 par la Sœur Elisabeth Kermorial, d’après les archives de l’église Saint Tugdual de Tréguier et de l’archidiocèse de Rennes

Appendice :

Reliques : une partie de ses ossements est conservée en l'église de Tréguier.

Fête : 30 novembre

Thèmes de prêche :
- la diffusion de la foi
- l'Eglise
- le pèlerinage
- le dévouement à sa charge
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Message par Ellyrius Jeu 25 Juin 2020 - 16:27


Chapitre I - « L’enfance »

1 C’est dans le château familial de Roccaseca que naît Thomas, en un bel après-midi de printemps de l’an de grâce 1225. Ses parents, de condition aristocratique, lui inculquèrent une éducation fondée sur les principes de la raison philosophique. Son père, haut magistrat de la petite cité d’Aquino, entendait faire de son rejeton son digne successeur en politique. L’enfant montrait des prédispositions tout à fait remarquables dans les matières que lui enseignait son précepteur, Albert le Gros, un illustre personnage napolitain. Ce dernier, en fin diététicien, soumettait son jeune élève à un strict régime alimentaire, composé essentiellement de poisson et de lait, dans le dessein d’augmenter ses capacités intellectuelles. Ainsi, Thomas, le temps faisant son œuvre, devint un esprit fort aiguisé. Ses raisonnements laissaient pantois son maître.

2 Apercevant une colonie de fourmis, Thomas demandait à Albert : « Mon bon maître, tu m’as dit moult fois que ma nature était d’être sociable. Ces insectes étant d’une nature sociable, est-ce à dire que je suis un insecte ? ». Et Albert de répondre : « Tu raisonnes, Thomas, selon le principe du syllogisme. Il te fait dire des âneries plus grosses que toi. Mais cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir apporter la preuve du grotesque que l’on avance. Je te félicite. »

3 Voyant une ruche grouillante d’abeilles, l’élève interrogeait encore son maître : « Tu m’as dit moult fois qu’Aristote affirmait que l’homme est un animal social car il est doué de parole. Ces insectes étant manifestement organisés socialement sans être douées du langage, est-ce à dire qu’Aristote avait tort ? ». Et Albert de répondre : « Tu blasphèmes, Thomas, et tu iras te confesser pour ces propos. Aristote a dit le vrai, c’est comme ça et pas autrement. Cela dit, cette tournure d’esprit te mènera fort loin en politique, où il faut savoir contredire toute vérité, et faire passer le faux pour le vrai. Je te félicite. »

4 Et voici comment s’écoulait la douce existence du jeune Thomas, entre jeux intellectuels et joutes verbales avec son maître.

5 Mais voilà que Thomas commença à montrer un intérêt tout particulier pour les choses de l’esprit, au grand désespoir de son père. Le jeune homme tenait ces propos à qui voulait les entendre : « Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement. Je ne ferai jamais de politique, j’aimerais enseigner ». De telles paroles faisaient naître un monumental courroux chez le paternel, qui répondait à sa progéniture : « Tu es mon fils unique, et tu feras ce que je te dirai de faire, que ça te plaise ou non. Tu deviendras maire comme moi, et un jour comte, je te l’ordonne. »

6 Ce conflit vint à s’envenimer, le père et le fils demeurant sur leurs positions. Le premier, excédé, fit placer le second dans un couvent franciscain.

Chapitre II - « Les années d’étude »

1 Thomas fut d’abord bien contrit de se retrouver en la rude compagnie de ces moines austères dont on faisait une triste réputation. Mais bientôt il se ravisa, découvrant les joies et la satisfaction que procure l’étude de la théologie. N’ayant jamais été initié à cette science, il suivit les enseignements de ses professeurs avec avidité et sérieux. Ses camarades le prenaient pour un idiot, son impénétrable silence ne trahissant jamais la finesse de son esprit. Son aspect physique, qui n’avait guère fait l’objet des attentions de la grâce, le rendait peu charismatique. Il souffrait même d’un embonpoint pathologique, et un cou fort musculeux reliait sa tête au reste de son corps. Tout cela lui valut le sobriquet de « bœuf muet ». On le raillait, on se gaussait allègrement de lui, comme les franciscains en avaient l’habitude à l’égard de ceux qui leur semblaient différents.

2 Mais par une froide journée de l’hiver 1245, alors que Thomas assistait au cours de théologie pratique, il fit entendre, pour la première fois, le timbre de sa voix. Le professeur eut le malheur d’affirmer en substance que l’intellect, par le jeu de la raison, pouvait seul venir à bout de tous les mystères de la foi.

3 Thomas commença par lui rétorquer, à la grande consternation de l’assistance, que « grands sont les mystères de la foi, et notre capacité à raisonner n’est rien en comparaison des desseins de Dieu qui seront toujours inconnus aux pauvres mortels que nous sommes ». Il poursuivit en affirmant que « la nature peut toujours être infléchie par la Grâce, qui n’est que son œuvre, et lorsque la seconde agit sur la première par la force du miracle, elle nous laisse, comme des insectes, dans l’incompréhension ».

4 L’enseignant fut contrarié, et voulut infliger à l’élève une leçon de philosophie : « la raison est la lumière que Dieu nous a confiée pour saisir son message ; sinon, pourquoi en serions-nous dotés ? Tais-toi donc, bœuf muet, comme tu sais si bien le faire, puisqu’il semble que ton intellect ne soit pas suffisamment aguerri pour saisir les énigmes de la foi ». Les élèves se moquèrent de Thomas qui, ne perdant pas de sa contenance, répondit au professeur : « la raison est la science de la nature, or la nature n’est que l’œuvre de Dieu. Etudier et connaître la nature n’est pas connaître Dieu, mais seulement son œuvre ».

5 Cette fois ci, le maître fut fâché, et fit ce rappel à son étudiant : « Mettrais-tu en doute la parole d’Aristote, qui par sa sainte et prophétique raison, a touché Dieu de son doigt ? ». Et Thomas de lui rétorquer, toujours aussi calmement et avec autant de mesure : « Aristote est saint car il a révélé la matière dans sa véritable nature, à savoir celle de création divine. Mais lui-même n’est qu’un effet de la cause première, qui est Dieu. Seule la foi, seul l’abandon de soi au spirituel, dans la plénitude et la béatitude contemplative, peuvent nous permettre de toucher Dieu ».

6 Ce furent les dernières paroles de Thomas au sein du couvent franciscain, car celui-ci fut renvoyé pour son impertinence. Et le recteur de prononcer ces mots au moment où il bottait le derrière du jeune disgracié : « Puisque c’est ainsi, jamais tu ne bénéficieras de l’ascenseur social franciscain. Jamais tu ne seras cardinal. Nah ! »

Chapitre III - « L’errance »

1 Thomas, exclu du couvent franciscain et déchu de son appartenance à l’ordre, se trouva alors dans la difficile condition de vagabond. Il errait, presque nu dans les rues de Naples, en quête d’une destinée. Ayant toujours eut le désir de voyager, il se dit qu’il en avait là une occasion fort bonne. Il s’engagea ainsi sur les routes des royaumes, prenant la direction du nord.

2 En chemin, il fit la rencontre d’un marchand ambulant. Ce dernier vit en quel triste état se trouvaient les pieds nus de Thomas, ensanglantés qu’ils étaient par plusieurs jours de marche sur le tranchant des pierres. Le négociant apostropha Thomas en ces termes : « Hola ! Marcheur ! As-tu vu que tes pieds son blessés ? J’ai justement là une paire de chausses qui tu pourrais enfiler, et ainsi mettre fin au calvaire que tu sembles vivre ». Thomas fut surpris de cette soudaine attention à son égard, et fit cette réponse à celui qui se souciait si aimablement de son sort : « Eh bien, l’ami, je ne puis qu’accepter cette sympathique proposition ». Les chausses lui convenaient parfaitement, et en effet lui facilitaient la marche.

3 Il remercia le marchand, s’apprêtant à reprendre la route, mais celui-ci fit à Thomas : « Eh ! Dis ! Ca fait soixante écus. A payer comptant ». Et Thomas de lui rétorquer : « Content ? Comment pourrais-je être content de payer une telle somme pour bénéficier de ta charité ? ».Le marchand fut consterné, et répondit : « Mais, mais… Il ne s’agit pas de charité ! Faut bien que je m’enrichisse, moi. Je ne donne rien, l’ami, je vends ».

4 Thomas lui lança un regard réprobateur, avant de reprendre : « T’enrichir ? Ainsi tu veux t’enrichir ? Et de surcroît sur le dos d’un pauvre vagabond ? N’as-tu point de morale ? Ignores-tu les préceptes de la vertu aristotélicienne ? Le temps que tu passes à t’enrichir, tu ne le mets pas au service de la communauté. On ne s’enrichit qu’au détriment des autres. En vérité, il y a autant de chance pour un riche d’être accueilli au royaume des cieux que pour une vache de passer dans le trou d’une aiguille. Sois charitable, comme Christos te l’enseigne. ».

5 Le marchand ne l’entendait pas de cette oreille, et répondit à Thomas en ces termes : « Oui, oui, c’est ça… Tu m’as bien regardé ? J’ai une tête à te filer mes chausses comme ça, sans rien en retour ? Va donc au diable, miséreux ». Et Thomas rendit les chausses au marchand, en lui lançant cet avertissement : « C’est toi qui ira, pauvre pêcheur ». Et il reprit sa route.

6 Au hasard de sa marche, il fit étape à Alais, en Languedoc. Ayant bavardé en taverne avec quelque responsable local ayant apprécié son érudition et sa juste vision des choses, il se vit offrir la possibilité de devenir conseiller comtal, ce qu’il accepta.

Chapitre IV - « Le miroir aux princes »

1 Thomas se trouva donc au service du comte du Languedoc. Ce dernier venait chaque soir prendre conseil, soucieux qu’il était de conformer sa politique aux principes aristotéliciens, que Thomas semblait fort bien connaître.

2 Un beau jour, le seigneur vint lui annoncer sa volonté de guerroyer contre un comté voisin. « Ces pourceaux ont porté atteinte à mon honneur, je vais leur donner une bonne leçon », dit-il. Thomas exprima son désaccord en ces mots : « Monseigneur, vous ne pouvez faire couler le sang des fidèles pareillement, pour une question qui ne touche qu’à votre honneur ». Le comte fut mécontent, et demanda à Thomas quelle était la raison de ce démenti. Thomas lui répondit ainsi : « Avec tout le respect dû à votre rang, il faut que vous sachiez que votre glaive ne peut être sorti de son fourreau que sur injonction de l’église, au moins avec sa bénédiction ».

3 Le comte ne partageait nullement cette position, et le fit savoir ainsi : « Mais je suis un prince. En cela, je fais comme bon me semble. Tu m’avais dit tantôt qu’il fallait bien distinguer ce qui est de la sphère spirituelle, de ce qui est de la sphère temporelle, n’est-il pas ? Voilà bien, la guerre entre comtés, une chose qui échappe à l’esprit. Il n’y a rien de plus terrestre ». Thomas lui répondit : « Certes, Monseigneur. Mais cela ne signifie pas que les deux sphères soient sur un pied d'égalité. Tout pouvoir vient de Dieu par le peuple. L’autorité temporelle n’est autonome qu’autant qu’elle conserve ce principe en mémoire. Elle ne peut donc gouverner que dans le respect de la norme qui la fonde, par là même avec l’assentiment de l’église. Elle doit conformer ses actions aux opinions du clergé, et en particulier à celle de sa Sainteté le Pape, souverain de tous les souverains ».

4 Le comte n’appréciait que moyennement ces propos, et le fit savoir à Thomas : « Ce que tu dis est faux. Je tiens mon pouvoir du peuple, certes, mais avant tout du Roy qui est mon suzerain. L’église n’a rien à voir là-dedans. Je veux bien qu’elle me conseille, comme tu le fais, mais qu’elle m’impose, jamais ! Mortecouille ! ». Thomas ne se démontait point, et rétorqua au seigneur : « Le Roy tient aussi son pouvoir de Dieu. Et comme le peuple ne fait qu’exaucer la volonté de Dieu en vous plaçant sur votre trône, votre pouvoir est de nature divine par le haut et par le bas. Le glaive que vous brandissez vous est confié par Dieu, certes pas directement, mais Dieu étant la cause première de toutes les causes et de tous les effets, nul doute qu’il est aussi la cause de votre autorité. Or, l’église étant dépositaire de la parole divine, vous devez lui obéir. C’est ainsi, à moins que vous ne vous rabaissiez à la condition de tyran ».

5 Le comte, dans sa colère, eut ces mots : « Et quand bien même je serais tyran ! Je doute que Dieu me foudroie sur l’instant ». Et Thomas de conclure : « Certes, non. Mais vous seriez précipité en enfer par le peuple révolté. Si un titulaire du pouvoir se fait tyran, l’église doit appeler celui qui lui a confié son pouvoir, c’est à dire le peuple, à se soulever contre lui et à cliquer sur l’option ‘prendre d’assaut le château’, autrement dit à accomplir la volonté de Dieu ».

6 Le comte en eut assez de discutailler, et saisit Thomas par le col, afin de le jeter hors de son château. « Tu n’es qu’un piètre conseiller. J’en trouverai un autre. Par ma foi, tu es un boulet ! ».

7 Et Thomas de se retrouver, une fois encore, dans l’errance.

Chapitre V - « La retraite spirituelle »

1 Thomas prit de nouveau les chemins des royaumes. Ses pas le menèrent cette fois ci à Clermont, où la douceur du climat et la superbe des paysages lui donnèrent l’envie de s’installer. De ses propres mains, il bâtit un ermitage, retiré de l’agitation du monde, pour y effectuer une retraite spirituelle. Il eut le désir de se vouer à la lecture du Livre des Vertus, et d’en tirer la substance, pour se vouer tout entier à son œuvre théologique. Il fit cette réflexion : « Tiens, je vais rédiger une somme, où les idées s’enchaîneront selon la perfection d’un rapport dialectique irréfutable. C’est parti ! ». Sa méthode fut la suivante : il imagina, dans son brillant esprit, tous les arguments que l’on pourrait opposer à la doctrine aristotélicienne, s’inspira pour cela de ses lectures des théologiens spinozistes et averroïstes, et s’attacha à élaborer un ensemble de questions auxquelles il apportait chaque fois une réponse catégorique.

2 De cette entreprise naquit un traité, le De Veritate Fidei, véritable arme théologique de nature à combattre toutes les formes d’hétérodoxies. La pensée de Thomas s’y présentait comme un fil que l’on déroule, et était d’une clarté telle qu’elle ne pouvait qu’avoir été inspirée par Dieu.

3 Sa retraite achevée, et sa somme complète, il revint au monde : « A nous deux, Clermont ! ». Un beau jour d’été, il se rendit donc au village, ses centaines de feuillets sous le bras. Il le trouva en proie à une formidable agitation. Les habitants courraient dans un sens ou dans l’autre, selon des trajectoires qui échappaient à la raison. Thomas, qui espérait rencontrer le curé, se dirigeait vers l’église, et en chemin put constater qu’une horde de citadins prenaient d’assaut la mairie. La pauvre maire déclamait avec force : « Mais, palsambleu, vous m’avez élu bande de dégénérés ! Faudrait savoir ! Moi j’y suis, j’y reste ! ». Et la foule de lui répondre en chœur :
« Le pain est trop cher,
Il n’y a plus de travail !
On vit dans la misère,
Et toi dans la mangeaille !
Magistrats et prélats,
Tous des complices
Pour eux sonnent le glas
Et pour nous la justice ! »

4 Thomas continuait son chemin, constatant avec stupéfaction l’ampleur du chaos qui saisissait la ville. Arrivé devant l’église, il la trouva fermée, d’autres citadins la prenant pour cible de leur mécontentement. On les entendait dire :
« Curé, curé, ouvre ces portes
C’est dimanche, heure de la messe
Que nous soyons heureux de la sorte
Ou on te bottera les fesses ! »

5 Thomas vit qu’un prédicateur avait pris la tête du groupe. Il vint à sa rencontre, et l’apostropha : « Mais enfin, que se passe-t-il donc, ici ? ». L’étrange personnage, dont le regard trahissait le fanatisme, lui répondit : « Eh bien, le peuple est mécontent. Il souffre par le fait du maire et de l’église. Le premier nous plonge dans une profonde misère par une gestion désastreuse, et le second nous refuse le bonheur auquel nous avons légitimement droit en nous interdisant d’assister à sa messe ».

6 Thomas fut surpris, et interrogea son interlocuteur de la sorte : « Mais enfin, pourquoi cet homme de Dieu refuse-t-il d’assurer son office ? ». Cette réponse lui fut donnée : « Nous sommes hétérodoxes. Nous nous sommes tantôt révolté contre l’église. Nous avons créé la tendance platonico-cicéronienne, qui postule que la croix, symbole de la foi, doit avoir des branches horizontales mesurant sept centimètres, et non huit. Donc le curé refuse de nous laisser entrer ». Thomas fut cette fois stupéfait, et reprit : « C’est parfaitement grotesque. Vous vous prétendez hétérodoxes mais voulez tout de même assister à une messe aristotélicienne. Vous reprochez au curé de vous refuser un bonheur auquel vous n’avez pas droit. Ça n’est pas raisonnable. Lorsqu’on est en désaccord avec l’église, on l’assume, et on n’assiste point à l’office ».

7 La réaction du prédicateur fut immédiate. Il fit cette harangue à la foule, désignant Thomas d’un doigt accusateur : « Voici un complice de cet affameur de maire et de cet ignoble curé. Boutons-le ! ». Thomas tenta de se défendre et criait : « Mais non ! J’ai rien à voir avec le maire. Vous faites un amalgame désespérant ! Faut distinguer le spirituel du… Ah… Mais lâchez-moi ! Voyez comme l’effet de masse vous rend stupides ! ». Et la multitude excitée eut raison de lui. Il fut expulsé du village.

8 Cet évènement eut un retentissement considérable dans l’esprit de Thomas, qui fit cette conclusion : « Ces hétérodoxes sont une plaie ! Je dois en débarrasser la surface du monde. Telle sera ma mission ».

Chapitre VI - « Le prêche miraculeux »

1 Thomas prit donc la décision d’effectuer un grand pèlerinage au travers des royaumes. « Telle est ma destinée », disait-il. « Lorsque je serai passé dans chaque village, le Très-Haut pourra me rappeler à Lui ». Ses prêches enflammés faisaient toujours plus d’émules, qui le suivaient alors dans ses déplacements, si bien qu’une multitude de fidèles composaient bientôt son escorte. Partout, sa parole faisait mouche, et comme par miracle, les hétérodoxes de tout poil abjuraient, se convertissaient, et tombaient à genoux, implorant le pardon de Dieu.

2 Un beau jour, un des disciples de Thomas l’interrogea en ces termes : « Maître, vous diffusez le message de Christos, et nous apprenez que lui seul a accompli des actes miraculeux, que lui seul fut un être de mystique. Pourquoi ne fondez-vous pas, avec ce fantastique talent qui vous caractérise, une nouvelle Eglise aristotélicienne, qui préfèrerait Christos à Aristote ? ».

3 Thomas entendit cette suggestion, et fit cette réponse : « Mon fils, certes j’insiste sur la parole de Christos, mais par-dessus tout, ce qui m’importe, c’est de préserver l’unité de la foi, et donc de l’Eglise. J’aime tous ceux qui portent et transmettent la vérité de Dieu, et ce serait un atroce déchirement que de fonder cette dissidence dont tu parles, que de briser l’amitié aristotélicienne. Vois ce que je fais ici. Pourquoi irais-je détruire ce que je bâtis ? Pourquoi chercherais-je la défaite, alors que je vais de victoire en victoire au bénéfice de l’indivisibilité de l’Eglise ? Non, mon fils, il ne saurait en être question ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

4 Ce même disciple, alors que les pèlerins menés par Thomas faisaient halte en Normandie, demanda à Thomas : « Maître, cette terre est peuplée d’hérétiques. C’est désespérant. J’ai une brillante idée : pourquoi ne dresserions nous pas un immense bûcher où nous placerions tous ces égarés ? De la sorte, nous en serions débarrassés, et nous gagnerions du temps ».

5 Thomas entendit cette proposition, et fit cette réponse : « Ton idée est tout sauf brillante, mon fils. D’abord, ces hétérodoxes sont des hommes avant d’être des égarés, et en tant que créatures de Dieu nous ne pouvons les détruire nous-mêmes. Ensuite, ce serait gâcher de grandes quantités de bois, pour un bien piètre usage ». Le disciple ne fut pas satisfait de la leçon de Thomas, et crut pouvoir le prendre en défaut : « Mais, maître, s’il advenait que des hérétiques n’abjurent point, il est bien permis d’en brûler quelques-uns. Et puis, lorsque l’Eglise lance des croisades, n’est-ce pas la mort qu’elle apporte parmi les égarés ? ».

6 Thomas reprit ainsi : « Ca n’est jamais l’Eglise elle-même qui dresse les bûchers, mais le bras séculier auquel sont livrés les hérétiques. Ainsi, elle garde toujours les mains propres. Et puis les croisades, c’est tout à fait différent. Elles sont lancées contre les terres tenues par les égarés, et ne sont tués que ceux qui se placent en travers du chemin des armées de Dieu. La croisade est une guerre juste, ad majorem dei gloriam. Et puis maintenant, va voir là-haut si j’y suis ». Et le disciple se ravisa, avant de demander pardon.

7 Ainsi fut menée la plus grande entreprise de prêche jamais accomplie. La piété en fut à un niveau inégalé au sein des royaumes. Partout se transmettait la nouvelle du périple de Thomas, et il acquit en cela la plus haute considération des princes de l’Eglise.

Chapitre VII - « La révélation de la mort »

1 Ayant achevé son pèlerinage, Thomas s’en retourna à Clermont, dans son ermitage. La vielle bâtisse était devenue le sanctuaire des bêtes sauvages et d’une flore luxuriante, mais Thomas, vieux et fatigué, n’en avait cure. Il s’allongea sur la pierre froide, attendant la mort. Deux jours durant, il demeura en béatitude, sans manger ni boire. Il se sentait faible, et n’avait plus la force de se mouvoir.

2 Au soir du deuxième jour, se produisit un évènement extraordinaire. La brise était tombée, et le calme du crépuscule n’était troublé que par quelques grillons. Thomas se laissait aller à sa contemplation, et sentait sa dernière heure venue. C’est alors qu’un souffle divin fit s’agiter les feuilles des arbres et des plantes grimpantes, et qu’une lumière surnaturelle vint frapper Thomas au visage. Majestueuse, grave, et inspirant le recueillement, une voix gutturale se fit entendre : « Thomas, c’est moi, Christos. Ouvre les yeux, que tu puisses me voir ».

3 Thomas n’en crut pas ses oreilles, et pensa qu’il devait s’agir du délire précédant le trépas. Dans un souffle imperceptible, il interrogea la voix : « Ca y est ? Suis-je mort ? ». L’étrange présence lui répondit ainsi : « Mais non, pas encore. Cela dit ça va pas tarder. Bon, tu les ouvres tes yeux ? ».

4 Thomas fit usage de ses dernières ressources pour soulever ses paupières, dans un incommensurable effort. Ce qu’il vit fut un ravissement : un visage d’une beauté fabuleuse était penché sur le sien. Ces traits si parfaits évoquèrent chez Thomas une plénitude qu’il n’avait alors jamais ressentie. Il se sentait serein et réconforté.

5 Thomas s’adressa à cette céleste apparition en ces termes : « Vous êtes encore mieux qu’en icône. Enfin bref, pourquoi m’apparaissez-vous, Seigneur ? ». Christos reprit : « Thomas, je suis venu te conduire au royaume des cieux, car tu dois rejoindre le Panthéon des vertueux. Ta vie a été un modèle d’excellence et d’abnégation au service de la foi, et tu as droit à la béatitude éternelle. Je te fais cette prophétie : un jour tu seras Saint sur cette terre, et un ordre portera ton nom. Tu as bien servi Dieu, Aristote et moi-même. Sois béni pour les siècles des siècles ». Et sur ces paroles, Christos disparut, laissant dans l’atmosphère un parfum de piété.

6 Thomas eut la force de répondre « Amen » avant de s’abandonner. Son âme entra alors en lévitation, entraînée vers les cieux par la céleste lumière.

7 Ainsi disparut Thomas d’Aquin, dont la dépouille est, selon la chronique, toujours demeurée en cet ermitage de Clermont, sur les ruines duquel fut érigée une abbaye… [/b]
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Message par Ellyrius Lun 29 Juin 2020 - 8:54


On ne sait que peu de chose de la vie de Saint Valentin avant l'an 268, si ce n'est qu'il était prêtre aristotélicien à Rome et exerçait tranquillement son sacerdoce depuis de nombreuses années.

C'est en cette année qu'arriva à la tête de l'Empire Romain un nouvel Empereur dénommé Claude II. Or, ce rude militaire païen avait édicté une loi inique et barbare : sous prétexte de ménager les forces vives des jeunes gens en âge de combattre, il leur avait interdit le mariage. L'Empereur se justifiait en prétendant que les hommes qui étaient engagés dans une vie maritale et familiale devenaient de bien mauvais soldats car ils avaient alors des intérêts familiaux qu'ils ne pouvaient laisser derrière eux.

Or, le prêtre Valentin avait gravement contrevenu à cette prescription antinataliste. En effet, il bafouait ouvertement l'édit impérial en mariant à tour de bras tous les jeunes gens qui lui en faisaient la demande, son église étant envahie de couples d'amoureux...

Aux jeunes gens amoureux qui venaient voir Valentin, celui-ci leur disait :

Dieu a créé l'homme et la femme pour qu'ils forment un couple.
Or, le Bonheur ressenti par les couples amoureux est divin, car il vient de Dieu.
Si vous avez conscience que l’amour que vous vivez a sa source en Dieu, que vous vous aimez de l’Amour de Dieu, par l’Amour de Dieu, quoi de plus normal de Lui dire votre reconnaissance, en vous unissant devant lui, dans son Eglise par le sacrement du Mariage.
Dès lors, le jour de votre mariage, votre passage à l’église sera une action de grâce à Dieu : car votre amour a sa source en Dieu et ce sera Lui qui sera le centre de la célébration religieuse.

Quoi qu'il en soit, le bon prêtre Valentin, sans doute dénoncé par quelque prétendant évincé, fut amené à comparaître devant l'empereur Claude.

Ce dernier lui demanda "Qu'est ceci, Valentin ? Pourquoi n'obéis tu pas à mon édit qui proscrit le mariage ?"

Ce à quoi Valentin répondit :

L'homme et la femme unis par un amour pur et désintéressé doivent être mariés, car, par le mariage, qui est l'un des sacrements divin, c'est Dieu lui-même, source de tout amour, qui est glorifié. En me demandant de renoncer à marier ceux qui s'aiment, tu me fais aller contre Dieu, et cela je ne le peux.
Si tu connaissais la grâce de Dieu, tu ne parlerais jamais ainsi, mais tu renoncerais aux idoles pour adorer le vrai Dieu qui est au soleil.

Alors le Préfet de Claude prit la parole "Qu'as-tu à dire, Valentin, de la sainteté de nos dieux ?"

Valentin lui répondit :

Je n'ai rien à dire, sinon qu'ils ont été des hommes misérables et souillés en toute manière.

Devant cette envolée blasphématoire aux yeux du païens Claude, il appela un de ses plus cruels officiers, appelé Astérius, et lui ordonna de l'emmener hors les murs afin de le décapiter.

Astérius ne put retenir une grimace de dépit. De longue date, il avait promis à son épouse, une commère plutôt du genre acariâtre, de passer cette soirée-là en famille. S'il ne rentrait pas en temps et heure, Madame l'officière allait encore imaginer des tas de choses !

Il se décida donc de ramener Valentin chez lui et de s'occuper de son supplice le lendemain.

Mais quand Valentin fut entré dans la maison de cet homme, il dit :

Seigneur Dieu, vous qui êtes la véritable lumière, éclairez cette maison, afin que vous y soyez reconnu comme le vrai Dieu.

L'officier surpris lui dit : "Je suis étonné de t'entendre dire que ton Dieu est la lumière. Si ma fille, qui est aveugle depuis longtemps, recouvre la vue, je ferai tout ce que tu me commandera."

La jeune fille fut donc amenée à Valentin, qui, lui mettant la main sur les yeux, fit cette prière :

Dieu Créateur de toute chose, permet à cet enfant de pouvoir contempler ce qui est la beauté de Ta création, car les choses sont des copies des Idées.

A ces paroles, elle reçut aussitôt la vue, et Astérius et sa femme, se jetant aux pieds de leur bienfaiteur, le supplièrent, puisqu'ils avaient obtenu par sa faveur la connaissance du Dieu vrai, de leur dire ce qu'ils devaient faire pour se sauver. Le Saint leur commanda de briser toutes les idoles qu'ils avaient, de pardonner à tous ceux qui les avaient offensés, et enfin de se faire baptiser, leur assurant que, par ce moyen, ils seraient sauvés. Astérius fit tout ce qui lui avait été commandé, délivra les Aristotéliciens qu'il tenait prisonniers, et fut baptisé avec toute sa famille, qui était composée de quarante-six personnes.

Valentin qui se lia d'amitié avec la fille d'Astérius lui offrit alors des feuilles rappelant la forme d'un coeur qu'il signa: De ton Valentin.

Malheureusement, l'empereur, averti de ce changement, craignit quelque sédition dans Rome, et fit prendre Astérius et tous ceux qui avaient été baptisés, et les fit mettre à mort par diverses sortes de tourments.

Pour Valentin, le père et le maître de ces bienheureux enfants et disciples, après avoir été longtemps détenu en une étroite prison, il fut battu et brisé avec des bâtons noueux et finalement fut décapité sur la voie Flaminienne le 14 février de l'an 270.

L'Empereur Claude fut puni par Dieu pour ce massacre, et mourut de la peste dès le mois d'août suivant.

Et c'est pour honorer son sacrifice pour l'amour que Valentin est canonisé et choisi comme Saint Patron par les Amoureux.

Au XIème siècle, le chef de saint Valentin, fut apporté à l’abbaye de Jumièges, du diocèse de Rouen; Baudry, évêque de Dol vers 1020, a fait le récit de cette translation et des miracles qui l’accompagnèrent.
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Message par Ellyrius Lun 29 Juin 2020 - 9:21


Après Christos, histoire de l’église.

« Et les siècles s’écoulèrent, les uns traversés de guerres et de famines, les autres bordés de découvertes et de Saints influents. »

Siècle premier après Christos :

Vincent vivait en Gaule Romaine, en la province dite Lyonnaise, parmi le peuple des Eduens, région que l'on nomme aujourd'hui Bourgogne, il était paysan. La vie était difficile en ces temps reculés de notre histoire, mais sa profonde piété faisait de lui un personnage important et référentiel de son village.

Le maïs avait du mal à se vendre, il le stockait dans son grenier, comme beaucoup de villageois. Personne ne mourrait de faim, mais leurs corps et leurs âmes grondaient malgré les nombreuses exhortations à la patience et à l’abnégation prodiguées par Vincent.
Souvent les villageois se plaignaient avec vivacité :

Mais nous manquons de force avec ce maïs qui nous nourrit ! Nous manquons de lait ou de poisson et notre intelligence en subit les conséquences ! Et que dire des légumes si longs à pousser et des fruits impossibles à cueillir sans verger ? Nous ne sommes pas très fascinants ! Cela nous rend malheureux…

-Et, quoi !

Rétorquait-il avec ferveur !

-Christos ne nous a-t-il point délivré d’un mal bien plus grand que celui de ne point augmenter nos envies de varier notre alimentation ? Aristote ne nous a-t-il point appris que « l’homme vertueux est celui qui compose avec les circonstances pour agir avec toujours le plus de noblesse possible ? » Ne recherchez-vous pas un illusoire absolu de ce que vous croyez être le bonheur ? Sans être passif, nous pouvons nous contenter du meilleur possible !

Et chacun repartait à son travail…

Un jour qu’il retournait la terre avec difficulté sur son champ, il entendit venir du village une rumeur qui s’amplifiait au fur et à mesure qu’un groupe de paysans s’approchait de lui. Il sentit la colère, et cette fois sut que les paroles n’apaiseraient point ses compagnons de labeur.

Il leur clama :

-Bien ! Puisque vous voulez changer vos existences, et ne savez pas vous contenter de celles qui sont présentes en votre village, je vais aller sur les collines avoisinantes pour réfléchir à la question !
Et qu’Aristote me vienne en aide,

Ajouta t’il pour lui seul, dans un murmure empreint de Foy et d’espérance.

Il laissa là récolte de maïs et charrette, et devant ses compagnons médusés, commença à gravir lentement la colline la plus proche. Certains le regardaient navrés et se signaient devant l’absurdité apparente de son geste, mais Vincent était bien décidé à trouver quelque chose de nouveau ! Ou du moins essayer…

C’était la fin de l’été : septembre étalait toute la flore bourguignonne bien épanouie, encore verte ou à peine roussie. Chaque couple d’animaux s’affairait avec efficacité et bonheur à se nourrir, protéger et communiquer les principes de la vie à leurs progénitures variées.

Vincent grimpa un bon moment le sentier feuillu et enchevêtré, puis arriva au sommet de cette colline fort élevée. Son faîte était dégagé, assez caillouteux, et il s’assit enfin sur une large pierre plate tiédie de soleil. Elle était comme posée là exprès par le Très-Haut pour servir de siège à l’ascensionniste solitaire... Il se posa là un long moment sans même regarder l’autre versant de cette colline. Il contempla le paysage qui s’étendait à ses pieds : des centaines de petits chapeaux pointus hachuraient en flèches sombres par pans entier les collines boisées de sapin ; les nuages reflétaient leur passage sur les forêts en les caressant de leur ombre et en révélaient leurs essences.

Presque tout en bas, entre deux minuscules éminences, le village se tassait, cerné par la ligne souplement mamelonnée des petits monts ruisselants de soleil. Quelques fumées s’effilochaient avec nonchalance vers les Cieux bienveillants du jour. Le clocher de l’église étendait sa flèche divine vers la haute voûte céleste.

… Il eut pu rester longtemps ainsi en contemplation, qui était pour lui comme une sorte de prière, mais des piaillements impérieux et coléreux se firent entendre non loin de lui : deux merles s’affrontaient pour chacun obtenir à l’évidence ce que l’autre désirait !

Un étrange arbuste poussait dans une profonde anfractuosité de la roche, emplie de terre non argileuse. Ses feuilles étaient grandes et d’un vert soutenu, des petits fruits ronds et sombres pendaient en lourdes grappes sous elles. Il reconnut le raisin noir, celui dont on travaillait un bon vin pour les rites dominicains et tables de nobles. Il était au-delà de l’étonnement, car il avait toujours pensé que le vin venait de vignes lointaines, et que le raisin poussait dans les Royaumes du Sud.

Les deux volatiles se battaient pour en obtenir un même grain !

« - Ah ! »
Se dit il, vaguement courroucé,

- Tant de ces petits fruits, et deux oiseaux s’en battent un grain ! Que l’égoïsme et l’avidité entachent les créatures du Très-Haut parfois !

Il repensait en filigrane aux désirs problématiques de ses amis villageois… Il chassa les animaux et goûta le raisin machinalement, et fut surpris de sa saveur chaude et du riche arôme.
…Soudain, il bondit !

-Quoi ? De la vigne ici ?

S’écria t-il avec force et jubilation.

-Mais si cette vigne sauvage pousse ici, que ne donnerait-elle pas sur nos collines !

Il regarda l’autre versant de la colline, et en effet beaucoup de ceps poussaient ici et là, pêle-mêle, entre pins et arbustes divers. Certains étaient étouffés et ne donnaient pratiquement rien, d’autres étaient plus beaux de feuillage et de forme, mais presque vierges de raisins. Il remarqua notamment que les plus petits plants portaient abondance de fruit. Ces derniers avaient dus être frappés par la foudre et étêtés naturellement.

Vincent était très féru et sensitif pour tout ce qui était travail des plantes. Ne fabriquait-il pas des potions à base de Simples pour les malades ? Il comprit immédiatement le principe minimum de taille et tout le parti à tirer de cette découverte. Il étudia sur place la distance nécessaire entre chacun des ceps en observant les plus beaux, leur situation et leur configuration.

Il rapporta beaucoup de grappes pour les habitants du village.
Il leur expliquerait.
Il leur apprendrait.
Ils seraient à même de remercier Le Seigneur pour sa prodigalité.

Il ne lui vint pas même à l’idée que sa découverte était également le résultat de son écoute des villageois, de sa ténacité à œuvrer pour le bien, de son sens de l’observation et surtout de ce précepte sagement suivi : « Aide-toi, et le Ciel t’aidera » Mais il n’était que l’instrument humain Du Très-Haut et de Sa proposition de culture…

Une image de champs plantés d’une multitude de ces petits arbres lui vint à l’esprit en même temps qu’il pensait à Le remercier.

-Qu’Aristote soit loué, lui dont je suis fidèlement le dogme avec application. C’est grâce à sa manière de réfléchir en marchant que je suis ici !

Exprima t-il avec gratitude.

… S’il fallut des siècles pour que la vigne s’installât avec profit sur le Royaume, dès lors l’église eût son vin à partager pour ces cérémonies et rites religieux plus facilement. Il était heureux que les productions de vins n’aient pas à faire un long voyage pour être disponible sur le Royaume. Le village fut le premier, et le resta longtemps, à cultiver la vigne.

…Trois siècles plus tard, un autre dénommé Vincent, descendant du premier, traversait à son tour la Bourgogne à la fin de Janvier, et il était très fatigué. Il s’endormit donc au bord d’une vigne, attachant mollement la longe de son âne à une grosse pierre. Lors de son sommeil réparateur, son âne s’échappa et brouta les jeunes pousses de plusieurs plants. Les vignerons témoins de la scène arrivèrent trop tard pour l’en empêcher.

L’année suivante, ils remarquèrent que le pied de vigne brouté était bien plus productif que les autres. L'âne du Saint avait inventé la taille précise de la vigne ! À partir de ce moment, les simples étêtages recommandés par Vincent devinrent une méthode de taille régulière et soignée, et le raisin poussa dorénavant meilleur et plus gros.

Vincent (Vin- Sang, « Le sang de la vigne ») devint le Saint Patron des Vignerons, lui qui, dans une suprême libation, versa son sang de son corps supplicié, tout comme le raisin le fait quand il est broyé dans un pressoir.

Citations de Vincent :
- Vingt, cent mille ânes dans un pré, combien ça fait de pattes de queues et d'oreilles?
- S'en vint la gourde : Vincent la but!
- Tant va la cruche au vin, à la fin le tonneau se vide!
- Sans vin, comment faire la messe?
- "Vincent, tu m'sers un coup? j'te tends ma choppe gauche."(taverne)
- "L'eusses-tu cru mon ami, l'état boulasse en vain!" (taverne)


La saint Vincent est généralement fêtée le 22 janvier, l'hiver est déjà bien engagé et a fait subir ses rigueurs, la vigne ne nécessite plus de soins, on ressent alors le besoin de se réunir, de se réconforter avant la reprise des premiers travaux viticoles, de taille en particulier.

Il est particulièrement fêté en Bourgogne et en Champagne, régions très proches, où il s'était fait connaitre par beaucoup.

Il a été diacre puis archidiacre une période de sa vie, à Saragosse.

Il est représenté en effigie dans les processions des fêtes de vendanges dans les villes à bons crus.(27 septembre)

Traduit par sœur Feuilllle
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Message par Ellyrius Lun 29 Juin 2020 - 15:12


Yves (en breton Erwan) Son nom est associé à Tréguier avec Tugdual. On le représente souvent rendant la justice entre le pauvre et le riche.

I Naissance et formation d’Yves Hélory de Kermartin

Yves Hélory de Kermartin est né le dix-sept octobre de l’an mille deux cent cinquante-trois au manoir de Kermartin, à Minihy, près de Tréguier. À l’âge de quatorze ans il partit pour l’université de Paris où il étudia pendant dix ans les lettres et les sciences, la théologie et le droit canon. En mille deux cent soixante-dix-sept, à vingt-quatre ans, Yves prit la direction d’Orléans pour y étudier le droit civil, continuant ainsi à mener une vie d’étudiant sérieux et pieux. Il partit ensuite à Rennes compléter ses longues études en suivant de doctes conférences sur le Livre des Vertus. Son entourage n’était pas sans remarquer ses capacités intellectuelles, son érudition qui en faisait un savant et un lettré. Un homme talentueux donc, mais également d’une grande spiritualité de par sa piété et sa vie d’ascèse ; si bien que l’Archevêque de Rennes lui proposa la charge d’official.

II Official à Rennes : le jugement des odeurs

Yves ne se borna pas à faire prévaloir le droit dans ses fonctions judiciaires. Il se constitua l’avocat du faible, du pauvre, du persécuté. La violence et l’injustice lui causaient une telle horreur qu’il les combattait d’office, et n’épargnait ni peine ni argent pour faire rendre justice. Sa parole ardente et éloquente, l’autorité de son savoir, son renom de droiture et de fermeté gagnaient toutes les causes dont il se chargeait. Et il attaquait sans hésiter, devant les tribunaux ecclésiastiques, les hommes puissants qui, en offensant l’équité, l’avaient indigné. C’est cette indignation qui l’amena un jour à énoncer son jugement le plus célèbre, celui des odeurs.

Dans cette affaire, un aubergiste s’opposait à un mendiant. Ce dernier était accusé par le premier d’avoir été pris à rôder autour des cuisines. Comme l’aubergiste ne pouvait prouver une accusation de vol de nourriture, il l’accusa de se nourrir des odeurs de sa cuisine… La veille de l’audience, ne sachant comment aborder cette affaire, Yves fit une prière avant d’aller se coucher, espérant que le lendemain une solution lui vendrait à l’esprit. Pendant son sommeil, il rêva de la vie de Michel, l’Archange de la justice, et trouva un jugement qui en étonna plus d’un : le bruit payerait les odeurs ! Lors de l’audience, Yves Hélory prit quelques pièces dans sa bourse et les jeta sur la table devant lui. L’aubergiste tendit la main pour les prendre mais Yves retint sa main. L’aubergiste s’exclama : « c’est à moi ». Yves lui répondit alors « ah non ! le son paye l’odeur, à cet homme l’odeur de ta cuisine, à toi le son de ces pièces ! ». La réputation de ce juriste vengeur s’étendit dans toute la Bretagne et même dans l’ouest du royaume de France. Yves resta à Rennes quatre années, de mille deux cent quatre-vingts à mille deux cent quatre-vingt-quatre. Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres et plus particulièrement à l’époque de son départ de Rennes.

Un jour, le frère Guiomar Morel, Diacre de Tréguier dit de lui, « Pendant qu'il était malade à Kermartin, la maison d'Yves, je me trouvai seul avec celui-ci et le pressai de me dire comment il en était venu à embrasser cette vie austère et sainte. Yves fit de grandes difficultés pour répondre, enfin il conta que quand il était official de l'archevêque de Rennes, il allait au couvent des Franciscains de Bruz entendre expliquer le Livre des Vertus. C'est alors, sous l'influence des paroles des frères recueillies en ce lieu, qu'il commença d'aspirer à une vie charitable loin de la richesse. Longtemps il sentit en lui, entre la raison et la sensualité, une terrible querelle. Cette querelle ou plutôt ce combat dura trois ans. Au cours de la deuxième année, la raison finit par dominer la sensualité. C'est alors qu'Yves commença ses prédications, sans toutefois quitter encore ses habits mondains. Mais, dans la troisième année, la pure raison s'étant rendue tout à fait maîtresse, Yves donna aux pauvres ses bons habits pour l'amour de Dieu et prit des habits grossiers, à savoir une cotte à manches longues et larges sans boutons, et sur cette cotte une housse, ces deux vêtements traînants, d'une tournure très grave et taillés dans un gros drap de bureau blanc. Il adopta alors ce costume pour ramener plus facilement les fidèles sur le chemin de la Vertu."

III Yves le prêtre

En mille deux cent quatre-vingt-quatre, l’archevêque de Rennes ayant eu confirmation de ses talents, le pressa d’accepter de recevoir le sacrement de l’ordination et de se voir confier la paroisse de Tredrez. Yves accepta et dès la sortie de Rennes, vendit le cheval que lui avait offert l’archevêque pour offrir l’argent de la vente aux pauvres. Dans sa paroisse de Tredrez puis, plus tard, celle de Louannec, lors que ses prédécesseurs prêchaient en latin, Yves étonne ses paroissiens en le faisant en breton, rendant ainsi accessible au peuple la compréhension du Livre des Vertus. Ce faisant, on aimait venir de partout entendre ce prêtre humble et dont la piété faisait aimer la piété. Mais il ne ménageait pas sa peine pour aller dire l’espérance de Dieu aux pauvres gens de la campagne bretonne. À cause d’une épidémie qui emporta nombre de prêtres, il lui est arrivé de prêcher cinq fois le même jour à des endroits différents : Tredrez, Louannec, Saint Michel en Grève, Trédarzec et Pleumeur. Il faisait tout le chemin à pied, jamais à cheval.

En mille deux centre quatre-vingt-treize, après le décès de sa mère, emportée par la maladie, il hérita de l’ensemble du patrimoine familial en tant qu’ainé de la famille Heloury. Il fit alors construire un refuge pour les indigents, Crech-Martin. À Tredrez, lorsqu’il y était recteur, il nourrissait aussi les pauvres : une fois il fît donner le peu de pain qui restait au presbytère à des pauvres. On en coupa assez pour que tout le monde en ait à sa faim, au grand étonnement du vicaire qui s’était fait mettre de côté, au préalable, un morceau pour lui.
Yves étonnait tout le monde par son désintéressement :« Advocatus erat, sed non latro, res mirabilis populo ». Cette exclamation en latin a traversé les siècles, et reste souvent prononcé en Bretagne : « Il était avocat, mais pas voleur, chose admirable pour les gens ». Quant aux pauvres habits que parfois il faisait faire, le jour où l’on les lui portait ne finissait pas toujours avant qu’un malheureux ne se les voit offrir.

Yves Hélory s’éteint le dix-neuf mai mille trois cent trente-trois. Ses obsèques à l’église Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son mausolée, firent l’objet d’une ferveur populaire extraordinaire. Pour tous, il devient le « mirouër (miroir) des ecclésiastiques, avocats, pauvres, veuves et orphelins »

Un dernier geste pour les pauvres.

Le lendemain de sa mort, au matin, les pauvres de Tréguier trouvèrent tous dans leurs affaires une miche de pain. Cette découverte fut immédiatement attribuée à Yves. Les pauvres, voulant remercier le Saint homme participèrent à ériger le magnifique mausolée dans la Cathédrale Trégoroise, ils ne manquèrent pas par la suite de venir s'y recueillir.

IV Témoignages sur Yves Hélory de Kermartin

La Veuve du jongleur Rivallon a dit de lui

Mon défunt mari et moi-même, nous vînmes accompagnés des quatre enfants que j’avais, onze ans environ avant la mort de dom Yves, à sa maison de Kermartin pour recevoir aumônes et hospitalité pour l’amour de Dieu. Yves nous accueillit avec beaucoup de joie, et pendant ces onze années-là, ou à peu près, il nous a gardés chez lui, pourvoyant à notre nourriture et à notre habillement.

Un cheval pour les pauvres.

Un été, par un temps de grande sécheresse, Yves n'avait plus rien à donner aux pauvres. Il ne lui restait qu'un cheval employé à la culture de ses terres. Il vint de Tredez à Tréguier trouver un bourgeois appelé Traquin, qui avait épousé sa sœur. Il dit à Traquin : « Achetez mon cheval ». Ce bourgeois se moqua de lui : « Etes-vous fou, s'écria-t-il, de vouloir vendre votre cheval pour donner aux pauvres ! » Peu ému de ces railleries, Yves insista, le bourgeois acheta le cheval cinquante écus. Aussitôt le prix convenu ou compté, Yves revint chez lui en toute hâte, après avoir prescrit à sa sœur de lui envoyer du pain pour cinquante écus à distribuer aux pauvres, car les pauvres en foule le suivaient partout.

Yves, un souvenir encore vivace en Bretagne


    Quand les Bretons voyaient passer dans la campagne
    Yves revêtu de son grand manteau blanc
    Ils se disaient que Dieu l’avait mis en Bretagne
    Pour défendre des grands les faibles, les petits.
    À son nom s’éveillaient, sur leurs couches les malades.
    Les marins l’invoquaient au milieu des ténèbres,
    Et leurs barques passaient les brisants périlleux



Il est le Saint patron de la Bretagne et des Juristes.
Il est fêté le 19 mai.
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Message par Ellyrius Mar 30 Juin 2020 - 17:09


Jeunesse

Il naquit quelques années avant Christos dans un petit village qui correspond aujourd'hui à Scurcola Marsicana, à mi-chemin entre Avezzano et Tagliacozzo. Enfant, il a eu une enfance heureuse : il naquit dans une riche famille de marchands et avec sa famille voyagea beaucoup, principalement à travers une région connue aujourd'hui sous le nom des deux Sicile, lieu d'origine de sa famille.

Il apprit tôt à lire, à écrire et à se baser sur les mathématiques comme tous les bons marchands, mais personne ne lui apprit rien sur la religion, ni la religion païenne, ni l'enseignement d'Aristote. Sa famille se dédiait uniquement à augmenter sa richesse et considérait l'argent comme une divinité. Devenu adolescent, il commença à avoir ses premiers prestataires et clients et, lorsqu'il obtint l'autorisation de ses parents, fonda son propre groupe avec lequel il voyagea pendant de nombreuses années, même à l'âge adulte.

Rencontre avec Titus

Il traversa le Royaume de deux Siciles de bout en bout pendant de nombreuses années pour vendre et acheter des marchandises et s'enrichir. Tout cela changea quand par hasard, il rencontra Titus et ses disciples dans les rues d'Avezzano.

L'homme était sur la place et il enseignait aux jeunes de la région les préceptes d'Aristote et de Christos. Bartholomé intrigué, alors adulte, s'approcha du groupe de personnes qui écoutaient l'enseignement de cet homme sage. Il fut impressionné par la profondeur de ses paroles et le lendemain, il le suivit le long de la route qui mène à L'Aquila et ils traversèrent également son village d'origine. Arrivés à L'Aquila, les associés de Bartholomé se rendirent immédiatement au marché pour vendre et acheter des marchandises, tandis que Bartholomé alla écouter l'enseignement de Titus.

Il resta à l'écouter pendant des heures chaque jour de son séjour dans la ville jusqu'à ce que Titus ne reparte pour aller à Rome. Bartholomé confia tout ce qu'il avait à ses semblables et suivit Titus à Rome, désireux d'en savoir plus, désireux d'apprendre la parole de Dieu et de ses deux prophètes. Dans la ville éternelle, il suivait Titus mais ne se faisait jamais remarquer, écoutant attentivement et apprenant tout son enseignement.

À Rome, il comprit que la richesse accumulée par lui pourrait être plus utile pour les gens dans le besoin qui envahissent la ville, donc chaque matin, il achetait du pain et le donnait aux affamés qui vivaient dans la banlieue.

Les disciples de Titus sont devenus de plus en plus nombreux, mais il remarqua Bartholomé parce qu'il était toujours présent et attentif à ce qu’il enseignait. Un jour, ayant terminé la prédication sur une place de Rome, Titus entendit une discussion sur son enseignement et remarqua Bartholomé expliquant mieux que tout autre disciple ce que Christos lui avait enseigné, à lui et aux autres apôtres.

Bartholomé parlait simplement, il était capable de se faire comprendre même par les moins éduqués. Alors Titus s'approcha de lui et lui donna sa bénédiction en lui disant de revenir dans son pays et de diffuser la Parole de Dieu à son peuple.

Cela se produisit quelques jours avant l'arrestation de Titus.

Retour à la maison et sa mission

Pendant le voyage de retour, il rêva de Christos. Il était à Jérusalem et parlait aux gens de la façon dont ils avaient perdu la valeur la plus profonde : la fraternité.

Il revint dans son pays où il retrouva ses marchands et ses amis qui le remplaçaient maintenant. Lorsqu'on lui demanda s'il voulait recommencer son activité marchande, il répondit qu'il avait maintenant tout ce qu'il voulait.

Il revint donc chez lui et prit une partie de sa richesse et il alla à Tagliacozzo : là, il utilisa sa richesse pour nourrir les pauvres de la ville et commença à parler d'Aristote, Christos, de l'Amour de Dieu.

De là, il alla à Avezzano, en passant par Scurcola, son lieu de naissance, où il a pris le reste de ses richesses, et arrivé dans la ville, il fit la même chose qu'à Tagliacozzo en continuant à prêcher tout ce que Titus enseigna pendant son voyage dans les Abruzzes et Rome.

Un jour, alors que Bartholomé parlait sur une place, un homme s'approcha de lui en lui demandant: «Pourquoi, bon homme, as-tu toujours été marchand et maintenant prêches-tu la charité ? N'as-tu pas été un marchand assoiffé de richesses ? "
À cette demande, Bartolomeo sourit et répondit:

J'avais tort. Mais ‘ai après rêvé d'un homme, Christos, et cet homme m’a parlé de fraternité, m’a parlé de donner de l'amour aux plus faibles. Pourquoi devons-nous accumuler des richesses si Dieu a créé le monde pour nous le concéder également?
Je dis, monsieur: prenez seulement ce dont vous avez besoin pour vous et le reste offrez-le à qui en a besoin de plus!

Bientôt dans toute la Marche, la parole de Dieu et ses prophètes se répandirent et de plus en plus de gens allèrent entendre le prédicateur.

Premier miracle

Bartholomé aimait passer du temps avec les pauvres et les malades. Il les aidait et leur enseignait la parole de Dieu. Un jour, un groupe de soldats romains vint dans les Abruzzes à la recherche du prédicateur qui convertissait de plus en plus de gens. Après quelques jours de recherches, ils le trouvèrent à Avezzano. Ils l'attrapèrent dès qu'ils le virent malgré les protestations de ses camarades qu'ils furent réduits au silence par la violence.

Il fut battu par les soldats qui lui dirent, clairement amusés, que le lendemain, il serait exécuté. Bartholomé alors qu'il était conduit dans sa cellule dit aux soldats:

La lumière du Tout-Puissant brillera cette nuit, illuminera la nuit et vous montrera le chemin.

Cette nuit-là, il y avait deux gardes devant sa cellule. Bartholomé était absorbé en prière quand soudain une forte lumière enveloppa son corps. Les deux gardes eurent d'abord peur, mais après s'être agenouillés, pleurèrent et implorèrent le pardon de Dieu. D'autres gardes se tenant là, remarquant quelque chose d'étrange, entrèrent et à la vue de cette scène ils s’agenouillèrent sans dire un mot.

Bartholomé fut immédiatement libéré et leur dit:

La lumière de Dieu illumine le chemin de chaque homme. Cette nuit, vous avez vu le chemin à parcourir alors maintenant je vous demande de ne servir que Dieu et d'abandonner les fausses idoles et l'empereur.
Dieu nous guidera pendant ce chemin de lumière.

Le deuxième miracle

Cette année-là, il y eut un été trop chaud pour les récoltes dans la Marche. Les résultats des agriculteurs n'étaient pas suffisants pour permettre à la population de se nourrir et les plus riches achetaient toute la récolte disponible, laissant les pauvres presque sans nourriture et pour une population qui vivait presque exclusivement de l'agriculture c’était un coup dur.

Beaucoup allèrent voir Bartholomé pour lui demander de l’aide, mais il n’était plus le riche marchand qu’il avait été. Une nuit, il quitta la maison et se rendit dans la plaine où se trouvait la plupart des champs cultivés d'Avezzano et Tagliacozzo. Il pria toute la nuit le Tout-Puissant et pendant la prière il eut une vision : un minuscule terrain oublié par tout le monde au pied du Mont Velino, abrité pendant la moitiée de la journée du soleil et où poussaient spontanément des récoltes et des fruits.

Le lendemain matin, Bartholomé conduisit les citoyens affamés à cet endroit. La surprise pour les gens était si grande et Bartholomé dit à tous ceux qui étaient venus:

Prenez tout ce dont vous avez besoin pour nourrir votre famille, n'obtenez pas plus que vous ne devriez, car de cette façon, vous emportez à vos autres frères la nourriture que le Très-Haut nous a donnée avec ce miracle.

Le peuple de la Marche réussit à avoir de la nourriture et Bartholomé devint de plus en plus acclamé parmi les pauvres qui allaient régulièrement écouter ses enseignements.

La mort et le troisième miracle

Avec ses actions et sa prédication avaient non seulement créé de nombreux disciples qui le vénéraient, mais aussi des ennemis. Ces ennemis étaient ceux qui adoraient encore les vieilles et les fausses idoles. Ils conspirèrent contre lui et l'emmenèrent le long de la route qui allait de Tagliacozzo à Avezzano, près de son village natal, et l'attaquèrent avec l'aide de soldats romains.

Il fut poignardée à plusieurs reprises, transpercé de leurs épées et leurs poignards mais au lieu de tomber à terre, il s’agenouilla avec les mains jointes comme pour dire sa dernière prière. Juste avant sa mort, Bartholomé dit à ceux qui l'avaient attaqué:

Un seul arbre, pour autant qu'il puisse être majestueux, ne peut à lui seul être considéré comme un atout, mais une forêt entière oui. J'ai créé cela sur ces terres au fil des ans : une forêt. Beaucoup suivent maintenant le Très-Haut et ont abandonné les fausses idoles que vous insistez pour adorer. C'est la forêt que j'ai créée.

Dans les jours qui ont suivi sa mort, de nombreux bourgeons d'arbres sont nés autour de son corps. Ses disciples l'ont cherché et lorsqu'ils ont trouvé son corps, ils ont décidé de l'enterrer à cet endroit.

Chaque année après sa mort, ses partisans visitèrent le lieu de sa mort et plantèrent des graines d'arbres en mémoire de Bartholomé, et ce lieu est devenu plus tard la forêt d'Avezzano et de Tagliacozzo, ce qui a permis à la population de ces villes de profiter de cette richesse.

Reliques

Les mains de Bartholomé ont été portées, la droite à Avezzano et la gauche à Tagliacozzo, et en son honneur ont été construites deux églises où des fidèles ont de tout temps continué sa prédication.
Le 20 avril est le jour où nous célébrons le Saint car c'est le jour où son corps a été retrouvé par ses disciples
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Message par Ellyrius Jeu 2 Juil 2020 - 15:36


Sainte patronne de Silésie, Sainte Edwige est souvent représentée avec une petit église dans la main afin de symboliser son rôle dans l'édification d'Eglises et de monastères en Silésie de son vivant.

I. Une naissance royale

Edwige, née vers 1179, est la fille de Berthold IV von Diessen, comte d’Andechs et duc de Méranie, comte de Tyrol et prince de Carinthie et d’Istrie, et de son épouse Agnès de Wettin Misnie. Comme fille aînée, selon la coutume d'alors, elle reçut le nom de sa grand-mère. Son éducation, commencée à Andechs sur le lac Ammer où se trouvait le château familial, se poursuivit au monastère de Kitzingen sur le Main où elle reçut une bonne formation intellectuelle pour l'époque, ainsi qu'une éducation religieuse soignée.

Vers 1190, Edwige, alors âgée de 12 ans, fut envoyée en Pologne, à la cour de prince Boleslas le Haut dont elle devait épouser le fils, Henri le Barbu. Son séjour en Pologne s'écoula sous le signe de la vie de famille et de cour. Elle mit au monde sept enfants, dont quatre moururent en bas âge. Elle était entourée par de nombreux prêtres, dont plusieurs moines. Elle ne manquait pas d'écouter la messe plusieurs fois par jour.

II. Duchesse de Silésie

Après la mort du père de Henri le Barbu en 1202, elle accéda au pouvoir avec son époux comme Duchesse de Silésie.

Par son intelligence et sa dévotion, elle conseillait souvent son époux qui l'écoutait bien plus que ces conseillers. Elle prêta son appui à des projets politiques de celui-ci et, par l’intermédiaire de ses frères et sœurs, elle lui facilita des contacts internationaux.

Des effets durables de son action avec son mari se manifestent à travers de nombreuses fondations d'églises, faites dans le cadre du processus d’aménagement de nouvelles bourgades en Silesie. La plus célèbre fondation ducale en Silésie fut le monastère Cistercien de Trzebnica , fondé en 1204 à l'initiative d'Edwige. Richement dotée par Henri le Barbu, le monastère commença vite à rayonner grâce à une intense vie spirituelle. Les démarches d'Edwige amenèrent en 1210 à faire admettre l'abbaye de Trzebnica comme le premier monastère dans l`Ordre de Cistercien dans les Royaumes de l'Est. Vers 1212, la fille d'Edwige, Gertrude, devint Cistercienne à Trzebnica et vers 1232, elle en fut nommée Abbesse.

Une autre fondation fut l'Eglise à Thorens qui lui est aujourd'hui dédiée afin de lui rendre hommage. Vers 1215, les habitants de Thorens connaissant sa piété et sa générosité lui écrivirent une lettre afin de lui demander de les aider à construire une nouvelle église afin de remplacer l'ancienne qui avait malheureusement succombé aux flammes lors d'une attaque commise par des hérétiques. Elle fit envoyer ses meilleurs architectes et maçons et elle put être présente le jour ou l'église fut consacrée. Elle marqua les habitants par son extrême gentillesse. A sa mort, ils décidèrent d'appeler l'église Sainte Edwige de Silésie afin de ne jamais l'oublier. Cette église est depuis utilisée par l'Ordre Teutonique, qui en a fait l'église de sa commanderie générale et garde en souvenir ses actes si généreux.

La dote importante dont Edwige disposait librement, constituée par les domaines de Zawon et de Jawon et par la châtellenie de Wlen, lui permirent d'organiser un hôpital ambulant auprès de la cour, destiné aux pauvres, d'entretenir un hôpital pour les lépreux à Sróda, ainsi que d'organiser un hospice.

Elle influença les décisions de son mari en adoucissant souvent ses jugements, ce qu’elle concevait aussi comme son devoir envers le pays.

Avec le temps, Edwige avait le désir de consacrer sa vie à des actes de Charité et après vingt années d'union, Edwige obtint de son mari le consentement à la séparation, confirmée par un vœu solennel.

III. Le bon pain et la fin de vie au Monastère de Trzebnica

Dès ce moment, elle résida au Monastère de Trzebnica dont sa fille était Abbesse, partageant avec les religieuses les devoirs résultant de la règle. Elle prit l'habit Cistercien, mais elle ne prononça pas de vœux Monastiques, même après la mort d'Henri le Barbu, afin sûrement de disposer librement de ses biens.

Lors d'un hiver froid vers 1240, le blé venant à manquer, les paysans étaient inquiets car il n'allait pouvoir en fournir assez pour faire du pains pour les villageois. Il restait un stock que l'on disait infâme mais dont la quantité était suffisante pour subvenir aux besoins de tous pendant l'hiver et même plus. Un soir alors qu'elle priait dans la chapelle du monastère, elle perdit connaissance. Pendant cette perte de connaissance elle fit un songe ou l'Archange Galadrielle lui expliquait comment préparer le blé pour en faire du pain. Revenant à elle, elle fit préparer le blé d'une façon particulière qui étonna ses sœurs, le résultat fut cependant stupéfiant, le pain était là et en plus il avait un gout fameux. La population allait pouvoir avoir du pain à manger pendant longtemps et cela Grace à l'action d'Edwige.

Epuisée par son activité caritative et par une rigoureuse ascèse qui de son vivant déjà lui assurèrent un grand prestige, Edwige mourut à Trzebnica le 16 octobre 1243. Après la mort d'Hedwige, son culte se propagea vite et des foules toujours plus grandes affluèrent auprès de sa tombe à Trzebnica, venant de Silésie, de Grande-Pologne, de Poméranie, de Lusace, de Misnie et de Thorens.

IV. Témoignages sur Sainte-Edwige

Henri de la Vigie, serviteur lorsqu'elle était Duchesse. a écrit:C'était la Dame la plus bonne qu'il m'est été donné de servir ! Alors que j'étais occupé à ma Vigie, elle me laissait me faire remplacer pour que je puisse descendre et suivre la messe. Lorsque j'ai perdu mon pied à cause du froid, elle m'a invité à la rejoindre comme valet de chambre et ainsi je pouvais rester au chaud, elle donnait même de la nourriture ! Grace à elle je n'ai plus connu le froid ni la faim.

Guethoc, Seigneur à Thorens lorsqu'elle vint à Thorenc. a écrit:Cette Sainte Femme nous a donné une église, elle a envoyé ses meilleurs ouvriers qui ont fait une œuvre extraordinaire, elle a même fait doter l'église d'un mobilier d'une grande qualité. Suite à l'attaque des brigands hérétiques nous n'avions plus d'église, nous lui devons beaucoup.


Sainte Edwige est fêtée le 16 octobre, elle est la sainte patronne de la Silésie.
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Message par Ellyrius Sam 18 Juil 2020 - 11:22


Sainte patronne des veuves et des orphelins, sainte patronne de la ville de Sainte-Ménehould (Duché de Champagne)

I - Jeunesse et mariage

La guerre, ainsi que la misère et l’incertitude qui en découlait régnaient alors en maîtres. Sombre était cette époque où les petits-fils de Charlemagne se disputaient le trône de leur aïeul sans qu’ils ne décidassent de s’épargner les uns les autres, pas plus qu’à leurs peuples, aucune bassesse ni aucune vilénie. Au milieu de ce jeu de quilles : la comté de Champagne, jusqu’alors paisible, prospère et riante contrée, que le Très-Haut avait bénie sous les heureux auspices de Saint Rémi, mais qui subissait désormais les affres de la lutte sanglante qui déchirait les héritiers de l’Empire carolingiens. Et comme si cela ne suffisait pas, ces rois, contraints de céder du pouvoir à leurs vassaux pour pouvoir mener leur guerre fratricide ne les contrôlaient plus… la loi n’était plus celle que du plus fort.

C’est dans ce climat de grande instabilité que grandit la fille unique du seigneur Roland de Perthois et de Bathilde de Conflans, la jeune Ménehould, enfant née alors que la paix et Louis le Pieux vivaient encore, aux environs de l’An 830 à Perthes, une forte seigneurie proche de Saint-Dizier. Ménehould reçut une saine et pieuse éducation et fut tentée de prendre le voile. Cependant, les rigueurs du temps forçaient son père à trouver de puissantes alliances pour protéger les siens. Il lui fallait marier Ménehould, ce à quoi la jeune fille se résolut à contrecœur.

Néanmoins, la tâche ne serait guère aisée, puisque la jeune fille était réputée ne point être jolie. Frêle et peu amène, la revêche Ménehould n’avait pour seuls arguments que sa piété et son héritage. Ce qui n’était pas si mal… ou du moins suffisant pour que certains rejetons de noble naissance des environs s’y aventurent… sans qu’aucun ne pousse l’audace à poursuivre.

Néanmoins, le hasard fit bien les choses pour Roland. Jean, Vicomte d’Épernay, alors qu’il n’était que de passage par Perthes, s'entendit à merveille avec Ménehould, à tel point que la curieuse alchimie de l’amour fit son œuvre. Extérieurement, aucun couple n’eut pu être si peu assorti : Jean était aussi beau et grand que Ménehould était laide et fluette. Cependant, leurs cœurs se trouvèrent, à la plus grande surprise de tous, surtout, dit-on, parce qu’ils partageaient l’un et l’autre de fort hautes valeurs morales que Jean n’avait retrouvé en aucune femme sinon celle qui deviendrait son épouse.

Le mariage fut célébré trois mois plus tard à Epernay.

II - Du temps du bonheur à celui des pleurs

L’union était heureuse et les deux époux semblaient épanouis ensemble. De son côté, le peuple profitait des bontés de la nouvelle vicomtesse qui ne manquait jamais une occasion de pourvoir aux besoins spirituels et matériels des gens d’Epernay. Elle y gagna le respect et l’admiration de ceux qui la rencontraient. Cependant, si les mois passaient, le couple n’attendait toujours guère d’enfant, suscitant l’inquiétude des deux familles.

Malheureusement, les mois n’eurent guère l’occasion de beaucoup passer. Bientôt, un énième conflit éclata entre Germaniques, Lotharingiens et Français : Jean partit à la guerre et n’en revint pas.

La nouvelle atteignit Ménehould de plein fouet et la laissa profondément prostrée. Longtemps, elle demanda à Dieu de l’aider à surmonter sa peine, mais celle-ci ne s’estompait guère. Cependant, elle ne perdit pas foi et attendit encore et encore le message divin. Celui-ci lui fut délivré en rêve par l’archange Georges. En songe, il murmura à la jeune veuve : « Les enfants, Ménehould, les enfants ! »

La guerre avait jeté sur les routes de nombreux enfants qui fuyaient l’avancée de la soldatesque de tous les camps. Nombre d’entre eux étaient orphelins ou ignoraient ce qu’étaient devenus leurs parents. Ayant entendu le message de l’archange, Ménehould sortit enfin de sa prostration et releva ses manches.

III - Premier miracle : la multiplication des grains de maïs

Ne ménageant pas sa peine, elle et nombre de ses gens partirent sur les routes avec, pour sainte mission, de trouver et ramener à Epernay tous ces enfants errants. Bientôt, ceux-ci furent si nombreux que la population dut se priver pour les accueillir. « Pourquoi devrions-nous nous charger de ces bouches qui ne produisent rien alors que nous n’avons même pas assez pour nous-mêmes ? » disaient-ils. Invariablement, Ménehould répondait : « Parce que ce que nous donnons ici-bas, le Très-Haut nous le rendra en mille le jour du Jugement. » Mais cela ne suffirait bientôt plus. Epernay ne pouvait recueillir toute cette misère sans prendre le risque de périr elle-même.

Alors que la contestation grondait, l’hiver arrivait et les greniers se vidaient à vue d’œil. De toute part, Ménehould demanda de l’aide : au Comte, à l’archevêque, au Roy… tous se disaient sensibles et désireux d’aider, mais aucun ne pouvait se priver de ses propres réserves en cette époque de grande pénurie. La prière fut donc son dernier recours. Elle pria et pria encore, et Georges lui parla à nouveau en songe : « Ce que tu donnes ici-bas, le Seigneur a décidé de te le rendre au centuple tout de suite. Vas demain dans les greniers à maïs et ordonne que l’on mette leur contenu dans des sacs. »

Le lendemain, la sainte femme, pleine de foi dans le dessein divin, fit comme on le lui avait ordonné… les préposés étaient sceptiques et se demandaient quel plan se cachait derrière les ordres de Ménehould, cependant, ils commencèrent à s’exécuter. La rumeur gagna, elle, très vite tous les quartiers de la petite ville. Bientôt, une foule en colère se rassemblait près des silos, craignant qu’on la prive de ses moyens de subsistance, que leur maîtresse cache la nourriture et les en prive au profit exclusif de son cher projet… La tension était à son comble alors que les sacs s’empilaient sur les charrettes… vingt sacs, trente sacs, cinquante, quatre-vingts sacs… les habitants regardaient leurs réserves se vider devant leurs yeux furieux… Quant à Ménehould, elle ne savait à quoi s’attendre tout en gardant foi au message de son Créateur qu’il arriverait quelque chose. Et c’est là que le miracle se produisit. L’intendant, curieux de savoir ce qu’il restait dans le grenier alors que déjà cent sacs avaient été prélevés, alla vérifier les niveaux de grains restant… et quelle ne fut pas sa surprise de constater que le grenier était toujours aussi rempli que quand ils avaient commencé à remplir les sacs.

« Les greniers sont toujours pleins ! » Cria-t-il ! « Nous sommes sauvés ! »

La foule sembla ne pas tout de suite comprendre ce qui était en train de se produire, mais Ménehould, elle, le sut instantanément et tomba à genoux et pria. Venant s’agenouiller devant elle, l’intendant, les larmes aux yeux lui dit : « Ma dame-lige, pardonnez-moi, car j’ai douté de vous… vous êtes bénie de Dieu. » La sainte femme le prit dans ses bras et le pardonna en lui disant qu’il devait réserver ses louanges au Très-Haut seul.

Les habitants d’Epernay, eux, ayant saisi que chaque sac de maïs rempli était un sac offert par la providence étaient en liesse ou en prière, ou les deux à la fois. La ville allait pouvoir accueillir encore bien du monde et prévoir pour les années à venir.

IV - Deuxième miracle : la cavalcade interrompue

Après cet épisode inouï, la réputation de Ménehould se répandit rapidement dans toute la Champagne. Spontanément, des groupes d’enfants orphelins ou abandonnés se rassemblaient pour aller vers Epernay, tandis que Ménehould continuait à arpenter les routes pour les guider. Ces groupes, parfois fort larges, inquiétaient de plus en plus les troupes de Louis-le-Germanique qui était reparti en guerre contre son frère Charles-le-Chauve. Ils craignaient que cette jeunesse en mouvement serve en fait d’espions aux Français et révèle leurs positions. Aussi, ordre avait-il été donné de ne faire aucun quartier et de massacrer ces innocents qui arpentaient les routes.

Ménehould, ayant eu vent de cette instruction cruelle, en fut absolument révoltée, et redoubla d’efforts pour essayer de ramener les enfants saints et sauf vers l’abri qu’elle leur avait construit à Epernay.

Un jour, alors qu’elle cheminait, elle trouva un groupe de près de cent gamins qui marchaient le long d’un chemin, observé par un groupe d’une cinquantaine de cavaliers germains. Ceux-ci, manifestement, se préparaient à charger. N’écoutant que son cœur, la sainte femme se porta au-devant des soldats avec un drapeau blanc pour négocier et assurer qu’il ne s’agissait que d’innocents enfants. Les hommes de Louis n’en avaient cure, et n’attendirent même pas qu’elle soit à portée de voix pour déferler sur le juvénile attroupement.

Ménehould sentait le sol trembler et voyait déjà sa dernière heure arriver alors que les lances des cavaliers lancés au galop s’abaissaient. Elle en ferma les yeux, mais le silence se fit et le sol cessa de trembler. Quand elle rouvrit les yeux, elle constata que les chevaux étaient arrêtés à cinq mètres d’elles. Leurs cavaliers avaient beau leur frapper les flancs de leurs talons et de leur ordonner de reprendre leur route, les destriers refusaient d’obéir, et au lieu de cela, les canassons allèrent vers Ménehould et posèrent un genou à terre, s’inclinant devant elle, tandis qu’un rayon de lumière, perçant les nuages, l’illuminait.

Le chef des cavaliers, un rugueux Saxon qui vilipendait quelques secondes plus tôt sa monture, en descendit, vint à la rencontre de la sainte et s’agenouilla à son tour devant elle.

« Partonne-moi, parce que ch’ai pêché ! »

« J’entends ton repentir, mais c’est Dieu qui seul peut t’accorder Son pardon. Vis dans l’enseignement de la Vertu qu’Il nous a enseignée et tu seras pardonné et aimé... »

Conscient que Dieu accompagnait Ménehould, le Saxon escorta la sainte et les enfants jusqu’Epernay et promis de faire de même chaque fois qu’il croiserait des enfants. Ainsi cessèrent les massacres d'enfants.

V - L’œuvre de Ménehould

Ménehould poursuivit son œuvre durant de longues années encore. Après ces événements, sa renommée fut immense, et nombre de Champenois voulurent suivre son miséricordieux et généreux exemple. De nombreuses femmes ouvrirent des maisons où principalement des veuves s’occupaient des orphelins, et leur donnaient une éducation. Ménehould ne manquait jamais d’offrir son aide et son patronage à ceux et celles qui entendaient créer des institutions de ce type.

Modèle de vertu et de piété, Ménehould ne se remaria jamais par fidélité à son époux et continua à servir la communauté comme elle le pouvait, tout en gérant en bonne mère de famille la vicomté d’Epernay ainsi que la seigneurie du Perthois.

Tombant malade, au crépuscule d’une longue vie vertueuse passée à aider les autres et surtout les plus fragiles, elle s’inquiéta encore des autres, et c’est elle qui recommanda l’âme du curé qui vint la réconforter à Dieu… Ainsi mourut Ménehould, demandant encore à Dieu de venir au secours de son prochain.

Son décès plongea la Champagne dans la désolation et de nombreuses prières s’envolèrent au ciel pour elle. L’archevêque de Reims et l’Eglise, conscients de l’exemple édifiant qui était le sien ne tardèrent guère à instruire son dossier en béatification qui fut officialisée dès le 21 août de l’An 965. Fort attachées à la Sainte Vicomtesse Ménehould d’Epernay, Dame du Perthois, afin que son souvenir subsiste, la ville d’Epernay prit le nom de Sainte-Ménehould, ainsi qu’une bourgade du Perthois où elle aimait à se ressourcer et où elle avait bâti l’un de ses nombreux orphelinats. Son cœur repose dans la première ville, auprès de son tendre et doux époux, tandis que le reste de son corps a été inhumé en l’église de la seconde localité, en Perthois.

VI - Reliques connues :

- Couronne de Sainte-Ménehould conservée à Reims dans le trésor de la cathédrale.
- Châsse de Sainte-Ménehould dans laquelle repose son cœur : église de Sainte-Ménehould
- Gisant de Sainte-Ménehould : Chapelle (inactive) Sainte-Ménehould en Perthois.
- Os de la jambe d’un des chevaux de la cavalcade interrompue : Rome, Salle Trufaldinienne
- Sac de jute ayant servi à remplir les grains de maïs multipliés : Chapelle royale du Louvre

Sainte fêtée le 21 août
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